Site de l'Association La Vie Astrologique (ex Mouvement Astrologique Universitaire). 8, rue de la Providence. 75013 Paris/ Une approche historico-critique de la littérature astrologique.
Faculté Libre d'Astrologie de Paris (FLAP)
Le but de ce blog est lié à la création en 1975 du Mouvement Astrologique Universitaire (MAU) . Il sera donc question des passerelles entre Astrologie et Université mais aussi des tentatives de constituer des enseignements astrologiques.
Constatant les lacunes des astrologues dans le domaine des
sciences sociales (hommes et femmes, structures
nationales et supranationales etc), la FLAP assurera à ses
étudiants des connaissances de première main et les plus
récentes qui leur serviront de socle pour appréhender
l'astrologie et en repenser les contours.
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jeudi 17 juin 2021
Jacques halbronn Sur la toxicité des rapports Astronomie-Astrologie
Sur la toxicité des rapports Astronomie-Astrologie
par Jacques Halbronn
On connait de Louis Gastin (alias Arcturus, alias Thot Hermés, cf Encyclopédie d'Herbais de Thun, Bruxelles, avril 1944, pp. 85 et seq) un Plaidoyer pour l'astrologie scientifique en réponse à une interview de .M Ernest Esclangon, astronome, directeur de l'Observatoire de Paris. (Ed de s Ephémérides Gastin. Nice, 1936) fascicule d'une quinzaine de pages. (Cote BNF 8°R 20656 pièce)
Gastin proteste quant à la compétence d'Esclangon de traiter de l'astrologie, ce qui met le doigt sur un probléme récurrent à savoir le nombre de fois où des astronomes ont pu être invités à traiter de l'Astrologie. Couderc sera chargée du volume Astrologie dans la collection Que Sais je et Zarka est actuellement l'auteur du Que Sais Je sur ce même sujet chez le méme éditeur. Entre 1936 et 2005, date de cette nouvelle mouture, 70 ans se seront écoulés.
Louis Gastin, nous l'apprenons par ailleurs, a enseigné, après la guerre, dans le cadre d'une Société Astrologique de France, fondée en 1926-27, dont il fut un des vice présidents, dans les années 1940, avec Marc Breton, le président étant le lieutenant colonel Firmin Maillaud (cf son Almanach astrologique et de la vie mystérieuse pour 1948, Les éditeurs réunis, comportant une préface du dit Maillaud intitulée « la Renaissance de l'astrologie », laissant entendre que la mission des associations astrologiques est bien de réhabiliter ce domaine. C'est d'ailleurs l'occasion de préciser que dans les années 40, trois associations jouaient un certain rôle, dont deux déjà avant la guerre, la dite SAF et le CAF (Collége Astrologique de France (sa revue Sous le Ciel paraitra jusqu'en 1962, selon le dépôt légal de la BNF) et un nouveau venu, fondé en 1946 par Edouard Symours, le CIA 'Centre International d'Astrologie lequel d'ailleurs en 1975 avait voulu reprendre le nom de la SAF pour finalement adopter celui de SFA (Société Française d'Astrologie) sous la présidence de Paul Colombet.
Gastin terminait son Plaidoyer de la sorte : « N''est-il pas admirable que malgré les condamnations officielles,malgré son absorption consécutive par le charlatanisme, pendant plus de trois cents ans, réputé sa seule représentation, l'astrologie ait pu sortir de sa gangue dans les temps modernes, attirer de nouveau l'attention, l'interet et la protection d'esprits scientifiques, indépendants, de chercheurs instruits et investigateurs et qu'elle se trouve aujourd'hui en mesure de s'affirmer comme une science auprès de savants négateurs par la voie de leurs propres méthodes et au nom de leurs propres concepts ? » Gastin n'oublie pas dans son plaidoyer d'incriminer Colbert ; « la proscrivant de l 'Académie des Sciences » et par là de la conscience scientifique officielle en voie d'évolution. Si lors des expériences de Volta et de Franklin une pareille proscription avait pu être infligée à l'étude de l'électricité que connaitrions nous aujourd'hui de ses merveilles ? » Vingt ans avant la Défense et Illustration de l'Astrologie (Grasset, 1955) d'André Barbault.
La question que nous poserons est la suivante : l'astrologie a-t-elle montré ce qu'elle pourrait apporter à la Société ? Il semble bien que la plupart des gens-encore de nos jours, pensent que l'on peut fort bien s'en passer. Nous pensons qu'elle ne trouvera sa place qu'en mettant en évidence les failles des dispositifs qui ne tiennent pas compte d'elle. On pense notamment, à quelques jours des élections régionales, aux fondements du systéme électoral, selon quels critères fixe-t-on les périodicités, les durées des mandats ? 4 ans, 5 ans, 7 ans et tutti quanti. Tout cela, en effet, n'est pas très « scientifique ». Comment se fait-il que les « réussites » prévisionnelles revendiqués par un Gastin ou un Barbault
ne soient point parvenues à changer la situation ? D'autres ont pensé procéder autrement comme un Jean Pierre Nicola en reformulant les notions utilisées (Pour une Astrologie moderne, Ed Seuil, 1977) tout en les conservant dans leur ensemble en l'état. Mais force est de constater que c'est bien le rapport de l'astrologie à l'astronomie qui fait probléme. Les astrologues du Xxe siècle restent pour la plupart persuadés de devoir s'aligner sur le systéme solaire tel que décrit et baptisé par les astronomes.
Un autre texte de Gastin paru vers 1935 (contemporain de la série de Maurice Privat) retient notre attention ; la Clef de l'horoscope personnel. Son interprétation, ses applications pratiques, & la prévision de l'avenir (Nice, Editions des Ephémérides Gastin) ; premier manuel d 'un projet intitulé L'astrologie à la portée de tous (Cours pratique d'astrologie scientifique simplifiée) On y lit « L'astrologie ne s'oppose en rien à l'astronomie, elle la compléte (…) On ne peut, de toute manière, relever aucun
antagonisme rationnel entre l'astronomie et l'astrologie : bien au contraire, il y a entre elles un lien nécessaire, au moins du point de vue de l'astrologie, laquelle ne saurait se passer des données de l astronomie, base inéluctable de toutes ses déductions ». On trouve encore cette « définition » dans le même ouvrage « L'astrologie est l'étude des rapports observés entre les phénoménes de la vie terrestre-notamment la destinée humaine- d'une part et d'autre part les mouvements des corps célestes,leurs positions respectives et leurs aspects mutuels » (p. 27) Et Gastin de conclure « A la base de la science astrologique est l'Horoscope »c'est à dire la « carte du ciel » avec l''ensemble des données concernant la totalité du système solaire. Il est clair que pour Gastin, la base de l'astrologie est l'astronomie, son étalon or. Dès lors, pourquoi, comment s'étonner que les dits astronomes croient avoir leur mot à dire à la façon d'Esclangon ? Pour notre part, nous sommes d'avis que l'astrologie est saturée par un rapport toxique avec l'astronomie. Pourquoi ne pas parler plutôt d'une instrumentalisation de l'astronomie par l'astrologie (cf notre Pensée astrologique, en préambule à la réédition de l'Histoire de l'astrologie de Serge Hutin ( voir nos « annotations », Paris, Artefact, 1986, pp 162-169) ? Gastin s'en prend aux « charlatans « , c'est à dire à ceux qui ne respectent pas assez strictement le référentiel astronomique et qui croient pouvoir se passer de la connaissance de l'heure et du lieu de naissance, condition sine qua non de toute pratique astrologique digne de ce nom, d'où l'importance accordée à l'enseignement.
Autrement dit, l'astrologie n'a pas besoin de toute la panoplie du systéme solaire, ce que n'a pas compris Nicola (Nombres et formes du cosmos). On n'a pas coupé le cordon ombilical. Récemment, dans un précédent texte, il apparaissait que certains astrologues, il y a un siècle, exprimaient des doutes quant à l'intérêt d'intégrer les « nouvelles » planètes dans le dispositif astrologique. Pour nous, l'astrologie devrait se rapprocher de la théologie plutot que de l'astronomie et se demander quel rôle les astres étaient censés jouer dans le plan divin, dans la « Création ». Il importe aussi que l'astrologie se rapproche de la philosophie et notamment de la dialectique. D'aucuns croient que l'astrologie doit prouver qu'elle « marche » mais ne comprend on pas que l'on ne demande des preuves que lorsque l'on a des doutes. C'est l'étrangeté de l'astrologie qui conduit à la rejeter. Pour nous, l'avenir de l'astrologie passe par la dualité aussi bien dans le temps que dans l'espace social. A l'image du systéme électoral, notre civilisation s'imagine qu'elle peut structurer la Société à sa guise en niant une quelconque structure binaire. Or, avec la profusion des facteurs astronomiques qu'elle se charge de gérer, l'astrologie se met dans l'incapacité de traiter de cette dualité essentielle et structurelle . Les cadeaux que lui offre l'astronomie sont empoisonnés.
