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mercredi 27 septembre 2017

Christine Planté La place des femmes dans l'histoire littéraire. Paradoxes


La place des femmes dans l’histoire littéraire : annexe, ou point de départ d’une relecture critique ?

Revue d'histoire littéraire de la France

2003/3 (Vol. 103)

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Le sentiment de nombreux écrivains et lecteurs du XIXe siècle a été qu’au sein du phénomène plus général d’une multiplicité des livres que dénonçait Bonald [1][1] De Bonald, « Sur la multiplicité des livres » (24 janvier... dès 1811, la littérature de leur temps était envahie par un nombre croissant de bas-bleus. Or le lecteur — et peut-être davantage la lectrice — qui consulte aujourd’hui une histoire littéraire de ce même siècle est au contraire frappé-e par la rareté des noms de femmes qui s’y rencontrent. Il semblerait que « l’action insensible du temps » qui « élague […] sans cesse le luxe inutile ou désordonné de l’esprit humain », et « la sévère justice de la société qui retranche » [2][2] De Bonald, op. cit., p. 511 et 517. — ces deux processus qui, toujours selon Bonald, préservent la culture humaine d’une mort par étouffement —, se soient exercés de façon privilégiée sur les femmes.
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La réflexion sur cet écart entre la présence de femmes écrivains dans la culture vécue et leur faible visibilité dans l’histoire littéraire que je voudrais développer ici demande quelques éclaircissements préalables. Tout d’abord quant au sens du terme histoire, comme chacun sait ambigu en français puisqu’il peut désigner à la fois la relation des événements du passé, et ces événements eux-mêmes. Étudier la place des femmes dans l’histoire littéraire appelle donc (au moins) deux types d’interrogations : le premier porte sur le rôle qu’elles ont joué dans la production et l’institution littéraires dans une période donnée, le deuxième concerne l’importance que leur accordent, après coup, les études et les récits de cette même période. Je m’attarderai assez peu sur le premier, je l’ai fait ailleurs [3][3] En particulier dans La Petite Sœur de Balzac. Essai..., centrant plutôt ici la réflexion sur la façon dont on traite les femmes quand on écrit l’histoire de la littérature française du XIXe siècle. Ensuite quant à la période : la question vaut évidemment bien au-delà, elle se pose cependant au, et pour le XIXe siècle en des termes spécifiques, prenant une acuité particulière parce que se voient alors redéfinis simultanément la littérature et la hiérarchie des genres, d’une part, les rôles masculin et féminin, et les rapports entre hommes et femmes, d’autre part. Mon hypothèse [4][4] Plus développée dans mon article « Prose/Poésie, Masculin/féminin »,... est que la redéfinition de la littérature qui est alors à l’œuvre comporte une vision implicite du féminin, et un idéal du partage des identités et des rôles d’hommes et de femmes. Enfin il s’agit bien ici d’histoire littéraire et non d’histoire culturelle. Non par mépris pour cette dernière, mais parce que dans une histoire culturelle le problème se pose différemment : on y rencontre beaucoup de femmes, anonymes ou célèbres, elles surgissent quand on s’intéresse à l’histoire de la conversation, des salons, de l’espace public, de la lecture, des traductions, de l’éducation… Mais dès que l’histoire se recentre sur la littérature au sens restreint, on en trouve beaucoup moins, comme si, dans la culture occidentale, les femmes avaient occupé toutes les positions sauf celles de créatrices à part entière, ou du moins très rarement. L’idée d’une littérature autonome, spécifique, et largement valorisée — qu’on dénonce ou non par ailleurs le caractère illusoire de son autonomie — qui se développe au XIXe siècle, et prévaut ultérieurement dans la plupart des discours tenus la littérature qu’il a produite, s’accompagne donc d’un constat de rareté, voire d’absence des femmes, ensuite projeté d’ailleurs sur d’autres périodes, voire généralisé à l’ensemble de la littérature, en tout cas à certains genres — Millevoye s’étonne ainsi qu’il n’y ait pas de femmes dans l’histoire de l’élégie…

