La place des femmes dans l’histoire littéraire : annexe, ou point de départ d’une relecture critique ?
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Le sentiment de nombreux écrivains et lecteurs du XIXe siècle a été
qu’au sein du phénomène plus général d’une multiplicité des livres que
dénonçait Bonald [1][1] De Bonald, « Sur la multiplicité des livres » (24 janvier... dès 1811, la littérature de leur temps était envahie par
un nombre croissant de bas-bleus. Or le lecteur — et peut-être davantage la
lectrice — qui consulte aujourd’hui une histoire littéraire de ce même
siècle est au contraire frappé-e par la rareté des noms de femmes qui s’y
rencontrent. Il semblerait que « l’action insensible du temps » qui « élague
[…] sans cesse le luxe inutile ou désordonné de l’esprit humain », et « la
sévère justice de la société qui retranche » [2][2] De Bonald, op. cit., p. 511 et 517. — ces deux processus qui,
toujours selon Bonald, préservent la culture humaine d’une mort par
étouffement —, se soient exercés de façon privilégiée sur les femmes.
2
La
réflexion sur cet écart entre la présence de femmes écrivains dans
la culture vécue et leur faible visibilité dans l’histoire littéraire
que je voudrais développer ici demande quelques éclaircissements
préalables. Tout
d’abord quant au sens du terme histoire,
comme chacun sait ambigu en
français puisqu’il peut désigner à la fois la relation des événements du
passé, et ces événements eux-mêmes. Étudier la place des femmes dans
l’histoire littéraire appelle donc (au moins) deux types
d’interrogations :
le premier porte sur le rôle qu’elles ont joué dans la production et
l’institution littéraires dans une période donnée, le deuxième concerne
l’importance que leur accordent, après coup, les études et les récits de
cette même
période. Je m’attarderai assez peu sur le premier, je l’ai fait
ailleurs [3][3] En particulier dans La Petite Sœur de Balzac. Essai..., centrant plutôt ici la réflexion sur la façon dont on traite les femmes quand on
écrit l’histoire de la littérature française du XIXe siècle. Ensuite quant à la
période : la question vaut évidemment bien au-delà, elle se pose cependant au, et pour le XIXe siècle en des termes spécifiques, prenant une acuité
particulière parce que se voient alors redéfinis simultanément la littérature
et la hiérarchie des genres, d’une part, les rôles masculin et féminin, et les
rapports entre hommes et femmes, d’autre part. Mon hypothèse [4][4] Plus développée dans mon article « Prose/Poésie, Masculin/féminin »,... est que la
redéfinition de la littérature qui est alors à l’œuvre comporte une vision
implicite du féminin, et un idéal du partage des identités et des rôles
d’hommes et de femmes. Enfin il s’agit bien ici d’histoire littéraire et non
d’histoire culturelle. Non par mépris
pour cette dernière, mais parce que
dans une histoire culturelle le problème se pose différemment : on y
rencontre beaucoup de femmes, anonymes ou célèbres, elles surgissent
quand
on s’intéresse à l’histoire de la conversation, des salons, de l’espace
public, de la lecture, des traductions, de l’éducation… Mais dès que
l’histoire se recentre sur la littérature au sens restreint, on en trouve beaucoup
moins, comme si, dans la culture occidentale, les femmes avaient occupé
toutes les positions sauf celles de créatrices à part entière, ou du moins
très rarement. L’idée d’une littérature autonome, spécifique, et largement
valorisée — qu’on dénonce ou non par ailleurs le caractère illusoire de
son autonomie — qui se développe au XIXe
siècle, et prévaut ultérieurement dans la plupart des discours tenus la
littérature qu’il a produite, s’accompagne donc d’un constat de rareté,
voire d’absence des femmes,
ensuite projeté d’ailleurs sur d’autres périodes, voire généralisé à
l’ensemble de la littérature, en tout cas à certains genres — Millevoye
s’étonne ainsi qu’il n’y ait pas de femmes dans l’histoire de l’élégie…
CONSTAT : LA RARETÉ DES FEMMES DANS LES HISTOIRES LITTÉRAIRES
3
Mais
sont-elles vraiment si peu ? Pour pouvoir répondre avec exactitude, il
faudrait se livrer à une vaste enquête sur l’ensemble des histoires
publiées dans les dernières décennies, les comparer avec celles de
périodes antérieures et d’autres pays que la France. Loin d’une si vaste
étude, on ne trouvera ici que quelques exemples, simplement donnés afin
de situer la notion de rareté, autrement impressionniste à l’excès. Précisons qu’il s’agit d’autant moins de livrer procès en quelques lignes aux
ouvrages cités qu’ils m’apparaissent représentatifs, quant au traitement
des femmes, d’une pratique plus générale. Peu nombreuses, les femmes le
sont donc incontestablement dans l’Histoire littéraire française du
XIXe siècle [5][5] Alain Vaillant, Jean-Pierre Bertrand et Philippe Régnier,...
