Faculté Libre d'Astrologie de Paris (FLAP)

Le but de ce blog est lié à la création en 1975 du Mouvement Astrologique Universitaire (MAU) . Il sera donc question des passerelles entre Astrologie et Université mais aussi des tentatives de constituer des enseignements astrologiques.
Constatant les lacunes des astrologues dans le domaine des
sciences sociales (hommes et femmes, structures
nationales et supranationales etc), la FLAP assurera à ses
étudiants des connaissances de première main et les plus
récentes qui leur serviront de socle pour appréhender
l'astrologie et en repenser les contours.
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mercredi 30 août 2023

Jacques halbronn Astrologie EXOLS Equinoxialité, communication supra-...

Jacques halbronn Astrologie EXOLS Chaque phase entend réduire les ef...

jacques halbronn Astrologie. La phase solsticiale des années 1942-45 d'Auschwitz à Hiroshima

jacques halbronn Astrologie. La phase solsticiale diabolique des années 42-45, d’Auschwitz à Hiroshima Deux films ont en 2023 illustré la phase solsticiale qui aura correspondu à la fin de la Seconde guerre Mondiale. La Conférence et Oppenheimer. Toute phase solsticiale se caractérise par une dimension diabolique, c’est un enjeu, une tentation qui se représentent tous les 15 ans, ce qui correspond au temps que met Saturne pour parcourir 180°. Au cours de ces 15 ans, l’humanité parcourt un périple historique complet et cela depuis des millénaires et pour encore bien longtemps. D’une certaine façon, la « solution finale » vue par les Nazis survenant en début de phase n’est pas comparable à ce qui va se réaliser avec la « solution » nucléaire, l’une reste artisanale, se déroulant sur une certaine période de temps tandis que l’autre ne dure que quelques minutes et à l’économie de personnel. Le film Oppenheimer nous explique que le lancer de ces bombes permettra aux soldats de rentrer plus tôt, abrégera la guerre. Il n’en reste pas moins qu’Hiroshima ne cessera de faire scandale, de par son recours à la techno-science la plus avancée et offre un caractère monstrueux qui ne saurait surprendre venant des Américains, si fortement marqués dans leur Histoire par diverses formes de syncrétismes, tant religieux que linguistiques ou religieux. (cf le Docteur Folamour/ Strangelove) On aura compris que chaque phase solsticiale remet en question les valeurs de ce que nous appelons le plan divin, lequel est restitué en phase équinoxiale. C’est un temps prométhéen, faustien, satanique, de démesure, certes prévu par le systéme astrologique tel que nous sommes parvenus à le restituer, à le reconstituer, en séparant le bon grain de l’ivraie. Au demeurant, la Première Guerre Mondiale n’est pas sans ressembler aux années 42-45 (cf le film Les sentiers de la gloire avec Kirk Douglas). Les astralités sont du même ordre avec dans les deux cas Saturne en Cancer : si l’on compare 1914 et 1942, à 28 ans d’écart. La Seconde guerre mondiale avait commencé en phase équinoxiale alors que la Première, dès le départ, fut solsticiale, jusqu’en 1919. . Cette première guerre fut une boucherie et on parlera de « chair à canon » et Hiroshima, à sa façon, voudra s’en démarquer d’une étrange façon, plus « moderne »,plus « technique ». En termes de phase solsticiale, il convient de s’intéresser à la « Guerre d’Algérie » (également couverte par le cinéma) avec notamment la pratique coutumière des sévices durant la guerre d’Algérie. On peut lire sur Internet » « A l’électricité, à l’eau, sous forme de viols, de harcèlement, d’humiliations, les tortionnaires de la guerre d’Algérie ont usé de méthodes de torture très diverses afin de traquer les « rebelles », les « terroristes » » 14 ans après 1942. Comme on dit, prendre la mesure du passé est censé nous aider à ne pas recommencer. Un homme averti en vaut deux. Il convient donc de se préparer à la prochaine traversée solsticiale lorsque Saturne commencera à pénétrer en Gémeaux. JHB 30 08 23

jacques halbronn La théologie du plan divin s'ancre sur les données ls plus objectives, indépendantes de notre volonté

• La théologie du plan divin s'ancre sur les données les plus objectives, indépendantes  de notre volonté.   Nous appelons "objectif" ce qui ne dépend pas du  sujet, ce sur quoi il n'a pas prise, n'exerce point de contrôle. C'est ainsi que l'éloignement des planétes la situe dans le registre de l'objectivité, ce qui suppose une certaine impuissance pour les sociétés humaines. Inversement, face à une telle théologie du plan divin, s'oppose une philosophie du sujet lequel décide de ce qu'il est, de son devenir. Au prisme de notre Astrologie EXOLS,  la phase équinoxiale sera marquée par l'objectivité tandis que la phase solsticiale le sera par la subjectivité, ce qui est la base de l'alternance. En phase équinoxiale, l'adage qui se ressemble s'assemble est vérifié mais il doit être validé de l'extérieur. Il ne s'agit pas de regrouper des personnes qui déclarent appartenir à un même ensemble, à une meme "église", à un même "parti" mais de gens que spontanément on identifiera comme semblables, de facto, par delà tout discours. A contrario, en phase solsticiale, la volonté des sujets  l'emporte sur l'objectivité.   Selon un principe d'alternance, ces deux options se succéderont, de 7 ans en 7 ans (que l'on pense aux années de vaches grasses  et de vaches maigres) et ,comme dit l'Ecclésiaste, il est un temps pour toute chose. En phase équinoxiale, il y aura déni des constructions/élaborations solsticales  tandis qu'en phase solsticiale, l'on n'entendra pas se soumettre à quelque diktat d'en haut (tant sur le plan politique que religieux) que ce soit               •

Jacqies halbronn Astrologie.La phase équinoxiale s'appuie sur les cliva...

lundi 28 août 2023

Jacques Halbronn La cyclicité permet de résoudre les conflits par la...

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Jacques Halbronn Astrologie. Passage de la division en 12 (x30) à cell...

Jacques Halbronn Astrologie EXOLS changement de phase et de "barre"

Jacques Halbronn Son ouvrage L'astrologie selon Saturne fixe le change...

Jacques Halbronn Sociologie. D l'inznité des discours acteils sur ...

jacques Halbronn Syncrétismes. Astrologie : la réference zodiacale versus le repére saisonnier; Division en 12 ou en 16?

jacques Halbronn Syncrérétismes. Astrologie : la réference zodiacale versus le repére saisonnier; Division en 12 ou en 16? L'astrokoge tend à jouer sur deux tableaux qui ne coincident pas en dépit des apparences: celui du cycle saisonnier et celui du cycle soli lunaire. le point vernal, pour commencer, ne correspond pas systématiquement avec une lunaison (base du mois pour le calebdrier judaique) et la fête de Paques s'efforce de relier les deux paramétres alors que le calendrier musulman renonce à maintenir une quelconque corrélation (cf la mobilité du ramadan) On peut sire que l'unité zodiacale est de 30°, soit un douziéme de cercle et que l'unité saisonniere est de 22°30, soit un seiziéme de cercle) Certes, l'on a pris l'habitude de relier le zodiaque aux saisons, chaque saison couvrant 3 signes mais il n'en reste pas moins que la division en 12 n'est pas en phase avec le cycle saisonnier et c'est bien la division en 16 secteurs qui nous semble appropriée. On prendra l'exemple du découpage d'un gateau que l'on va diviser en 2, puis en 4, puis 8, puis en 16 parts, selon une logique binaire, dans laquelle le découpage en 12 n'a pas sa place. On notera tout l'intérêt de l'unité de 22°30. On retrouve le nombre 22 dans le tarot ( 22 arcanes majeurs), dans l'alphabet hébraique (22 consonnes), le 22 étant à relier à Pi qui s'obtient en le divisant par 7 : 3, 14. le Sefer Yetsira (Livre de la Création) répartit les lettres de l'alphabet hébreu en trous groupes: les mères, les simples et les doubles. Initialement cela regroupait respectivement 4 lettres, 12 lettres et 6 lettres, ce qui totalise 22 mais en voulant introduire le Soleil, on est passé à 3 lettres mèresn 12 lettres simples et 7 lettres doubles (alors que la grammaire hébraique n'en compte que 6 dont la prononcuation varie selon qu'on leur adjoint ou non un point (daguesh). On a ajouté le resh. En conséquence, nous avons décié d'ancre notre Astrologie EXOLS su la division en 16 et non plus en 12 et de commencer nos phases non plus à 0° des signes mutables mais à huot degrés (plus exactement 7°30), soit le décakage entre 30 et 22.30, ce qui ne change pas grand chose en pratique, à quelques mois près mais ce qui a le mérite de la cohérence. Pour la petite histoire, l'on notera que dans notre thème natal, le 8° sagittaire est triplément pointé: Soleil et Jupiter à 0° ainsi que l'étolie fixe royale Antarés. C'est ainsi que lorsque Saturne passe sur l'axe solsticial, il se conjoint à notre trio, ce qui produit un quatuor? JHB 28 98 23

dimanche 27 août 2023

Jacques halbronn Phonologie. Diphtongaison et récurrence des formes en "n" et "gn"

jacques halbronn Phonologie. Diphtongaison et récurrence des formes en "n" et gn". Nous réserverons ici le terme de diphtongaison à ce qui concerne le role de la lettre "n" , y compris dotée d'un tildé à l'espagnol, et notamment au cas du "gn". Selon nous, l'existence même de formes comportant à l'écrit la lettre "n" témoignerait d'une pratique de diphtongaison, quand bien même celle-ci ne serait pas/plus attestée à l'oral. Il y aurait là un indice, une présomption que l'on ne saurait évacuer, ignorer. C'est ainsi qu'en allemand, le possessif des trois personnes du singulier mein, dein, sein sans parler de l'article indéfini "ein" impliquerait qu'il aurait existé une prononciation spécifique au masculin qui le distinguerait du féminin. Autrement dit, le "ei" masculiin ne se rendait pas comme le "ei" féminin. Mein ne se prononcerait pas comme "meine" et la prononciation du "e" final dans meine ne suffirait pas à justifier la forme "ein" au masculin. La comparaison avec le français est assez éloquente. On distingue en français humain et humaine, plein et pleine, par la prononciation du "ain" et non par le e final d'autant plus que selon nous, le e final est pour nous un signe diacritique indiquant précisément la "dissolution" de la diphtongaison. C'est cette dissolution qui marquerait le passage du masculin au féminin et non la prononciation, à l'allemande, du e final, le e étant alors traité comme une voyelle comme une autre, ce qui n'expliquerait pas pourquoi, par exemple, l'article défini féminin "die" comporte un "e" muet comme dans le cas de "sie" tant à la troisiéme personne du singulier que du pluriel. -(sie sagt, sie sagen). Autrement dit, le français aurait réussi à maintenir une dialectique phonologique -sous tendant le processus de marqueur de genre- qui se serait perdue dans les autres langues européennes que nous connaissons. La diphtongaison caractériserait le masculin et disparaitrait au féminin et dans les dérivations comme violon et violoniste, nation et national etc. Dans le dernier cas, l'on voit que l'allemand ne parvient pas à distinguer Nation et National. Dans ce cas, il est clair qu'il s'agit d'un emprunt au français mais dont le mode d'emploi n'aura pas été transmis, s'étant produit à l'écrit et non à l'oral.. On notera toutefois que la forme "nazi" utilisée en français ne correspond pas à l'orthographe National mais reléve d'une transmission orale. Abordons à présent le cas des formes en "gn" comme soin et soigner. Là encore, la diphtongaison vaut pour le stade "matriciel" et non pour sa dérivation. Autres cas: loin et éloigner, craint, craigne, bain, baigner. Chaque fois, on assiste à une dialectique de la diphtongaison et de sa dissolution, lors du passage d'un stade à l'autre. L'anglais, avec ses formes en "ing" ne respecte pas la diphtongaison car il ne distingue pas le masculin et le féminin, ce qui rend caduc la phonologie du marqueur de genre. Les exemples en français abondent comme le passage de serein à sérénité, humain à humanité, malin à maligne, gain à gagner même si parfois, le français garde par erreur la diphtongaison au féminin comme dans grand et grande, la forme féminine ne devant pas ressembler à la forme féminine. le. Cela dit, le participe présent du français en '"ant" est bel et bien diphtongué, mais cette diphtongue se maintient au féminin : constant/constante, ce qui constitue, selon nous, une anomalie. Il faudrait dissoudre la diphtongaison au féminin comme on le fait pour bon et bonne.. Abordons le cas de la conjugaison du verbe au pluriel en français pour la première et la troisiéme personne. C'est ainsi que l'on trouve une diphtongaison systématique à la première personne du plureil en "ons", la forme "on" a disparu en italien : andiamo, ce qui tient à la méconnaissance d'un signe diacritique au dessus du "o" comme cela est attesté dans les imprimés du français à la Renaissance (cf la Préface à César dans le corpus Nostradamus, mon s'écrit o avec une sorte de tildé). Voir le français 'Allons enfants de la patrie" de la Marseillaise) Cette fois, la diphtongaison joue le rôle d'un marqueur du pluriel, ce qui l'oppose au masculin qui n'en est pas impacté. Cela montre en tout cas, l'importance de la diphtongaison en tant que marqueur phonologique. Bibliographie Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, 1994) JHB 27 08 23

jacques halbronn La vie astrologique. Sa traversée des phases solsticiale (1986-1992 et 2000-2004

Jacques halbronn La Vue astrologique. Sa traversée des phases solsticiales ( 1986-1992 et 2000, 2004) Selon notre astrologie EXOLS, le passage en mode solsticial de Saturne implique de faire un certain nombre de concessions et de rentrer peu ou prou dans le rang; C’est le conseil que nous donnerons lors de la sortie d’une phase équinoxiale comme en 1986 et 2000, à 14 ans d’intervalle (temps saturnien et évidemment, il convient d’inverser la problématique lors de la sortie d’une phase solsticiale.. Nous prendrons quelques exemples concrets, liés à la vie astrologique, pour illustrer notre propos. I la période 1985-1992 Cette période aura conduit à notre implication dans les affaires du GERASH avec toutes les contraintes que cela aura générées, avec les réunions « démocratiques » de Conseil d’administration et d’assemblée générale. En 1989, nous avons participé aux activités d’Yves Lenoble et de Francis Santoni, en ayant un stand dans les salons annuels de la Porte Maillot. Parallélement, nous nous sommes intégrés dans le cadre des Editions Guy Trédaniel en publiant les ouvrades d’auteurs comme Françoise Schneider Gauquelin, Michel Gauquelin, Robert Benazra ainsii que Patrick Curry et Nicholas Campion. II La période 2000-2004 Cette nouvelle phase solsticiale nous aura rapproché de Patrice Guinard et de son CURA Nous mettrons en ligne sur son site toute une série d’études ainsi que notre CATAF (Catalogue Alphabétique des Textes astrologique français; Par ailleurs, nous serons aussi très actif sur le site de Robert Benazra (‘Encyclopaedia Hermetica) avec toute une activité relative à Nostradamus, sujet qui avait fini par passionner Guinard quitte à ne plus trop travailler sur l’astrologie.(cf son Corpus Nostradamus), Fin 2000, nous co-organiserons un Colloque à Paris, en lien avec le RAO et une structure espagnole. En 2001, nous représenterons la FDAF à un Congrès à Andorre !En 2004, nous nous chargerons de rassembler la communauté astrologique à Paris. à la Maison des Associations du XIIIe arrondissement. JHB 27 08 23

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jeudi 17 août 2023

Jacques Halbronn Le relativisme juriidique de Blaise Pascal . Le cliv...