CONSTAT : LA RARETÉ DES FEMMES DANS LES HISTOIRES LITTÉRAIRES

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Mais sont-elles vraiment si peu ? Pour pouvoir répondre avec exactitude, il faudrait se livrer à une vaste enquête sur l’ensemble des histoires publiées dans les dernières décennies, les comparer avec celles de périodes antérieures et d’autres pays que la France. Loin d’une si vaste étude, on ne trouvera ici que quelques exemples, simplement donnés afin de situer la notion de rareté, autrement impressionniste à l’excès. Précisons qu’il s’agit d’autant moins de livrer procès en quelques lignes aux ouvrages cités qu’ils m’apparaissent représentatifs, quant au traitement des femmes, d’une pratique plus générale. Peu nombreuses, les femmes le sont donc incontestablement dans l’Histoire littéraire française du XIXe siècle[5][5] Alain Vaillant, Jean-Pierre Bertrand et Philippe Régnier,... publiée en 1998 chez Nathan. Dans l’introduction, les auteurs soulignent que, pour leur période, « le domaine des études littéraires s’accroît démesurément » et invite à se porter aux « limites traditionnelles des Belles-Lettres ». De cet élargissement, il ne résulte cependant pas la plus grande mixité du paysage littéraire à laquelle on aurait pu s’attendre : dans l’index final, figurent 21 noms de femmes. Si on en retranche deux anglaises, Ann Radcliffe et Mary Shelley, et une intruse, Mme Geoffrin, qui vécut au XVIIIe siècle, restent 18 femmes, sur 400 à 500 noms d’écrivains, journalistes et éditeurs du XIXe siècle. C’est peu dans l’absolu, c’est peu surtout relativement à la quantité de femmes qui apparaissent dès qu’on s’engage dans « une histoire sociale de la littérature » et une « poétique historique des genres » [6][6] Programme formulé dans l’introduction, op. cit., p.... Ainsi Femmes poètes du XIXe siècle, anthologie publiée la même année, présente 19 femmes poètes, le répertoire final comportant 70 noms. Encore faut-il préciser que l’ouvrage ne vise pas à l’exhaustivité, puisqu’il a été composé à partir de la littérature critique et d’anthologies antérieures, pour ne retenir délibérément que des femmes qui avaient déjà laissé trace, d’une façon ou d’une autre, dans l’institution et/ou l’histoire littéraires. Si on consulte maintenant le sommaire du Précis de littérature française du XIXe siècle[7][7] Précis de littérature française du XIXe siècle, sous... publié aux PUF en 1990, on y rencontre deux femmes écrivains auxquelles est entièrement consacré un sous-chapitre, Mme de Staël et George Sand; tandis les noms de Mme de Krüdener, Marceline Desbordes-Valmore, la comtesse de Ségur apparaissent dans des titres de sous-chapitres consacrés à plusieurs écrivains, de même que sont collectivement évoquées des « Muses romantiques » et « Le roman féminin et les problèmes de la condition féminine ». Dans la rubrique « Bibliographie par auteur » à la fin du livre, on trouve des entrées pour Louise Colet, Sophie Cottin, Marceline Desbordes-Valmore, Delphine de Girardin, Mme de Krüdener, George Sand, Sophie de Ségur, Germaine de Staël. Dans l’Histoire littéraire de la France[8][8] Manuel d’histoire littéraire de la France, par un collectif... enfin, ce sont toujours les mêmes quelques femmes très connues qu’on rencontre dans les têtes de chapitres — notons qu’Eugénie de Guérin y apparaît au côté de son frère Maurice — mais dans les index et les chronologies, dont il est impossible d’entreprendre ici une analyse détaillée, les noms féminins sont plus nombreux.