publiée en 1998 chez Nathan. Dans l’introduction, les auteurs
soulignent que, pour leur période, « le domaine des études littéraires
s’accroît démesurément » et invite à se porter aux « limites
traditionnelles des
Belles-Lettres ». De cet élargissement, il ne résulte cependant pas la
plus
grande mixité du paysage littéraire à laquelle on aurait pu s’attendre :
dans l’index final, figurent 21 noms de femmes. Si on en retranche deux
anglaises, Ann Radcliffe et Mary Shelley, et une intruse, Mme Geoffrin,
qui vécut au XVIIIe siècle, restent 18 femmes, sur 400 à 500 noms d’écrivains, journalistes et éditeurs du XIXe siècle. C’est peu dans l’absolu, c’est
peu surtout relativement à la quantité de femmes qui apparaissent dès
qu’on s’engage dans « une histoire sociale de la littérature » et une « poétique historique des genres » [6][6] Programme formulé dans l’introduction, op. cit., p.... Ainsi Femmes poètes du XIXe siècle,
anthologie publiée la même année, présente 19 femmes poètes, le
répertoire
final comportant 70 noms. Encore faut-il préciser que l’ouvrage ne vise
pas à l’exhaustivité, puisqu’il a été composé à partir de la littérature
critique et d’anthologies antérieures, pour ne retenir délibérément que
des
femmes qui avaient déjà laissé trace, d’une façon ou d’une autre, dans
l’institution et/ou l’histoire littéraires. Si on consulte maintenant le
sommaire du Précis de littérature française du XIXe siècle [7][7] Précis de littérature française du XIXe siècle, sous... publié aux PUF en
1990, on y rencontre deux femmes écrivains auxquelles est entièrement
consacré un sous-chapitre, Mme de Staël et George Sand; tandis les noms
de Mme de Krüdener, Marceline Desbordes-Valmore, la comtesse de
Ségur apparaissent dans des titres de sous-chapitres consacrés à plusieurs
écrivains, de même que sont collectivement évoquées des « Muses
romantiques » et « Le roman féminin et les problèmes de la condition
féminine ». Dans la rubrique « Bibliographie par auteur » à la fin du livre,
on trouve des entrées pour Louise Colet, Sophie Cottin, Marceline
Desbordes-Valmore, Delphine de Girardin, Mme de Krüdener, George
Sand, Sophie de Ségur, Germaine de Staël. Dans l’Histoire littéraire de la
France [8][8] Manuel d’histoire littéraire de la France, par un collectif... enfin, ce sont toujours les mêmes quelques femmes très connues
qu’on rencontre dans les têtes de chapitres — notons qu’Eugénie de
Guérin y apparaît au côté de son frère Maurice — mais dans les index et
les chronologies, dont il est impossible d’entreprendre ici une analyse
détaillée, les noms féminins sont plus nombreux.
4
La
première conclusion qui s’impose après ce bref parcours tient de
l’évidence, et concerne la taille de l’ouvrage : plus une histoire
littéraire
est courte, plus les femmes s’en voient exclues — plus massivement,
semble-t-il, que des hommes écrivains mineurs. On ne peut certes jamais
tout dire au sein d’un volume forcément limité, et les choix à effectuer
tiennent au projet éditorial, lui-même déterminé par l’état de
l’enseignement et l’attente des prescripteurs et du public — ou du moins
par l’idée
qu’on s’en fait —, autant qu’aux goûts et aux partis-pris des auteurs.
Force est de constater que les noms de femmes, aux quelques notables
exceptions près que sont Mme de Staël ou George Sand, semblent rarement
faire partie de ce qu’on s’attend impérativement à trouver dans une
histoire littéraire condensée, ce dont on se dit qu’elle deviendrait
incompréhensible ou inexacte si elle en était privée. Au contraire, une
certaine
ampleur du projet éditorial, admettant la complexité, favorise leur
réapparition. Une deuxième observation, moins attendue, voit s’effondrer
l’idée
reçue de la croyance au progrès qui voudrait que la part des femmes soit
de plus en plus visible et acceptée dans la culture occidentale.
Manifestement, il n’en est rien, ni dans l’évolution de la littérature
critique — la proportion de femmes, comparativement au volume d’ensemble
de l’ouvrage, est plutôt en régression dans la plus récente Histoire
examinée —; ni dans l’image proposée du XIXe siècle, les noms retenus
apparaissant, pour L’Histoire de la littérature française et le Précis,
surtout dans la première partie du siècle. Sachant que sa seconde
moitié a
connu des transformations importantes de la place sociale des femmes et
un essor des mouvements féministes, on se trouve conduit à supposer un
décalage entre le renouvellement et la diversification du rôle social
des
femmes dans les dernières décennies du siècle (avec leur accès
progressif
aux études secondaires et supérieures, et à de nouvelles professions),
et
leur place au contraire plus restreinte en littérature. Les mouvements
littéraires les plus marquants alors, la modernité, puis le symbolisme,
pour la
poésie, le réalisme et le naturalisme pour le roman, se présentent, vus
de
loin, comme de grands déserts de femmes. Est-ce parce que celles-ci
avaient entrepris alors la conquête d’autres sphères d’activité,
délaissant la
littérature qui n’avait constitué auparavant qu’un pis-aller, parce que
le
seul débouché possible ? Le parcours et les déclarations d’une Germaine
de Staël au début du siècle incitent à ne pas écarter une telle
explication.