Gastin ne se demande pas quelle est l'interface entre astronomie et astrologie, c'est à dire ce dont elle a besoin pour remplir sa mission au regard des besoins de la Cité. Pour lui, être astrologue, c'est croire que tout ce qui reléve de l'astronomie du Ciel qui nous entoure doit et devra – si un jour d'autres astres sont découverts - impérativement faire sens pour l'astrologie.En ce sens, les astronomes travaillent pour les astrologues en lui permettant de parvenir à son accomplissement et donc à sa perfection encore en devenir au point que l'on puisse se demander comment les astrologues ont pu travailler pendant des millénaires sans l'aide d'Uranus ou de Neptune. Or, pour nous, les valeurs projetées sur ces deux planétes – au cœur de la théorie des grandes conjonctions d'Albumasar correspondent aux archétypes du Soleil et de la Lune ou de Jupiter et de Saturne et n'ont pas être prises en compte quant à leur position astronomique (cf notre étude « . Les deux premiers chapitres du Livre de la Genése au prisme de la dialectique Jupiter-Saturne ») En fait, pour nous, le Ciel « utile » pour l'astrologie se limite au couple Jupiter-Saturne, ce qui exclue et les astres invisibles à l'oeil nu et l'escorte solaire (soleil-Mercure- Vénus) dont les positions restent toujours proches les unes des autres – et se cantonnent peu ou prou à l'année terrestre – d'autant plus que par leur proximité avec le Soleil elles n'offrent pas une bonne visibilité.
Gastin s'interroge sur le nom qu'il faudrait utiliser à la place de celui d'astrologie, si déprécie. Pour notre part, nous proposons Anthropocosmologie, insistant, ce faisant, sur un certain dosage à trouver. Une cosmologie à taille humaine, l'homme étant, dit-on, la mesure de toute chose, l'astrologie d'un Gastin étant, a contrario, démesurée. En ce sens, une approche sociologique autour de la vie de la Cité nous semble mieux appropriée qu'une approche psychologique, par trop individuelle, n'en déplaise à un Dane Rudhyar. Il importe que l'on s'en tienne à des questions basiques, permettant de déterminer si une personne reléve de Saturne ou de Jupiter et ce n'est pas en dressant le thème qu'on le saura mais en recourant à des tests,ayant une double valeur d'identification et de vérification. Il ne s'agit pas de nier l'individualité mais celle-ci ne ressort que par rapport à une norme. C'est d'ailleurs apparemment ce que le public attend de l'astrologie, à savoir la description limitative d'un certain nombre de types, ce qui n'exclue pas la diversité en aval. Gastin n'a pas de mots trop durs pour ces astrologues qui se contentent d'un nombre réduit de cas donnant lieu à des portraits préétablis. Or, pour nous, le rôle premier de l'astrologue praticien consiste à déterminer le type de son client, et ce, non pas en dressant son thème mais en examinant son comportement social, ce qui permet de savoir quel est son rapport au cosmos. (cf notre Astrologie Sensorielle, Cosmopolitan, janvier 1977) Terminons par cette image : l'astronomie est un fruit dont il ne faut pas consommer la « peau » ou l'écorce, un légume à éplucher faute de quoi on a quelque chose d'immangeable. Il est temps de réfléchir sur la partie comestible de l'astronomie en évitant de se laisser berner par son métalangage. Ce fut d'ailleurs la voie empruntée par André Barbault dans son Indice Cyclique où il ne tient même pas compte du nom des planétes et encore moins des signes du zodiaque où les configurations se produisent..(cf Les astres et l'Histoire, Paris, Pauvert, 1967)
Selon nous, l'astrologie, à l'avenir, ferait mieux de prendre appui sur l'anthropologie que sur l'astronomie, autrement dit d'aller de l'anthropologie vers l'astronomie que l'inverse.
JHB 17 06 21
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