Jacques Halbronnn avec robert jourda et Yvette Mollier Giroux, Juliette...

Jacques Halbronn La vie astrologique : les colloques MAU 2011-2013 ...

Jacques Halbronn La vie de la télévision astrologique en 2009 Les Co...

jacques halbronn Théologie .Les Etats Unis, terre promise des syncrétismes

jacques halbronn Théologie . Les Etats Unis, terre promise des sycrétismes La French theory aura connu en son temps un certain impact Outre Atlantique. Sa tendance déconstructionniste y apparaissait comme une bouffée d'oxygéne dans une société minée par le syncrétisme, sous toutes ses formes. De fait, nos travaux liés au syncrétisme débouchent sur l'épicentre que sont les USA, à tous les points de vue et cela ne saurait être l'effet d'un pur hasard. I Constitutionalisme et Astrologie La mécanique constitutionnelle établie aux USA à la fin du XVIIIe siècle tend à se substituer aux lois célestes (voir Yvon Seren "L'exemple américain dans les institutions issues de la Révolution française ; les déclarations américaines et la déclaration française des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1977 84-3 pp. 281-292) II Langue anglaise et Français La langue anglaise est batarde, marquée par un pillage massif du lexique français Sur Internet L’expansion de l’anglais grâce à la puissance du Royaume-Uni et des États-Unis "Après le grec, le latin mais aussi le français, très prisé à la Renaissance, c’est l’anglais qui s’est imposé comme langue universelle au cours des siècles. Il n’y a aucune raison purement linguistique à cela, il s’agit plus d’une question d’histoire, ce phénomène ayant été favorisé par la puissance de l’Empire britannique puis le modèle offert par le sauveur américain." III Christianisme et Judaisme Le christianisme (notamment protestant) est lié à une lecture biblique impactée par le Royaume du Nord dit d'Israel. Sur Internet Fondamentalisme, christianisme, Amérique par Savinien de Rivet Dans Outre-Terre 2003/4 (no 5), pages 83 à 94 Les États-Unis sont, au sein du monde occidental, un cas unique quant au rapport de la population au religieux. Près de 94% des habitants se disent croyants [Sondage Newsweek : 13 et 14 avril 2000., taux infiniment plus élevé que dans n’importe quel autre pays industrialisé. Ils se singularisent également par l’importance donnée à la religion : selon un sondage paru en mars dernier et publié par le Pew reasearch center for the people and the Press, ils sont 59% à estimer la religion « très importante ]Sondage publié en mars 2003 par le Pew Reaseach center for the… », arrivant très largement en tête de tous les pays industrialisés (voir figure 1), ainsi que de la plupart des pays d’Europe centrale et orientale. Leurs voisins canadiens, par exemple, y accordent deux fois moins d’importance. De même, parmi les pays de la « nouvelle Europe », la Pologne, pourtant patrie de Jean Paul II, ne considère la religion très importante qu’à 36%.

mercredi 16 août 2023

Jacques Halbronn Le Stalingrad de Grossman. Les deux vérités. la solst...

Jacques Halbronn Le binome Astrologie /Droit Constitutionnel ; struct...

Jacques halbronn Astrologie. Illusion de croire que l'esprit d'une époq...

Jacques Halbronn Hymnes Marseillaise et Solsticialité, L'Internation...

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jacques Halbronn L'astrologie est la science des flux, du mouvement, de...

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jacques Halbronn La notion diabolisée de "guerre civile" en phase sol...

vendredi 11 août 2023

Elisbaeth Teissier Thèse de sociologie sur l'astrologie Extraits (Plon)

