Site de l'Association La Vie Astrologique (ex Mouvement Astrologique Universitaire). 8, rue de la Providence. 75013 Paris/ Une approche historico-critique de la littérature astrologique.
Faculté Libre d'Astrologie de Paris (FLAP)
Le but de ce blog est lié à la création en 1975 du Mouvement Astrologique Universitaire (MAU) . Il sera donc question des passerelles entre Astrologie et Université mais aussi des tentatives de constituer des enseignements astrologiques.
Constatant les lacunes des astrologues dans le domaine des
sciences sociales (hommes et femmes, structures
nationales et supranationales etc), la FLAP assurera à ses
étudiants des connaissances de première main et les plus
récentes qui leur serviront de socle pour appréhender
l'astrologie et en repenser les contours.
.
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jeudi 17 juin 2021
Jacques Halbronn Le milieu astrologique et ses crises de rejet; de Patrice Guinard à André Barbault
Le milieu astrologique et ses crises de rejet
Par Jacques Halbronn
En notre qualité d’observateur du milieu astrologique depuis un demi-siècle, nous y avons noté des symptômes, des comportements de rejet de l’Astrologie, de saturation. Nous aborderons successivement la tentation poétique et la tentation astronomique.
I La tentation de la poésie
Nous-mêmes, nous avons consacré beaucoup de temps à des domaines qui tendent à s’éloigner sinon à se démarquer de l’astrologie, d’où nos thèses de doctorat de 1999 et de 2007 qui se situent à la marge du champ proprement astrologique. Cela se comprend en raison d’une certaine aridité de la littérature astrologique.
Un cas particulièrement caractéristique est celui de Patrice Guinard qui fond à la fin des années 90 le CURA, le Centre Universitaire de Recherche Astrologique, après avoir soutenu une thèse, en 1993, sur les fondements de l’astrologie. Or, dans le cours de la première décennie du XXIe siècle, le gros des parutions sur son site, en tout cas celles qui sont de cru, vont toucher au « Corpus Nostradamus » et notamment à un Nostradamus prophéte et poéte, auteur supposé de centaines, d’une « milliade » de quatrains au point de s’en prendre vivement à ceux qui, comme nous, entendent dégager le « vrai » Nostradamus de telles dérives prophétiques.
Selon nous, un tel glissement est le signe d’un malaise ou d’un mal être par rapport à l’astrologie que l’on retrouve d’ailleurs chez Serge Bret Morel, passé par la Fédération des Astrologues Francophones avant de s’illustrer, avec d’ailleurs un certain succès, dans le camp des astrosceptiques.
Pour Guinard, il est scandaleux de vouloir contester le volet poético-prophétique de l’œuvre de Michel de Nostredame, le réduisant ainsi à un faiseur d’almanachs annuels besogneux. Ce serait trahir la mémoire de Nostradamus que de contester que celui-ci pourrait ne pas être le génial prophéte dont il ne s’agit plus de chercher à comprendre comment il a été inspiré, puisque le lien entre la plupart des quatrains, y compris ceux des almanachs, n’ont pas de substrat astrologico-astronomique identifiable. (cf Pierre Brind’amour , Nostradamus astrophile, Ottawa 1993) En revanche, sa correspondance manuscrite (étudiée par Jean Dupébe) et ses études annuelles regroupées sou le titre de Recueil des présages prosaïques (étudiés par Bernard Chevignard, Seuil, 1999) sont truffées de données Astronomico-astrologiques. Selon nous , même les quatrains des almanachs de Nostradamus ne seraient pas de sa plume mais reléveraient du zéle de quelque versificateur de ses prédictions annuelles en prose. Autrement dit, Guinard, par ses positions, effectue un virage, une déviation grâce à l’œuvre ambivalente d’un Nostradamus revue et corrigé vingt ans après sa mort survenue en 1566.