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La première conclusion qui s’impose après ce bref parcours tient de l’évidence, et concerne la taille de l’ouvrage : plus une histoire littéraire est courte, plus les femmes s’en voient exclues — plus massivement, semble-t-il, que des hommes écrivains mineurs. On ne peut certes jamais tout dire au sein d’un volume forcément limité, et les choix à effectuer tiennent au projet éditorial, lui-même déterminé par l’état de l’enseignement et l’attente des prescripteurs et du public — ou du moins par l’idée qu’on s’en fait —, autant qu’aux goûts et aux partis-pris des auteurs. Force est de constater que les noms de femmes, aux quelques notables exceptions près que sont Mme de Staël ou George Sand, semblent rarement faire partie de ce qu’on s’attend impérativement à trouver dans une histoire littéraire condensée, ce dont on se dit qu’elle deviendrait incompréhensible ou inexacte si elle en était privée. Au contraire, une certaine ampleur du projet éditorial, admettant la complexité, favorise leur réapparition. Une deuxième observation, moins attendue, voit s’effondrer l’idée reçue de la croyance au progrès qui voudrait que la part des femmes soit de plus en plus visible et acceptée dans la culture occidentale. Manifestement, il n’en est rien, ni dans l’évolution de la littérature critique — la proportion de femmes, comparativement au volume d’ensemble de l’ouvrage, est plutôt en régression dans la plus récente Histoire examinée —; ni dans l’image proposée du XIXe siècle, les noms retenus apparaissant, pour L’Histoire de la littérature française et le Précis, surtout dans la première partie du siècle. Sachant que sa seconde moitié a connu des transformations importantes de la place sociale des femmes et un essor des mouvements féministes, on se trouve conduit à supposer un décalage entre le renouvellement et la diversification du rôle social des femmes dans les dernières décennies du siècle (avec leur accès progressif aux études secondaires et supérieures, et à de nouvelles professions), et leur place au contraire plus restreinte en littérature. Les mouvements littéraires les plus marquants alors, la modernité, puis le symbolisme, pour la poésie, le réalisme et le naturalisme pour le roman, se présentent, vus de loin, comme de grands déserts de femmes. Est-ce parce que celles-ci avaient entrepris alors la conquête d’autres sphères d’activité, délaissant la littérature qui n’avait constitué auparavant qu’un pis-aller, parce que le seul débouché possible ? Le parcours et les déclarations d’une Germaine de Staël au début du siècle incitent à ne pas écarter une telle explication. On ne peut cependant complètement s’en satisfaire, car si on veut bien s’attarder sur la production littéraire féminine postérieure à 1850, on s’aperçoit qu’elle est loin d’être négligeable. Même en laissant de côté Colette qui, publiant son Claudine en 1900, échappe à une histoire littéraire du XIXe siècle entendu au sens strict — encore qu’il paraisse difficile ne pas du tout l’y mentionner — et le triomphe, dans ces mêmes années 1900, de ce que Maurras appelait le « romantisme féminin » (Anna de Noailles, Renée Vivien…), on assiste à la multiplication de femmes auteurs d’ouvrages d’éducation [9][9] Voir les travaux de Bénédicte Monicat sur les ouvrages..., de femmes journalistes ou feuilletonistes [10][10] Cf. par exemple Luzila Gonçalves Ferreira, Voix et..., et s’impose surtout à partir de 1884 la figure de Rachilde, dont la production romanesque et critique et le rôle au Mercure de France sont considérables. La rareté des femmes dans l’histoire littéraire apparaît donc liée à des raisons plus complexes qui ne tiennent pas strictement aux realia, mais aux principes qui prévalent à son écriture, et à des hiérarchies esthétiques et idéologiques. Il faut se demander quels présupposés et quelles valeurs, du temps où elles ont publié et de celui où on écrit l’histoire, rendent la pleine reconnaissance des femmes en littérature plus difficile sous le second Empire et la troisième République qu’à l’époque du romantisme — et parmi ces raisons figurent certainement un compte à régler avec le romantisme justement, vu comme producteur de femmelins et trop féminin depuis Proudhon et Maurras, puis un certain universalisme républicain.