Elisbaeth Teissier Thèse de sociologie sur l'astrologie Extraits (Plon)L Pages 1 à 10 1 L'univers apparaît comme un organisme vivant qui, grâce aux astres, établit des correspondances entre toutes choses, repose sur des coïncidences animant à la fois les individus, les plantes, les animaux et même la matière insensible. D'une manière plus précise, on peut relever la liaison existant entre les "raisons" de la matière et les raisons de la connaissance. M. Maffesoli CHAPITRE I I-LA PROBLEMATIQUE 2 I- LA PROBLEMA TIQUE A. DEFINITION "L'ampleur de l'intrusion de l'astrologie dans la vie quotidienne autorise à penser que ce qui se fait jour là est plus qu'une simple mode", voilà ce qu'écrivait E. JUNGER (1895-1999) déjà en 19631. "On trouve des prédictions et des conseils astrologiques non seulement dans les almanachs populaires, et dans les rubriques permanentes dans le texte des quotidiens et hebdomadaires, mais encore parmi les annonces", continuait-il. "Et celui qui ne reconnaît aucune réalité aux types et aux pronostics astrologiques doit admettre que l'on en tient compte dans une proportion croissante et qu'ils ont, par là-même, un effet (c'est nous qui soulignons). Presque tout le monde aujourd'hui connaît son signe et, avec lui, un aspect de son être, aspect il y a peu de temps inconnu à la plupart, et n'ayant pour eux que peu ou point de sens". Et le romancier allemand d'ajouter une petite phrase qui reflète toute notre problématique, en lui donnant au demeurant une dimension sociohistorique "Cette intrusion ne va pas sans résistance. Les objections contre l'astrologie sont aussi vieilles que la lecture des astres même " Aujourd'hui on persiste et signe à l'évocation de ce constat sociologique des années soixante. En effet, que l'on soit un rationaliste pur et dur, un aficionado de l'astrologie ou un adepte de la croyance clignotante à la MORIN, une chose est claire : de nos jours, l'art royal des astres ou, pour d'autres, "la plus vieille maladie de l'humanité" (selon la célèbre formule de Pierre BAYLE) est devenu une réalité sociale incontournable. Est-ce, comme 'JUNGER ~.): Le mur du temps, Paris, Gallimard, Folios Essais, 1994, p. 23, trad. de l'allemand (An der Zeibi~auer, Ernst Klett, Stuttgart, 1964) (1~ e'd. française, Ed. Gallimard, 1963>. Dans cet ouvrage, E.J. consacre, à 3 le constate Michel MAFFESOLI2, parce que nous sommes inscrits "dans une constellation sociétale où l'image et le symbole occupent une place de choix" ? Certes. Encore que l'on puisse en l'occurrence se demander dans quelle mesure il n'y a pas là interaction, ce fait étant autant cause que conséquence. En 1969, les services d'Astro-Flash programme informatique mis au point par l'astrologue A. BARBAULT, qui pour cinquante francs offre des analyses astrologiques personnalisées) apparaissent sur les Champs-Elysées de Paris un tournant sociologique qui unit la technique la plus avancée - l'électronique -à la science la plus archaïque - l'astrologie. Celle-ci, au centre de la contre-culture hippie du moment, se démocratise soudain, après avoir été réservée au pouvoir et à une élite bourgeoise. Et ce, donc, dans un contexte de révolution culturelle féconde en remises en question fondamentales et en revendications exaltées. La fin des années soixante, c'est l'époque où la jeunesse européenne lit avec passion MARCUSE ou W. REICH, où les institutions et l'argument d'autorité sont battus en brèche, où l'on se met en quête d'une nouvelle société, plus ouverte et plus généreuse. Dans l'ambiance des barricades de 1968, dans un climat général de révolte enthousiaste, toute dionysiaque, qui fait table rase de l'ordre établi et de la legitimite culturelle, l'astrologie a toutes les chances de revenir en force ; un savoir qui, tel le phénix, va renaître de ses cendres. Voici le diagnostic sociologique tel qu'il est formulé dans la réédition, en 1980, de l'enquête collective sur l'astrologie, parue fin 1971 ; à lui seul il résume toute la problématique de notre propos, dans la mesure où, probablement innocemment, il s'imprègne de la doxa culturelle du moment : "Il y a encore l'intérieur d'une partie intitu1ée "Temps mesurable et temps du destin" un chapitre entier à l'astrologie: "Réflexions d'un non-astrologue sur l'astrologie". 2 in La connaissance ordinaire, Précis de sociologie compréhensive, Paris, Librairie des Meridiens - Klincksieck et Cie, 1985, p. 25. 4 peu d'années, on pouvait (....) considérer l'astrologie comme un résidu rural de croyances archaïques, de superstitions attardées, un délire inoffensif de sectes occultistes dans l'underground ou la périphérie des civilisations urbaines. Mais (...) la contre-culture des années soixante et soixante-dix a intégré l'antique savoir, prophétisant l'avènement de l'ère du Verseau (...) Est apparue une nouvelle gnose intégrant des thèmes et des croyances qui ont en commun un ressourcement magique, étranger et hostile à la tradition positiviste - scientiste occidentale. . Que se passe-t-il donc? Une aurore nouvelle des magiciens ? Un retour des sorciers? Telles sont les questions qui ont animé cette recherche."3 Sans empiéter sur l'analyse qui va suivre ni commettre de "péché par anticipation", on peut d'ores et déjà avancer que la nature même des questions posées par les enquêteurs ressemblait à un curieux mélange d'aporie, de tautologie et de finalisme, dont la racine se situait essentiellement dans une consternante ignorance de la nature du sujet analysé. Quoi qu'il en soit, qu'on le regrette ou qu'on s'en réjouisse, l1astrologie a vu ensuite son influence s'étendre de façon exponentielle, au fur et à mesure que se développaient les médias, ce phénomène par excellence de la modernité, et plus encore de la postmodernité. Qu'il s'agisse de la presse écrite, de la télévision, du minitel ou d'internet, les horoscopes foisonnent, noyés dans un contexte qui, la plupart du temps, n'est qu'une grossière caricature d'ésotérisme - voyance, cartomancie, tarots, numérologie et autres retours d'affection appartenant à l'univers magico-mystificateur de pratiques paranormales. Même la publicité, baromètre fidèle de l'esprit du temps, fait de plus en plus 3 Sous la direction d'E. MORIN et sous le titre La croyance astrologique moderne diagnostic sociologique Paris, è ed L'Age d'Homme, 1980, paraît la 2 édition de Le Retour des Astrologues, Paris, Le Nouvel Observateur, 4 Juin. 1971, une étude collective (Cl. Fischler, Ph. Defrance, L. Petrossian). 5 usage de références à l'astrologie. Celle-ci, taillable et corvéable à merci du fait de sa marginalisation culturelle, est mise à toutes les sauces, étroitement associée à notre quotidien. De son côté, dès les années cinquante, Th.-W. ADORNO (1903-1969), de l'Ecole de Francfort, se préoccupait déjà, à travers l'analyse critique des prévisions astrologiques du Los Angeles Times, de la floraison médiatique de cette épidémie astrologique, qu'il classait dans les superstitions secondaires. C'est en effet ainsi qu'il décide de taxer cette connaissance dans un ouvrage paru seulement récemment en France4 et sur lequel nous reviendrons dans le chapitre consacré aux médias. Mais il n'est pas le seul à faire un. tel constat, tant s'en faut. Depuis Le Retour des Astrologues - une étude sociologique approfondie de la situation de l'astrologie au début des années soixante-dix, qui constate que "le courant astrologique traverse tout le champ social"5 -, les médias, non sans hypocrisie parfois, se font régulièrement l'écho de cette irrésistible montée de l'irrationnel. Curieusement, ils évaluent le phénomène à l'aune économique -déplaçant ainsi le problème -, en évoquant les sommes astronomiques laissées les officines des astrologues et des voyants - amalgame abusif au demeurant, qui ne manque pas d'ajouter encore à la confusion. En effet, à ce propos, on pourrait certes se demander jusqu'où peuvent être mis en corrélation le bien - fondé d'une discipline et un facteur purement matériel y afférent. Trouverait-on logique que l'on mît en relation la situation épistémologique du pénal ou de la psychanalyse avec les dépenses des Français, respectivement auprès de leur avocat et de leur thérapeute ? Ou que l'on jugeât 4 ADORNO ÇIb.-W.): Des Etoiles à Terre, La rubrique astrologique du "Las Angeles Times 'f, Etude sur une superstition secondaire, Paris, Exils, 2000, trad. de l'américain- déja' une trad. de l'allemand (I 975). 5ibid,p. 121. 6 de la valeur du catholicisme au commerce qui lui est attaché ? - songeons à Lourdes, par exemple, ou à la place St. Pierre à Rome, hauts lieux d'une version très commerciale de la religion chrétienne... En somme, Si l'on veut trancher dans un esprit de simplification, on observe que deux attitudes semblent avoir cours, face au discours astrologique, en nos sociétés occidentales. La première est celle du fatalisme passif, de l'assujettissement aux ukases cosmiques, notamment de la part d'un certain public de la grande masse. Ces ukases sont émis par une presse pléthorique et bigarrée, dont nombre d'organes diffusent des prévisions trop souvent simplistes et aliénantes... aliénantes essentiellement parce que simplistes. Cette confiance populaire aveugle n'est ni nouvelle ni spécifique à l'Occident. Mais en raison de la multiplication des mass-médias, leur nombre ne cesse de croître. De l'autre côté fait face le bloc des adversaires plus ou moins convaincus, voire des allergiques aux planètes systématiques les rationalistes. La philosophie rationaliste se définit elle-même comme la "doctrine selon laquelle la seule voie de la connaissance est le travail de la raison sur les faits de la nature et de la société(...) (et qui) comporte explicitement (c'est nous qui soulignons) l'hostilité à toute métaphysique, le refus de tout inconnaissable a priori". Ai. OBJET DE LA RECHERCHE Or, c'est bien là que réside la thématique essentielle de notre recherche : cet engouement pour l'astrologie est loin d'être unanime et uniforme, suscitant la 6PETRO55IAN ~.): L 'Anti-astrologisme in Le retour des astrologues, op. cit., p~ 55. 7 plupart du temps soit "un attrait magnétique, soit un refus horrifié" ;7 plus rarement, en revanche, elle se contente de provoquer une placide indifférence. Devant un clivage aussi net, très particulier, il faut le souligner, à cette discipline - on n 'imagine pas une attitude aussi passionnément contrastée par rapport à la physique ou la génétique, ni même face à l'homéopathie, objet cependant de bien des controverses -, bon nombre de questions surgissent, que nous tenterons d'élucider. Et Si notre hypothèse se confirme - à savoir cette ambivalence sociétale où prime cependant la fascination, ambivalence qui frise parfois le paradoxe et qui fait figure de schyzophrénie collective -, quels en sont les ressorts cachés ? Est-elle propre à l'homme occidental, en vertu de son histoire, ou est-elle universellement observable ? Devrait-on lui chercher une explication dans le vécu historique de l'Occident, fief jaloux des Lumières et de la Raison triomphante ou creuser plus avant, à la recherche de cet infracassable noyau de nuit qui hante le coeur de l'homme depuis des temps immémoriaux ? Par ailleurs, la raison en tant que telle n'a-t-elle pas outrepassé ses prérogatives et trahi sa vocation de sereine souveraineté pour se scléroser, tel un vieillard tyrannique? Ou encore, cette ambivalence tient-elle à la nature même de l'astrologie, un savoir bâtard qui n'aurait pas choisi son camp, entre Raison froide et toute-puissante et symbole flou? S'agit-il d'un savoir ancestral qui toucherait quelque chose de viscéral en l'homme, mais contre lequel sa raison se rebifferait ? Dans ce même ordre d'idées, s'agit-il vraiment d'une superstition secondaire à laquelle succombe encore - souvent à son corps défendant - l'homo rationalis de la fin du XXè siècle, victime plus ou moins consentante d'un inconscient collectif jungien lourdement chargé; superstition qui reste habitée par un résidu de "mentalité magique" à la LEVY-BRUHL ? Autrement dit, faut-il considérer sa fascination pour le firmament et de ce qu'il croit y lire de son destin comme un symptôme du malaise de notre civilisation, 7pour reprendre l'expression que le même ADORNO utilisait à propos de W. Benjarnîn, in Prismes. 8 à la mesure du désarroi métaphysico-religieux de notre temps ou comme une faiblesse rémanente de l'homo magicus, que sa raison lui a appris à refouler énergiquement? Ou au contraire, faut-il y voir un souvenir béni de la mémoire collective, une intuition miraculeuse du fil ténu qui le rattache au cosmos et à mère Nature, comme sa sauvegarde, en somme, en ce monde où une science mécaniste et une société déshumanisée voudraient le maintenir cloué au sol ? Plus concrètement, ce clivage sociétal est-il à rapprocher de catégories socioprofessionnelles particulières, de certaines classes d'âge, de la différence de sexe, ou faut-il le chercher dans l'individu lui-même, dans sa part d'ombre, quelle que soit sa place dans la société ? Et, enfin, y a-t-il un rapport - et Si oui, lequel ?- entre le statut épistémologique de l'astrologie aujourd'hui, en France, et cette ambivalence qu'au demeurant il s'agira de mettre en lumière? Autant de points d'interrogation qui apparaissent sur le chemin de notre quête, à la fois comme des fins éclairantes et des moyens d'y parvenir. La fameuse notion de Zweckrationalitdt de WEBER, sur laquelle nous reviendrons, servira à la fois de cadre méthodologique et de référence à notre investigation. Voilà pour ce qui concerne à la fois l'ontogenèse - genèse de l'individu - et la phylogenèse - ou genèse de l'espèce - de l'homo astralis d'aujourd'hui; ou, en d'autres termes, ce sont là les questions qui nous seront suggérées par les constats socioculturels et anthropologico-philosophiques tout au long de cette étude. 9 A2. PERSPECTIVES DE LA RECHERCHE Mais notre regard se portera plus loin et tentera de se projeter sur une vision prospective, essayant de pressentir et de supputer, étant donné le contexte sociétal d'aujourd'hui, la probable évolution du phénomène bifide qui nous occupe y aura-t-il fusion, intégration harmonieuse de cette conjonctionis oppositorum, dans une sorte de synthèse féconde, et alors quelle forme pourrait prendre cette dernière ? "L'univers symbolique est conçu comme matrice de toutes les significations ~'8 Ou au contraire, la diversité humaine et la nature de l'homme perdurant, cette ambivalence se maintiendra-t-elle, avec des nuances propres aux temps qui viennent (on pense en particulier à la bombe informatique, à la mondialisation ouencore à la tribalisation progressive de nos sociétés, ainsi que M. MAFFESOLI l'a démontrée à maintes reprises9). En d'autres termes, dans quel sens ira, selon toute vraisemblance, cette mouvance sociale ? Le face à face avec sa vraie nature - puisque l'astrologie se veut la science par excellence de la personnalité -, assorti de la révélation d1un destin probable (élément qui est également dans ses cordes), continuera-t-il de susciter à la fois la fuite et le refus d'une part, l'adhésion fascinée d'autre part -à supposer bien sûr que ce clivage se vérifie dans la réalité des faits ? Peut-on imaginer, a contrario, ce dualisme sociologique dans l'attitude des Français du début du XXIè siècle se résoudre dans la disparition de l'un des termes au profit de l'autre, numériquement parlant tout au moins ? Notre société de mutants disposera-t-elle des ingrédients nécessaires à la transmutation vers une sorte d'unité sociétale, dont on pourrait apercevoir les prémices ? Et, d'ailleurs, 8BERGER oe.): LUCKMANN ÇIb.): La Construction sociale de la réalité, Préface M. Maffesoli, Ed. Sociétés, Méridiens - KIincksieck/Masson, 1996, ~ éd. 1986), p. 11. 