Il convient d’ailleurs de resituer la production centurique du dernier quart du XVIe siècle au prisme d’un certain déclin de l’astrologie, étant entendu qu’un nouvel élan astrologique se manifestera dans les années 1640-1650 autour de Nicolas Bourdin et de Jean-Baptiste Morin (dit de Villefranche) si bien que la fin du XVIIe siècle sera nettement plus féconde pour la production astrologique que la fin du XVIe siècle, contrairement aux représentations courantes. Trente ans après sa première parution, le manuel de Ferrier sera réédité, à Rouen, en 1583 et ce jusqu’au début du siècle suivante, ce qui dénote une forme de déclin.(cf notre DEA sur Auger Ferrier, Lille III, 1981, sur SCRIBD) Du temps de Nostradamus, l’astrologie française était florissante (cf le traité de Claude Dariot, 1558, réédité chez Pardés en 1990) mais dans les années 1580, la roue a tourné. Ce glissement de l’astrologie vers le prophétisme est périodique, c’est le cas de la Pronosticatio de Lichtenberger qui se retrouvera dans le Mirabilis Liber, recueil de prophéties (cf notre étude dans la Revue Française d’Histoire du Livre, 2015 et notre catalogue d’exposition à la BNF, en 1994, Astrologie et prophétie. Merveilles sans images)
II la tentation de l’astronomie
Abordons à présent le cas d’André Barbault lequel aura, selon nous, traversé une crise par rapport à la doxa astrologique, à la fin des années Soixante, qui se manifestera avec son « Indice Cyclique ». Nous avons montré par ailleurs que celui-ci prolonge une approche déjà marquante dans les années trente, celle de la « répartition des planètes », pour reprendre une entrée du Dictionnaire Astrologique d’Henri Gouchon, réédité régulièrement jusqu’à nos jours. Le nom de Caslant est mis en avant dans cet article et le dit Gouchon appliquera, à la fin des années 40, à l’astrologie mondiale ce qui avait été avancé initialement pour l’interprétation du thème natal. Barbault reprendra en 1967 cette méthode dans les Astres et l’Histoire (Pauvert) sans faire référence à l’article de Gouchon dans son célébre Dictionnaire mais en signalant une brochure introuvable du dit Gouchon/
Or, que nous raconte ce glissement survenu entre la crise mondiale parue, quelques années plus tôt dans cette même décennie, chez Albin Michel ? Que Barbault ne veut plus entendre parler de la tradition astrologique et préfére tout reconstruire à partir de données astronomiques pures et dures. Qu’on en juge : plus question de distinguer les planétes entre elles par leur nom, plus question de noter dans quel signe les rencontres planétaires ont lieu-Albumasar quant à lui, quand même, notait dans lequel des Quatre Eléments, les conjonctions Jupiter Saturne se tenaient/ Seule va importer désormais la ‘répartition » des planétes « lentes, de Jupiter à Pluton, sur l’écliptique. Non pas que cela fasse sens pour les astronomes en termes d’équilibre et de déséquilibre, mais au moins ce sont là, n’est ce pas, des données objectives qui ne doivent rien à la question du cycle des saisons, notamment. Autrement dit, une approche qui refuse de s’appuyer sur une quelconque tradition astrologique ou même sur quelque forme de météorologie. On fait table rase et l’on attend que la concentration de planétes se resserra pour annoncer une grave tension au niveau mondiale comme dans le cas des deux guerres mondiales, dans l’attente d’une troisième échéance, pour le début des années 80. N’est ce point -là un symptome de rejet, de crise de confiance vis-à-vis d’un savoir proprement astrologique souvent d’ailleurs calqué sur le métalangage astronomique, à commencer par le nom des nouvelles planétes ? A ce stade, les significations accordées par les astrologues à telle ou telle planéte n’ont plus cours, Uranus et Neptune sont mis dans le même sac ! Plus la peine de chercher à les différencier !
Voilà donc quelques cas d’astrologues qui ont pris leurs distances, du moins à un certain moment de leur carrière avec ce qu’on avait pu leur transmettre en astrologie. Et force est de constater que ces glissements se produisent à des points de contact :la prose de Nostradamus rendue en vers, les bases astronomiques de l’astrologie prenant le dessus.
JHB
17. 06 21
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