MAIS POURQUOI FAUDRAIT-IL DES FEMMES ?

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Mais pourquoi, pourrait-on après tout, et n’ose-t-on plus trop aujourd’hui demander, importe-t-il que cette histoire comporte des femmes ? D’un point de vue scientifique, une première réponse s’impose : parce qu’elles ont existé, et que toute connaissance incomplète est une connaissance affaiblie, insatisfaisante, qui tend à reconstruire une image fausse de la réalité — ici, de la littérature. On manque quelque chose des pratiques d’écriture et de lecture au XIXe siècle si on ignore les écrits de femmes, ne serait-ce que l’importance récurrente et la virulence des critiques contre les bas-bleus. Cette raison, pour évidente qu’elle paraisse, est encore étonnamment peu prise en considération dans des recherches pourtant soucieuses d’interroger les limites de la littérature, et d’élargir les champs d’investigation. À cette résistance, se rencontre souvent une explication d’ordre esthétique : les écrits féminins seraient moins intéressants, originaux, réussis… Dans cette généralité, une telle appréciation prête peu à discussion, et la deuxième raison d’inscrire les œuvres de femmes dans l’histoire littéraire est précisément d’inviter les lecteurs à juger sur pièces et sur textes, et à ne pas s’en tenir aux préjugés, en se privant ainsi de livres dignes d’intérêt et de beaux textes. Combien de lecteurs cultivés s’avouent surpris lorsqu’ils prennent la peine de lire Consuelo ou Histoire de ma vie et découvrent des livres majeurs, alors qu’ils avaient en tête une vision de la femme Sand, vache à lait de l’écriture, ne commettant guère que des niaiseries sentimentales, des livres pour enfants et des bergeries ?
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Une troisième raison est d’ordre symbolique : la différence des sexes est une donnée fondamentale de l’expérience humaine — partant, de la littérature —, et la vision qu’on a du monde et de la culture n’est pas la même selon que les femmes y apparaissent seulement en position d’objets, d’inspiratrices ou de lectrices, ou si elles y figurent aussi en position de productrices et créatrices. Cette préoccupation, qui n’a longtemps été le fait que de femmes écrivains et de féministes, touche plus largement aujourd’hui, dans un temps où la différence des sexes et son inscription sociale et culturelle constituent un objet d’interrogation très important pour nos sociétés. Enfin une réflexion sur la présence des femmes dans l’histoire littéraire présente un intérêt épistémologique. On s’aperçoit vite en effet que leur intégration dans les pages d’une histoire déjà écrite ne peut se faire en laissant intactes les catégories, les hiérarchies, les savoirs et les définitions, même réputés les plus incontestables, qui ont présidé à son écriture. Comme le suggérait déjà Virginia Woolf lorsqu’elle constatait en 1929, dans le premier chapitre d’Une chambre à soi, qu’être enfermé à l’extérieur (locked out) de la bibliothèque d’Oxbridge était certes un grand dommage, mais donnait aussi la chance, l’occasion obligée, de plus d’invention et de liberté, l’extériorité relative, disons en tout cas la marginalité des femmes à l’égard de la tradition littéraire canonique permet, quand on veut prendre leurs œuvres en compte, de fonder un point de vue critique. Mais parce qu’insister exclusivement sur la fécondité, bien réelle, de cette extériorité critique, serait trop ironiquement reproduire l’attitude qui, au XIXe siècle, consistait pour les femmes à toujours se présenter comme combattant pour le bien commun, dans une perspective rédemptrice, et non seulement pour elles-mêmes (ainsi les féministes demandent-elles l’accès à l’éducation pour le bonheur des enfants, des maris et des familles…), je commencerai par rappeler brièvement le point de vue des femmes, et les acquis et questions des recherches sur les femmes, avant de revenir à la réflexion sur l’histoire littéraire.