'cf Maffesoli (M.): Du nomadisme- vagabondages initiatiques-, Paris, Livre de Poche, 1997, ou Le temps des tribus, le déclin de l'individualisme dans les sociétés de masse, Paris, Livre de Poche, Librairie des Méridens, 10 dans quelle mesure une telle unité serait-elle souhaitable ? Le dynamisme de la Vie suppose en effet contradiction, voire confrontation entre des forces conflictuelles, tandis que l'immobilité, l'inertie sont synonymes de mort Autant de questions auxquelles nous tenterons d'apporter un début de réponses, à la lumière des analyses qui jalonneront notre recherche, analyses inspirées par une "sociologie de la connaissance" qui, selon P BERGER et Th. LUCKMANN, "s'intéresse aux relations entre la pensée humaine et le contexte dans lequel elle surgit."'0 A3. PARAMETRES DE LA RECHERCHE Au cours de notre investigation, et au-delà des explications réductionnistes -aussi bien marxiste, freudienne, hyper-rationaliste que religionniste -, la méthode empirique paraît s'imposer. Utilisant des matériaux aussi. variés que parfois difficiles à appréhender parce qu'appartenant davantage à l'univers subtil du qualitatif qu'à celui, mesurable mais tellement moins riche, du quantitatif elle sera notre outil de référence. Avec pour objectif une tentative d'explication du profil sociologique à la Janus qui semble se dégager de l'attitude généralement adoptée face à cette discipline, notamment depuis quelque trois décennies. En premier lieu, après avoir défini plus précisément notre méthodologie, nous nous livrerons à une approche historique, puis dans un second temps, à une confrontation et une analyse sociologiques des attitudes extrêmes - fascination surtout, mais aussi rejet - que l'astrologie semble susciter en France de nos Klinksieck et Cie, 1988.. Ou encore Le temps des Clans, plaque'te collective, Ed. du Chêne, Hachette-Livre, Paris, 1996. 10BERGER ~.> & LUCKMANN ~.): La Construction sociale de la réabté, op. cil., p. 12. Retour Pages 101 à 110 101 traditionnellement le zodiaque tropique, celui des saisons - car l'homme est un être de saison, lui aussi, soumis aux rythmes de la nature -, une certaine astrologie, notamment américaine, influencée par la tradition indienne, utilise le zodiaque sidéral, qui se réfère aux constellations, par opposition aux signes. Nous reviendrons sur cette problématique méthodologique qui a sa source dans le phénomène de la précession des équinoxes. Au XXè siècle, les astronomes n'ont cessé de découvrir d'autres corps célestes dans le firmament. Dans l'état actuel de nos connaissances, on dénombre dans notre système solaire environ cinquante mille astéroïdes, positionnés entre Mars et Jupiter et on connaît les orbites de plus de deux mille d'entre eux. On peut se demander dans quelle mesure leur influence joue sur nous autres Terriens; certains astrologues américains, plus audacieux que les Européens, ont déjà rattaché nombre d'astéroïdes à une symbolique particulière. On a découvert également une petite planète intermédiaire entre Satitrne et Jupiter, que l'on a appelée Chiron, la planète guérisseuse, de plus en plus utilisée par les astrologues modernes. Les astrologues allemands et américains beaucoup contribué à faire avancer les connaissances astrologiques modernes en investiguant sur le symbolisme de cette dernière planète et de certains astéroïdes (notamment Cérès, mais aussi Pallas, Junon et Vesta). Quant aux météorites et aux comètes, aux masses très réduites, les astrologues les } tiennent pour négligeables, vu qu'elles ne perturbent pas la marche des planètes I et qu'elles n'exercent pas d'action sur les marées solaires. En revanche, il subsiste des problèmes ouverts pour l'astrologie moderne, tels que celui de l'axe galactique, dont les travaux cliimiques du professeur PICCARDI semblent établir l'influence133 133 ABELLIO ~.): in Approches de la nouvelle gnose - Les Essais, Gallimard, Paris, 1981, p. 151, l'auteur parle amplement des travaux du physicien Piccardi, dont l'attention fut attirée par des variations - inexplicables sauf a tenir compte d'une influence cosmique - dans le détartrage des chaudières à l'aide d'eau activée: 'l'histoire des 102 2- LE PARADIGME ASTROLOGIQUE L'astrologie ne fait appel à aucune faculté supranormale de divination ou autre; elle tire ses conclusions et jugements (d'où l'appellation d'astrologie judiciaire ), de l'observation et tient ses données de l'expérience accumulée au cours des siècles. S'appuyant sur le postulat de la sympathie universelle qui relie la terre et l'homme aux rythmes célestes - en liaison avec un certain panthéisme, ou vitalisme, issus d'un sentiment d'Einfühlung wéberienne à dimension cosmique -, elle émet des jugements et pronostics basés sur les corrélations qui, selon elle, existent entre les données astronomiques et les comportements des êtres, les épisodes de leur existence. Elle se fonde sur une typologie solaire qui donne au sujet sa signature solaire, à travers un ensemble de tendances caractérologiques et de comportements en rapport avec le signe occupé par le soleil à la naissance; mais elle se fonde aussi sur l'idée que les grands cycles cosmiques rythment le devenir de l'humanité. Il paraît néanmoins indispensable de s'interroger sur les méthodes qu'elle emploie et sur la logique du système qui sous-tend son édifice conceptuel. 3 - ELEMENTS DE COSMOGRAPHIE OU FONDEMENT ASTRONOMIQUE Les connaissances astrologiques forment un ensemble conceptuel dont la base est homogène, mais qui peut donner une impression d'hétérogénéité à cause recherches de G Piccardi, directeur de l'institut de chimie physique à l'Université de Florence, constitue à elle seule une merveilleuse aventure intellectuelle....,' En bref, le savant italien s'aperçut que" le cosmos déforme la 103 des nombreuses variantes qu'elle présente suivant les écoles (notamment en ce qui concerne le choix du zodiaque utilisé et le système de domification division de la sphère céleste en Maisons ou secteurs). Cependant, son but a toujours été l'établissement d'une relation géométrique, mathématique entre d'un côté la position d'objets célestes, réels ou virtuels (résultats d'un calcul), relativement à un lieu terrestre précis et à un moment donné, et de l'autre la naissance et l'évolution d'un individu, voire d'un phénomène quelconque en ce lieu. De tout temps, l'astrologue s'est donc attaché à une appréhension la plus précise possible du mouvement des corps célestes par rapport au lieu considéré, mais aussi les uns par rapport autres, vus de ce même lieu. C'est ainsi qu'est née la nécessité d'une astronomie géocentrique, qui a pris en compte le mouvement erratique des planètes, tant par rapport à la voûte étoilée que par rapport au point terrestre d'observation. (L'origine du mot planète vient du grec planètes 134 et signifie en mouvement). a) Une astronomie géocentrique L'astrologie se fonde sur le mouvement des planètes par rapport à la terre - et non par rapport au soleil. On peut ainsi décomposer les phénomènes célestes pris en compte: 1) La terre tourne sur elle-même à vitesse constante. Pour un observateur terrestre immobile, elle donne l'impression que la voûte céleste tourne sur elle même autour d'un axe. Celui-ci passe par le point d'observation et par un point situé à proximité de l'étoile polaire. Un tour complet équivaut à un jour sidéral. structure de l'eau. ainsi lie' e, semble-t-il, au mouvement de la terre par rapport à la galaxie et à son champ de forces". 134PLANÉTÉS proprement (astre) erroeiL 104 2) Mais la terre tourne également autour du soleil, donnant l'impression à l'observateur terrestre que le soleil, dans sa course annuelle (et apparente), prend chaque jour un peu de retard par rapport à la sphère céleste. La trajectoire de ce parcours apparent est appelée écliptique. Le jour sidéral est donc légèrement plus court que le jour solaire; une étoile donnée se lève ainsi chaque jour quatre minutes plus tôt que la veille. Ainsi le soleil ne passe jamais exactement devant les mêmes étoiles, à la même heure, d'un jour à l'autre. 3) Enfin l'axe de rotation de la terre sur elle-même n'est pas parallèle à son axe de rotation autour du soleil : l'écliptique est légèrement inclinée (de 23 degrés environ par rapport à l'équateur céleste) - cf fig. 2b. Il en résulte que chaque jour, la trajectoire du soleil est un peu décalée par rapport à celle de la veille (lever, culmination, coucher). Chaque jour il décrit un plan différent, mais toujours parallèle à celui de l'équateur céleste. L'écart avec ce dernier est maximal aux solstices et nul aux équinoxes (cf fig. 4). b) Le Zodiaque et les Signes Le Soleil met un mois pour traverser. chaque signe, douzième partie de la bande zodiacale qui se déploie de part et d'autre du plan de l'écliptique. Cette division duodénaire remonte à la nuit des temps, c'est-à-dire à Babylone ayant ensuite subdivisé chaque signe en trois décans. Le zodiaque se décompose ainsi en trente-six portions égales de dix degrés d'arc. D'un autre côté, le mouvement diurne (rotation de la terre sur elle-même), met en relief successivement les douze signes au cours d'une journée: c'est ce qu'on nomme l'Ascendant (point du ciel qui monte à l'horizon est à un moment donné). Au lever du soleil, l'Ascendant coïncide avec le signe solaire de la saison. En d'autres termes, une personne née sous le signe solaire du Scorpion à sept 105 heures du matin a toujours son Ascendant dans ce même signe, quelle que soit son année de naissance. Les douze signes portent les noms des constellations car, il y a deux mille ans, celles-ci coïncidaient exactement avec ces derniers, infiniment plus proches. Il y a eu décalage depuis, en fonction du très lent déplacement rétrograde du point vernal sur l'écliptique, phénomène que l'on nomme précession des équinoxes. Le signe du Bélier part du point vernal, ou point gamma, qui correspond à l'équinoxe de printemps, ouvrant ainsi le zodiaque tropique (lié aux saisons). L'équinoxe n'est autre que l'intersection entre l'équateur céleste et l'écliptique. Les signes zodiacale occupent chacun trente degrés sur le zodiaque et se placent dans l'ordre suivant: - Le Bélier: 20/21 mars - 20/21 avril, de O à 30 degrés. - Le Taureau : 20/21 avril - 21/22 mai, de 300 à 600 - Les Gémeaux : 21/22 mai - 21/22 juin, de 60~ à 900 - Le Cancer: 21/22 juin - 22/23 juillet, de 900 à 120~ - Le Lion : 22/23 juillet - 22/23 août, de 1200 à 1500 - La Vierge: 22/23 août - 22/23 septembre, de 1500 à 1800 - La Balance: 22/23 septembre - 23/24 octobre de 1800 à 2100 - Le Scorpion : 23/24 octobre - 22/23 novembre, de 2100 à 2400 - Le Sagittaire: 22/23 novembre - 21/22 décembre, de 2400 à 2700 - Le Capricorne: 21/22 décembre - 20/21 janvier, de 2700 à 3000 - Le Verseau: 20/21 janvier - 18/19 février, de 3000 à 3300 Les Poissons: 18/19 février - 20/21 mars, de 330~ à 3600 106 c) Les planètes Ainsi que nous l'avons expliqué, la sphère annuelle du zodiaque et la sphère diurne des Maisons se superposent dans le thème astral. Dans ces deux sphères se meuvent les corps célestes errants, luminaires et planètes. Du fait de leur mouvement, ceux-ci représentent l'élément vivant du thème, le dynamisme de l'individu. Chaque planète correspond â une fonction globale de l'être, biologique, psychique, physiologique, et sa position particulière situe les conditions spéciales de l'exercice de cette fonction. Chacune d'elles ne représente pas seulement une fonction, elle est tout un univers. Le processus planétaire s'exprime dans l'homme tout entier. Il représente le mode d'existence sur ses différents plans : biologique, physiologique, psychologique, matériel, affectif, social, spirituel... Cette polyvalence sémantique et symbolique des planètes est en liaison avec la notion de types planétaires, l'individu fortement signé d'une planète réalisant alors tout un ensemble de dispositions, attitudes, goûts et réactions, qui colorent d'une même tonalité affective sa personnalité et sa vie. En somme, comme dit JUNG, "l'astrologie consiste en configurations symboliques, comme l'inconscient collectif dont la psychologie s'occupe. Les planètes sont les dieux-symboles des puissances de l'inconscient."'35 Sur le plan astronomique, les planètes se déplacent sur la bande zodiacale (17 degrés d'arc de part et d'autre de l'écliptique) et seul Pluton, â la trajectoire excentrique, s'en éloigne de façon appréciable. Leurs positions sont calculées en degrés longitude en partant du point zéro représenté par le début du Bélier. JUNO (c.~~): Entretie,' avec J Carteret et A. Darbauli in L'Astrologue. n0 8, Ed. Chacomac, Paris, 1969, p. 107. Calculées d'après les éphémérides élaborés par les observatoires, nourrissent depuis quelques décennies les ordinateurs astrologiques distingue les planètes lentes - ou lourdes - planètes extérieures à Mars et les planètes rapides (Soleil, Lune, Mercure, Vénus, Mars). Ce sont les premières, aux révolutions importantes, qui reflètent les climats collectifs - guerres, crises économiques, épidémies, révolutions... - a travers les grands cycles planétaires qui scandent le devenir de - l'humanité. La cyclologie est la base de l'astrologie mondiale, domaine qui a été considérablement développé au XXè siècle - ce qui n'annihile en rien les exploits prévisionnels de certains grands astrologues du passé, comme le cardinal d'AILLY ou NOSTRADAMUS, qui ont fait des sauts de plusieurs siècles dans leurs prédictions. Les dix planètes du système solaire forment ainsi une immense horloge céleste aux rouages divers qui se combinent en quarante-cinq cycles planétaires. Leurs révolutions varient de 28 jours pour la Lune jusqu'à 248 ans pour Pluton. Certains astrologues affirment l'existence de planètes hypothétiques, sur des bases astronomiques (anomalies dans les orbites de planètes existantes) ou astrologiques (analogie avec les signes qui, au nombre de douze, sont en surnombre par rapport aux planètes - on en connaît dix actuellement Cela, en référence au système des maîtrises, qui veut que chaque planète soit en correspondance ou en - affinité avec un signe qu'elle gouverne - son domicile (cf fig. 3). d) Les Maisons et la domification Les Maisons dérivent du point Ascendant et divisent le ciel en douze portions. Pour un observateur du ciel, certains cercles de l'espace céleste local prennent une importance particulière pour un repérage des corps célestes. Il s'agit 108 d'abord de l'horizon du lieu d'observation (où apparaissent et disparaissent les planètes) - c'est l'axe Ascendant -Descendant -, puis du méridien de ce lieu (où elles culminent) - c'est le Milieu-du-Ciel -, enfin de l'équateur céleste et de l'écliptique. Les planètes déjà placées sont ainsi orientées par ces vecteurs que représentent l'Ascendant et le Milieu-du-Ciel; elles prennent, suivant leur emplacement dans ces douze secteurs, des significations particulières. C'est ce que l'on appelle la domification ~ig. 5). Celle-ci est donc un système de division de la sphère céleste de la naissance, à l'échelle de la journée - puisque fonction du mouvement diurne -, comme le zodiaque l'est à l'échelle de l'année. Il existe plusieurs méthodes différentes de domification, les plus employées étant celles de PLACIDUS (XVIIè siècle), de KOCH (XXè siècle) et celle des Maisons égales (la plus ancienne, selon certaines sources, probablement déjà utilisée 3000 ans avant J-C, et la plus pratiquée en Inde). On connaît aussi celle de REGIOMONTANUS, alias Johann MULLER (XVè s.), de CAMPANUS (XIIIè s.), voire d'ALCABITIUS (1er s.), mais elles sont moins utilisées. Sur le plan du contenu symbolique et sémantique, chaque Maison est en rapport avec un domaine particulier de l'existence humaine. Voici la liste des significations attribuées à ces secteurs ou Maisons: Maison I: Le Moi apparent, la constitution et la morphologie, le tempérament. Maison Il: Les finances du sujet, fortune, biens matériels. Maison III: L'entourage du natif - frères, soeurs, voisins ; les échanges avec le monde extérieur (déplacements, écrits, éducation). Maison IV: La famille, le foyer, les origines, l'influence du milieu familial, le patrimoine, l'enfance et la vieillesse. Maison V : Les créations (amours, créations artistiques, progéniture), et récréations (les plaisirs et loisirs, le sport, les gains par les jeux). 109 Maison VI: Les limitations ou contraintes du sujet (santé - maladies aiguës - et travail); les subordonnés; la vie quotidienne; les animaux domestiques. Maison VII : Les autres, le monde qui est en face de lui pour le compléter (associations professionnelles et privées: mariage) ou l'agresser (les procès, les adversaires ou ennemis déclarés); l'action sociale. Maison VIII: Les crises et métamorphoses du sujet, la mort, les héritages, la sexualité. Maison IX : Les relations avec la transcendance (croyances, philosophie, créativité littéraire, enseignement, religion) ; les voyages, aussi bien de l'esprit que dans l'espace ; l'étranger; le psychisme. Maison X : La vie sociale, la carrière et les honneurs; le destin, la vocation professionnelle, la réputation. Maison XI: Les aspirations de l'être, ses amitiés, les protections; les projets. Maison XII: Les épreuves, la vie secrète (ésotérisme, perversions, sacrifice); les ennemis cachés; le crime, les lieux retirés (hôpitaux, prisons, cloîtres); les maladies chroniques; les infortunes. e) La précession des équinoxes Le mouvement de la terre sur elle-même rappelle celui d'une toupie: son axe de rotation ne pointe pas toujours, au cours des siècles, dans la même direction. En l'occurrence, on observe un déplacement minime (un degré et quelque d'arc par siècle) du point vernal dans le sens inverse de celui du soleil et des signes. Çela correspond à l'importance d'un signe en quelque 2000 ans (on parle de 2176 ans) et à la Grande Année platonicienne de quelque 26920 ans pour le tour complet du point vernal sur l'écliptique: c'est la base de la théorie des ères, 110 exprimée notamment par l'Allemand H. KUENKEL'36. Sur le plan symbolique, cela nous rappelle le Timée de Platon et l1évocation de l'aïon: "Il eut donc l'idée de fabriquer une sorte d'image mobile de la durée des âges (aïôn); et, pendant qu'il met le Ciel en ordre, il fabrique, à partir de cette durée qui reste dans l'unité, une image de la durée avançant selon le Nombre, cela même que nous appelons le temps."137 Comme nous le disions plus haut, lorsque l'astrologie flit codifiée, au début de l'ère chrétienne (principalement par PTOLEMEE, puis par MANILIUS), il y avait coïncidence entre les signes et les constellations placées loin derrière ceux-ci. D'où leur appellation. Une certaine école se fonde sur cette coïncidence temporelle pour supputer que l'astrologie serait née un cycle entier - à savoir 26000 ans - avant notre ère, donc un cycle plus tôt. De leur côté certains adversaires de l'astrologie opposent l'argument de la précession aux astrologues qui, selon eux, infirme les fondements de leur savoir. Mais les astrologues connaissent ce phénomène depuis longtemps (qui fut déjà calculé par l'astronome HIPPARQUE au IIè s. avant J.-C.) mais, utilisant un zodiaque qui prend pour repère spatio-temporel le point gamma lui-même (qui correspond au printemps), c'est-à-dire un zodiaque des saisons, ce mouvement précessionnel n'intervient pas dans leurs calculs. Néanmoins il faut dire que la confusion est grande sur cette question, tarte à la crème des attaques anti-astrologiques, d'autant que l'explication, impliquant des notions astronomiques assez compliquées, n'est guère facile ni à donner ni à comprendre. Ajoutons que ce point vernal quitte actuellement les Poissons pour entrer dans le signe du Verseau, où il sèjournera durant les deux prochains millénaires (fig. 6). 136 KÛNKEL (H.): Das grosse jahr: DerMythos Von den Weltzeîtaliern, Urania-Verlag, Wien, 1980. Trad. En français: La grande année le mythe des ères. '37PLATON: Timée, 37 d. 5-8, cite par MATIBI (i-F.): Platon elle Miroir du Mythe, De 1'Age d'or â I'Atlantide, Paris, PUF, 1996, p. 217. Retour Pages 201 à 210 201 de l'homme avec l'univers'249, la vie du Grand Tout influe sur chacune de ses particules, même les plus infimes. JUNG attribue à HIPPOCRA~~ (v. 460 - v. 377 av. J.C.) ces paroles impliquant un va-et-vient à la fois instantané et omniprésent du grand principe dans l'univers: 'Il n'existe qu'un seul courant, qu'une seule respiration, toutes choses sont en sympathie. L'organisme entier et chaque partie de cet organisme travaillent à la conjonction d'un même dessein... Le grand principe s'étend jusqu'aux régions les plus lointaines, et des régions les plus lointaines retourne au grand principe qui est une seule nature, êtres vivants ou objets inanimés."'250 Vision panthéiste et animiste de l'univers et de la création qui va dans le sens d'un Principe unique, d'un démiurge universel que l'on peut appeler Dieu. "Un Dieu Philosophe, Grand Architecte de l'Univers, qui a doté le monde de lois rationnelles, mais qui du fait de son éloignement reste incognocible et, cependant, parce qu'il en est l'auteur, qui reste présent au monde."251 On reconnaîtra dans cet héritage newtonien (du NEWTON dit mystique) la parenté spirituelle de la Franc-maçonnerie avec l'astrologie, à travers notamment l'importance du symbolisme. On songe à l'infiniment grand et à l'infiniment petit de PASCAL, entre lesquels l'homme se situe, fragile et angoissé, au milieu du "silence éternel de ces espaces infinis". Dans l'enceinte de notre univers, tout est soumis aux mêmes lois et l'atome se comporte comme un système solaire en miniature, avec son mouvement brownien figurant la ronde des planètes. Dans le même ordre d'idées, le savant japonais TAKATA, fort de ses expériences sur les variations circadiennes de la composition du sang (en fonction du mouvement apparent du Soleil), énonce cette étonnante formule: l'homme est un cadran solaire vivant; ce que 249 BRETON (A.): in Revue Astrologie moderne, no 12, interview d'A. Barbault, 1954, p. 226. 250 ~I55~R ÇE.): L'Astrologie, Science du x'YIè siècle, Paris, Hachette-Edition0 1- Ed. Traditionnelles,1994 (1ère èd.1988), p. 27. 251PORSET (Ch.): Franc-maçonnerie et Religions dans l'Europe des Lumières, Paris, H. Champion éd., 1968, p. 93. 202 viennent confirmer les découvertes récentes des multiples rythmes biocosmiques, car dans l1univers tout est rythmé (donc nombre et forme). La fameuse loi d'HERMES, selon laquelle "ce qui est en haut est analogue à ce qui est en bas et ce qui est en bas est analogue à ce qui est en haut, afin que s'accomplisse le miracle de l'Unité" semble correspondre à une vérité fondamentale, que la science moderne des particules de la matière paraît redécouvrir. Comme l'écrit G.DURAND,252 "la physique de pointe substitue alors à la notion linéaire et élémentaire d'explication celle d'implication, retrouvant par là la grande image hermétiste ou celle de la Naturphilosophie schellingienne, de l'Unus Mundus253, 'image majeure de toute la philosphie pneumatique qui se dégage de la notion d'individuation chez JUNG'254 (...)." Justement, la mission de l'homme ici-bas sera, dit l'astrologie, de se trouver, de devenir ce qu'il est, selon la belle formule nietzschéenne, en se référant au ciel qui l'a vu naître et qui le raconte, en vertu du jeu de miroir cosmique. Miroir donc, des cieux et de ses rythmes, l'être de saison qu'est l'homme se sent depuis toujours accompagné, mu par les corps célestes qui le reflètent : l'homme mime le monde, il le reçoit, l'élabore et le rejoue, après l'avoir transformé, maîtrisé et rendu intelligible. La Tradition hermétique reste liée à cette idée d'Unité globale de l'univers, à laquelle on doit aussi l'homme zodiacal (dont les différentes parties du corps, projetées sur le firmament, coïncident mystérieusement avec les signes du zodiaque); celle qui allait être très en vogue à la Renaissance, à travers celle de l'Unus mundus. "Tout s'entrelace; toutes choses s'accordent merveilleusement," dit le philosophe néoplatonicien PLOTIN (205 - 270), "cet univers est un animal unique qui contient en lui tous 252DURM~ (G.): Les Structures anthropologiques de l?maginaire. Introduction à l'arche typologie générale. Préface à la dixième édition, Paris, p. XIII. 253cf. CAZENAVE (M.): La Science et l'ame du monde, Paris, Imago, 1983, (cité par G. Durand) 254cf. JUNO (C.-G.): et PAULI (W.): Katurerklarung undP~che, Gesammelte Werke, t. 8, 1952 (id.) 203 les animaux." Giordano BRUNO (1543-1600), hermétiste qui fut brulé vif pour sa conception d'un univers illimité, exprime la même idée lorsqu1il écrit: "Tout comme l'aspect d'une même idée et d'une même lumière est restitué par toute la particule de matière, elle est de même restituée en totalité par toute la matière. C'est ce que l'on peut observer aisément dans un grand miroir, qui restitue une image unique d'une chose unique, et qui, même brisé en mille éclats, continue de restituer cette même image, indivise, en chacun de ses fragments."255 Plus loin, G. BRUNO ajoute: "Les philosophes en concluent, concernant le principe de l'existence, qu'il y a une seule matière, un seul esprit, une seule lumière, une seule âme, un seul intellect." La partie est semblable au tout et l'individu tout entier, par une mystérieuse homothétie fonctionnelle, se retrouve dans une oreille, une empremte digitale ou un iris, ou à travers ses cellules, dont la structure rappelle l'atome. L'antique médecine chinoise, à l'instar de celle d'HIPPOCRATE (460-377 av. J.C.) ou de PARACELSE (1493 - 1541), est une médecine qui se veut avant tout globaliste, à l'encontre de la conception classique et cartésienne séparant corps, ame et esprit en des entités différentes et, surtout, indépendantes. On peut souligner ici le fait que, de nos jours, la nouvelle physique - celle des BOHM, CAPRA, BELL, LINSSEN ou CHEW- rejoint la notion archaïque d'interdépendance universelle, la vision d'un univ&s holistique, que ce soit àtravers la physique des quanta et I 'ordre impliqué d'un BOHM, les champs de vie d'un BURR ou d'un SHELDRAKE ou les découvertes sur l'ADN d'un 255BRUN0 (G.): De la Magie, Paris, Ed. Mua, 2000, p. 62. Rappelons ici que nonobstant ltimportante di:ll'e'rence de nature entre astrologie et magie, celle-:i impliquant notamment des techniques d'intervention efficace sur le monde et ses creatures, ces deux Weltanschuungen sont voisines de par le principe d'interd~pendance universelle sur lequel elles reposent. 204 GUILLE.256 La division du monde, la dualité de l'être fondée sur la matière et l'esprit ne seraient qu'apparence. Il n'y aurait pas de solution de continuité entre ces deux univers. Leur point de rencontre serait d'essence vibratoire, ou éthérique; de l'énergie aux confins de la matière et de l'esprit, lesquels semblent varier en fonction inverse l'une de l'autre, illustrant le fameux principe cher à N. de CUSE (1401-1464) et à JUNG (1875-1961) de la coincidentia oppositorum.257 On revient ainsi à une vision qui implique une cosmogonie nouvelle et totalement compatible avec celle de l'astrologie: un monde globalement ordonné. Un monde uni par une sympathie, voire une empathie diffuse et totale, relié par un admirable réseau de correspondances dont le poète, l'enfant et le primitif restent des témoins privilégiés. Cette ordonnance, cette unité essentielle, ontologique serait sous-jacente aux différents plans de la réalité manifestée; on pense irrésistiblement au monde des apparences, à Maya et au monde de l'illusion ainsi qu'au mythe de la Caverne de PLATON. Une réalité qui n'est dès lors perceptible qu'à travers la prise de conscience transcendantale d'un esprit éveillé et ouvert au réseau d'affinités subtiles reliant tous les plans de la manifestation - tous les niveaux d'organisation, dirait plus concrètement Henri LABORIT (1914-1994). 2~6 OUILLE (E.): L'Alchimie de la Vie, Monaco, Cou. L'Esprit et la Matière, Ed. du Rocher, 1983. Les découvertes de ce biologiste sur l'ADN et les méta~x y contenus rappellent indéniablement l'axiome alchimique. Il dit avoir détecté dans les spirales d'ADN des traces des sept métaux correspondant au septénaire planétaire traditionnel (l'or pour le Soleil, l'argent pour la Lune, le mercure pour Mercure, le cuivre pour vénus, le fer pour Mars, l'étain pour Jupiter et le plomb pour Saturne). L'idée d'interdépendance universelle apparaît également dans son autre ouvrage L'e'nergie des Pyramides et l'homme, Paris, Ed. L'Originel, 1983. 257Pour illustrer notre pensée, prenons l'exemple de la dissolution infinie de la matière dans le cas de l'homéopathie (explication de Benveniste et de la mémoire de l'eau); en fin de parcours, il n'y a plus de matière, il fl'y a que de l'énergie. La mort du corps physique (matière) induit, peut~tre là aussi, un état purement vibratoire (l'énergie, l'âme). 205 Dans un ouvrage commun,258 le biologiste s'est exprimé sur cette notion attachée à son nom. On nous permettra de reproduire l'extrait d'un entretien y relatif, celui-ci entrant pleinement dans notre sujet: ET - Dans La Vie antérieure259, vous avez dit qu"'il est urgent de trouver les lois du comportement humain qui ne peuvent venir que de son étude biologique" (...) S'il est sûr que notre système nerveux nous conditionne largement, je pense néanmoins que cette grille biologique n'est pas la seule à expliquer l'homme. Il y a, c'est sûr, une autre explication au déterihinisme comportemental. HL - Il n'y a pas une explication. La notion de niveau d'organisation fait que vous ne pouvez pas vous passer des notions de biochimie, voire de l'étude des particules élémentaires. Car cette biochimie va s'organiser dans les neurones, et ces neurones, qui constituent un cerveau ou système nerveux introduits dans un organisme global, vont lui permettre d'agir dans l'espace. Dans cet espace, où fonctionnent d'autres individus, notre sujet, au travers de ses âges, de sa naissance à sa mort, va progressivement composer avec l'ensemble, cela de façon complètement inconsciente, parce qu'à partir du moment où il mémorise, il s'automatise et devient inconscient, il vit avec un inconscient mémorisé qui, d'étape en étape, constitue ce qu'il est convenu d'appeler sa personnalité mais qui n'est que son inconscient. Ce que, communément, on appelle son conscient. Il faut parler de LOVELOCK, un savant sérieux, recommandable, chercheur de la NASA (...) qui dit qu'il ne faut pas considérer l'homme en tant que tel, ou avec les espèces animales, les plantes, etc., mais que l'être vivant, c'est la planète." E.T.: - Ce pythagoricien de la Renaissance s'interrogeait par exemple sur le pourquoi des six planètes du système solaire (si l'on comptait la Terre en ex- 258 ~~J55IER (E.) & LABORIT (H.>: Etoiles et molécules, Paris, Grasset, 1992. 25~~ORIT (H.): La Vie anténeure, Paris, Grasset, 1989, p. 66. 206 cluant le Soleil et la Lune) et se demandait Si la raison n'en était pas que six est le nombre parfait parce que le produit, aussi bien que la somme, de 1, 2, 3). De la même façon, hanté par la quête d'une Harmonie du Monde (le titre de l'une de ses oeuvres260), ce génie de l'astronomie s'attaqua-t-il aux correspondances entre l'échelle musicale et la musique des sphères, à savoir les distances planétaires; et, se fondant sur les abstractions mathématiques qui ne cessèrent jamais d'enrichir ses féconds raisonnements, il eut l'idée de transposer les différentes vitesses des planètes tournant sur leurs orbites respectives et obtint ainsi des mélodies de base pour chaque planète. C'était mettre le doigt sur une harmonie préétablie très concrète et cependant toute métaphysique, somme toute leibnizienne.261 Selon le Dr. W. KOCH, "KEPLER considère la terre comme un organisme doué d'un corps qui est soumis aux influences météorologiques, et d'une âme, lieu des correspondances et des analogies. KEPLER appelle l'àme de la terre, comme auparavant PARACELSE, l'Archeus terrae, le maître de la Terre. La Terre est un être vivant doué de pulsations régulières, qui dans sa sensibilité, est réglée conformément aux constellations planétaires. Ainsi l'astrologie est pour lui la contemplation (Betrachtung) de la vie dans le cosmos."262 E.T.: - Kepler aussi pensait que la planète est un être vivant. Dans ses Harmonies du Monde, il souligne l'interdépendance qui existe entre le Cosmos, l'Homme et la Terre, corps vivant dont la nourriture est la mer; les montagnes sécrètent les fleuves comme la vessie l'urine..." 260 KEPLER (J.): HarmonîcesMundi, 1619 - Weltharmonîk. Trad. de M. Caspar, Munich, 1939. ~éirnpr. Darmstadt, 1967). 261 Signalons que ce domaine très particulier et passionnant fait à notre époque l'objet de recherches suivies, notamment en Miemagne. 262K0CH (W.) Dr.: Kepler et l~AsfroIog le, Paris, Revue l'Astrologue, no 8, 1969, p. 228. 207 H. LABORIT suit son idée: Hl - Mais la planète est elle-même dans un espace qui est le système solaire qui, à son tour, est dans l'univers. Tout agit et réagit (c'est nous qui soulignons). De la même façon, le système nerveux de l'homme agit dans et sur un environnement pour conserver son plaisir - parce qu' (...) il ne s'agit que de cela, être en homéostasie (...) par rapport à un environnement. Environnement qui ne se limite pas à un environnement social, qui est aussi un environnement cosmique, je vous l'accorde, du moins est-ce probable. Mais où situer l'astrologie dans cette chaîne? Je ne sais pas."263 Le biologiste aborde alors le terrain épistémologique, problématique sur laquelle nous reviendrons plus loin. Pour l'instant, contentons-nous du témoignage philosophico-anthropologique d'un savant dont les célèbres expériences sur les rats n'ont pas entravé les spéculations métaphysiques audacieuses; des spéculations qui l'ont conduit, à l'instar d'un ABELLIO ou d'un CAPRA, à la notion, rejetée comme mystique par nombre de scientifiques, d'interdépendance universelle. B - LE PRINCIPE D'ANALOGIE... il découle tout naturellement de l'homothétie globale inscrite dans l'univers, dès lors qu'on admet cette interdépendance qui relie par des fils ténus toutes choses ici-bas, visibles et invisibles. Une mystérieuse toile d'araignée sous-jacente, perceptible seulement à l'enfant, au poète, au primitif, aux esprits initiés ou 263in Etoiles et Molécules, Paris, Grasset, 1992, p. 37. 208 éveillés. C'est ainsi que NOVALIS (1775-1801) décrit l'esprit d'analogie comme "la vraie baguette magique de ceux qui savent et qui voient".264 "La Nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de conflises paroles; L'homme y passe â travers une forêt de symboles Qui l'observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se réponde t. 265 Une sympathie universelle qui ne connaît pas de frontières, ni dans le temps ni dans l'espace. Comme en témoigne ce poème indien: "Le même fleuve de vie court à travers Mes veines nuit et jour, court à travers Le monde et danse en pulsations rythmées. C'est cette même vie qui pousse à travers la poudre de la terre En d'innombrables brins d'herbe, et éclate En fougueuses vagues de feuilles et de fleurs. C'est cette même vie qui balance flux et reflux Dans l'océan berceau de la naissance et de la mort. Je sens mes membres glorifiés au toucher De cette vie universelle. Et je m'enorgueillis, Car le grand battement de la vie des âges, C'est dans mon sang qu'il danse en ce moment".266 264in Chréfienfé ou l'Europe. 265BAUDELAIRE (C.): Les Fleurs du Mal~ Correspondances, Paris, la Pléiade, Gallimard, 1954, p. 87. 266Poéme de Rabindranath Tagore: L'offrande lyrique. 209 L'homme, en fusionnant avec la nature dans un mouvement panthéiste, devient ici dépositaire de la vie universelle Or, ce qui relie entre elles ces correspondances Si magnifiquement chantées par BAUDELAIRE ou Rabindranath TAGORE, ce n1est pas le principe d'identité, basé sur une équation absolue ou le principe de similitude, mais le principe d'analogie, qui aboutit à un mode de connaissance par métaphores, symboles ou images et qui est fondé sur une intuition des rapports. "Il y a le même rapport entre un homme de bronze et un homme qu'entre un cheval de bronze et un cheval, mais il n'y a entre eux aucune ressemblance", explique le philosophe ALAIN.267 Il y a analogie entre les lois physiques et celles du psychisme; leur principe et leur dynamique sont similaires: on parle de "trop-plein d'émotion1 d'un homme "cassé par la douleur" ou du "carrefour d'une existence"; le visible et l'invisible, le matériel et le spirituel se répondent et se correspondent dans le langage, image de l'inconscient collectif marqué par ce que JUNG appellera les archétypes, dont la psyché est le réceptacle, la caisse de résonance. En fait, il s'agit de "schémas ou potentialités fonctionnelles qui façonnent inconsciemment la pensée." On pense à l'homo religiosus de M. ELIADE, ouvert au sacré, cette notion anthropologique universellement présente en l'homme depuis la nuit des temps Le rapport d'analogie repose sur le symbole et l'intuition; c'est un rapport d'essence, non matériel, alors que le rapport d'identité repose sur la raison mathématique. Ce "lien énigmatique" dont parle F. BONARDEL, ce lieu de transmutation pressenti entre alchimie pratique et mystique, histoire et Tradition, science et Gnose" est bien aussi le ressort fondamental et mystérieux que sous267 ALAIN: Propos. Paris, Ed. de la Pléiade, Gallimard, 1956, p. 145. 210 tend le système astrologique, où "la fameuse loi d'Analogie exprime (...) l'insaisissable omniprésence rappelant celle d'Hermès, (le messager, le voyageur) dont le seul passage maintient ouvert un espace de circulation."268 D'Hermès, ce Geist mercurius cher à JUNG, figure ambivalente, voire polyvalente s'il en fut, puisqu'elle incarne aussi bien le puer aeternus androgyne, le sage scribe en quête de savoir, que le guérisseur, le commerçant, ou encore le voleur ou le menteur plein d'astuce. "Le principe d'identité domine aujourd'hui la pensée scientifique; mais il y a de vastes systèmes de représentations qui ont joué dans l'histoire des idées un rôle considérable et où il est fréquemment méconnu: ce sont les mythologies, depuis les plus grossières jusqu'aux plus savantes ,"269 écrit DURKHEIM, en affirmant la toute-puissance de cette catégorie cognitive, qui s'est notamment mise au service d'un XIXè siècle scientiste. Le sociologue nuance sa pensée: "Nous n'entendons pas dire que la pensée mythologique l'ignore, mais qu'elle y déroge plus souvent et plus ouvertement que la pensée scientifique. Inversement, nous montrerons que la science ne peut pas le violer, tout en s'y conformant plus scrupuleusement que la religion. Entre la science et le religion, il n'y a, sous ce rapport comme sous bien d'autres, que des différences de degrés.270 Nous verrons que l'astrologie se situe effectivement quelque part entre ces deux univers du mythe immémorial et de la pure scientificité et que "la question doit donc être posée sur un autre plan, celui de l'opérativité, et ne pas être immédiatement traduite en terme de crédulité, version affadie de la croyance."271 Il n'en reste pas moins que ce sens inné de l'analogie chez l'homme garde tout son mystère. Ce qui fait dire à DURKHEIM que "ce n'est pas l'expliquer que se 268BONARDEL (F.): Philosophie de l'Alchimie, Grand Oeuvre et Modernité, Paris, PUF, 1993, p. 108. 269 DURKHEIM ~.>: Les Formes élémentaires de la vie religieuse, pr~ace M. Maffesoli, Paris, 1991, p.57. 270 BONARDEL ~.): Philosophie de l'Alchimie, op. cit., p. 108. Retour Pages 301 à 310 301 Nous avons évoqué dans un chapitre précédent (chapitre II) l'importance, aujourd'hui, dans la communication afférente à l'astrologie, des services minitel et audiotel. Il est vrai que, nonobstant l'irrésistible ascension d'internet, en voie de supplanter ces services électroniques, ces derniers n'en restent pas moins des médias extrêmement actifs en ce début du XXIe siècle. Nous ne reviendrons pas sur les chiffres déjà énoncés précédemment, en signalant toutefois que les horoscopes électroniques sont apparus en 1967 dans le magazine allemand CONSTANZE405 Les nouvelles technologies de l'informatique, aussi révolutionnaires probablement que l'invention de l'imprimerie au XVè siècle, rendirent possibles et firent éclore des programmes très sophistiqués mettant en liaison des facteurs astronomiques précis et pointus avec les centaines, voire les milliers de textes interprétatifs, reflets des combinaisons astrales correspondantes (aspects planétaires) d'un thème natal particulier, toutes systématiquement analysées. En fonction du ciel natal du consultant, érigé à l'aide dès données de naissance (date, heure exacte et lieu), l'ordinateur va chercher dans le logiciel les aspects - et donc les textes - qui le concernent pour une période donnée (le lendemain ou une date ou période quelconque dans l'avenir - ou même le passé), pour émettre ensuite, par la voie du minitel, du téléphone, voire d'internet, des analyses personnalisées Une étude sur les différents services minitel et audiotel existants (qui, hélas, englobe à la fois voyance, tarots et astrologie) fait état d'un total de 450 services générant quelque 21 milliards de francs406 à travers 700.000 heures de 405Cf. HUTIN (5.) et HALBRONN (J.): L'Histoire de l'Astrologie, Ed. Artefact, 1986, p. 273. 406 Un chiffre - impressionnant! - qui correspond â une estimation de la Direction de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des Fraudes (mars 2000) regroupant "voyants, cartomanciens, astrologues, marabouts". "Il s'agit de la première enquete ge'n~ra1e effectue'e dans ce secteur". Des i',forrnations fournies par l'informaticien F. Santoni, crèateur du programme astrologique Auréas. Méthode uti1isée : 302 consultation; cela seulement pour le minitel. L'audiotel (téléphone) susciterait 500.000 heures de consultation par an via 400 services. En tout, on dénombre 15 millions de consultants des "arts divinatoires", en France seulement! Selon cette même étude, 60.000 personnes vivraient de l'astrologie et de la voyance, mais seulement 2000 à 3000 astrologues pratiqueraient l'astrologie de façon sérieuse, c'est-à-dire sans faire appel à la voyance. Des chiffres au demeurant difficiles à établir car beaucoup pratiquent en "underground", plus .ou moins en amateurs. "On perçoit à travers ces chiffres à la fois la confusion grouillante de ce milieu de l'irrationnel où le meilleur et le pire (charlatans) sont mélangés et le problème déontologique soulevé par cette effervescence sociale. On peut certes apprécier la nuisance d'une contamination sociétale qui est ici manifeste. En revanche ces chiffres, même s'ils ne reflètent pas totalement une réalité diffuse, difficile à cerner, montrent bien cette "viscosité omniprésente", cette étrange compulsion quelque peu baroque déjà entrevue par FOURIER et SIMMEL, et qui fait de l'attraction passionnée la catégorie clé de la postmodernité".407 Le quidam féru d'astrologie n'est plus obligé désormais de se contenter des prévisions collectives dans les journaux, ou de se rendre aux Champs-Elysées, chez Astro-Flash (à condition d'habiter la capitale); où qu'il dépouillement de la presse spécialisée, journaux gratuits, Minitel et Pages jaunes de l'annuaire téléphonique, annonces distribuées dans la boîte aux lettres ou apposées sur le pare-brise des voitures. L'informaticien commente ainsi ces résultats: "Il reste à estimer la proportion d'astrologues qui font réellement de l'astrologie dans le "secteur des arts divinatoires": 1%? 0,1%? De son côté, M. Charvet (qui est à la tête du CEDRA, association d'astrologues sise à Lyon, commente ainsi la situation des astrologues en France: "I ly a une bonne vingtaine d'années, les voyant (e) s et cartomancien (ne) s ajoutaient volontiers la spécialité "astrologie2 dans leurs placards publicitaires car "l'astrologie, c'est plus scientifique" (il y a des calculs, des chiffres, c'est précis, etc). Actuellement, prenez une revue comme "Horoscope" (qui est un terme astrologique): de tous oeux qui mettent de la pub, il n'y en a pratiquement plus aucun qui affiche la spécialité "astrologie". De nos jours, peu importe que ce soit scientifique ou pas, que ce soit de l'astrologie ou de la voyance ou des runes ou du marc de café ou des dons héréditaires africains ou de la médium:nité aztèque ou des clous pour fakirs birmans, la seule chose qui compte est: je veux une réponse immédiate. Impossible d'attendre. Donc c'est du téléphone et de la carte bancaire, ou du minitellaudiotel à X francs la minute. Aux yeux du grand public et du fisc, les astrologues sont classés parmi tous ces gens-là. Mais, je pense que ceux qui, aujourd'hui en France, font profession d'astrologue et chez qui la spécialité "astrologie" proprement dite constitue effectivement 90% et plus de la pratique professionnelle, doivent être moins d'un millier. C'est plus une impression qu'un décompte minutieux, mais ce chiffre me paraît plausible. ~ MAFFESOLI (M.): L'Instant éternel, le retour du tragique dans les sociétés postmodernes, Paris, Deno~~l, 2000, p. 15. 303 se trouve, il peut désormais obtenir ses prévisions personnalisées, sa compatibilité caractérologique avec sa femme, sa fille, sa secrétaire ou sa maîtresse, ou encore la description de la personnalité de son dernier enfant - et tout cela par téléphone. Certains de ces programmes dispensent analyses caractérologiques et prévisions ciblées et personnalisées jusqu'en 2030408; et ce, â volonté, satisfaisant sur l'heure une curiosité impérieuse, calmant sans attendre une éventuelle angoisse existentielle (dans le cas d'un problème grave de santé, par exemple). Or, cela est un acquis relativement récent; en effet, auparavant -jusqu'au milieu des années quatre-vingt - il fallait attendre la réception d'analyses écrites et envoyées par la poste. Une vraie révolution liée à l'apport d'informations précieuses, parce qu'intimes, privées, touchant à la part secrète et sensible, voire épidermique de chacun: sa vie, son destin. Informations générant de surcroît un intérêt heuristique certain pour l'astrologie. Et tout cela pour trois francs six sous (deux francs vingt-trois la minute, en général). Une révolution sur le plan sociologique également du fait de la démocratisation ainsi permise â l'astrologie; celle-ci, au lieu d'être réservée à une étude sociale ou politique, devient accessible à tous, prête à satisfaire cette soif d'infini dont parle DURKHEIM en tout un chacun. "Le minitel, dit AKOUN, avait pour but d'offrir un système informatif de consultation de service. Il en sortit l'explosion de messageries de convivialité".409 Il faut souligner ici la notion d'empathie, qui, paradoxalement, fonctionne tout de même en filigrane. Car cette empathie - ou Einftühlung - Si elle n'est pas évidente du fait de la distance électronique - il s'agit toujours de l'interrogation par minitel, téléphone ou internet - n'en est pas moins perçue comme telle par le consultant. Celui-ci se sent assisté, aidé, suivi, voire compris ou percé à jour 408 C'est le cas de notre programme minitel 3615 ETEISSIER. 409 AKOUN (A.): Sociologie des Communications de masse, Paris, Hachette, 1997, p. 20 304 à travers son thème qui le décrit, lui parle de lui (ah, quel privilège, quel Cadeau!) et l'astrologue, qui le guide à travers les méandres de ses soucis, de ses inquiétudes, de ses questionnements. Il se tisse alors une curieuse intersubjectivité dont on pourrait dire qu'elle est unilatérale, donc faussée, du fait qu'il n'y a pas à proprement parler de dialogue en direct (life); à la limite, on pourrait même soutenir qu'il y a quelque part abus de confiance au sens psychologique du terme, puisque les réponses sont la résultante d'un programme informatique - parfois très complexe et complet, mais informatique tout de même - donc dépouillé de toute humanité, de toute chaleur ou participation authentique. Mais à y bien réfléchir, le but poursuivi - un conseil personnalisé, qui ne s'adresse et ne concerne que ce minitéliste ou cet internaute-là - est atteint. Ce dernier, en fin de consultation, se voit éclairé sur son identité astrale, sa personnalité ou son avenir, proche ou lointain - fût-ce dans une forme stéréotypée qui n'épouse pas forcément avec exactitude la forme de ses questions -; il n'est plus complètement dans le noir, il peut prendre des décisions en fonction des cycles et périodes positives indiquées pour telle et telle action, ou se prémunir par des précautions ajustées, en cas d'entrée dans une phase critique. Bref, le voilà peu ou prou armé et, surtout, il n'est plus totalement seul; quelqu'un - même Si ce n'est qu'un émule de Big Brother du 1984 d'ORWELL - a pris le temps (et peu importe que celui-ci soit payé par lui-même) de se pencher sur son sort, en ce monde hostile et glacé. Et cela, pour un individu isolé, chômeur ou non, marginal ou non, mais peu ou prou désemparé, n'a pas de prix. 2- QUELQUES RESERVES... Il va de soi que la qualité de ces programmes est très variable et qu'ils diffèrent à la fois en fonction de la compétence (et des exigences déontologiques) de l'astrologue, mais aussi du degré de sophistication dudit programme informati 305 que - les deux choses étant la plupart du temps liées, d'ailleurs410. Et là, il faut bien dire que certains d'entre ces derniers sont d'une simplification extrême et leur alliance avec des textes d'une pauvreté parfois consternante donne un produit fast-astrology, au même titre que son pendant le fast-food; ce qui n'a rien de glorieux et qui, certes, s'éloigne considérablement d'une analyse valable, faite selon les règles de l'art. Le problème se corse lorsqu'on sait que l'approximation en astrologie égale bien souvent l'erreur à 180 degrés. Comme déjà le principe de l'astrologie par ordinateur est réducteur (nous ne parlons pas des calculs qui, de toutes façons, incombent à la machine et permettent d'inestimables gains de temps par rapport aux astrologues d'antan, mais uniquement de l'aspect herméneutique). Le résultat final ne peut que laisser à désirer; dans le pire des cas il se trouve aux antipodes du diagnostic I pronostic effectué par un astrologue compétent en consultation. Enfin, pour achever de brouiller les pistes, il faut ajouter que nombre de ces services font l'amalgame avec la voyance, le yi-king, l'astrologie chinoise ou la numérologie, en proposant au correspondant des prolongements, certes productifs pour le service, sur une consultation (toujours téléphonique) de tarots, par exemple. Une incitation commerciale, voire mercantile, qui n'est pas pour clarifier ni valoriser le statut de l'astrologie en nos sociétés. Mais le critère du rendement financier prime, hélas, dans la plupart des cas; sauf lorsque l'astrologue a suffisamment de personnalité - et de notoriété - pour être en mesure d'imposer des limites déontologiques aux commerçants de l'équipe productrice; Si tant est qu'il ait ce genre d'exigences personnelles. L'ordinateur est donc, à n'en pas douter, un des supports les plus spectaculaires du phénomène psychosociologique lié à la consommation de l'astrologie d'aujourd'hui. Il présente certains avantages qui vont de la commodité de l'utilisa 410Car c'est l'astrologie qui guide les pas de l'informaticien dans l'élaboration de programme en donnant le 306 tion à la modicité des prix, en passant par une absence de gêne du consultant, qui reste dans l'anonymat et va chercher là son oracle personnalisé. Mais justement, est-ce bien là ce qu'il va recevoir? A première vue, le consommateur en astrologie pourrait le croire, car les informations qu'il va donner à l'ordinateur lui sont absolument personnelles: il s'agit de sa date, de son heure et de son lieu de naissance qui, fournis au monstre électronique, vont servir de base de donnée pour un produit apparemment sur mesure. Effectivement, les positions planétaires de la naissance du sujet indiquées par cet horoscope seront exactes. Le sur-mesure s'arrête là, pour céder le pas à la conviction; car les significations attribuées aux différentes configurations planètes dans les signes, aspects) seront isolément justes, qualitativement parlant, mais leur synthèse an niveau de la personnalité unique du sujet, qui est un tout organique, ne l'oublions pas, sera sinon absente, du moins imparfaite. Car, analyser un thème, c'est en démonter les rouages, les étudier l'un après l'autre et les remonter pour la reconstitution de l'ensemble. En somme, toute synthèse n'est réalisable qu'à partir d'une analyse préalable détaillée. Cette synthèse pose évidemment le pr9blème de la hiérarchisation, autrement dit de la valorisation respective des divers aspects que l'astrologue découvre au fil de sa recherche et nous touchons là peut-être au problème fondamental d'une bonne analyse astropsychologique. L'ordinateur a en effet tendance à supprimer dans l'horoscope considéré toute hiérarchie des facteurs astrologiques qui, souvent, sont contradictoires au sein d'un même thème, comme sont contradictoires certaines facettes psychologiques d'un sujet quel qu'il soit, les psychologues et les astrologues le savent cadre et le degré de sophistication souhaitée pour son logiciel. 307 bien. Exemple: si un thème présente à la fois un facteur d'inhibition (une dominante saturnienne) et un facteur d'extraversion (dominante marsienne ou jupitérienne), lequel de ces facteurs primera sur l'autre? Seul un diagnostic faisant intervenir la structure globale et solidaire du thème permettra de faire une synthèse juste et intelligente, utilisant l'esprit de finesse pascalien. L'ordinateur, lui, ne peut posséder que l'esprit de géométrie dans un domaine où, plus que dans tout autre, ce dernier ne suffit pas, à savoir celui du psychisme humain. Car la machine ne peut restituer que ce qu'on lui a ingéré, tel un dictionnaire qui est un inventaire de mots dépourvus de toute syntaxe qui les relie entre eux de façon intelligente. La langue de la machine électronique est une langue réduite, fractionnée, "c'est un jeu sans règle, réduit à ses pièces élémentaires"41 I; elle donne lieu à une juxtaposition horizontale de significations partielles correspondant à des configurations isolées, ce qui pourrait inciter à qualifier ce produit disparate de travail d'Arlequin. Bien entendu, les détracteurs de l'astrologie profitent des faiblesses de l'ordinateur pour en rendre responsable non pas la machine, mais l'astrologie elle-même. Les expériences entreprises par la revue SCIENCE ET VIE412 en collaboration avec M. GAUQUELIN sont célèbres; elles concernent les horoscopes de dix criminels notoires soumis à l'ordinateur. Voici ce que nous écrivions à propos de ce test dans notre premier ouvrage, Ne brûlez pas la sorcière. "Il est évidemment facile d'ironiser contre une discipline lorsque les résultats d'un test sont négatifs. Encore faudrait-il s'assurer qu'on a joué le jeu, que les règles de cette discipline ont été respectées et que le protocole observé est adéquat. Or, en l'occurrence, ce ne fut pas le cas. Tout le 41Verney (D.): Fondements et avenir de l'astrologie, Paris, Ed. Fayard, 1974, p. 54. 412Expériences publiées dans le numéro d'août 1968 de Science et Vie sous la forme des horoscopes électroniques de dix criminels célèbres. 308 monde sait à quelles conclusions ridicules la machine est parvenue concernant les horoscopes du docteur PETIOT, du curé d'URUFFE ou d'Elisabeth DUCOURNEAU, qui eut le triste privilège d'être la dernière femme guillotinée. Non seulement les diagnostics astropsychologiques étaient positifs, souvent élogieux, mais parfois carrément - et comiquement - à côté de la question. Bien. Cependant, cela n'incrimine en rien la valeur de l'astrologie, mais simplement celle du procédé analytique et non synthétique de l'ordinateur. On sait, par ailleurs, que toutes les personnalités sont plus ou moins complexes, c'est-à-dire non exemptes d'oppositions, de contradictions et de tensions. Il suffit alors d'extraire, dans un but de critique négativiste, un des facteurs astropsychologiques cités dans l'horoscope par exemple, à propos du docteur PETIOT, sa nature vénusienne, 'd'une sensibilité frissonnante'!)), et ce à l'exclusion d'un facteur opposé, antithétique du premier, pour que le portrait obtenu soit totalement grotesque parce que déséquilibré; encore que la 'nature bien insérée dans les normes du social' à laquelle faisait allusion l'horoscope de ce criminel célèbre, puisse être rapprochée de ses activités adaptées socialement de conseiller général, bon maire et apparemment bon médecin, toutes activités qui correspondaient à une facette positive, éclairée du personnage; en somme à son côté docteur Jekyll, opposée à sa part d'ombre incarnée par Mr Hyde. M. GAUQUELIN, l'instigateur de ces expériences, avoue lui-même la faiblesse de cette démonstration antiastrologique par l'ordinateur lorsqu'il estime que le passage de l'astrologie dans la moulinette de l'ordinateur nous livre bien moins qu'un horoscope, en fait un squelette d'horoscope ou, mieux, les parties d'un squelette, sans lien entre elles. Si l'on ajoute à cette réserve, qui est la plus importante, le fait que dans neuf cas sur dix, on ne donne à l'ordinateur en question que des heures de naissance 309 rondes à la place des heures exactes (alors que l'on sait que quatre minutes de différence entraînent déjà un décalage dans les aspects - ou angles planétaires - du thème considéré), on ne pouvait en l'occurrence s'attendre raisonnablement à des miracles de précision psychologique. Enfin, A. BARBAULT, responsable des horoscopes délivrés par Astro-Flash (auquel on livra ces dix horoscopes notoires), mis en cause par SCIENCE ET VIE, avoua lui-même que l'ordinateur évitait 'les interprétations traumatisantes', qu'en somme il enjolivait la réalité. On peut comprendre cette attitude prudente dans le cas de l'horoscopie électronique, où l'on s'adresse à un inconnu anonyme que l'on ne peut situer ni, surtout, suivre dans le sens où un médecin suit un malade, en raison de l'absence de dialogue. Et comme l'évaluation exacte d'un facteur est impossible, faute de synthèse, l'ordinateur est absolument contraint à cette édulcoration prophylactique. Nous parlions de dialogue: voilà un dernier élément, décisif, dans la critique que l'on peut faire de l'ordinateur comme substitut de l'astrologue. Nous avons dit plus haut la nécessité, pour ce dernier, de situer le plus précisément possible son consultant, afin de mieux le cerner par son thème, qui est, rappelons-le, la structure stylisée, plastique ou élastique, déformable, tel un reflet aquatique, de l'individu. Un même thème peut donner plusieurs modes existentiels différents qui sont comme les accords de plusieurs octaves superposées. Pour apprécier le jeu (au sens de marge) de ce thème, qui correspond à la dose de liberté, de volonté, en un mot à la dimension consciente du personnage, ce dialogue est absolument vital. Quel médecin accepterait de faire un diagnostic en aveugle ou par correspondance?413 Encore que cela ne soit pas une entreprise impossible - elle a souvent été réalisée dans nombre de tests expérimentaux, avec des résultats probants -, mais ce genre d'analyse nécessite une interprétation mul- 310 tiforme et polyvalente caractérisée par une suite d'alternatives (ou... ou); cela, afin de circonscrire tous les possibles cas de figure reflétés par une configuration donnée. Inutile de dire qu'il s'agit là d'un idéal asymptotique qui jamais atteint, vu que le praticien est lui-même limité par son imaginaire. A. BARBAULT lui-même, qui déclencha à l'époque, avec son programme d'Astro-Flash, des réactions de désapprobation parmi ses collègues astrologues puristes (ou moins audacieux voire envieux?) a justifié l'expérience en affirmant qu'il existe deux niveaux d'interprétation: le plan de la configuration du ciel en soi, à l'heure de la naissance et à un moment donné de la vie, et le plan des rapports entre ces composantes et nous-mêmes. L'ordinateur permet de sortir la matière brute, de réaliser une première approche de l'individu. quelques francs, la machine faisait selon lui du bon travail. Ensuite, il s'agissait d'une question d'interprétation. Rien n'empêcherait la personne d'aller voir un astrologue pour lui demander conseil sur un problème particulier. Conclusion: Même Si on arrive à perfectionner et à raffiner le software (c'est-à-dire le contenu) de l'ordinateur, nous ne voyons pas comment celui-ci, restituant un produit carré, quantitatif et non qualitatif, aveugle et anonyme de surcroît, pourrait remplacer l'art de l'astrologue. Car, comme dit C.SANTAGOSTINI414: "La pratique et la théorie, l'art et la science doivent se pénétrer sans cesse intimement: la science contrôlant, précisant, perfectionnant et l'art adaptant à chaque cas particulier les données de la science."415 Bien que la machine, de nos jours, remplace, (engloutisse?) de plus en plus l'homme, il est vital qu'il subsiste des domaines où l'échange humain, la consultation, le dialogue soient préservés. L'astrologie est sûrement l'un d'entre eux 4l3 TEISSIER: Ne brûlez pas la sorcière, Réponses à 25 questions clés sur l'astrologie, Paris, J.-J.Pauvert, 1976, pp. 213-214. 414SANTAGO5TINl (C.): L'Horoscopie cartésienne, Paris, Ed. Trad., 1965, p. 25. Retour Pages 401 à 410 401 L'astrologie s'apprécie dès lors comme figure participative et agrégative, en tant que glutinum mundi de la société d'aujourd'hui, cette colle du monde ou "force impersonnelle, flux vital auquel tout un chacun, et chaque chose, participe en une mystérieuse correspondance attractive"501. N'observe-t-on pas une connivence amusée entre ces férus de la science des astres qui semblent s'échanger un secret dans cette attraction passionnée pour un sujet commun? Comme le souligne encore MAFFESOLI: "Toutes les love parades, gay prides, fêtes techno et autres rave parties, l'esprit du temps pousse les uns vers les autres ce qui, jusqu'alors, était enfermé dans la lointaine solitude de leur identité. Etrange compulsion, quelque peu baroque, déjà entrevue par FOURIER ou par ~ et qui fait de l'attraction passionnée, la catégorie clé de la postmodernité".502 Car, affirme le sociologue au regard de ce nouveau polythéisme wébérien des valeurs, "vitalité, vitalisme, voilà qui peut, encore, choquer les esprits chagrins. Mais le tragique est bien loin de la morosité et le grand rire du paganisme, celui de la pluralité des choses, donne un coup de vieux à l'esprit de sérieux de tous les systèmes, quels qu'ils soient, de la société programmée".503 Encore une fois, le besoin de distraction, de divertissement (y compris dans le sens pascalien du terme), bref, le ludique, émergence d'une fausse superficialité, puise dans la mouvance astrologique une nourriture de plus en plus présente et abondante dans la sociologie du quotidien.Remarquons en passant que ces sympathisants des astres se lancent bien souvent dans le jargon d'un violon d'Ingres qu'ils ne maîtrisent pas toujours et qui aboutit alors à des non-sens astrologiques: "Sais-tu que j'ai le Bélier dans 500MAFFE50L1 (M.): L'Instant éternel, Le retour du tragique dans les socle tes postimodernes, Paris, Deno~1, 2000, p.40. 501ibid, p. 40. 502ibid, p. 15. 503ibid, p. 13. 402 mon Soleil et le Scorpion dans ma Lune? Ca donne quoi, ça, avec toi?" En dehors du fait qu'il faut bien entendu inverser les termes, puisqu'une planète se trouve toujours dans un signe et non l'inverse, il ressort de ce genre de question ou de remarque l'intention évidente de jeter un pont vers l'autre, un besoin marqué de communiquer à travers une appartenance commune Si possible réservée aux happy few, aux initiés. Il n'est pas un dîner, par exemple, ou à quelque moment ne surgisse la topique de l'astrologie; on observe alors comme un raccourci ou un concentré des mentalités et des approches dudit sujet: de la galéjade et du clin d'œil à l'affirmation péremptoire, en passant par toutes les positions intermédiaires qui évoluent dans l'ambiguïté et le doute, c'est tout le spectre sociologique de l'astrologie qui défile sous les yeux de l'observateur. Il en va également ainsi de la confusion presque générale qui recouvre le concept même d'astrologie. Induite en erreur par la terminologie utilisée par les médias, la plupart des gens continue en effet de faire l'amalgame entre la parapsychologie (voyance) et la science des astres. Et ce malentendu règne même - et on serait tenté de dire surtout - parmi les personnes cultivées et au fait des choses. Curieux paradoxe, que nous observions récemment encore lors d'un gala de bienfaisance où le hasard nous avait placée à côté d'un avocat d'affaires de réputation internationale, S. P... Ce dernier, souriant et courtois, crut nous faire plaisir en nous disant d'emblée: "Je suis ravi de me trouver aux côtés de la célèbre voyante qui eut le privilège de conseiller un homme que j'appréciais beaucoup et que je connaissais très bien, F. Mitterrand", ajoutant aussitôt: "Je vous dirai d'entrée que je ne connais rien de votre science, qui m'est totalement étrangère, et je le regrette...". Une amabilité de pure circonstance, à l'évidence, car s'il avait vraiment été curieux, S. P... aurait eu, comme tout astrologue à ses débuts, largement l'occasion de satisfaire sa curiosité. Réel ou feint, son intérêt appelait une réponse, que nous donnâmes, 403 en précisant le distinguo entre les deux pratiques. Etonné de découvrir l'existence d1une cohérence mathématique à la base de la science des astres, il le fut plus encore lorsque nous lui expliquâmes qu'en fonction de la ronde de ces derniers, son secteur zodiacal de la fin des Poissons se trouvait entre novembre 2000 et mars 2001 dans une phase de belle consolidation et de notable reconnaissance sociale. Nous étions en novembre et il venait en effet de recevoir une invitation à présider une solennelle rencontre internationale programmée pour le printemps 2001. Du coup, la courtoisie de circonstance, assortie d'une certaine morgue condescendante, du grand ténor du barreau avait disparu; gourmand, il voulait en savoir davantage. Une fois de plus, in petto, nous nous disions que le chemin vers l'intellect passe par le vécu charnel, par l'épidermique et l'émotionnel. Nous nous disions aussi, une fois de plus, combien étanches sont les cloisons de l'establishment culturel d'aujourd'hui. Et nous nous rappelions notre propre étonnement, notre stupéfaction, lors de la découverte illuminatrice qui fut la nôtre, en réalisant qu'un philosophe aussi intelligent et cultivé que SARTRE avait occulté de la topique astrologique... et il était loin d'être le seul. A cet égard, en recherchant la cause première de cette état de choses, on retombait presque fatalement sur l'ignorance du sujet, induite elle-même par l'absence de tout enseignement officiel depuis tant de lustres. C'est à ce même contexte socioculturel que l'on peut raccorder les attitudes de rejet superstitieux que l'on peut constater ici et là, dans l'être ensemble; attitudes contradictoires au demeurant, qui viennent illustrer la fameuse notion de coincidentia oppositorum: "Surtout ne me dites rien!" nous disait récemment tel auteur connu, présenté à nous lors d'un verre donné à l'issue d'une signature annuelle du FIGARO, tout en ne pouvant s'empêcher de faire un pas en arrière. 