Faculté Libre d'Astrologie de Paris (FLAP)

Le but de ce blog est lié à la création en 1975 du Mouvement Astrologique Universitaire (MAU) . Il sera donc question des passerelles entre Astrologie et Université mais aussi des tentatives de constituer des enseignements astrologiques.
Constatant les lacunes des astrologues dans le domaine des
sciences sociales (hommes et femmes, structures
nationales et supranationales etc), la FLAP assurera à ses
étudiants des connaissances de première main et les plus
récentes qui leur serviront de socle pour appréhender
l'astrologie et en repenser les contours.
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vendredi 3 février 2023

jacques halbronn ESotérisme philsophique et esotérisme historique.

ÉSOTERISME PHILOSOPHIQUE et ÉSOTERISME HISTORIQUEPar Jacques Halbronn, Docteur ès Lettres Il y a une similitude certaine entre la démarche de l’étranger et celle de celui qui veut être initié à quelque secret, à savoir recevoir les clefs de la société dans laquelle il souhaite pénétrer. Mais l’étranger n’est-il pas lui-même porteur d’un secret, celui de ses origines? Nous percevons dans le discours ésotérique l’affirmation de l’existence de passerelles permettant de franchir certains cloisonnements. Or, n’est-ce pas là aussi un des postulats de l’étranger que le déni des barrières qui coïncide avec la théorie des correspondances? Mais, à force de rapprocher tout avec tout, de nouveaux cloisonnements apparaissent dès lors que la nature se voit décalquée sur la société, selon un processus d’ésotérisation. Deux écoles s’affrontent: l’une que nous qualifierons d’ésotérisme philosophique, l’autre d’ésotérisme historique ou sociétal. La première est celle qui est le mieux implantée présentement au niveau académique, elle traite de l’ésotérisme en philosophie et de philosophie de l’ésotérisme.La première s’efforce de présenter l’ésotérisme comme un phénomène spécifique, la seconde considère que l’ésotérisme est un processus de translation, d’où le concept d’ésotérisation qui comporte une dynamique qui n’existe pas dans celui d’ ésotérisme. Pour l’ésotérisme historique, le lien avec l’exotérique, avecles enjeux de la modernité, est essentiel et il n’est pas question de s’enfermer, au nom d’une spécificité à ménager, dans une sorte de ghetto, serait-il payant sur le plan universitaire.I La notion de signifié ésotériqueCertes, il existe des savoirs qualifiés d’ésotériques mais il nous semble plus fructueux de nous demander comment se constitue un savoir ésotérique à partir de ce qui ne l’est pas ou encore de préciser quels sont les questionnements qui relèvent de l’ésotérisme.Peut être est-ce du fait de notre intérêt pour l’histoire de l’astrologie, toujours est-il qu’il nous paraît nécessaire d’analyser comment on bascule de l’astronomie vers l’astrologie, comment à partir de données de l’observation du ciel, on en vient à vouloir connaître l’avenir d’un nouveau-né ou celui d’un empire. Autrement dit, il nous intéresse d’exposer de quelle façon un traité d’astronomie se mue en traité d’astrologie, et c’est en cela qu’il y a ce que l’on pourrait appeler un processus d’ésotérisation.Mais l’exemple de l’astrologie n’est nullement unique et à la limite tout texte sans caractère ésotérique a priori peut se trouver doter d’une dimension ésotérique ne serait-ce que par l’usage particulier qui en est fait.On peut d’ailleurs envisager une approche inversée quiconsisterait en partant d’un texte ou d’un commentaire ésotériques de tenter de reconstituer le document source qui n’offrait pas de caractère ésotérique, si un tel document a disparu ou n’a pas été identifié comme étant à l’origine du dit texte ésotérique.Ainsi, un simple dictionnaire, un atlas –à la limite n’importe quel livre –peuvent se muer en outil divinatoire, dès lors qu’on l’ouvre au hasard et qu’on en tire quelque oracle. Cet ouvrage ainsi instrumentalisé va ainsi s’inscrire dans une pratique ésotérique à laquelle a priori il n’était pas destiné. Il va servir à répondre à des questions qui sont elles, assez bien répertoriées et qui relèvent de ce que nous appelons l’altérité synchronique et l’altérité diachronique, c’est à dire, la conscience que l’autre nous échappe, est un inconnu pour nous ou que l’avenir nous est inaccessible, imprévisible. Il y a là la conscience d’un manque, de l’existence de bornes cognitives plus ou moins bien acceptées. Une sorte de terra incognitaque l’on va tenter d’atteindre par des moyens détournés, en usant autrement de connaissances normalement disponibles. Autrement dit, il suffit que l’on détermine des limites pour qu’il y ait volonté de les transgresser et pour nous l’ésotérisme est de l’ordre de la transgression et celle-ci peut s’appliquer à n’importe quoi.Si nous prenons divers savoirs dits ésotériques, nous observons qu’ils ne se conçoivent que dans le contexte des limites de la connaissance, à un moment et en un lieu donnés. Quelle alchimie sans une description des métaux, des éléments, sans une forme de physique et de chimie dont il va s’agir de dépasser les limites, de combler les manques. Toute description du rapport de l’esprit au corps s’inspire d’une certaine anatomie, transposée, élargie, extrapolée.Il en est évidemment de même de la numérologie qui se greffe sur une arithmétique, qui en tire d’autres enseignements. L’ésotérisme serait ainsi de l’ordre du commentaire du monde, de recyclage d’un premier discours jugé insuffisant, étriqué, visant un savoir plus ample, répondant à des besoins qui seraient autrement frustrés. L’ésotérisme est en prise avec ce qui est dit du monde par ceux qui se contentent de le décrire au premier degré.On pourrait parler d’une perversion du savoir exotérique, détourné abusivement de sa fonction première. Prenons le cas du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieude Maurice Joly. Au départ, la description d’un système politique bien précis, en fait le Second Empire. Mais ce texte va être transformé en une description du programme juif de conquête du monde (les Protocoles des Sages de Sion), c’est à dire une possibilité d’accès à un savoir secret, tabou, lié à un groupe humain placé à la marge par une certaine sociologie populaire qui place, à tort ou à raison, les juifs à part, en dehors du système, ce qui en fait, ipso facto, les objets d’un savoir ésotérique. Non pas que tout ce qui sera dit sur les Juifs sera de cet ordre là, mais on voudra savoir ainsi ce que l’”on” ne nous dit pas, ce que l’on ignore de ce qui se passe dans ce milieu.Il convient donc de distinguer la source et la cible: la source, c’est le document qui va être “retraité”, la cible, c’est l’information que l’on prétendra ainsi obtenir et qui, pour quelque raison, nous était refusée ou que l’on croyait telle.Autrement dit, il n’y aurait pas de savoir ésotérique qui ne serait d’abord le reflet, la diffraction d’un savoir qui ne le serait pas car sans reconnaissance du monde des apparences, il ne saurait y avoir de perception de ses limites..Entant qu”historien des textes, nous dirons qu’un texte peut subir bien des avatars: traduction, résumé, glose mais aussi transposition de type ésotérique