UNE HISTOIRE LITTÉRAIRE DES FEMMES ?

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La recherche de femmes écrivains dans la tradition culturelle apparaît de façon récurrente comme un geste élémentaire, presque fondateur, dans les démarches féministes (au sens large) du passé. Partant à la recherche de femmes exemplaires pour prouver les capacités, voire l’excellence ou la supériorité du sexe féminin, dans un geste de la liste qui est le stade premier de l’argumentation, les femmes et leurs défenseurs rencontraient très vite, outre les figures mythologiques et les reines, des femmes écrivains. La littérature a toujours constitué ainsi une partie non négligeable de l’histoire des femmes, à la fois comme source, quand on ne dispose pas d’autres indications ou témoignages, et comme sphère d’activité où elles sont visibles et laissent des traces durables. Aussi l’axe thématique programmé de recherche sur les femmes développé dans les années 1980 au CNRS com-portait-il un projet collectif d’inventaire de la production littéraire des femmes, inégalement abouti selon les périodes. Les femmes écrivains sont d’autre part très souvent parties à la recherche de ce qu’Elisabeth Barrett Browning appelait leurs « grands-mères en littérature » — parfois d’ailleurs pour les rejeter violemment ou affirmer une rupture. Ceci ne signifie pas nécessairement un reniement ou un refus des « grands-pères », mais la conviction qu’ils ne suffisent pas et que, pour que l’activité d’écriture, et de publication, soit pour une femme possible et pensable, il faut qu’elle puisse s’autoriser de références féminines. Se pose aussi la question, longtemps informulée, de savoir quelle relation avec ces grands-mères entretiennent… leurs petits-fils. Elle a été étudiée au moins à propos de Sapho [11][11] Joan DeJean, Sapho Fictions du désir 1546-1937, Hachette,..., et de l’origine féminine qu’elle semble inscrire, de façon très ambiguë, dans l’histoire de la poésie occidentale ; plus récemment, à propos du rapport de Ruskin et de Proust à George Sand [12][12] Evelyne Ender, « Le Triomphe de l’éros dans François.... Enfin, dans le contexte intellectuel des années 1970, se tourner vers l’histoire (littéraire) des femmes constituait aussi un geste aux implications théoriques qui visait la mise en évidence de l’historicité et des constructions culturelles de la féminité, plutôt que l’exaltation d’un féminin érigé en essence et valorisé dans une opposition au masculin. Dans cette perspective, il s’agissait de comprendre comment s’est pratiquée et perpétuée une exclusion des femmes fondatrice de la politique et, jusqu’à un certain point, de la culture, non de tenir pour acquise une dualité qui les voudrait étrangères au logos. Pour résumer, la logique de l’histoire littéraire venait s’opposer au mythe de l’écriture féminine, et donner les moyens de sa critique.
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Ce résumé est cependant trop simpliste et l’opposition moins tranchée, en particulier parce que tout dépend en fait de l’option choisie dans l’approche de l’histoire : s’agit-il d’écrire une histoire (littéraire) des femmes, ou d’intégrer les femmes dans une histoire (littéraire) commune ? Le débat a été, surtout en France, jusqu’à présent, plus approfondi pour l’historiographie que pour l’histoire littéraire proprement dite, et je m’appuie ici sur les avancées de la discipline historique, qui peuvent pour large part être transposées à la littérature, pour éclairer la question. Après que les femmes avaient longtemps été traitées par l’histoire — au mieux — dans un chapitre à part sur « la question féminine », ou annexées à une histoire globale des exclus, on s’est demandé, « Une histoire des femmes est-elle possible ? » [13][13] Michelle Perrot dir., Une histoire des femmes est-elle.... L’Histoire des femmes en Occident publiée chez Laterza et chez Plon de 1990 à 1992, sous la direction de George Duby et Michelle Perrot, a apporté une réponse de fait à cette question, pourtant toujours reprise, et par exemple reformulée lors d’un colloque récent en « Une histoire sans les femmes est-elle possible ? » Cette transformation, qui envisage désormais d’insérer les femmes dans une histoire commune, voire de mettre en doute la validité d’une histoire écrite sans elles, a connu entre temps bien des apports d’autres courants historiographiques ou de disciplines voisines : étude des rapports sociaux de sexes, question du genre (gender), études culturelles [14][14] Pour une présentation d’ensemble de cette évolution,.... Elle trouve même des conséquences dans les domaines où on attend le moins les femmes, comme l’histoire politique [15][15] Voir Michèle Riot-Sarcey, La Démocratie à l’épreuve..., avec, pour le XIXe siècle, pour résultat le plus visible que les historiens ne parlent plus désormais systématiquement de suffrage universel quand ils désignent un système électoral qui exclut la moitié des habitants du statut d’électeurs. Cette intégration dans une histoire commune qui cesserait de poser une catégorie « femmes », à la fois séparée et unifiée, comme une bizarrerie ou un problème au regard de l’humanité, paraît bien l’objectif le plus souhaitable, mais elle ne va pas sans difficulté. Elle a requis — et requiert encore aux yeux de certaines historiennes — une étape d’histoire des femmes permettant de faire resurgir des pans d’expérience disparus de la mémoire collective, qu’on n’aurait pas retrouvés si on n’en avait fait un objet de recherche spécifique. Reste à savoir si on peut leur donner lisibilité et sens hors d’une histoire commune.
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On voit que ces questions valent aussi pour l’histoire littéraire : pour y intégrer les œuvres de femmes, il faut d’abord les retrouver, alors qu’elles ont pour certaines peu à peu disparu de la transmission écrite (ainsi des femmes poètes évoquées plus haut), et se défaire des idées reçues qui les privent a priori d’intérêt et d’intelligibilité (ainsi, longtemps, pour les Précieuses). Il faut se livrer donc à un travail d’inventaire et d’analyse particulier pour mettre au jour des matériaux qui puissent entrer ensuite dans l’écriture d’une histoire commune. Cette étape ne va pas sans risques : de séparatisme, de constitution d’un ghetto, de reconduction de l’idée d’écriture féminine comme effet de « construction d’objet », diraient les socio-logues : à considérer ensemble, et dans une même perspective, des textes de femmes, on finit forcément par leur trouver une unité qui peut bien n’être que celle que l’enquête même a produite. À insister sur les filiations et les parentés féminines, on risque de devenir insoucieux d’un contexte historique et culturel mixte. Or on éclaire autant l’œuvre de George Sand en la rapprochant de Balzac ou de Pierre Leroux qu’en la comparant à celle de Mme de Staël. Dans cette constitution factice — jusqu’à un certain point, puisqu’ils ont souvent de leur temps déjà été édités et reçus dans un espace identifié comme féminin — d’un ensemble des écrits de femmes, intervient aussi un risque d’aplanissement. On peut se demander ce que gagnent dans une telle entreprise les femmes écrivains les plus connues, comme George Sand, Marceline Desbordes-Valmore : certainement une intelligibilité plus grande, car on ne peut commenter leur parcours littéraire sans affronter ce que voulait dire être femme au moment où elles écrivaient — mais à la condition décisive de n’être pas réduites à l’être femme comme ultime principe d’explication. On peut se demander également si tous les textes ainsi exhumés en valent la peine, et si les plus médiocres ne nuisent pas finalement aux plus intéressants — c’est se confronter à la question de la valeur, aussi inévitable qu’encombrante, sur laquelle je reviendrai brièvement plus loin. Il paraît en tout cas évident qu’on ne peut se satisfaire en la matière d’additionner des trouvailles, et qu’il faut viser une intégration de ces femmes et de leurs écrits dans l’histoire littéraire.

QUELLE PLACE POUR LES FEMMES DANS L’HISTOIRE LITTÉRAIRE ?

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Reste à savoir comment, et d’abord les introduire. Les situer dans un chapitre, ou un sous-chapitre à part, solution fréquemment retenue, éventuellement combinée avec une composition par périodes ou par genres (romancières, poétesses romantiques), a le mérite de la simplicité. La solution est préférable au silence absolu, et permet à ces femmes écrivains d’arriver à la connaissance des lecteurs — s’ils ne passent pas ce chapitre. Il reste qu’une telle présentation reconduit les inconvénients d’une histoire des femmes séparée : elle isole en n’incitant à la lecture que celles et ceux qui sont déjà curieux des « écrits de femmes », et ne permet pas de saisir les relations de ces femmes avec la vie sociale et littéraire de leur temps, laissant en outre intact le paysage environnant.
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Or si on ne se satisfait pas de cette présentation à part, on s’aperçoit que les femmes et leurs écrits s’introduisent difficilement dans les classifications pré-établies. La composition et le récit de l’histoire littéraire se structurent autour de noms, d’événements, de groupes, de genres, principes de classement qui soulèvent tous des difficultés — non certes seulement pour les femmes, mais que l’introduction de celles-ci met admirablement en évidence. Ainsi, pour les périodisations, le problème a-t-il été depuis longtemps discuté au sein de la discipline historique, « Les femmes ont-elles eu une Renaissance ? [16][16] Dorothy Kelly, « Did Women had a Renaissance ? », Becoming... » demandait D. Kelly en 1977. Au XIXe siècle, il n’est pas évident que la Révolution française entame pour elles une ère de progrès — « l’ère démocratique n’est pas a priori favorable aux femmes », rappellent Geneviève Fraisse et Michelle Perrot dans l’introduction du tome de l’Histoire des femmes consacré au XIXe siècle [17][17] Geneviève Fraisse et Michelle Perrot, « Ordres et libertés »,.... En littérature aussi bien, il semble que les rythmes, les lignes de force, les ruptures de leur production ne soient pas identiques à ceux des hommes, en tout cas ne coïncident pas toujours avec ceux des constructions historiographiques existantes. On a vu déjà l’absence de femmes dans le fécond moment de la modernité poétique ; on trouve au contraire plusieurs poétesses, en particulier élégiaques (Victoire Babois, Adélaïde Dufrénoy), actives dans les premières décennies du siècle, dans cette période généralement considérée comme poétiquement stérile qui va de Chénier à Lamartine. Des questions similaires se posent à propos de la notion d’événement : les événements qui laissent trace en littérature, les œuvres littéraires qui font événement sont-ils les mêmes pour les hommes et les femmes ? Et si ce n’est pas le cas — si on accepte de considérer que valent événement pour les femmes des découvertes scientifiques ou médicales, des décisions juridiques ou des transformations sociales, et par exemple l’existence même, et les livres, de George Sand —, faut-il aboutir à une chronologie de l’histoire littéraire revue et corrigée, ou la constituer désormais de deux colonnes séparées (principe que nous avions adopté pour l’anthologie de femmes poètes déjà citée [18][18] Voir note 3. ), ce qui a la vertu de faire apparaître clairement les décalages, mais risque de les constituer en principe de lecture et donnée intangible. On comprend que les auteurs de l’Histoire des femmes aient quant à eux différé l’affrontement de cette difficulté en ne proposant pas de chronologie.
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Pour figurer dans l’histoire littéraire, mieux vaut pour un auteur être répertorié comme ayant appartenu à un mouvement, un groupe, un cénacle, et mieux encore y avoir fait figure de chef de file. Or au XIXe siècle les femmes écrivains, se conformant apparemment à la modestie de rigueur recommandée à leur sexe, semblent s’être souvent peu souciées de querelles d’école, abstenues de déclarations fracassantes, de proclamations théoriques et de manifestes. Sand même avoue dans son autobiographie avoir bien une théorie du roman, mais une théorie « à son insu », et « encore en discussion » à l’heure où elle écrit [19][19] George Sand, Histoire de ma vie, Œuvres autobiographiques,.... À défaut d’une école, une invention formelle bien identifiée peut vous sauver de l’oubli : rien de tel que la pratique d’un mètre rare ou l’invention du monologue intérieur pour se voir au moins un paragraphe assuré dans l’histoire de la littérature. Desbordes-Valmore figure ainsi dans les histoire littéraires, certes grâce à son identification à l’éternel féminin, à la passion malheureuse et à l’amour maternel, mais aussi grâce à son usage de l’hétérométrie, du vers impair, et de l’hendécasyllabe, auquel Verlaine a rendu hommage. Toutes les inventions formelles ne sont malheureusement pas aussi repérables, et ne bénéficient pas forcément d’un tel héraut. Ici encore, la fréquente discrétion du méta-discours féminin laisse bien des originalités créatrices incomprises, inaperçues, ou taxées d’obscurités, faute d’un mode d’emploi et d’une revendication explicite. Ainsi George Sand fait-elle de la fiction et du récit dans sa prose critique et journalistique (Lettres à Marcie, Histoire de Fanchette) un usage très novateur, qui transgresse les frontières génériques et anticipe des pratiques d’écriture du XXe siècle, qu’on n’a jusqu’à présent guère songé à signaler ou admirer. La seule femme écrivain qui ait, à la fin du siècle, haut et fort revendiqué la paternité — ou plutôt la maternité — d’une forme littéraire, Marie Kryzinska, qui affirme avoir inventé le vers libre [20][20] Voir Florence Goulesque, Une femme poète symboliste :..., se voit généralement évincée par les histoires littéraires au profit de Gustave Kahn, et renvoyée à un rôle pittoresque et passablement ridicule. De façon générale, la vision qui prévaut, explicitement ou non, est que les femmes sont des imitatrices, des épigones, même lorsque les dates contredisent cette idée. Ainsi Desbordes-Valmore, qui publie son premier recueil un peu avant les Méditations de Lamartine, se voit-elle volontiers reléguée dans les « petits romantiques », et considérée comme une imitatrice de celui-ci.
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Quant au principe de classement et d’écriture que fournissent les genres, s’il pose moins de problèmes pour l’accueil des textes de femmes dans les grandes catégories, il les voit resurgir au niveau des sous-genres. Ceux qui sont considérés comme « féminins » (on ne sait en général pas clairement si cette définition repose sur une base statistique ou sur des qualités esthétiques ou morales) sont volontiers classés à la marge (l’épistolaire, le journal intime) ou dévalués (la littérature pour enfants, le roman sentimental). Le livre de Naomi Schor George Sand and Idealism[21][21] Naomi Schor, George Sand & Idealism, N-Y, Columbia..., et les débats qu’il a suscités, invitent à réfléchir à la complexité des mécanismes à l’œuvre dans les catégorisations et l’établissement des hiérarchies : la minoration de George Sand dans l’histoire littéraire, rapide et durable après la mort d’une romancière qui avait pourtant été considérée de son vivant comme dominant la production romanesque de son siècle, ne passerait pas toujours par une misogynie frontale, mais par une identification de ses choix esthétiques et de ses pratiques génériques comme féminins, du même coup situés du côté des vaincus d’une histoire littéraire qui voit le réalisme l’emporter sur l’idéalisme — sans qu’il soit facile de dire en quel sens s’établit la causalité, ni si elle fonctionne à sens unique. Réussir dans un genre considéré comme universel (ce qui revient de fait à le dire masculin, ainsi la tragédie, le roman réaliste) est pour une femme très difficile, réussir dans un genre féminin est une réussite dévaluée.
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À l’horizon de cette réflexion sur les hiérarchies, revient donc toujours la question de la valeur. L’histoire littéraire ne doit-elle s’écrire qu’à partir de grands noms, et qu’est-ce qu’un grand nom, quel est l’instrument de mesure ? La notoriété du vivant de l’auteur, — il faudrait en ce cas faire plus large place non seulement à George Sand, mais à Mme de Genlis ou Mme Cottin — ou la conformité aux critères de la critique contemporaine ? À partir de quel degré de notoriété et d’intérêt un-e mineur-e mérite-t-il ou elle d’être retenu-e ? Faute de traiter ici ces questions, je suggèrerai leur complexité à partir de quelques noms propres. On peut certainement vivre heureux, et être un lecteur cultivé, voire un éminent spécialiste du XIXe siècle, sans avoir lu Mme Adélaïde Dufrénoy [22][22] Pour situer Dufrénoy : Opuscules poétiques, par Madame.... Faut-il en déduire le principe qu’elle n’a pas à figurer dans les pages des histoires littéraires ? Appliqué avec rigueur, il devrait aboutir à singulièrement diminuer le nombre de pages de celles-ci, réduisant d’autant notre champ d’activité… La plupart des lecteurs et des chercheurs s’accorderont à reconnaître qu’ils préfèrent lire et étudier Lamartine plutôt que Dufrénoy, Baudelaire plutôt que Louise Colet, et Mallarmé plutôt que Louise Ackermann. Mais ne faut-il par éditer et lire Marceline Desbordes-Valmore plutôt que Victor de Laprade — ce dernier bien présent dans les histoires littéraires ? La réponse maximaliste qui consiste à dire qu’il faut tous et toutes les mentionner, tous et toutes les lire étant peu conciliable avec les exigences éditoriales et commerciales comme avec les pratiques des lecteurs, le problème reste entier. Les possibilités de mise à disposition par la numérisation et les bases de données constituent une réponse plus technique qu’intellectuelle. Quelle utilisation fera-t-on de ces bases ? On continuera par ailleurs à choisir ce qu’on édite, ce qu’on commente, ce qu’on lit et étudie, et les raisons de ces choix, si on ne veut pas se contenter de catégorie du goût, méritent d’êtres interrogées.
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Parce que les écrivains, hommes et femmes, ont pensé leur position, leur œuvre, leurs stratégies à partir d’une expérience subjective et sociale, et d’un état de la littérature traversés de la différence des sexes (qu’on pense à la rage de Baudelaire contre la femme Sand…), il me paraît absolument nécessaire de réintroduire non seulement les femmes et leurs écrits, mais toute cette dimension de l’expérience dans l’écriture de l’histoire littéraire. Un tel projet implique la nécessité de passer, non peut-être par une histoire littéraire des femmes, mais par une histoire des écrits de femme, situés dans la perspective la culture commune. Ajoutons que pour avoir tout son sens, il devrait comporter une dimension européenne [23][23] Signalons en ce sens un projet The International Reception..., permettant de penser les contrastes et les passages d’un pays à l’autre, d’une langue à l’autre, et par là-même de mieux éclairer les singularités de chacun. Il ne devrait pas non plus se couper des apports de l’historiographie, et d’une réflexion plus générale sur l’écriture de l’histoire. Les travaux de Thomas Laqueur [24][24] Thomas Laqueur, La Fabrique du sexe. Essai sur le corps... ont bien mis en évidence l’incroyable résistance, dans les mentalités occidentales, des croyances sur les sexes aux découvertes scientifiques. Si « la substance du discours de la différence sexuelle ignore l’entrave des faits », peut-être saurait-elle être modifiée d’accueillir des discours et des points de vue de femmes, permettant à celles-ci d’acquérir statut autre que de scandale, ou de présence refoulée et silencieuse, dans la tradition littéraire.

