Une nouvelle lecture de la devise Liberté Egalité
Fraternité, au prisme de la laïcité.
Par
Jacques Halbronn
Il nous est apparu que cette devise ne
faisait sens que si elle concernait non pas les rapports entre individus mais
bien entre communautés, ce qui est d’ailleurs au cœur de la question de la
laïcité.
Plus de deux siècles après une telle
formulation, il semble assez évident que
la lecture traditionnelle de cette devise n’est pas appropriée.
Si l’on prend le terme
« liberté », qui ne voit que
cela concerne avant tout celle des groupes et non celle des personnes. Quand on
dit que la liberté a ses limites, il va de soi que le probléme se pose d’abord
au regard des relations entre les communautés bien plutôt qu’entre les
individus.
La question de l’Egalité, on le voit bien
en ce qui concerne les revendications des femmes, n’est pas non plus à considérer comme une
affaire individuelle mais bien comme concernant tel groupe par rapport à tel
autre. Là encore, il est évident que
l’enjeu se situe dans les comparaisons de groupe à groupe et non d’individu à
individu, d’où les statistiques qui sont mises en avant et qui ne font sens que
sur un plan quantitatif.
Quant au troisiéme terme, la Fraternité,
il convient lui aussi de le comprendre,
au regard de l’ordre social, dans une relation entre les différentes entités
qui existent au sein de l’espace français. On est tous embarqués sur le même bateau et
cela doit s’entendre comme le terme Solidarité.
Le rôle de l’Etat est bien de réguler les
relations entre les groupes bien plus qu’entre les personnes. Il est vrai qu’à
un certain moment, il y eut un revirement comme en témoigne la déclaration de
Clermont-Tonnerre : « tout aux Juifs en tant que citoyens, rien en
tant que nation » mais Napoléon l’entendit autrement et établit un
Consistoire qui existe encore de nos jours.
Il semble donc que la devise républicaine ait été infléchie dans un sens hostile
aux corps constitués, au nom d’une idéologie qui ne voulait rien tolérer entre
les citoyens et l’Etat. Mais nous
pensons avoir rétabli le sens premier de la devise et montrer que la théorie de
l’Etat dont elle émane sous entend bel
et bien un espace traversé par diverses structures qu’il s’agit de faire
cohabiter, co-exister.
Il y aurait donc là un retour du refoulé
avec l’urgence d’en revenir à la logique
initiale inhérente à la dite devise.
Cela dit,
il est clair qu’il y a deux siècles, les diverses composantes
constituaient un ensemble bien plus homogéne que de nos jours, du fait de
l’absence de populations originaires du monde islamique. Mais cela ne fait que rendre plus nécessaire une approche
« communautariste » avec un code de bonne conduite – ce en quoi
consiste en fait la devise en question. Cela signifie que chaque
communauté a le droit d’avoir un espace
(réel et virtuel) qui lui soit propre, ce qui précisément limitera d’autant sa
présence dans l’espace commun au minimum tout comme le droit d’entretenir des
relations avec d’autres groupes du même ordre au sein d’autres Etats, tout en
respectant le principe de ne pas porter atteinte à la sensibilité des autres
communautés, du moins dans l’espace public. Rappelons que la « liberté consiste
à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui »
JHB
04 04 16
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