404 A croire qu'il avait en face de lui l'une des trois Parques s'apprêtant à lui prédire un destin inexorable. Crainte et tremblement totalement gratuits et injustifiés de surcroît, l'astrologie, au contraire de la voyance, ne permettant aucun jugement a priori.504 Quelque part, visiblement, cet intellectuel, en rien averti de la nature spécifique de l'astrologie, nous assimilait à une gitane susceptible de lui jeter un sort. De plus, parallèlement à cette dimension magique, intervenait certainement un besoin de se démarquer du reste du cercle qui s'était constitué où, un verre à la main, chacun témoignait à l'astrologie - à travers notre personne - un intérêt marqué. Une fois de plus, l'expérience directe de notre vécu (cf. DILTHEY) nous conduisait à constater que pour Monsieur Tout-le-Monde, l'astrologue, à l'instar d'un messager, véhicule le destin. Ce qui cependant ressort comme une évidence dans le donné social d'aujourd'hui est certainement cette appartenance en filigrane à une communauté intra-astrologique, dont la reliance se fait par rapport au ciel, strictu sensu. Comme le souligne MAFFESOLI, "l'attraction des sensibilités est (...) panthéiste: toutes les choses participent au divin. C'est une sorte de pensée magique qui n'est pas bipolaire, mais qui s 'investit dans une multiplicité de lieux tout autant numineux les uns que les autres."505 Comme pour concrétiser cette reliance, de plus en plus de têtes se font autour de cette appartenance zodiacale; on assiste ainsi à des soirées organisées autour du thème d'un signe solaire particulier, dont les natifs sont invités à se retrouver - soirées Balance, Lion ou Sagittaire, où les convives échangent leurs expériences et leur approche de l'existence vue sous un angle particulier, celui de leur signe solaire. Ainsi, Si l'on a le malheur de vouloir présenter une native 504 Sauf â évoquer, Si l'astrologue a les positions planétaires en te te, une phase harmonique ou dissonante traversée à certain moment précis par son interlocuteur. 505MAFFE5OLI (M.): Le Mystère de la Conjonction op. cit. p. 24. 405 du Bélier à tel convive peu ou prou vacciné, on peut entendre alors ce genre de remarque mi-sérieuse, mi-amusée: "J'en suis à ma troisième femme Bélier! Impossible pour moi de résister à ces amazones... Vade retro, Satanas, je ne veux pas de complications!" Ou bien cette interjection de la part d'une invitée qui, elle aussi, a déjà goûté avec plus ou moins de bonheur à tel ou tel signe: "Ne me parlez pas des hommes Scorpion ; normal, moi, petit Poissons vulnérable, je ne résiste pas à leur emprise magnétique!..." Ces férus d'astrologie ont en effet la plupart du temps - et de plus en plus - quelques lumières sur les principes de base de la science des astres. A ce propos, ce qui fascine le plus le vulgum pecus est certainement la loi des affinités astrales - cas particulier ou au contraire englobant les affinités électives selon GOETHE - surtout lorsqu'ils l'expérimentent dans leur vécu personnel. La notion de jumeaux cosmiques est un autre sujet d'attraction et d'intérêt, dans la mesure où le pont vers l'altérité est encore plus fort lorsqu'on trouve en quelque sorte son double son clône l'astral. Car, rappelons-le, il s'agit en l'occurrence d'être né non seulement le même jour mais également la même année et, dans l'idéal, à la même heure et au même endroit. Mais en général, dans ce genre de rencontres, l'identité du jour de naissance est un lien suffisant pour que l'on recherche dans le vécu de l'autre une cyclicité événementielle identique à celle de son propre parcours. On a ainsi des questions du genre: "Au fait, que vous est-il arrivé en 1978? N'avez-vous pas, comme moi, divorcé?" Et l'autre de rétorquer: "Tiens donc, c'est intéressant. C'est bien fin 1978 que mon couple a connu la crise la plus forte et il est vrai qu'avec ma femme nous avons songé à nous séparer..." A n'en pas douter, ce genre de similitude crée des liens, dans la mesure où l'on se retrouve peu ou prou dans l'Autre et/ou que l'on s'y projette. A travers le dialogue qui s'instaure, on a affaire à un véritable interactionnisme qui, selon WEBER est une "activité (...) qui se rapporte au comportement d'autrui, par 406 rapport auquel s'oriente son déroulement506". Car ces rapports sociaux tissés antour d'un point d'intérêt commun sont la source d'un enrichissement et d'un épanouissement de la personne; et ce, d'autant qu'autour du sujet qui les relie se diffuse un halo d'étrangeté ou de merveilleux, de suprarationnel qui les extrait du prosaïsme de la vie quotidienne. "G. MEAD place au centre de son investigation le déroulement des interactions et analyse (...) le processus de constitution de la personne, le soi à travers la succession des relations inter-personnelles. Selon son analyse, la formation du soi s'opérerait par une succession d'intériorisations par le sujet des rôles d'autrui, et par la coordination progressive de ces expériences. La personne progresserait par intériorisation du rôle de l'autre et l'intériorisation de l'autrui généralisé507". On retrouve le critère wébérien de l'action sociale - et psychologique - orientée sur autrui et l'on a tendance, à l'instar de PIAGET, de "voir dans le social le produit des interactions individuelles qu'il contribue à son tour à façonner"508. Comme le souligne de son côté MAFFESOLI, "à la base de toute représentation ou de toute action, il y a une sensibilité collective et une mise en commun extra logique qui servent de fondement à l'existence sociale. En ce sens le Lebenswelt, le monde de la vie, est ce qui unit de manière non-consciente. C'est une éthique dans le sens fort du terme: c'est-à-dire ce qui permet qu'à partir de quelque chose qui m'est extérieur, puisse s'opérer une connaissance de moi-même. Ce quelque chose d'extérieur peut être un autre moi-même: autrui, un autre en tant qu'autre, un autre en tant que tout autre: l'Altérité ou la déité. Dans tous les cas, et c'est cela qui est important, on se reconnaît en autrui, à partir d'autrui."509 On peut remarquer à propos de la croyance astrologique en tant que lien social, qu'à certains égards, l'Autre qui est impliqué ici participe à la 506WEBER (M.): Economie et Société, Paris, Pion 1961, (1ère èd. 1922), p. 4. 507 MEAD (G.): L'Esprit, le soi et la société, Paris, PUF, (1934), 1963, cité par P. Ansart in Dictionnaire de Sociologie, Paris, Le Robert/Le Seuil, 1999, p. 6. 5081n HIRSCHHORN (M.): Max Weber et la Sociologie française, Paris, L'Harmattan Logiques Sociales,1988, p. 29. 407 fois de l'altérité et de la déité. Ce qui explique, partiellement du moins, l'intensité dudit lien et, quelque part, sa composante quelque peu magique. En d'autres termes, ne peut-on pas dire qu"'après l'homo politicus et l'homo economicus, on est confronté au surgissement d'un homo aestheticus?"510 Un autre trait à souligner à propos de cette synergie sociale nous paraît résider dans l'absence totale de caractère racial, national voire socioprofessionnel, donc d'une quelconque discrimination qui serait synonyme d'intolérance. Le point d1attache se fait autour de l'axe astral qui, quelque part, nivelle en les anéantissant toutes les différences. C'est encore MAFFESOLI qui signale dans Le Mystère de la Conjonction "L'éthique de l'esthétique au quotidien est rien moins que distinctive. J'ai parlé de fusion, peut-être même faudrait-il dire confusion: métaphore dionysiaque comme l'on sait. Un récent sondage de la S.O.F.R.E.S. faisait ressortir il y a peu l'affaiblissement du sentiment d'appartenance à une classe sociale précise juillet 1987). Désaffection qui ne peut que s'amplifier, car Si les organismes officiels et la majeure partie de la sociologie continuent à fonctionner sur les sempiternelles catégories socioprofessionnelles, il semble que ce soit transversalement que s'élaborent les signes de reconnaissance: pratiques culturelles, couches d'âge, participation à des groupes affectifs. En bref, ce que l'on appelle la pratique des réseaux."511 A n'en pas douter, l'astrologie, fondée elle-même sur le principe de l'analogie et des affinités électives, est certainement l'un de ces réseaux, et parmi les plus vivaces. De son côté, le ludique est loin d'être étranger à ce genre d'échanges qui sont aussi - et ce n'est pas la moindre de leurs qualités - prétexte à entrer en matière 509MAFFESSOLI 5M.): Mystère de la Conjonction, op. cit. p. 28. 510ibid, p. 32. 511 Ibid, p. 21, 5.O.F.R.E.S., juillet 1987, analyse in Le Monde, Il août 1987. Sur les ~ les tribus et la transversalite que cela induit, M. Maffesoli, invite à se reporter à son titre Le Temps des Tribus, Paris, Me ridiens-Klincl'sieck, 1988. 408 dans la communication. Ce que MAFFESOLI note concernant des tribus urbaines s'impose aussi à propos de la mouvance astrologique: "Face à l'anémie existentielle suscitée par un social trop rationalisé, les tribus urbaines soulignent l1urgence d'une sociabilité empathique: partage des émotions, partage des affects. Je le rappelle, le commerce, fondement de tout être-ensemble, n'est pas, simplement, l'échange de biens ; il est aussi commerce des idées, commerce amoureux.512 Ce commerce, fondé sur le fil rouge astrologique, ne s'opère, c1est évident, pas seulement dans la société ouverte, celle qui relie tout un chacun, mais bien plus intensément encore entre adeptes de la communauté astrologique. Ces derniers se retrouvent notamment dans les divers congrès organisés à travers le monde et dans les séminaires de plus en plus nombreux consacrés à l'art royal des astres; Il y a là une véritable appartenance à une communauté vivante qui s 'incarne dans le social et ses participants se font une fierté "d'en être", partageant, à l'instar des médecins, des avocats... ou d'une quelconque société secrète, un jargon hermétique aux non initiés. Et certes, le phénomène de mode n'est pas absent en l'occurrence de l'attraction croissante pour l'astrologie que l'on observe dans nos sociétés postmodernes. Ainsi, par exemple, comme le souligne M. MA]~SOLI, "telles attitudes juvéniles, telles pratiques sportives ou musicales, telles modes ou manières d'être dans tous les domaines (travail, politique, consommation), peuvent ne pas correspondre au grand rationalisme fonctionnel ou instrumentalisé, et, pourtant, avoir sa petite raison propre, cause et effet d'un partage de valeurs à quelques-uns. En ce sens la raison interne est l'expression d'une culture spécifique."513 512MAFFESOLI (M.): Le Temps des Tribus, le déclin de l'individualisme dans la société postmoderne. Paris, Table Ronde, 2000 (lere ~d. 1988), p. XI oeréface à la troisi~me éd. Trouver les mots). 513 MAFFESOLI (M): La raison interne, Paris, Sociétés, Sociologie no 44, Dunoci, 1995, p. 131. 409 Le code astral qui s'assortit d'une terminologie et d'une herméneutique essentiellement liées au cosmique se pare de surcroît d'un attrait poétique et mystérieux qui peut donner à celui qui les manie l'illusion de s'être approprié le ciel. En ces lieux de rencontre, l'échange est presque autant de nature émotionnelle qu'intellectuelle, car sur l'apport d'idées et du contenu didactique qui enrichissent l'esprit se greffe la chaleur humaine propre aux réunions des minorités. Celles-ci viennent en effet combler leurs frustrations sociales, panser les blessures d'un ego souvent écorché par l'incompréhension, la distance de leurs contemporains non initiés, ironiques goguenards, voire hostiles à leur art. MOSCOVICI évoque "comment des hommes marqués par l'anomie engendrent leur propre nomie, tandis que des parties passives du corps social se muent en parties actives. Malgré cette multiplication et cette métamorphose qui ont beaucoup frappé par leur côté spectaculaire et donné naissance à une rhétorique stéréotypée, on a fait peu d'efforts pour le comprendre, comprendre leurs pratiques en ce qu'elles ont de singulier"514. Nous n'entrerons pas ici dans des réserves plus subtiles afférentes aux relations humaines; car il va de soi qu'à l'intérieur même desdits groupes se nouent, comme partout ailleurs, des sympathies et des antipathies - elles aussi, très probablement, retraçables en fonction des affinités astrales! Sur internet se sont installés depuis peu de multiples points de rencontre ou forum astrologiques qui sont autant de lieux de contact entre les quelque trois mille astrologues professionnels français, voire tous les astrologues d'Europe ou de la planète. En effet, le dialogue s'instaure d'une association à l'autre, d'un site à un autre, via le fil rouge de l'astrologie et c'est l'occasion, là aussi, de s'enrichir du savoir de l'autre, de partager à loisir à la fois ses idées, ses expériences, son vécu quotidien. Comme écrit l'auteur du Désordre "la fluctuation 514 MOSCOVICI (5.): Ps"chologie des Minorités actives, Paris, PUE, 1979, p. I 1 410 opère par amplification: d'origine locale, au lieu de régresser, elle envahit le système".515 L'anecdote suivante fera comprendre notre propos mieux qu'un long discours. Il s'agit d'un astrologue, E. C..., qui, reprenant le courrier électronique d'un confrère, lui (nous) raconte une expérience récente: "P.B........ a écrit : C'est le pouvoir que confère la connaissance et dont il est facile de tirer profit dans tous les sens de ce terme: puissance, argent... aussi bien pour le médecin que pour l'astrologue. C'est bien pourquoi nous devons être prudents et en l'occurrence ne pas être avares d'explications face à ceux qui n'ont pas encore notre connaissance des astres." Je suis entièrement de cet avis continue E.C....., je vais vous faire part d'une expérience curieuse qui m'est arrivée pendant cette semaine de congé. J'ai eu l'impression de planer à mille me tres d'altitude, non pas par une expérience médiumnique mais bel et bien par l'astrologie. C'était un dîner, une dizaine de personnes invitées, les deux tiers que je ne connaissais pas et mon ami, d'une rationalité à toute épreuve, lance cette phrase: 'Alors tu cours toujours après tes astres?', ajoutant à la ronde : 'Donnez-lui votre date de naissance, il vous dira qui vous êtes', cela avec un ton caustique. J'étais, je peux le dire, dans un inextricable bourbier, des questions fusaient de tous côtés. Je commençais donc par l'explication de la marche des astres sur l'écliptique, la différence entre une personne de naissance diurne et nocturne, la correspondance entre la vie et le cycle animal, etc... De plus la maison était 5Llr la berge de la plage, et on assistait au coucher du soleil. Et je leur dis: 'Vous voyez, le soleil vient de se coucher, les natifs auront bientôt leur Ascendant en Verseau (car nous sommes dans le mois du Lion, son opposé) ; et en raison d'une majorité de planètes se trouvant de l'autre côté de la terre (image utilisée pour être plus explicite) et donc invisibles, les natifs seront plus introvertis, ils auront une vie peut-être moins démonstrative mais plus intimiste, etc...'. 515 BALANDIER (G.): Le Désordre, Paris, Fayard, 1989, p. 54.