soit par le biais du commentaire soit en donnant lieu à une mouture refondue où il est parfois malaisé de le reconnaître. C’est ainsi que la plus banale Histoire des Papes a donné naissance, à la fin du XVIesiècle, à la Prophétie des papes du pseudo Saint Malachie. C’est ainsi qu’un guide de pèlerinage a permis de composer un très grand nombre de quatrains, s’inscrivant au sein des Centuries. Le texte le plus banal peut ainsi changer de dimension.A l’historien de décrire les procédés mis en oeuvre pour renforcer ou au contraire atténuer le caractère ésotérique d’un document. Il est en effet des savoirs dont le caractère de marqueurésotérique semble figé et auxquels il n’est pas permis, en quelque sorte, d’y renoncer. C es savoirs intéressent certes au premier chef l’historien des courants ésotériques mais à condition d’étudier les tentatives de re/déghéttoïsation que les dits savoirs sont amenés à subir, eux aussi et qui constituent leur histoire spécifique. Nous employons à dessein un terme à caractère linguistique avec le mot marqueur. Car ce qui nous permet de savoir si nous sommes ou non dans un champésotérique, en voie d’ésotérisation ou de désésotérisation, c’est bien la fréquence de certains marqueurs soit spécifiques, soit conjoncturels. Spécifiques quand il s’agit par exemple, à un niveau intertextuel, de développements à caractère astrologique ou alchimique et, par ailleurs, conjoncturels, quand le traitement engagé est plus contextuel, relève d’un décalage diachronique ou synchronique qui n’implique par le recours à des éléments jugés en soi comme ésotériques..Il convient toutefois de ne pas oublier que l’approche ésotérique se greffe sur un élément qui n’est pas considéré comme tel et qui constitue en quelque sorte un support en soi assez banal: un texte écrit dans une certaine langue obéissant aux règles habituelles de la communication, un état céleste décrit par les astronomes, un événement décrit par des historiens, un dessin produit par un artiste, un état anatomique décrit par un homme de l’art, un état minéral, un état végétal auxquels on va être amené à conférer des vertus et des significations particulières, comme une face cachée. La notion de courant ésotérique recouvre donc un champ beaucoup plus large que celle d’un formalisme ésotérique bien circonscrit d’autant, comme on l’a dit, que même dans le cas de savoirs jugés spécifiquementésotériques, il existe un support qui ne le serait pas.Prenons l’exemple d’un auteur qui nous intéresse actuellement, Jean Giffré de Réchac, un dominicain qui publié dans les années 1630-1660. Cet homme, directeur spirituel, auteur d’une littérature d’édification, d’imitation des saints, s’intéresse à Nostradamus, auteur s’il en est fortement connoté comme relevant de l’ésotérisme, même s’il est à la base médecin et recourt à des positions planétaires existant objectivement. Or, Giffré de Réchac veut que l’on se serve des quatrains nostradamiques comme d’un outil historiographique au fond assez banal, qui sera confronté avec les travaux des historiens. Il y a là une volonté de désésotérisation, de désenclavement du champ ésotérique que l’on cherche à réintégrer dans la sphère chrétienne au lieu de la laisser en marge. Inversement, nous pouvons étudier des textes qui n’offrent en soi a priori aucun caractère jugé comme ésotérique mais qui vont être ésotérisés. C’est précisément le cas de Nostradamus ou du moins du corpus qui lui est attribué. On sait que les sources de nombreux quatrains viennent d’un Guide des chemins de France d’Henri Estienne, ouvrage qui ne comporte en soi aucun caractère ésotérique mais qui va servir à composer des quatrains prophétiques.Il faut en effet considérer, dans certaines sociétés, à certains moments, le cas d’une volonté de désésotériser l’autre ou d’en nier la dimension ésotérique, contribuant ainsi à une ésotérisation de fait de la société en question. Il existe en effet quatre cas de figure: volonté délibérée d’ésotérisation ou de désésotérisation du groupe ou d’ésotérisation ou volonté de désésotérisation de l’autre groupe face auquel on se trouve, sachant que la désésotérisation de l’autre peut conduire à une ésotérisation du groupe qui refuse le clivage tout comme il y aurait désésotérisation en refusant la désésotérisation de l’autre.Derrière notre approche, existe une certaine anthropologie qui considère que les sociétés ont périodiquement et alternativement besoin de marquer des frontières et de les effacer.Nous considérons qu’on est passé d’un ésotérisme ouvert, à géométrie variable à un ésotérisme fermé, sclérosé, figé, où les marqueurs ésotériques sont de plus en plus convenus et font l’objet d’un consensus hors du temps et de l’espace. Ces marqueurs sont constitués d’un ensemble de termes spécifiques dont l’apparition au sein d’un texte contribue à le faire basculer dans la mouvance ésotérique: quatrains de Nostradamus, vocabulaire astrologique ou alchimique associé à un discours sur un avenir a priori jugé inconnaissable. Il est clair, en effet, que l’usage de ces marqueurs en dehors d’un préjugé prédictif, ou d’un projet lié au passage d’une frontière éthique ou cognitive, ne ferait pas sens, il est impératif qu’il y ait essai de réponse à un questionnement jugé, en tant que tel, de l’ordre de l’ésotérisme. Si par exemple, on a affaire à une tentative de faire marcher un paralytique-ce projet a priori extérieur au champ habituel de la médecine, va être renforcé par le recours à des pratiques dites ésotériques. Il y a donc en quelque sorte l’attente d’une sorte de miracle qui vient se consolider au moyen de marqueurs.Autrement dit, le propos ésotérique doit s’inscrire dansune situation existentielle bien réelle, constatable mais dont le caractère irréductible sera contesté et dépassé.Nous dirons que l’ésotérisme a ses sources en dehors de lui-même et qu’il relève d’un contexte historique et social qui lui-même, n’a en soirien d’ésotérique.La recherche en ce qui concerne l’Histoire des textes ésotériques implique de prendre en compte le contexte socio-politique dans lequel ces textes ont été initialement produits ainsi que le fait qu’il y a eu réaction face à un processusen sens inverse: l’ésotérisation fait suite à une désésotérisation et la désésésotérisation à une ésotérisation, qu’il conviendra de repérer historiquement.Par la suite, ces textes peuvent poursuivre leur carrière mais ils n’en restent pas moins sensibles aux événements socio-politiques qui détermineront leur réapparition, au prix souvent de retouches et de réajustements. À l’historien de textes de cerner également ces modifications des textes en rapport avec de nouvelles affectations.Par ailleurs, il est assez évident que l’astrologue travaille dans la mesure où une clientèle fait appel à lui; Or, on ne vas pas voir un astrologue à n’importe quel moment de sa vie, et en cela l’astrologue s’inscrit bel et bien dans une réalité sous-jacente. Le prophète est bien évidemment lié à une conjoncture politique ou religieuse qu’il convient de cerner. L’alchimiste dépend également de certains besoins bien précis de la part de ceux qui font appel à lui. C’est dire que le dialogue entre l’étude des textes ésotériques et les besoins d’une société donnée est indispensable, le recours aux marqueurs ésotériques ne faisant sens que lorsqu’une société éprouve le besoin de certains questionnements concernant l’altérité synchronique et/ou synchronique.Quels sont ces savoirs dits ésotériques et qui constituent la base des marqueurs ésotériques? Il nous semble que ce sont des savoirs qui ont échoué, victimes d’une pathologie de l’épistémé;c’est à dire de savoir qui se sont marginalisé et ne s’articulant pas sur les autressavoirs, ce qui est le fait même d’une carence de la désésotérisation périodique.Cela dit, les praticiens des savoirs ésotériques peuvent disposer de traités en bonne et due forme encore que ceux-ci puissent précisément témoigner d’une volonté de désésotérisation dans la mesure où ces savoirs adoptent une présentation systématique qui évoque directement des traités propres à des savoirs non ésotériques mais qui n’ont qu’une utilité limitée en pratique, ils constituent d’abord une caution. De même en ce qui concerne l’existence de revues, de colloques, d’associations, d’établissements d’enseignement, autant de marqueurs de désésotérisation alors que parallèlement subsiste une relation astrologue/client fondé sur une réalité existentielle.Dans ce processus de désésotérisation de l’astrologie, on notera le courant dit de l’astrologie scientifique à la fin du XIXesiècle qui s’appuyant notamment sur les statistiques a tenté de désésotériser l’astrologie, c’est à dire de la rendre plus acceptable, plus présentable. Mais à d’autres moments, l’astrologie a cherché au contraire à se réésotériser, à souligner sa différence, sa visibilité. En tout état de cause, l’astrologie a rarement été en mesure d’échapper à son aura ésotérique et a fini par constituer un marqueur ésotérique permanent, ce qui, par voie de conséquence, a pu empêché certains savoirs de s’ésotériser, c’est à dire de dépasser leurs limites, étant donné que l’astrologie exerçait un certain monopole en la matière. La cristallisation de certains savoirs ésotériques, dans une posture ésotérique, tend à figer la dialectique ésotérisation/Désésotérisation puisque l’on a désormais de l’ésotérisme en soi et non plus dans le cadre d’ un processus relatif et conjoncturel.Le cas Nostradamus est remarquable en cequ’à partir de quatrains, genre poétique assez banal, on a su constituer un discours prophétique, il y a là ésotérisation du poétique à propos duquel il faudrait s’interroger du point de vue de l’histoire de l’activité littéraire de l’époque, probablementvictime d’une précédente désésotérisation.Notre séminaire sera axé sur l’étude de textes engagés dans un processus alternatif d’ésotérisation/désésotérisation, recourant essentiellement à des marqueurs ésotériques traditionnels.. L’accent sera mis sur lerôle des contexte socio-politique ou psycho-sociologique dans la formation des dits textes ou/et dans leur mise en application. On insistera sur les éléments constitutifs -les sources –des dits textes, sur l’identification des supports non ésotériques sur lesquels ils s’appuient..Parmi les textes auxquels nous avons consacré de nombreuses pages figurent les Protocoles des Sages de Sion dont le caractère ésotérique n’est pas lié de façon aussi directe avec les savoirs ésotériques figés. La mise en place des Protocoles relève d’un ésotérisme ouvert, c’est à dire lié à des tabous qui sont censés être enfreints par le groupe que l’on cherche ainsi à diaboliser. Il est clair, en revanche, que la cible de cette entreprise, les Juifs, est bel et bien un groupe par rapport auquel de nombreuses tentatives d’ésotérisation et de désésorérisation ont existé.Nous dirons donc qu’il faut trois critères pour qu’un processus d’ésotérisation/désésotérisation puisse s’engager:1.° une population perçue comme différente, étrangère par rapport à une autre population.2.° une volonté de rééquilibrage d’image de la part d’une population soit vers l’ésotérisation, soit vers la désésotérisation3.° l’association de cette population avec des pratiques rejetées, blâmées selon les valeurs d’une autre population.En l'occurrence, l’intérêt pour les savoirs dits ésotériques apparaît ipso facto comme ésotérisant pour celui qui l’exprime . Mais dans le cas des Protocoles, l’ésotérisme est plutôt le fait de ceux qui les ont propagés, notamment en Russie. Nous aurions affaire à une ésotérisation d’un groupe s’accompagnant de l’ésotérisation du groupe qui lui fait face.Ainsi, toute recherche de contextualité d’un texte passe par l’identification d’un rapport de groupe à groupe: on pourrait parler d’un groupe source, qui prend l’initiative d’un changement dans le rapport de force et d’un groupe cible, visé.Sans une volonté de changement dans la situation d’altérité synchronique ou/et diachronique, il n’y aura pas de processus d’ésotérisation ou de désésotérisation. Il est clair que si le processus n’était pas dialectique, c’est à dire s’il ne passait par des phases, s’il se figeait, il n’y aurait pas d’ésotérisation et de désésotérisation. Cela signifie que nous sommes confrontés à un besoin ponctuel de changement dans le rapport au monde, dans la représentation de l’autre ou du futur.Bien entendu, les solutions trouvées font le plus souvent appel à des solutions antérieures qui sont recyclées, avec les ajustements jugés nécessaires et sont vouées, elles-mêmes à être reprises à d’autres occasions, dans un autre contexte, qui offrira, peu ou prou, des points communs avec le contexte précédent .Sans une typologie des contextes et sans une typologie des textes correspondant à ces contextes, il ne saurait y avoir une approche scientifique des courants ésotériques. Nous avons ainsi montré, à propos du Mirabilis Liber(années 1520), l’existence d’une tradition qui remettait en circulation périodiquement un certain type de textes quand un certain cas de figure réapparaissait, comme dans le cas d’une régence.On ne saurait insister assez sur l’existence d’ateliers de fabrication de textes, à partir de bibliothèques, en vue de satisfaire les besoins liés au processus d’altérité et que l’on pourrait souvent qualifier de faussaires. Dans notre travail, nous insistons sur la place des contrefaçons, qui tient au besoin de recyclage des textes, dans une région ou dans une autre, dans une population ou dans une autre.Affirmer, par exemple, que les Protocoles des Sages de Sionn’appartiennent pas au champ ésotérique nous apparaîtrait comme un contresens quant au champ couvert par les courants ésotériques. D’une part, ces Protocoles visent à diaboliser une population donnée, à savoir les juifs, ou du moins à satisfaire un besoin de représentation de l’autre –altérité synchronique, en lui attribuant des attitudes qui sont jugées inacceptables par une société donnée. Les procédés utilisés pour répondre à cette demande correspondent-ils à une démarche d’ésotérisation? Si par ésotérisation, on entend le fait de renforcer un sentiment de différence par rapport à une population donnée, en insistant d’ailleurs, en l'occurrence, sur le fait que ce sont justement les Juifs qui eux-mêmes affirmeraient leurs différences au travers de ces Protocoles qu’on leur attribue, nous avons bien affaire à cela. Cependant, on nous objectera que l’on n’a pas identifié les juifs au diable, qu’on ne leur a pas attribué des pratiques occultes et que par conséquent, faute de marqueurs proprement ésotériques, le texte des Protocoles ne serait pas classable comme ésotérique..Or, une telle représentation du texte est anachronique, en ce sens que les Protocoles ont par la suite été désésotérisés, ce qui était plus ou moins inévitable à terme. Ce qui signifie que des éléments ésotériques en ont été évacués de la plupart des éditions, à partir des années 1930. Le chercheur dans le champ ésotérique se doit de rétablir la dimension ésotérique qu’elle ait été ajoutée ou supprimée. Or, enl'occurrence et cela est le cas normal, nous avons en permanence affaire à un double mouvement: ésotérisation du texte de Maurice Joly en transformant un passage du premier Dialogue en prophétie du serpent symbolique, caractéristique d’une situation d’altérité diachronique (qu’est ce que l’avenir nous réserve?), puis évacuation, par un processus de désésotérisation, de ce texte de la prophétie du serpent symbolique dans la plupart des éditions . Il y a là un va et vient qu’il convient de suivre à la trace.Ainsi, il apparaît que l’historien des textes ésotériques aura affaire à des textes voués à changer de physionomie, d’où la nécessité de travailler dans le long terme et de capter les évolutions que subit tel ou tel texte. Avant d’affirmer que tel texten’est pas ésotérique, encore faut-il s’assurer qu’il ne l’a jamais été au cours de son histoire, qu’il n’a jamais subi le moindre processus d’ésotérisation, une telle affirmation pouvant être le fait d’une carence de la recherche ou de l’information, en se contentant de faire une coupe, un arrêt sur image qui montrerait l’absence de caractère ésotérique du texte comme si le texte devait présenter de façon constante les mêmes caractéristiques, dans une stratégie du tout ou rien: ou bien le texte est ou bien il n’est pas ésotérique. Autrement dit, on pourrait presque se demander si un texte, quel qu’il soit, n’est pas susceptible d’être ésotérisé, quand bien même n’offrirait-il a priori aucun caractère ésotérique. Et de même, un texte ésotérisé n’est-il pas susceptible de cesser de l’être?Nous dirons que dès lors que se met en place une situation liée à un questionnement quant à l’altérité synchronique ou diachronique, va se produire un processus d’ésotérisation ou de désésotérisation susceptible de modifier le statut de certains textes ou tout simplement de faire reparaître un texte qui avait été évacué purement et simplement, ce qui est aussi une forme de désésotérisation parfois préféré à son remaniement. Nous dirons que ce processus d’ésotérisation/désésotérisation va se polariser sur un certain nombre de marqueurs que l’on cherchera soit à introduire dans le texte soit à évacuer du texte, selon le cas de figure. Ce seront donc ces marqueurs susceptibles d’être introduits ou évacués qui seront à proprement parler à caractère ésotérique. C’est donc le processus même d’ésotérisation/désésotérisation qui va révéler l’existence même de ces marqueurs, étant entendu que par ésotérisation/désésotérisation, nous attendons d’abord la réponse à un besoin de modifierle rapport d’altérité synchronique ou diachronique au sein d’une société donnée.Bien plus, si ces marqueurs sont charnières, ils seront particulièrement sollicités, sujets à de considérables variations et c’est ce phénomène même qui permettra de les identifier en ce qu’ils interpelleront en tout premier lieu l’historien des textes, c’est ce que nous avons essayé de démontrer dans notre thèse d’Etat, le Texte Prophétique en France, formation et fortune, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2002)Des textes en margePour nous la littérature dite ésotérique fait l’objet d’ajustements périodiques, de recyclages, c’est ce qui la caractérise au premier chef. Etudier un texte ésotérique sans en faire ressortir les aléas ne fait pas sens, épistémologiquement. Pas plus que de l’étudier sans mettre en évidence l’instrumentalisation dont il est l’objet par tel ou tel groupe car un texte ne paraît pas sans un quelconque enjeu. Le fait qu’un groupe s’attribue ou se voit attribuer un savoir dit ésotérique n’est pas neutre, il correspond à un processus de différenciation sociale, positive ou négative, au sein d’une société donnée. La littérature ésotérique aborde des points qui ne sont pas absolument nécessaires au fonctionnement des sociétés, et en ce sens nous dirons qu’elle se situe à la marge. Pour faire image, il est clair qu’on n’y discute pas de problèmes cruciaux concernant la survie au quotidien et c’est pourquoi tantôt elle joue un rôle privilégié et parfois elle est mise de côté, lors de périodes où la société évite les différenciations en son sein.Ainsi, l’historien des textes ésotériques ne saurait avoir une approche statique du texte mais faire ressortir son insertion dans la dynamique sociale ou au contraire son exclusion, son rejet puisque c’est ce mouvement de charnière même qui, selon nous, signe le caractère ésotérique des textes dits ésotériques. On dira que le document ésotérique est comme une porte qui constamment s’ouvre ou se ferme, qui situe l’extérieur et l’intérieur par un processus de cloisonnement ou au contraire de décloisonnement. .En phase de cloisonnement, l’attribution à un groupe, religieux, géographiquement délimité, de certaines pratiques ou croyances ésotériques doit être mise en évidence. En phase de décloisonnementsynchronique ou/et diachronique, nous avons soit le rejet de l’élément ésotérique, soit sa banalisation, c’est à dire qu’il cesse d’être, provisoirement, significatif d’une différence socialement pertinente.L’élément ésotérique peut en effet servir également à distinguer une génération d’une autre, un siècle d’un autre par un processus d’acceptation/refus. C’est ainsi que le siècle des Lumières adoptera une posture anti-ésotérique, dans certains milieux intellectuellement dominants. (Encyclopédiede Diderot et d’Alembert) ce qui permet de se situer, de se démarquer, par rapport au passé.On nous objectera que des éléments considérés comme non ésotériques peuvent jouer ce rôle de différenciation et que certains éléments dits ésotériques ne semblent pas pouvoir jouer un tel rôle. Nous répondrons que concernant le second point, il est fort possible qu’à un moment donné tel texte soit oublié et ne soit pas mobilisé dans un sens ou dans l’autre, il pourra être exhumé à une autre occasion, cela dépend de la culture ésotérique des acteurs. En ce qui concerne le premier point, il peut y avoir ésotérisation d’éléments qui ne sont pas en effet jugés comme tels a priori, nous avons insisté sur la fréquence d’un tel processus et sur le fait que la littérature ésotérique, au sens où nous l’entendons, ne cesse de s’enrichir, quant aux sources auxquelles elle puise. La production relativement récente des Centuries et plus encore des Protocoles des Sages de Sion en témoigne pour la période moderne et contemporaine. Il ne s’agit pas uniquement de considérer en quoi cette période serait l’héritière d’un ésotérisme antique qui perdurerait. Non pas que l’ésotérisme moderne et contemporain ne puise pas dans l’Antiquité mais il importe encore là de déterminer dans quelles conditions et jusqu’à quel point, et notamment avec quelles solutions de continuité, notamment en ce qui concerne le néo-prophétisme d’un Nostradamus par rapport au prophétisme biblique.C’est ainsi que le thème de l’Antéchrist si important pour notre période s’origine dans le Nouveau Testament mais va s’inscrire dans un contexte socio-religieux différent, notamment en ce qui concerne les juifs, avec une évolution sensible entre le XVIeet le XXesiècle. A ce propos, il semble bien que ce thème qui concerne ce que nous avons appelé l’altérité diachronique soit un élément ésotérique au sein des Écritures, dont l’importance a fortement varié comme c’est le propre du dit élément. On comprend aussi que l'accès aux Écritures, lui-même, a pu être contrôlé et régulé, selon que les autorités religieuses souhaitaient ou non laisser diffuser certaines idées.Un des traits les plus remarquables de l’ésotérisme nous semble être l’idée de retour vers des idées rejetées, mises de côté, comme dans une sorte de cimetière, et qui, de temps à autre, réapparaissent, reparaissent en tant que textes, et c’est précisément ce qui caractérise sa propre histoire. Autrement dit, le contenu de l’ésotérisme serait celui de son sort. Le champ ésotérique serait en fait constitué d’éléments rejetés,délestés, considérés comme inessentiels au fonctionnement de la société ou comme pouvant être sous traités à des esclaves ou à des parias (les gitans) sinon à des machines (astrologie par ordinateur)Un autre trait est le fait que l’ésotérisme n’existe que parce qu’existent des frontières, il n’est en fait qu’un prolongement du monde “normal”, “moderne”. Mais ces frontières sont précisément ce qui génère le rejet dont il est victime, il est ce que la société se refuse à être et qu’elle refoule, il n’existedonc pas en soi. Il y aurait au fond des historiens dualistes qui poseraient l’ésotérisme comme un monde existant parallèlement au monde “normal” et d’autres, monistes, qui ne verraient dans l’ésotérisme qu’une émanation, une sécrétion, de ce monde là quise serait autonomisé progressivement.Autrement dit, l’élément ésotérique doit faire la preuve de sa vitalité et de sa mobilité et c’est en cela qu’il intéresse l’historien des textes. Qu’en pratique, à l’usage, on y retrouve des données fort anciennes etdéjà connotées comme ésotériques dans l’Antiquité mérite certes d’être signalé,, que celles-ci cohabitent avec d’autres plus récentes, aboutissant éventuellement à un certain syncrétisme, également.On conçoit que l’historien des courants ésotéristes garde une certaine distance et ne cherche nullement à prôner la véracité des savoirs concernés. Ce n’est pas une raison, cependant, pour se refuser à apprécier la dimension anthropologique du phénomène. Autrement dit, l’ésotérisme répondrait à un besoin périodique des sociétés de se placer dans une dualité et lui-même d’ailleurs traite volontiers de la dimension duelle du monde.Le signifié ésotériquePour mieux faire comprendre notre approche des courants ésotériques, nous dirons que le signifiant ésotérique est constitué d’un ensemble de textes, de marqueurs dont certains sont plus fréquemment mobilisés que d’autres dans leur rapport avec le signifié ésotérique.Nous entendons par “signifié ésotérique”un certain nombre de situations, notamment autour de ce que nous avons appelé l’altérité synchronique et l’altérité diachronique, autour d’un processus de retour, de dualité. Le signifiant qui sera ainsi mobilisé pour décrire, pour accompagner le dit signifié ésotérique sera le signifiant ésotérique lequel comportera des éléments structurels et d’autres conjoncturels. Le signifiant ésotérique conjoncturel (SEC) est contextuel, il n’est pas figé dans une tradition tandis que le signifiant ésotérique structurel (SES) est constitué de documents récurrents, impliquant l’existence de traditions, la conservation de textes dans des recueils, dans des bibliothèques, une mémoire écrite ou orale. SEC et SES cohabiteront pour couvrir un signifié ésotérique, lié à une situation bien précise, dans le temps et dans l’espace. L’historien des textes ésotériques est avant tout concerné par le SES mais il devra bien entendu étudier les relations se formant entre SES et SEC, par voie d’ajustement de l’un par rapport à l’autre.En tout état de cause, ce néo-ésotérisme s’inscrit dans son temps, s’explique au regard d’événements politiques, d’enjeux de société également propres à l’Europe moderne et contemporaine. C’est autour des quatre grandes sommes néo-ésotériques que sont le maçonnisme, le centurisme,le protocolisme, marqué par la référence à Eliphas Lévi notamment chez le russe Nilus (Le grand dans le petit), et letarot, qui ne devient divinatoire qu’avec Etteilla et Mlle Le Normand, que selon nous le séminaire consacré à EMC doit se déployer, tout en intégrant tant le Signifiant Ésotérique Conjoncturel (SEC), c’est à dire les contextualités socio-politiques, socio-religieuses, que ce que l’on pourrait appeler le Signifiant ésotérique traditionnel (SET), qui comporte l’ésotérisme ancien, et notamment l’astrologie, sa réception et sa relecture. C’est le syncrétisme entre ces trois niveaux: néo-ésotérisme, SEC, et ésotérisme ancien que ce séminaire doit appréhender.A la limite, par delà la question de l’usage pertinent ou nondu signifiant “ésotérisme” –nous importe de circonscrire le champ TCPM (Tarot, Centurisme, Prophétisme, Maçonnisme), sur le mode EMC, signifié qui s’inscrit dans le cadre de la section des sciences religieuses et que nous avons contribué, pour trois facteurs sur quatre, à baliser. En ce qui concerne le facteur M (maçonnisme) qui nous est moins familier, il constituera pour nous un espace de recherche que nous investirons avec nos étudiants sur les prochaines années, étant entendu que concernant les facteurs TCP, nous mettrons à leur disposition nos travaux, nos investigations et notre expérience. Les courants (néo) ésotériques dans l’Europe moderne et contemporaine correspondraient donc selon nous essentiellement à ces quatre pôles, production originale decette période de cinq siècles et dont on étudiera les sources, les emprunts, les contextes, les prolongements. Les pôles M et P concernent avant tout une problématique d’altérité synchronique, les pôles C et T relevant surtout d’une problématique d’altérité diachronique, c’est dire que de la sorte l’EMC a su se doter de nouveaux signifiants ésotériques structurels lui permettant de répondre aux exigences périodiques d’un signifié ésotérique. En tout état de cause, il nous semble souhaitable de renouveler le contenu (ésotérisme antique, maçonnerie) du séminaire tel qu’il a été, au cours des vingt dernières années et d’y aborder des courants (astrologie pour les résurgences antiques –nous avons consacré des travaux au Tetrabiblos de Ptolémée (Iie siècle de notre ère) et tarot, nostradamisme, protocoles, pour l’apport spécifique de l’EMC) qui n’y ont souvent été traités qu’accessoirement. Il y a là un problème de positionnement: faut-il considérer l’ésotérisme antique comme un axe autour duquel viendrait se constituer l’ésotérisme EMC ou bien faut-il étudier ce qu’a produit l’ésotérisme EMC et observer comment ces éléments intègrent l’ésotérisme antique?Il est clair, en tout état de cause, que le champ TCPM s’avère déterminant au sein de la culture de l’EMC et qu’il ne saurait continuer, dans le cadre du séminaire consacré aux courants ésotériques dans l’Europe Moderne et Contemporaine, à être réduit à la portion congrue ou du moins cantonné à la seule exploration du pôle M (maçonnique) .Est-il, au demeurant, vraiment indispensable de définir ce qu’est l’ésotérisme en général et l’ésotérisme moderne et contemporain en particulier? Il y a un arbitraire du signe. Nous savons que certains signes désignent un certain signifié tout comme un certain signifié mobilise certains signifiants. Nous savons que nous sommes, à un moment donné, dans un musée, dans un restaurant ou dans un hôpital, de par la présence de certains objets qui n’ont souvent, en soi, aucun rapport. Par ailleurs, la présence simultanée d’un jeu detarots, d’une édition des Centuries, d’un tablier maçonnique nous indique bien que nous nous trouvons vraisemblablement au milieu du XIXe siècle et non en plein XIIe siècle, chez un amateur d’ésotérisme..La question juiveNous voudrions également réapprécier la place de la référence judaïque dans ce séminaire et nous le faisons d’autant plus librement que nous sommes juifs, ce qui nous permet probablement une plus grande latitude dans notre approche.Depuis le XVIIesiècle, en effet, la situation des juifs s’est singulièrement modifiée et nous avons largement traité dans notre thèse d’Etat. Il s’agit là d’un changement du signifié ésotérique c’est à dire de la réalité sur le terrain en ce qui concerne l’altérité tant synchronique (relations entre juifs et non juifs) que diachronique.(approche eschatologique). Par rapport à cette situation, il a fallu articuler des signifiants ésotériques (comme l’Antéchrist, issu du Nouveau Testament) et dans certains cas en élaborer de nouveaux. Selon nous, le paysage ésotérique de l’EMC est largement marqué par l’émergence d’un nouveau regard sur la condition juive, qui aboutira au sionisme et à l’installation des juifs en Palestine avec en regard des formes nouvelles d’antijudaïsme, dont la production des Protocoles des Sages de Sion.Pour l’historien, l’antijudaïsme ne saurait être un tabou à exclure de son champ et ce d’autant plus que d’une certaine façon le sionisme et l’antijudaïsme tendent parfois à s’amalgamer comme nous l’avons montré dans notre ouvrage sur le Sionisme et ses avatars au tournant du XXesiècle.Il est à peu près impossible au demeurant de séparer le discours sur les juifs de la littérature ésotérique de l’EMC que ce soit chez les Protestants du Refuge au XVIIesiècle, nous pensons en particulier àun Pierre Jurieu s’adressant aux juifs, ou des occultistes du XIXesiècle, tels un Toussenel ou un Gougenot des Mousseaux. D’une façon générale, le rôle du séminaire est d’étudier le commentaire ésotérique des événements de l’EMC ainsi que ses éventuellesincidences sur les relations interreligieuses.Nous prenons ici le terme religieux, dans un sens large, par delà les pratiques cultuelles. Avec l’EMC l’appartenance religieuse revêt une autre signification du fait de la laïcisation et du fait du progrès de l’incroyance, tout en restant un cadre pertinent mais qui va conduire notamment à faire basculer l’antijudaïsme vers l’antisémitisme.La tâche de l’historien du néo-ésotérismeLa question de l’ésotérisme est complexe à traiter et nous avons ici énumérer un certain nombre de cas de figures entre lesquels, par rapport à un cas donné, on peut hésiter, ce qui fait accéder à un certain niveau de falsifiabilité. Parmi les questionnements ou les paradoxes de notre domaine, on se demandera si l’ésotérisme n’est pas avant tout la conséquence d’une volonté des sociétés de se purger, de se délester, de s’harmoniser, de s’homogénéiser, ce qui conduirait à produire des éléments rejetés, refoulés: l’ésotérisme ne serait-il pas dès lors l’effet d’une ésotérisation des sociétés,le terme ésotérisation ayant dans ce cas un sens inverse de celui d’ésotérique. Une société qui se purge produit des déchets que l’on cherchera périodiquement à réhabiliter, tout comme elle évacue ses fous, les met à l’écart, comme l’a étudié Foucault, quitte à tenter de les réintégrer, comme on le fait lors des Saturnales..Nous avons montré que l’on ne savait pas toujours immédiatement si une société qui refuse l’ésotérisme n’est pas, ipso facto, amenée à le banaliser et à l’accepter, en lui ôtant, pour un temps, sa fonction de repoussoir. Sait-on si la publication de textes ésotériques n’est pas la fin de l’ésotérisme, une tentative en tout cas de normalisation ou si elle ne constitue pas à terme un vivier dans lequel pourront puiser ceux qui voudront composer de nouvelles oeuvres? N’oublions pas que tant les Centuries que les Protocoles sont en grande partie des contrefaçons comme si le champ ésotérique l’exigeait. En fait, est-ce que lorsque l’ésotérisme n’existe pas, il ne faut pas l’inventer? C’est bien ce qui semble s’être passé: dans une Europe moderne et contemporaine (EMC), devenue sceptique et agnostique, qui n’est plus capable de rejeter des idées qui nourriraient l’ésotérisme, n’est-on pas contraint de créer un pseudo-ésotérisme pour alimenter le discours de l’altérité diachronique et synchronique. L’ésotérisme de l’EMC serait dualiste à la différence de l’ésotérisme antique. En effet, l’ésotérisme antique est le fait d’un rejet, d’une exclusion d'éléments qui initialement faisaient partie intégrante du savoir dominant. En revanche, l’ésotérisme de l’EMC ne se constitue pas à partir d’une expulsion ou d’une purge: les Centuries ne sont pas le fait d’un quelconque rejet, elles sont conçues d’entrée de jeu dans un registre ésotérique, selon un processus d’imitation. D’où, dans notre travail, l’accent mis sur la fabrication des textes, dans des officines de faussaires, d’où notre conviction que le néo-ésotérisme humaniste de l’EMC est marqué par la contrefaçon plus que par l’hérésie, comme c’était le cas de l’ésotérisme antique voire médiéval. Il y a dans cette EMC une dimension d’artefact, d’ersatz, qui d’ailleurs touche également le système républicain par opposition au système monarchiste. On veut créer un roi sans passer par la dynastie. Le néo-ésotérisme serait en phase avec les révolutions. Bien entendu, l’historien des textes ésotériques se doit également de cerner la logique interne des savoirs concernés (voir notre étude sur les Mathématiques Divinatoires), lesquels savoirs s’efforcent, dans un processus de normalisation, d’offrir une présentation calquée sur celle du savoir dominant, et c’est en cela qu’on peut les qualifier de pseudo-sciences, et ce d’autant qu’ils vont codifier tout un ensemble d’observations qui ne sont pas jugées pertinentes par le savoir dominant, mais qui n’en exigent pas moins de conduire des observations. Pour prendre un exemple dans l’antiquité, l’examen du foie de certains animaux à des fins divinatoires (hématoscopie), venant se greffer sur une réalité anatomique objective, pouvait fort bien impliquer toute une série d’analyses et de méthodes offrant une certaine rigueur mais s’appliquant à une problématique d’altérité synchronique ou/et diachronique, hors du champ et des limites acceptés.Ainsi, l’historien de l’ésotérisme ne doit en aucune façon renoncer à rechercher voire à rétablir une certaine cohérence dans les corpus dont il a à traiter. Ce n’est pas parce que ces savoirs sont marginaux qu’ils ne sont pas constitués selon des structures parfaitement repérables et récurrentes. Ce n’est pas non plus en raison de leur caractère non scientifique qu’ils ne peuvent se greffer sur des phénomènes qui le sont, d’où le débat sur les relations entre astronomie et astrologie, par exemple. Et enfin, nous n’acceptons pas, sous prétexte que l’historien ne doit pas s’impliquer quant à la véracité de ces savoirs, d’appréhender ces savoirs comme étant des signifiants sans signifiés. Bien au contraire, ces savoirs s’inscrivent au sein de contextes sociopolitiques, socio-religieux, répondent à une demande, à une attente. Quant à savoir s’ils sont aptes à satisfaire, à combler sur le long terme cette demande ou cette attente, c’est là, en effet, que l’historien doit prendre de la distance. Il semble en effet que ces savoirs n’ont qu’une capacité d’impact à très court terme et pour un groupe restreint, d’où la nécessité de permanents réajustements, et c’est probablement ce qui les distingue du discours scientifique proprement dit, qui, pour sa part, se situerait dans le long terme et à grande échelle.II De l’astrologie au prophétismeL’ésotérisme historique, au sens où nous l’avons défini, s’articule d’une part autour de l’astrologie dont le rapport à l’astronomie permet de cerner ce que nous entendons par ésotérisation, d’autre part autour du prophétisme, notion qui englobe l’astrologie au sein d’un ensemble de pratiques historiographiques.Dans nos récents travaux sur le Tétrabible de Ptolémée (cf revue Trois Sept Onze,décembre 2001, revue Ayanamsa,décembre 2001, revue Béroso n° 5, Actes des Primeras Jornadas de Historia de la Astrologia en la Antiguedad, Barcelone, 2001, “Ptolémée et Firmicus Maternus”, Colloque de Malaga, Actes, 2002 ), nous avons montré comment le discours astrologique s’articulait sur le discours astronomique, lui conférant une dimension supplémentaire. Nous proposons désormais de qualifier un tel processus d’ésotérisation. En effet, il importe de resituer cette démarche exégétique face au réel objectif d’un terme qui désenclave l’astrologie car parlersimplement d’une astrologisationde l’astronomie n’y suffirait pas car il s’agit là bien d’un enjeu qui dépasse le cas de la seule astrologie. C’est pourquoi nous proposons de resituer la place de l’astrologie au sein des études consacrées à l’ésotérisme dont, rappelons-le, il existe une chaire en Sorbonne, à la Ve section (celle des Sciences Religieuses) de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes dont le titulaire qui part à la retraite, Antoine Faivre, né en 1934, aura exercé son magistère de 1979 à 2002, succédant à François Secret qui avait fondé la chaire en 1965Il est d’ailleurs à noter qu’Antoine Faivre n’a pas introduit ce concept fortement heuristique qu’est l’ésotérisation,concept, qui, depuis que nous l’avons présenté dans le cadre de son séminaire, semble promis à une fortune certaine. Le concept d’ésotérisation s’oppose, bien évidemment, à l’idée d’un ésotérisme en soi qui est longtemps resté de mise. Or, il n’est probablement pas fortuit que ce soit précisément un historien de l’astrologie qui ait introduit un tel concept et non pas, par exemple, un historien de l’alchimie, autre discipline dite relever des études ésotériques, au sens académique ou non du terme.En effet, l’astrologie –souvent négligée chez les historiens officiels de l’ésotérisme –comporte un débouchévers les sciences plus ou moins dures, sensiblement plus manifeste que d’autres disciplines ésotériques. Cette image du débouché nous semble heureuse car elle fait penser à ces pays qui, a contrario, n’ont pas de débouché sur la mer ou qui l’ont perdu, au fil de l’Histoire, au point qu’ils en aient perdu le souvenir ou qui, organisés autrefois, autour d’un fleuve, ont fini par en être coupés.L’astrologie aurait bien du mal à oublier sa dette envers l’astronomie, même si certaines de ses manifestations –on pense notamment à l’astronomantie des XVIIIe-XIXesiècles, en France –(voir notre ouvrage sur Etteilla. L’Astrologie du Livre de Toth,Paris, Trédaniel, 1993) ou à l’astrologie chinoise –ont tendu à s’en émanciper. L’astrologie se pose en effet, bel et bien, comme une glose autour des données astronomiques auxquelles elle prétend conférer des applications particulières qui n’entrent pas, a priori, dans le champ de l’astronomie. (voir notre article “Science et divination, quel clivage?”, Hommes & faits, www.faculte-anthropologie.fr, cf. aussi “Les historiens de l’astrologie en quête de modèles”, Site du CURA, www.cura.free.fr)L’avantage du concept d’ésotérisation est précisément d’intégrer dans le champ de l’ésotérisme l’ensemble des phénomènes répertoriés par les divers savoirs, puisque tous sont susceptibles d’avoir été, à un stade ou à un autre de leur histoire, d’avoir été ésotériséset éventuellement, ce qui en est le corollaire, désésotérisés. Le concept d’ésotérisation peut d’ailleurs servir, à l’inverse, pour mieux cerner le discours de l’astrologue quand il présente son savoir sous couvert de l’astronomie et, au moyen d’un certain glissement; tire de ce lien la “preuve” que l’astrologie est bien une science, à part entière, ce qui génère fréquemment un dialogue de sourds avec les adversaires de l’astrologie.Il est vrai qu’astronomie et astrologie ont été très liées et que les termes mêmes qui les désigne ont souvent été interchangeables, ce qui ne prouve d’ailleurs qu’une chose, c’est la volonté de l’astrologie de se greffer sur l’astronomie et son aptitude, à certaines époques, à y parvenir notamment en tant qu’applicationde l’astronomie, au sens où on l’entend de nos jours. Peut-on d’ailleurs opposer astrologie et astronomie dans la mesure même où l’astrologie est issue de l’astronomie? On ne saurait parler, ici, de mariage sinon consanguin sinon incestueux. Mais il est vrai qu’avec le temps, les deux savoirs se sont si fortement différenciés, épistémologiquement et socio-culturellement, que la question de leur relation ne s’en pose pas moins.L’opposition entre astrologie et astronomie a été apparemment nettement précisée dans le Prologue du Tétrabible,il y a en fait un véritable basculement, un passage de frontières, on passe de ce qui est bien balisé, de ce qui constitue un savoir à valeur universelle vers un savoir qui est en fait rejeté, marginalisé, considéré comme hérétique.Car selon nous, ce qui est de l’ordre de l’ésotérique, du moins pour la période antique, relève de l’exclusion, de ce qui va être occulté. Ainsi, les pièces non acceptées dans le canon biblique sont volontiers qualifiées d’ésotériques, en ce