On ne peut cependant complètement s’en satisfaire, car si on veut bien
s’attarder sur la production littéraire féminine postérieure à 1850, on
s’aperçoit qu’elle est loin d’être négligeable. Même en laissant de côté
Colette qui, publiant son Claudine en 1900, échappe à une histoire littéraire du XIXe siècle entendu au sens strict — encore qu’il paraisse difficile
ne pas du tout l’y mentionner — et le triomphe, dans ces mêmes années
1900, de ce que Maurras appelait le « romantisme féminin » (Anna de
Noailles, Renée Vivien…), on assiste à la multiplication de femmes auteurs
d’ouvrages d’éducation [9][9] Voir les travaux de Bénédicte Monicat sur les ouvrages..., de femmes journalistes ou feuilletonistes [10][10] Cf. par exemple Luzila Gonçalves Ferreira, Voix et..., et
s’impose surtout à partir de 1884 la figure de Rachilde, dont la production
romanesque et critique et le rôle au Mercure de France
sont considérables.
La rareté des femmes dans l’histoire littéraire apparaît donc liée à des
raisons plus complexes qui ne tiennent pas strictement aux realia, mais aux
principes qui prévalent à son écriture, et à des hiérarchies esthétiques et
idéologiques. Il faut se demander quels présupposés et quelles valeurs, du
temps où elles ont publié et de celui où on écrit l’histoire, rendent la pleine
reconnaissance des femmes en littérature plus difficile sous le second
Empire et la troisième République qu’à l’époque du romantisme — et
parmi ces raisons figurent certainement un compte à régler avec le romantisme justement, vu comme producteur de femmelins et trop féminin depuis
Proudhon et Maurras, puis un certain universalisme républicain.
MAIS POURQUOI FAUDRAIT-IL DES FEMMES ?
5
Mais
pourquoi, pourrait-on après tout, et n’ose-t-on plus trop aujourd’hui
demander, importe-t-il que cette histoire comporte des femmes ?
D’un point de vue scientifique, une première réponse s’impose : parce
qu’elles ont existé, et que toute connaissance incomplète est une
connaissance affaiblie, insatisfaisante, qui tend à reconstruire une
image fausse de
la réalité — ici, de la littérature. On manque quelque chose des
pratiques
d’écriture et de lecture au XIXe siècle si
on ignore les écrits de femmes, ne
serait-ce que l’importance récurrente et la virulence des critiques
contre
les bas-bleus. Cette raison, pour évidente qu’elle paraisse, est encore
étonnamment peu prise en considération dans des recherches pourtant
soucieuses d’interroger les limites de la littérature, et d’élargir les
champs
d’investigation. À cette résistance, se rencontre souvent une
explication
d’ordre esthétique : les écrits féminins seraient moins intéressants,
originaux, réussis… Dans cette généralité, une telle appréciation prête
peu à
discussion, et la deuxième raison d’inscrire les œuvres de femmes dans
l’histoire littéraire est précisément d’inviter les lecteurs à juger sur
pièces
et sur textes, et à ne pas s’en tenir aux préjugés, en se privant ainsi
de
livres dignes d’intérêt et de beaux textes. Combien de lecteurs cultivés
s’avouent surpris lorsqu’ils prennent la peine de lire Consuelo ou Histoire
de ma vie et découvrent des livres majeurs, alors qu’ils avaient en tête une
vision de la femme Sand, vache à lait de l’écriture, ne commettant guère
que des niaiseries sentimentales, des livres pour enfants et des bergeries ?
6
Une
troisième raison est d’ordre symbolique : la différence des sexes
est une donnée fondamentale de l’expérience humaine — partant, de la
littérature —, et la vision qu’on a du monde et de la culture n’est pas
la
même selon que les femmes y apparaissent seulement en position d’objets,
d’inspiratrices ou de lectrices, ou si elles y figurent aussi en
position
de productrices et créatrices. Cette préoccupation, qui n’a longtemps
été
le fait que de femmes écrivains et de féministes, touche plus largement
aujourd’hui, dans un temps où la différence des sexes et son inscription
sociale et culturelle constituent un objet d’interrogation très
important
pour nos sociétés. Enfin une réflexion sur la présence des femmes dans
l’histoire littéraire présente un intérêt épistémologique. On s’aperçoit
vite
en effet que leur intégration dans les pages d’une histoire déjà écrite
ne
peut se faire en laissant intactes les catégories, les hiérarchies, les
savoirs
et les définitions, même réputés les plus incontestables, qui ont
présidé à
son écriture. Comme le suggérait déjà Virginia Woolf lorsqu’elle
constatait en 1929, dans le premier chapitre d’Une chambre à soi, qu’être
enfermé à l’extérieur (locked out) de
la bibliothèque d’Oxbridge était
certes un grand dommage, mais donnait aussi la chance, l’occasion
obligée, de plus d’invention et de liberté, l’extériorité relative,
disons en tout
cas la marginalité des femmes à l’égard de la tradition littéraire
canonique
permet, quand on veut prendre leurs œuvres en compte, de fonder un
point de vue critique. Mais parce qu’insister exclusivement sur la
fécondité, bien réelle, de cette extériorité critique, serait trop
ironiquement
reproduire l’attitude qui, au XIXe siècle,
consistait pour les femmes à toujours se présenter comme combattant pour
le bien commun, dans une
perspective rédemptrice, et non seulement pour elles-mêmes (ainsi les
féministes demandent-elles l’accès à l’éducation pour le bonheur des
enfants, des maris et des familles…), je commencerai par rappeler
brièvement le point de vue des femmes, et les acquis et questions des
recherches
sur les femmes, avant de revenir à la réflexion sur l’histoire
littéraire.
