jacques Halbronn, Les emprunts iconographiques du Tarot : roues astrologiques et livres d’heures
Les emprunts iconographiques du Tarot : roues astrologiques et Livres d’Heures.
par Jacques Halbronn
La question des sources du Tarot implique, exige une bonne connaissance des données
iconographiques. Entendons par là non pas seulement une iconographie directement associée au Tarot mais de diverses iconographies appartenant à d’autres champs, à commencer par celles concernant l’astrologie et celles qui figurent dans les Livres d’Heures dont le
Kalendrier des Bergers, notamment, dérive. Ce serait une erreur méthodologique que d’exclure d’une recherche ce qui n’appartient pas à un champ donné ou à une époque donnée
que celle-ci se situe en amont ou en aval de la période considérée, comme nous avons eu
l’occasion de le montrer concernant le corpus Nostradamus qui ne prend son sens que si l’on se reporte au temps de la Ligue, soit des décennies après la mort de Michel de Nostradamus mort il y 450 ans. (cf Taroscopie, groupe sur Facebook)
I Les emprunts aux livres d’Heures
En 1997, nous avions participé à un Colloque de Cerisy, consacré au Diable. Notre communication consacré à la « synagogue de Satan » (Evangile) ne fut pas retenue dans les Actes du Colloque (parus chez Dervy). Nous revnons cette fois sur cette thématique en montrant que 4 arcanes du Tarot sont directement extraités de l’iconographie liée à la représentation de l’Enfer. On les trouve dans le Kalendrier des Bergers ou/et dans les Livres
d’Heures. (cf notre étude parue dans la Revue Française d’Histoire du Livre. n°136
« Histoire des Livres d’Heures. La fortune du Kalendrier et Compost des Bergers en Angleterre et en Italie autour de 1500″
La Roue diu Tarot et de l’Enfer
(cf une communication en date d’octobre 2001 lors du 1er colloque européen sur les graffiti historiques organisé par Serge Ramond, président de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Archéologique et Glyptographique (ASPAG) et fondateur du Musée de la Mémoire des murs à Verneuil-en-Halatte. Elle a été publiée dans: Actes des « Premières Rencontres Graffiti anciens » à Loches en Touraine, édités par l’ASPAG en 2002, p. 55 à 64.)
Le diable du Tarot et de l’Enfer
La mort du Tarot et de l’Enfer
TAROT
LIVRES D’HEURES
Angers – BM – SA 3390 f. 047. Calendrier des bergers (Paris, 1493)
Le Pendu du tarot et de l’Enfer
On voit donc quelles sont les sources de ces 4 cartes. D’autres cartes du Tarot se référent au cosmos et de fait le Kalendriert des Bergers traite aussi bien de l’Enfer que des astres et en ce sens nous apparait comme la source directe à laquelle puisèrent ceux qui créerent le tarot, probablement pas dans un but divinatoire mais en tant que systéme mnémonique (art de mémoire) permettant de se souvenir de séries de mots par association.
II Les emprunts aux roues astrologiques
L’iconographie qui retiendra notre attention (cf notre ouvrage paru en 1993 Ed. Trédaniel. L’astrologie du Livre de Toth; Recherches sur l’histoire de l’astrologie et du tarot) concerne
un ensemble bien méconnu des spécialistes du champ astrologique, à savoir la représentation des « maisons astrologiques ». Une iconographie largement ignorée tout comme d’ailleurs celles
des livres d’Heures (Très Riches Heures du Duc de Berry, notamment). ou comme celle
des Enfants des Panétes -(Planetenkinder)
Il importe d’insister sur le fait que par rapport à un type donné d’ouvrage, il existe diverses
versions et qu’il convient d’en connaitre le plus grand nombre possible afin de déterminer
quelle version est le mieux susceptibles d’avoir servi de modéle au corpus étudié.
Dans le cas du tarot, on recense en effet un certain nombre de « roues astrologiques »
constituées de trois niveaux: les maisons astrologiques, les signes du zodiaque, le septénaire planétaire. Quelle est donc la version qui aurait été utilisée par ceux qui conçurent le
symbolisme des arcanes majeurs du Tarot.?
Notons que la diversité des versions relatives aux maisons astrologiques tient au fait
que chacune des 12 maisons couvre plusieurs domaines et donc chaque version aura
choisi telle ou telle option étant donné qu’au niveau iconographique, il faut faire des choix et
que l’on ne peut représenter de front plusieurs versions comme cela pourrait s’envisager si l’on était dans le domaine purement textuel.
C’est ainsi que face à plusieurs versions des roues astrologiques, nous avons mis en avant celle imprimée à Nuremberg en 1515 de préférence à une autre en couleurs que nous
avions utilisée pour la page de titre de notre édition de l’Astrologie du Livre de Toth (1993) car les vignettes de cette impression de 1515 (cfez Leonhard Reymann, nativitât Kalender)) recoupait bien plus nettement les 22 arcanes que l’autre.(on en trouve une reproduction in p. 35 Paolo Trento, L’astrolabio. Storia, Funzione-Costruzione, Génes, 1989)
Ce qui est le plus frappant tient au fait que ce document comporte 5 images successives
qui sont toutes reprises dans le Tarot : maison VII, maison VIII, maison IX, maison X et maison XI correspondant respectivement à l’Amoureux, à la Mort, au Pape, à l’Empereur et à la Roue
de Fortune. En outre, nous trouvons la maison III dans l’Arcane du Soleil et la maison II
dans le Bateleur, ce qui fait un total de 7 arcanes supérieurs sur 22. On peut aussi trouver dans les autres séries du même document, le signe du verseau correspondant à l’Arcane
la Tempérance..
Conclusion
Nous avons mis en évidence deux sources, celle des Livres d’Heures et celles des Roue astrologiques, véritable encyclopédie iconographique. Ces deux sources se recoupent
puisque la Roue de Fortune correspond à la maison XI dans le document de 1515 mais aussi
à la Roue des Damnés dans les Livres d’Heures. Cela vaut aussi pour la Mort. En revanche,le Diable n’apparait pas dans les séries astrologiques alors qu’il a toute sa place dans le tarot.
Comment expliquer de tels recoupements entre les trois corpus (tarot, livres d’heures, roues
astrologiques)? Il semble que ceux qui conçurent l’iconographie des maisons astrologiques
s’inspirèrent des Livres d’Heures et qu’il y aurait une même source aux corpus considérés
quant à certains choix iconographiques. Le monde est petit.
Webbibliographie sur les convergences Tarot Astrologie:
http://www.autourdelalune.com/astrologie-et/tirages-astrologiques-tarot.html
Les Mystères du Tarot de Marseille sur ARTE le 180215 [Re: Max A) qui se référe à nos travaux.
JHB
25. 04 16
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire