L'hypothèse d'une 9e planète signe le (nouveau) retour de la planète X
Par
Sylvie Rouat
le
19.01.2015 à 18h40, mis à jour le 22.01.2016 à 09h30
Un astre massif
pourrait exister au-delà de Neptune. Cette hypothèse d’une "planète X"
est renforcée par l'annonce de la découverte d'une 9e planète. De quoi
bouleverser les modèles de formation du système solaire.
Une représentation artistique de "Sedna". © NASA/JPL-Caltech
"TRANSNEPTUNIEN". Au moins une "planète X"
croiserait aux confins sombres et inconnus de notre système solaire.
C'est ce que semble démontrer l'analyse des caractéristiques orbitales
de 13 objets dits "transneptuniens", c'est-à-dire évoluant bien au-delà
de
Neptune et Pluton, à plus de 5 milliards de kilomètres de la Terre. La planète X, "Arlésienne" astronomique, est de retour !
Et l'annonce de la découverte par modèle mathématique d'une "neuvième planète" ne fera que renforcer la tendance...
Née au milieu du 19e siècle après la découverte de Neptune (1846),
l'hypothèse d'un corps lointain sillonnant au-delà de cette planète – la
plus lointaine connue de notre système solaire – avait conduit en 1930 à
l'identification de Pluton. La découverte, en 1992, d'une multitude de
corps encore plus lointains a réanimé l'idée qu'il puisse exister, dans
ces régions inconnues, une planète géante qui influerait sur les
trajectoires de ses voisines. Las ! En mars 2014, la Nasa balaie l'idée
qu'une planète X puisse exister,
annonçant qu'il n'y avait définitivement pas de géante gazeuse plus massive que Jupiter au-delà de Pluton.
Une planète X, peut-être même une Y voire une Z...
Pas de géantes, certes, mais peut-être des planètes plus massives que
la Terre ! C'est ce qu'ont d'annoncé en janvier 2015 les chercheurs de
l'Université Complutense de Madrid (Espagne) et de l'Université de
Cambridge (Grande-Bretagne), dans deux articles publiés dans les "
Monthly notices" de la
Royal Astronomical Society
britannique. Les chercheurs ont étudié 13 objets transneptuniens
lointains, des corps froids qui évoluent sur des orbites elliptiques
très éloignées du
Soleil.
Tous ces objets obéissent à deux règles : leur demi grand-axe est
d'environ 150 unités astronomiques (UA, une unité astronomique équivaut à
la distance Terre-Soleil, soit quelques 150 millions de km) et
lorsqu'ils s'approchent au plus près du Soleil (le perihelion), leur
orbite a une inclinaison proche de 0 ou 180 degrés par rapport au plan
du système solaire. Or, 13 d'entre eux dérogent à la règle.
Leur demi-grand axe va en effet de 150 à 525 UA, avec des
inclinaisons moyennes d'environ 20 degrés. Une force invisible
dévierait-elle leur trajectoire ? Selon les auteurs des articles,
l'explication la plus probable mettrait en scène… au moins deux planètes
inconnues au-delà de Neptune et Pluton ! Une planète X, et peut-être
même une Y voire une Z… Problème : aucun modèle de formation planétaire
actuel ne permet d'expliquer la présence de tels astres massifs sur des
orbites circulaires au-delà de Neptune. Par chance, l'observation des
autres systèmes planétaires ouvre de nouvelles perspectives.
GLACIAL. La découverte en novembre 2014, grâce au
radiotélescope européen Alma, d'un disque de planètes en formation
s'étendant sur plus de 100 UA autour de l'étoile HL Tauri rend possible
l'existence de planètes très éloignées de leur étoile. Des nouveaux
mondes plongés dans une nuit glaciale et permanente, à plus de 200 UA du
Soleil. Là où aucun instrument ne pourra les débusquer avant longtemps.
Si cette analyse repose sur un échantillon très retreint d'objets, les
prochains mois devraient entraîner la publication de nouveaux résultats
reposant sur un échantillon plus large. Si elle est confirmée, cette
nouvelle hypothèse de planètes X bouleverserait les modèles de formation
du système solaire.
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