UNE HISTOIRE LITTÉRAIRE DES FEMMES ?
7
La
recherche de femmes écrivains dans la tradition culturelle apparaît de
façon récurrente comme un geste élémentaire, presque fondateur, dans les
démarches féministes (au sens large) du passé. Partant à la recherche de
femmes exemplaires pour prouver les capacités, voire l’excellence ou la
supériorité du sexe féminin, dans un geste de la liste qui est le stade
premier
de l’argumentation, les femmes et leurs défenseurs rencontraient très
vite,
outre les figures mythologiques et les reines, des femmes écrivains. La
littérature a toujours constitué ainsi une partie non négligeable de
l’histoire
des femmes, à la fois comme source, quand on ne dispose pas d’autres
indications ou témoignages, et comme sphère d’activité où elles sont
visibles et laissent des traces durables. Aussi l’axe thématique
programmé
de recherche sur les femmes développé dans les années 1980 au CNRS
com-portait-il un projet collectif d’inventaire de la production
littéraire des
femmes, inégalement abouti selon les périodes. Les femmes écrivains sont
d’autre part très souvent parties à la recherche de ce qu’Elisabeth
Barrett
Browning appelait leurs « grands-mères en littérature » — parfois
d’ailleurs pour les rejeter violemment ou affirmer une rupture. Ceci ne
signifie
pas nécessairement un reniement ou un refus des « grands-pères », mais
la
conviction qu’ils ne suffisent pas et que, pour que l’activité
d’écriture, et de
publication, soit pour une femme possible et pensable, il faut qu’elle
puisse
s’autoriser de références féminines. Se pose aussi la question,
longtemps
informulée, de savoir quelle relation avec ces grands-mères
entretiennent…
leurs petits-fils. Elle a été étudiée au moins à propos de Sapho [11][11] Joan DeJean, Sapho Fictions du désir 1546-1937, Hachette,..., et de
l’origine féminine qu’elle semble inscrire, de façon très ambiguë, dans
l’histoire de la poésie occidentale ; plus récemment, à propos du rapport
de Ruskin et de Proust à George Sand [12][12] Evelyne Ender, « Le Triomphe de l’éros dans François....
Enfin, dans le contexte intellectuel des années 1970, se tourner vers
l’histoire (littéraire) des femmes
constituait aussi un geste aux implications théoriques qui visait la
mise en
évidence de l’historicité et des constructions culturelles de la
féminité,
plutôt que l’exaltation d’un féminin érigé en essence et valorisé dans
une
opposition au masculin. Dans cette perspective, il s’agissait de
comprendre comment s’est pratiquée et perpétuée une exclusion des femmes
fondatrice de la politique et, jusqu’à un certain point, de la culture,
non de
tenir pour acquise une dualité qui les voudrait étrangères au logos. Pour
résumer, la logique de l’histoire littéraire venait s’opposer au mythe de
l’écriture féminine, et donner les moyens de sa critique.
8
Ce
résumé est cependant trop simpliste et l’opposition moins tranchée,
en particulier parce que tout dépend en fait de l’option choisie dans
l’approche de l’histoire : s’agit-il d’écrire une histoire (littéraire)
des femmes,
ou d’intégrer les femmes dans une histoire (littéraire) commune ? Le
débat a été, surtout en France, jusqu’à présent, plus approfondi pour
l’historiographie que pour l’histoire littéraire proprement dite, et je
m’appuie ici sur les avancées de la discipline historique, qui peuvent
pour large
part être transposées à la littérature, pour éclairer la question. Après
que
les femmes avaient longtemps été traitées par l’histoire — au mieux —
dans un chapitre à part sur « la question féminine », ou annexées à une
histoire globale des exclus, on s’est demandé, « Une histoire des femmes
est-elle possible ? » [13][13] Michelle Perrot dir., Une histoire des femmes est-elle.... L’Histoire des femmes en Occident publiée chez
Laterza et chez Plon de 1990 à 1992, sous la direction de George Duby et
Michelle Perrot, a apporté une réponse de fait à cette question, pourtant
toujours reprise, et par exemple reformulée lors d’un colloque récent en
« Une histoire sans les femmes est-elle possible ? » Cette transformation,
qui envisage désormais d’insérer les femmes dans une histoire commune,
voire de mettre en doute la validité d’une histoire écrite sans elles, a
connu entre temps bien des apports d’autres courants historiographiques
ou de disciplines voisines : étude des rapports sociaux de sexes, question
du genre (gender), études culturelles [14][14] Pour une présentation d’ensemble de cette évolution,.... Elle trouve même des conséquences dans les domaines où on attend le moins les femmes, comme
l’histoire politique [15][15] Voir Michèle Riot-Sarcey, La Démocratie à l’épreuve..., avec, pour le XIXe siècle, pour résultat le plus visible
que les historiens ne parlent plus désormais systématiquement de suffrage
universel quand ils désignent un système électoral qui exclut la
moitié des
habitants du statut d’électeurs. Cette intégration dans une histoire
commune qui cesserait de poser une catégorie « femmes », à la fois
séparée et
unifiée, comme une bizarrerie ou un problème
au regard de l’humanité,
paraît bien l’objectif le plus souhaitable, mais elle ne va pas sans
difficulté. Elle a requis — et requiert encore aux yeux de certaines
historiennes — une étape d’histoire des femmes permettant de faire
resurgir
des pans d’expérience disparus de la mémoire collective, qu’on n’aurait
pas retrouvés si on n’en avait fait un objet de recherche spécifique.
Reste à savoir si on peut leur donner lisibilité et sens hors d’une
histoire
commune.
9
On voit que ces questions valent aussi pour l’histoire littéraire : pour y
intégrer les œuvres de femmes, il faut d’abord les retrouver, alors qu’elles
ont pour certaines peu à peu disparu de la transmission écrite (ainsi des
femmes poètes évoquées plus haut), et se défaire des idées reçues qui les
privent a priori d’intérêt et
d’intelligibilité (ainsi, longtemps, pour les
Précieuses). Il faut se livrer donc à un travail d’inventaire et
d’analyse particulier pour mettre au jour des matériaux qui puissent
entrer ensuite dans
l’écriture d’une histoire commune. Cette étape ne va pas sans risques :
de
séparatisme, de constitution d’un ghetto, de reconduction de l’idée
d’écriture féminine comme effet de « construction d’objet », diraient
les socio-logues : à considérer ensemble, et dans une même perspective,
des textes
de femmes, on finit forcément par leur trouver une unité qui peut bien
n’être que celle que l’enquête même a produite. À insister sur les
filiations
et les parentés féminines, on risque de devenir insoucieux d’un contexte
historique et culturel mixte. Or on éclaire autant l’œuvre de George
Sand
en la rapprochant de Balzac ou de Pierre Leroux qu’en la comparant à
celle de Mme de Staël. Dans cette constitution factice — jusqu’à un
certain point, puisqu’ils ont souvent de leur temps déjà été édités et
reçus
dans un espace identifié comme féminin — d’un ensemble des écrits de
femmes, intervient aussi un risque d’aplanissement. On peut se demander
ce que gagnent dans une telle entreprise les femmes écrivains les plus
connues, comme George Sand, Marceline Desbordes-Valmore : certainement
une intelligibilité plus grande, car on ne peut commenter leur parcours
littéraire sans affronter ce que voulait dire être femme au moment
où elles écrivaient — mais à la condition décisive de n’être pas
réduites à
l’être femme comme ultime principe d’explication. On peut se demander
également si tous les textes ainsi exhumés en valent la peine, et si les plus
médiocres ne nuisent pas finalement aux plus intéressants — c’est se
confronter à la question de la valeur, aussi inévitable qu’encombrante, sur
laquelle je reviendrai brièvement plus loin. Il paraît en tout cas évident
qu’on ne peut se satisfaire en la matière d’additionner des trouvailles, et
qu’il faut viser une intégration de ces femmes et de leurs écrits dans l’histoire littéraire.
QUELLE PLACE POUR LES FEMMES DANS L’HISTOIRE LITTÉRAIRE ?
10
Reste à savoir comment, et d’abord où
les introduire. Les situer dans
un chapitre, ou un sous-chapitre à part, solution fréquemment retenue,
éventuellement combinée avec une composition par périodes ou par
genres (romancières, poétesses romantiques), a le mérite de la
simplicité.
La solution est préférable au silence absolu, et permet à ces femmes
écrivains d’arriver à la connaissance des lecteurs — s’ils ne passent
pas ce
chapitre. Il reste qu’une telle présentation reconduit les inconvénients
d’une histoire des femmes séparée : elle isole en n’incitant à la
lecture que
celles et ceux qui sont déjà curieux des « écrits de femmes », et ne
permet
pas de saisir les relations de ces femmes avec la vie sociale et
littéraire de
leur temps, laissant en outre intact le paysage environnant.
11
Or
si on ne se satisfait pas de cette présentation à part, on s’aperçoit
que les femmes et leurs écrits s’introduisent difficilement dans les
classifications pré-établies. La composition et le récit de l’histoire
littéraire se
structurent autour de noms, d’événements, de groupes, de genres,
principes de classement qui soulèvent tous des difficultés — non certes
seulement pour les femmes, mais que l’introduction de celles-ci met
admirablement en évidence. Ainsi, pour les périodisations, le problème
a-t-il été
depuis longtemps discuté au sein de la discipline historique, « Les
femmes ont-elles eu une Renaissance ? [16][16] Dorothy Kelly, « Did Women had a Renaissance ? », Becoming... » demandait D. Kelly en 1977.
Au XIXe siècle, il n’est pas évident que la Révolution française entame
pour elles une ère de progrès — « l’ère démocratique n’est pas a priori
favorable aux femmes », rappellent Geneviève Fraisse et Michelle Perrot
dans l’introduction du tome de l’Histoire des femmes consacré au
XIXe siècle [17][17] Geneviève Fraisse et Michelle Perrot, « Ordres et libertés »,....