Notes

[*]
Université de Lyon 2 - LIRE, CNRS.
[1]
De Bonald, « Sur la multiplicité des livres » (24 janvier 1811), Mélanges littéraires, politiques et philosophiques, 3e éd., Paris, Librairie d’Adrien Le Clere et Cie, 1852, p. 511-519.
[2]
De Bonald, op. cit., p. 511 et 517.
[3]
En particulier dans La Petite Sœur de Balzac. Essai sur la femme auteur, Le Seuil, 1989 ; et dans les introductions de deux ouvrages collectifs : Femmes poètes du XIXe siècle Une anthologie, Presses universitaires de Lyon, 1998 ; et L’Épistolaire, un genre féminin ?, Champion « Varia », 1998.
[4]
Plus développée dans mon article « Prose/Poésie, Masculin/féminin », Masculin/Féminin Le XIXe siècle à l’épreuve du genre, textes réunis et présentés par Chantal Bertrand-Jennings, Centre d’études du XIXe siècle, « À la recherche du XIXe siècle », Toronto, 1999, p. 7-22.
[5]
Alain Vaillant, Jean-Pierre Bertrand et Philippe Régnier, Histoire littéraire française du XIXe siècle, Nathan, 1998,640 p.
[6]
Programme formulé dans l’introduction, op. cit., p. 5.
[7]
Précis de littérature française du XIXe siècle, sous la direction de Madeleine Ambrière, PUF, 1990,640 p.
[8]
Manuel d’histoire littéraire de la France, par un collectif sous la direction de Pierre Abraham et Roland Desné, Les éditions sociales, 1980 pour le t. IV « De 1789 à 1848 », 2 vol. de 686 et 585 p.
[9]
Voir les travaux de Bénédicte Monicat sur les ouvrages d’éducation pour filles et la littérature féminine, ouvrage à paraître.
[10]
Cf. par exemple Luzila Gonçalves Ferreira, Voix et positions des femmes dans les feuilletons féminins au XIXe siècle, thèse de doctorat, Paris 7,1996.
[11]
Joan DeJean, Sapho Fictions du désir 1546-1937, Hachette, 1994 (1989).
[12]
Evelyne Ender, « Le Triomphe de l’éros dans François le Champi », George Sand Studies, vol. 21,2002, p. 84-101.
[13]
Michelle Perrot dir., Une histoire des femmes est-elle possible ? Marseille, Rivages, 1984, 228 p.
[14]
Pour une présentation d’ensemble de cette évolution, voir la préface de Jacques Revel à Lynn Hunt, Le Roman familial de la Révolution française, Albin-Michel « Histoire », 1995 (1992) ; Françoise Thébaud, Écrire l’histoire des femmes, ENS éditions, 1998,228 p. ; Michèle Riot-Sarcey, « L’historiographie française et le genre », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, n° 47-4, octobre-décembre 2000.
[15]
Voir Michèle Riot-Sarcey, La Démocratie à l’épreuve des femmes, Albin Michel, 1994 ; Le Réel de l’utopie, Albin Michel, 1998 ; Joan Scott, La Citoyenne paradoxale, Albin Michel, 1998 (1996).
[16]
Dorothy Kelly, « Did Women had a Renaissance ? », Becoming visible. Women in European History, ed. Renate Bridenthal and Claudia Koonz, Boston, Houghton Mifflin, 1977.
[17]
Geneviève Fraisse et Michelle Perrot, « Ordres et libertés », Histoire des femmes en Occident, t. IV, Plon, 1991, p. 15.
[18]
Voir note 3.
[19]
George Sand, Histoire de ma vie, Œuvres autobiographiques, Gallimard, « Pléiade », t. II, p. 161.
[20]
Voir Florence Goulesque, Une femme poète symboliste : Marie Kryzinska, La Calliope du Chat noir, Champion, 2001 ; Laurence Brogniez, « Marie Krysinska et le vers-libre : l’outrage fait aux Muses », Masculin/Féminin dans la poésie et les poétiques du XIXe siècle, ouvr. cit. note 3, p. 421-436.
[21]
Naomi Schor, George Sand & Idealism, N-Y, Columbia Univ. Press, 1993. Pour un point de vue contestant une définition simplificatrice de l’art romanesque de Sand par l’idéalisme, Béatrice Didier, « Les voies du réalisme », George Sand écrivain « Un grand fleuve d’Amérique », PUF, 1998, p. 601-700.
[22]
Pour situer Dufrénoy : Opuscules poétiques, par Madame D., Arthus-Bertrand, 1806 ; La Femme-auteur, ou les inconvéniens de la célébrité, Béchet, 1812,2 vol. ; Élégies suivies de poésies diverses, Paris Alexis Eymery libr., 1821 ; Œuvres poétiques de Madame Dufrénoy, suivies d'observations sur sa vie et ses ouvrages, par M. Jay, Paris, 1826. Voir Sainte-Beuve, « Une ruelle poétique sous Louis XIV », Portraits de femmes, Garnier, 1845 ; Catriona Seth, « Adélaïde Dufrénoy », Femmes poètes du XIXe siècle. Une anthologie, p. 26-38.
[23]
Signalons en ce sens un projet The International Reception of Women’s Writing (Database on Internet and Electronic Publishing Website), aux Pays-Bas, sous la direction de Suzan Van Dijk.
[24]
Thomas Laqueur, La Fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident, Gallimard, 1992 (1990).

Plan de l'article

  1. CONSTAT : LA RARETÉ DES FEMMES DANS LES HISTOIRES LITTÉRAIRES
  2. MAIS POURQUOI FAUDRAIT-IL DES FEMMES ?
  3. UNE HISTOIRE LITTÉRAIRE DES FEMMES ?
  4. QUELLE PLACE POUR LES FEMMES DANS L’HISTOIRE LITTÉRAIRE 

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