qu’elles sont mises à l’écart, laissées pour compte.Or, à certaines époques, il y a comme un retour du refoulé, un refus d’exclure qui fait revenir à la surface ce qui avait été enfoui, ce qui aboutit à une désésotérisation, du fait même d’un refus de démarcation.Puis par un processus de balancier, on repasserait, périodiquement, vers une nouvelle phase d’ésotérisation. On voit donc à quel point l’astrologie peut nous apparaître comme une clef de l’ésotérisme puisqu’elle est susceptible de nous fournir un modèle cyclique. Cela renvoie, peu ou prou, à ce qu’Edgar Morin appelle une croyance “clignotante”. Si au départ, donc, l’ésotérisme apparaît comme le résultat d’une volonté d’homogénéisation, nécessairement fondée sur des critères arbitraires, par la suite, tout besoin d’ésotérisation tendra à puiser dans ce qui a été catalogué antérieurement comme ésotérique, ce que l’on nommera des “marqueurs” ésotériques. C’est alors que l’on pourra véritablement parler d’une phase d’ésotérisation –par delà la configuration de la phase fondatrice. Cette ésotérisation se met en place dès lors qu’existe ce que nous appelons un “signifié” ésotérique ou mieux encore un signifié altérique, c’est à dire lié à un phénomène d’altérisation, correspondant à un besoin périodique et synchronique des sociétés à se cloisonner –et donc alternativement à se décloisonner (désaltérisation) –dans le temps et/ou dans l’espace.Prenons le cas de l’Histoire, en tant que savoir plus ou moins factuel. L’ancien Testament s’articule largement autour de l’Histoire du peuple hébreu/juif. Mais s’y greffe une dimension ésotérique qui va conférer à ce peuple une signification particulière, visant à le distinguer, en le présentant –pour faire court –comme un/le peuple élu. Il y a là processus d’ésotérisation au même sens où nous disions, plus haut, que l’astrologie est ésotérisation de l’astrologie, visant en effet à altériser le temps, en le découpant en phases, ou à altériser l’espace en légitimant toutes sortes de typologies. Et c’est en ce sens que le modèle astrologique nous aide à cerner d’autres manifestations d’ésotérisation, étant entendu que tout savoir officiel est conduit tôt ou tard à s’ésotériser pour les besoins de la cause et en ce sens l’ésotérisation pourrait apparaître comme parasitaire si elle ne correspondait pas à une demande anthropologiquement fondée sur la vie des sociétés. Et là encore, nous voyons ce que l’astrologie a à gagner en se situant par rapport à un signifié ésotérique,certain une situation qui va faire appel à du signifiant ésotérique, c’est à dire à toute une tradition considérée comme telle. Rencontre, par conséquent, entre un vécu sociétal et un savoir traditionnel.Or, ce n’est pas par hasard si Antoine Faivre n’a pas introduit le concept d’ésotérisation (cf. son Que Sais-je? L’ésotérisme,Paris, PUF, 1992, ses deux tomes d'Accès à l’ésotérisme,Paris, Gallimard, 1986-1996) alors que par ailleurs il ne cache pas ses ambitions théoriques quant à une critériologie de l’ésotérisme, aboutissant à mettre en avant un certain nombre de caractéristiques. Tout se passe comme si Faivre prônait un “ésotérisme ensoi”, dont on devrait se contenter de constater l’existence, en tant que corpus reconnu comme tel, et dont on ne cernerait pas la contextualité par rapport au monde non ésotérique. Pour montrer les limites d’une telle approche, prenons le cas des études nostradamiques. Il y a ceux qui prennent le corpus nostradamique et qui s’efforcent d’en déterminer les lignes de force sans se demander si un tel corpus est homogène, d’un seul tenant. On peut en effet prendre acte de ce qu’un tel corpus existe, sans chercher à déterminer à quelle époque il est apparu ni dans quel contexte. On nous parle alors des thématiques de Nostradamus, auquel Faivre consacre trois lignes dans son Que sais Je! Approche synchronique, structuraliste qui minimise, relativise, les enjeux diachroniques. Mais, et nous pensons l’avoir montré dans le premier volet (aleph) de notre diptyque Prophetica Judaica à savoir les Documents inexploités sur lephénomène NostradamusFeyzin, Ed. Ramkat, 2002 –l’avenir de l’Histoire de l’ésotérisme exige une autre tactique/ méthodologie et une autre stratégie/ épistémologie.Et il est vrai que l’astrologie et plus encore le prophétisme, nous confrontent immédiatement avec un arrière-plan scientifique, politique, religieux dont ils sont le commentaire, la périphérie, voire la scorie. L’historien de l’alchimie semble a priori condamné à une forme d’autisme, à une sorte de déconnection par rapport à l’environnement, avec un corpus qui progresserait sui generis, d’où souvent une érudition cumulative. Tout se passe comme si cette école d’historiens de l’ésotérisme considérait que ses travaux sont susceptibles de contextualiser ceux d’autres disciplines mais que l’inverse ne serait pas vrai. Il nous importe d'ancrer notre définition de l'ésotérisme sur autre chosequ'un corpus. défini conventionnellement, d'où le concept de signifié ésotérique par opposition au signifiant ésotérique et là encore force est de constater que Faivre n'introduit à aucun moment une telle dialectique dont la valeur heuristique est pourtant assez flagrante.Que dire, par ailleurs, d’un enseignement consacré à l’ésotérisme dans l’Europe moderne et contemporaine et qui ne mettrait pas au centre de ses préoccupations les grandes constructions ésotériques d’une période couvrant en gros cinq siècles?. Certes, la réception des textes ésotériques antiques s’impose-t-elle, et le cas du Tétrabible au XVIIe siècle en France en est une illustration parmi tant d’autres (cf notre étude accompagnant le Commentaire du Centiloquede Nicolas Bourdin, Paris,Trédaniel, 1993) mais il n’en reste pas moins que ce que l’on pourrait appeler l’EMC a produit un nouveau corpus dont les quatre principaux pôles pourraient être: les Centuries de Nostradamus(second XVIe-XVIIesiècles), la production maçonnique (XVIIIesiècle), le Tarot (fin XVIIIe-XIXe), les Protocoles des Sages de Sion (fin XIXe-XXesiècles(cf. notre ouvrage, seccond volet (beith) de Prophetica Judaica, Le sionisme et ses avatarsau tournant du XXesiècle, Feyzin, Ramkat, 2002) qui répondent aux besoins de renouvellement d’altérité tant synchronique que diachronique, étant entendu que l’astrologie ne saurait en effet être considérée comme émanant de l’EMC, sinon dans certains de ses développements syncrétiques, avec le Tarot ou avec les Centuries et bien sûr dans un dialogue se poursuivant avec l’astronomie, déterminant l’intégration de nouveaux astres au sein de son discours. (cf. notre étude « L’évolution de la pensée astrologique face aux découvertes des nouvelles planètes du systèmesolaire (1781-1930)», 103e Congrès national des sociétés savantes,Nancy, 1978, sciences, fasc. V, pp 145-156); Or, ces documents majeurs ont été plus ou moins écartés, à l’exception de la Maçonnerie qui au contraire fut largement traitée, dans le cadredu séminaire d’Antoine Faivre, consacrée –je cite –aux “courants ésotériques dans l’Europe moderne et contemporaine” (cf. la série des annuaires de l’Ecole Pratique

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