En littérature aussi bien, il semble que les rythmes, les lignes
de force, les ruptures de leur production ne soient pas identiques à
ceux
des hommes, en tout cas ne coïncident pas toujours avec ceux des
constructions historiographiques existantes. On a vu déjà l’absence de
femmes dans le fécond moment de la modernité poétique ; on trouve au
contraire plusieurs poétesses, en particulier élégiaques (Victoire
Babois,
Adélaïde Dufrénoy), actives dans les premières décennies du siècle, dans
cette période généralement considérée comme poétiquement stérile qui va
de Chénier à Lamartine. Des questions similaires se posent à propos de
la
notion d’événement : les événements qui laissent trace en littérature,
les
œuvres littéraires qui font événement sont-ils les mêmes pour les hommes
et les femmes ? Et si ce n’est pas le cas — si on accepte de considérer
que
valent événement pour les femmes des découvertes scientifiques ou
médicales, des décisions juridiques ou des transformations sociales, et
par
exemple l’existence même, et les livres, de George Sand —, faut-il
aboutir à une chronologie de l’histoire littéraire revue et corrigée, ou
la constituer désormais de deux colonnes séparées (principe que nous
avions
adopté pour l’anthologie de femmes poètes déjà citée [18][18] Voir note 3. ), ce qui a la vertu
de faire apparaître clairement les décalages, mais risque de les constituer
en principe de lecture et donnée intangible. On comprend que les auteurs
de l’Histoire des femmes aient quant à eux différé l’affrontement de cette
difficulté en ne proposant pas de chronologie.
12
Pour
figurer dans l’histoire littéraire, mieux vaut pour un auteur être
répertorié comme ayant appartenu à un mouvement, un groupe, un cénacle,
et mieux encore y avoir fait figure de chef de file. Or au XIXe
siècle les
femmes écrivains, se conformant apparemment à la modestie de rigueur
recommandée à leur sexe, semblent s’être souvent peu souciées de
querelles d’école, abstenues de déclarations fracassantes, de
proclamations
théoriques et de manifestes. Sand même avoue dans son autobiographie
avoir bien une théorie du roman, mais une théorie « à son insu », et
« encore en discussion » à l’heure où elle écrit [19][19] George Sand, Histoire de ma vie, Œuvres autobiographiques,....
À défaut d’une école,
une invention formelle bien identifiée peut vous sauver de l’oubli :
rien de
tel que la pratique d’un mètre rare ou l’invention du monologue
intérieur
pour se voir au moins un paragraphe assuré dans l’histoire de la
littérature. Desbordes-Valmore figure ainsi dans les histoire
littéraires, certes
grâce à son identification à l’éternel féminin, à la passion malheureuse
et
à l’amour maternel, mais aussi grâce à son usage de l’hétérométrie, du
vers impair, et de l’hendécasyllabe, auquel Verlaine a rendu hommage.
Toutes les inventions formelles ne sont malheureusement pas aussi
repérables, et ne bénéficient pas forcément d’un tel héraut. Ici encore,
la fréquente discrétion du méta-discours féminin laisse bien des
originalités
créatrices incomprises, inaperçues, ou taxées d’obscurités, faute d’un
mode d’emploi et d’une revendication explicite. Ainsi George Sand
fait-elle de la fiction et du récit dans sa prose critique et
journalistique (Lettres
à Marcie, Histoire de Fanchette) un usage très novateur, qui transgresse
les frontières génériques et anticipe des pratiques d’écriture du XXe
siècle,
qu’on n’a jusqu’à présent guère songé à signaler ou admirer. La seule
femme écrivain qui ait, à la fin du siècle, haut et fort revendiqué la
paternité — ou plutôt la maternité — d’une forme littéraire, Marie
Kryzinska,
qui affirme avoir inventé le vers libre [20][20] Voir Florence Goulesque, Une femme poète symboliste :...,
se voit généralement évincée par
les histoires littéraires au profit de Gustave Kahn, et renvoyée à un
rôle
pittoresque et passablement ridicule. De façon générale, la vision qui
prévaut, explicitement ou non, est que les femmes sont des imitatrices,
des
épigones, même lorsque les dates contredisent cette idée. Ainsi
Desbordes-Valmore, qui publie son premier recueil un peu avant les
Méditations de Lamartine, se voit-elle volontiers reléguée dans les « petits
romantiques », et considérée comme une imitatrice de celui-ci.
13
Quant
au principe de classement et d’écriture que fournissent les
genres, s’il pose moins de problèmes pour l’accueil des textes de femmes
dans les grandes catégories, il les voit resurgir au niveau des
sous-genres.
Ceux qui sont considérés comme « féminins » (on ne sait en général pas
clairement si cette définition repose sur une base statistique ou sur
des
qualités esthétiques ou morales) sont volontiers classés à la marge
(l’épistolaire, le journal intime) ou dévalués (la littérature pour
enfants, le roman
sentimental). Le livre de Naomi Schor George Sand and Idealism [21][21] Naomi Schor, George Sand & Idealism, N-Y, Columbia...,
et les
débats qu’il a suscités, invitent à réfléchir à la complexité des
mécanismes
à l’œuvre dans les catégorisations et l’établissement des hiérarchies :
la
minoration de George Sand dans l’histoire littéraire, rapide et durable
après la mort d’une romancière qui avait pourtant été considérée de son
vivant comme dominant la production romanesque de son siècle, ne
passerait pas toujours par une misogynie frontale, mais par une
identification
de ses choix esthétiques et de ses pratiques génériques comme féminins,
du même coup situés du côté des vaincus d’une histoire littéraire qui
voit
le réalisme l’emporter sur l’idéalisme — sans qu’il soit facile de dire
en
quel sens s’établit la causalité, ni si elle fonctionne à sens unique.
Réussir
dans un genre considéré comme universel (ce qui revient de fait à le
dire
masculin, ainsi la tragédie, le roman réaliste) est pour une femme très
difficile, réussir dans un genre féminin est une réussite dévaluée.
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À l’horizon de cette réflexion sur les hiérarchies, revient donc toujours
la question de la valeur. L’histoire
littéraire ne doit-elle s’écrire qu’à partir de grands noms, et
qu’est-ce qu’un grand nom, quel est l’instrument de
mesure ? La notoriété du vivant de l’auteur, — il faudrait en ce cas
faire
plus large place non seulement à George Sand, mais à Mme de Genlis ou
Mme Cottin — ou la conformité aux critères de la critique
contemporaine ? À partir de quel degré de notoriété et d’intérêt un-e
mineur-e
mérite-t-il ou elle d’être retenu-e ? Faute de traiter ici ces
questions, je
suggèrerai leur complexité à partir de quelques noms propres. On peut
certainement vivre heureux, et être un lecteur cultivé, voire un éminent
spécialiste du XIXe siècle, sans avoir lu Mme Adélaïde Dufrénoy [22][22] Pour situer Dufrénoy : Opuscules poétiques, par Madame....
Faut-il
en déduire le principe qu’elle n’a pas à figurer dans les pages des
histoires
littéraires ? Appliqué avec rigueur, il devrait aboutir à singulièrement
diminuer le nombre de pages de celles-ci, réduisant d’autant notre champ
d’activité… La plupart des lecteurs et des chercheurs s’accorderont à
reconnaître qu’ils préfèrent lire et étudier Lamartine plutôt que
Dufrénoy,
Baudelaire plutôt que Louise Colet, et Mallarmé plutôt que Louise
Ackermann. Mais ne faut-il par éditer et lire Marceline
Desbordes-Valmore plutôt que Victor de Laprade — ce dernier bien présent
dans les
histoires littéraires ? La réponse maximaliste qui consiste à dire qu’il
faut
tous et toutes les mentionner, tous et toutes les lire étant peu
conciliable
avec les exigences éditoriales et commerciales comme avec les pratiques
des lecteurs, le problème reste entier. Les possibilités de mise à
disposition par la numérisation et les bases de données constituent une
réponse
plus technique qu’intellectuelle. Quelle utilisation fera-t-on de ces
bases ?
On continuera par ailleurs à choisir ce qu’on édite, ce qu’on commente,
ce
qu’on lit et étudie, et les raisons de ces choix, si on ne veut pas se
contenter de catégorie du goût, méritent d’êtres interrogées.
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Parce
que les écrivains, hommes et femmes, ont pensé leur position,
leur œuvre, leurs stratégies à partir d’une expérience subjective et
sociale,
et d’un état de la littérature traversés de la différence des sexes
(qu’on
pense à la rage de Baudelaire contre la femme Sand…), il me paraît
absolument nécessaire de réintroduire non seulement les femmes et leurs
écrits, mais toute cette dimension de l’expérience dans l’écriture de
l’histoire littéraire. Un tel projet implique la nécessité de passer,
non peut-être
par une histoire littéraire des femmes, mais par une histoire des écrits
de
femme, situés dans la perspective la culture commune. Ajoutons que pour
avoir tout son sens, il devrait comporter une dimension européenne [23][23] Signalons en ce sens un projet The International Reception...,
permettant de penser les contrastes et les passages d’un pays à
l’autre, d’une
langue à l’autre, et par là-même de mieux éclairer les singularités de
chacun. Il ne devrait pas non plus se couper des apports de
l’historiographie,
et d’une réflexion plus générale sur l’écriture de l’histoire. Les
travaux de
Thomas Laqueur [24][24] Thomas Laqueur, La Fabrique du sexe. Essai sur le corps... ont bien mis en évidence l’incroyable résistance, dans
les mentalités occidentales, des croyances
sur les sexes aux découvertes
scientifiques. Si « la substance du discours de la différence sexuelle
ignore l’entrave des faits », peut-être saurait-elle être modifiée
d’accueillir
des discours et des points de vue de femmes, permettant à celles-ci
d’acquérir statut autre que de scandale, ou de présence refoulée et
silencieuse,
dans la tradition littéraire.
Notes
[*]
Université de Lyon 2 - LIRE, CNRS.
[1]
De Bonald, « Sur la multiplicité des livres » (24 janvier 1811), Mélanges littéraires, politiques et philosophiques, 3e éd., Paris, Librairie d’Adrien Le Clere et Cie, 1852, p. 511-519.
[2]
De Bonald, op. cit., p. 511 et 517.
[3]
En particulier dans La Petite Sœur de Balzac. Essai sur la femme auteur, Le Seuil, 1989 ;
et dans les introductions de deux ouvrages collectifs : Femmes poètes du XIXe siècle Une anthologie, Presses universitaires de Lyon, 1998 ; et L’Épistolaire, un genre féminin ?, Champion
« Varia », 1998.
[4]
Plus développée dans mon article « Prose/Poésie, Masculin/féminin », Masculin/Féminin
Le XIXe siècle à l’épreuve du genre, textes réunis et présentés par Chantal Bertrand-Jennings,
Centre d’études du XIXe siècle, « À la recherche du XIXe siècle », Toronto, 1999, p. 7-22.
[5]
Alain Vaillant, Jean-Pierre Bertrand et Philippe Régnier, Histoire littéraire française du
XIXe siècle, Nathan, 1998,640 p.
[6]
Programme formulé dans l’introduction, op. cit., p. 5.
[7]
Précis de littérature française du XIXe siècle, sous la direction de Madeleine Ambrière, PUF,
1990,640 p.
[8]
Manuel d’histoire littéraire de la France, par un collectif sous la direction de Pierre
Abraham et Roland Desné, Les éditions sociales, 1980 pour le t. IV « De 1789 à 1848 », 2 vol.
de 686 et 585 p.
[9]
Voir les travaux de Bénédicte Monicat sur les ouvrages d’éducation pour filles et la littérature féminine, ouvrage à paraître.
[10]
Cf. par exemple Luzila Gonçalves Ferreira, Voix et positions des femmes dans les feuilletons féminins au XIXe siècle, thèse de doctorat, Paris 7,1996.
[11]
Joan DeJean, Sapho Fictions du désir 1546-1937, Hachette, 1994 (1989).
[12]
Evelyne Ender, « Le Triomphe de l’éros dans François le Champi », George Sand Studies,
vol. 21,2002, p. 84-101.
[13]
Michelle Perrot dir., Une histoire des femmes est-elle possible ? Marseille, Rivages, 1984,
228 p.
[14]
Pour une présentation d’ensemble de cette évolution, voir la préface de Jacques Revel à
Lynn Hunt, Le Roman familial de la Révolution française, Albin-Michel « Histoire », 1995
(1992) ; Françoise Thébaud, Écrire l’histoire des femmes, ENS éditions, 1998,228 p. ; Michèle
Riot-Sarcey, « L’historiographie française et le genre », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, n° 47-4, octobre-décembre 2000.
[15]
Voir Michèle Riot-Sarcey, La Démocratie à l’épreuve des femmes, Albin Michel, 1994 ;
Le Réel de l’utopie, Albin Michel, 1998 ; Joan Scott, La Citoyenne paradoxale, Albin Michel,
1998 (1996).
[16]
Dorothy Kelly, « Did Women had a Renaissance ? », Becoming visible. Women in
European History, ed. Renate Bridenthal and Claudia Koonz, Boston, Houghton Mifflin, 1977.
[17]
Geneviève Fraisse et Michelle Perrot, « Ordres et libertés », Histoire des femmes en
Occident, t. IV, Plon, 1991, p. 15.
[18]
Voir note 3.
[19]
George Sand, Histoire de ma vie, Œuvres autobiographiques, Gallimard, « Pléiade », t. II,
p. 161.
[20]
Voir Florence Goulesque, Une femme poète symboliste : Marie Kryzinska, La Calliope du
Chat noir, Champion, 2001 ; Laurence Brogniez, « Marie Krysinska et le vers-libre : l’outrage
fait aux Muses », Masculin/Féminin dans la poésie et les poétiques du XIXe siècle, ouvr. cit.
note 3, p. 421-436.
[21]
Naomi Schor, George Sand & Idealism, N-Y, Columbia Univ. Press, 1993. Pour un point
de vue contestant une définition simplificatrice de l’art romanesque de Sand par l’idéalisme,
Béatrice Didier, « Les voies du réalisme », George Sand écrivain « Un grand fleuve
d’Amérique », PUF, 1998, p. 601-700.
[22]
Pour situer Dufrénoy : Opuscules poétiques, par Madame D., Arthus-Bertrand, 1806 ; La
Femme-auteur, ou les inconvéniens de la célébrité, Béchet, 1812,2 vol. ; Élégies suivies de poésies diverses, Paris Alexis Eymery libr., 1821 ; Œuvres poétiques de Madame Dufrénoy, suivies
d'observations sur sa vie et ses ouvrages, par M. Jay, Paris, 1826. Voir Sainte-Beuve, « Une ruelle
poétique sous Louis XIV », Portraits de femmes, Garnier, 1845 ; Catriona Seth, « Adélaïde
Dufrénoy », Femmes poètes du XIXe siècle. Une anthologie, p. 26-38.
[23]
Signalons en ce sens un projet The International Reception of Women’s Writing (Database
on Internet and Electronic Publishing Website), aux Pays-Bas, sous la direction de Suzan Van
Dijk.
[24]
Thomas Laqueur, La Fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident,
Gallimard, 1992 (1990).
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