Jacques halbronnn Histoire des textes et Histoire événementielle : une différence épistémologique majeure
Histoire des textes et Histoire événementielle: deux épistémologies bien différentes
par Jacques Halbronn
Sous le terme « Histoire », nous pensons que l’on englobe des disciplines bien différentes. Letravail de l’historien des textes diffère singulièrement de celui de l’Historien des événements mais aussi des idées. Malheureusement, on attend souvent des travaux historiques qu’ils participent de ces différentes facettes, ce qui tend à générer des oeuvres dont le contenu offre une valeur assez inégale, soit aux dépends de l’histoire des textes soit à celui de l’Histoiredes hommes. Le cas classique est celui de la biographie qui ne saurait s’abstraire des enjeuxbibliographiques. Or le talent du biographe n’est pas celui du bibliographe.Par exemple, que dire d’une biographie de Nostradamus qui s’appuierait sur des données bibliographiques douteuses, ne prenant pas en compte la question des contrefaçons et des éditions antidatées? On a vu à l’occasion du cinq centième anniversaire de la naissance de Michel de Nostredame, en 2003, combien d’historiens invités à célébrer un tel événément ont trébuché sur le dossier bibliographique.( d’Hervé Drévillon à Bruno Petey-Girard )
L’archéologie d’un texte nous semble permettre des reconstitutions de ses états successifs.dès lors que l’on admet que l’esprit humain a un certain gout de l’architecture qui le pousseà élaborer des « objets » dont la structure s’avère cohérente, logique. Ainsi, l’historien, confrontéà un document manquant de cohérence et de logique sera-t-il en droit de supposer l’existence d’un stade plus ancien offarnt davantage de cohérence et de logique, ce qui lui permettra de reconstituer une certaine genése du dit document, ce qui signifie bien entendu qu’il ne dispose pas de l’état premier ou qu’il conteste le statut d’état premier aux documents qui ont été conservés. Car encore faut-il avoir conscience de ce qu’un document est défectueux, en comparaison d’une source dont on peut assez précisément circonscrire la teneur. On objectera que c’est là pure spéculation. Ce n’est pas notre avis et serait un bien piétre historien des textes celui qui se contenterait de discourir sur les pièces existantes alors même que celles-ci sont porteuses d’états antérieurs qu’il s’agit de mettre en évidence. On ajoutera que bien souvent,des états antérieurs se voient attestés par des documents dont on ne connait que des datations tardives mais qui en réalité correspondent à un stade antérieur à des documents supposés plus anciens. C’est ainsi que le christianisme aurait, selon nous, conservé des éléments de la tradition juive que l’on ne retrouve plus au sein de la dite tradition.Dans notre ouvrage « Mathématiques Divinatoires » (Ed La grande conjonction-Trédaniel, 1983)nous avons donné divers exemples de reconstitution d’états premiers perdus. On pourra dire que notre approche est marqué par un certai structuralisme en ce qu’il nous apparait que l’esprit humain est viscéralement et instinctivement structurant.On pourrait élargir notre démonstration à l’histoire des langues dès lors que l’on admet ce postuat « systémique ». Autreemnt dit, l’on doit pouvoir restituer telle ou telle langue dans un état antérieiur à celui qu’on lui connait dès lors que l’on y observer un certain nombre de corruptions. On nous objectera que « rien ne prouve » qu’il y a eu corruption si l’on n’a pas sous les yeux l »état antérieur à la supposée corruption. A cela nous répondrons que selon nous quand il y a dysfonctionnement dans une structure, il est relativement facile de corrifer ceui-ci. C’est comme si un garagiste réparant un véhicule n’avait pas le droit de dire qu’elle était « comme neuve » quand bien même ne disposerait-on pas du dit véhicule avant qu »il ait jamais servi.
On peut donc étendre notre propos à l’histoire des textes, des langues mais pensons-nous égalment à celle des fonctions, ce qui nous raméne à la réparation d’un appareil, d’une machine. Mais il existe aussi des fonctions sociales. Entendons par là que pour nous une société tend à se donner, du moins au départ, des structures marquées par une certaine exigence d’équilibre, de cohérence. On dira même que tant le corps humain que le corps social, tant les textes que les langues s’astreignent à respecter un certain impératif structurel.
Face à cette mouvance des historiens des structures, on a les historiens de l’événementiequi perçoivent les choses tout autrement et qui préférent s’en tenir aux documents accessiblesqu’à des entreprises de reconstitution à la Cuvier. Pour eux, par exemple, ce que devient un texte est bien plus intéressant que sa source, ses origines, dès lors que l’on envisage des états non attestés matériellement. C’est ce qu’Hanna Arendt appelle un héritage « intestat », c’est à diresans mode d’emploi, sans déclaration explicite qui mettrait tout le monde d’accord.
L’historien des événements aurait en effet quelque difficulté à reconstituer un passsé antérieyur
aux documents dont il dispose et cela tient au fait qu’il ne dispose pas de normes et c’est
cette absence qui fait que l’Histoire n’est pas stricto senu une « science » et qu’elle n’a pas
été admise à l’Académie Royale des Sciences depuis sa création en 1666. MAis il eut été
heureux de ne pas mettre les historiens des textes dans le même sac.
On terminera en signalant que les astronomes sont aussi conduits à certaines spéculations au nom d’une sorte d’harmonie préexistante. C’est ainsi qu’en 1846, Urbain Le V errier concluty
à l’existence d’une planéte au delà d’Uranus, découverte en 1781, du fait que la courbe
suivie par Uranus ne correspondait pas aux prévisions, ce qui supposait l’interférence d’un astre
plus éloigné. On découvrit en effet l’astre qui s’appelerait Neptune, à la suite des
indications fournies. Mais il s’agit là d’une approche synchronique. Selon nous l’historien des
textes peut adopter la même méthologie dans une démarche diachronique.
JHB
29. 02 16
par Jacques Halbronn
Sous le terme « Histoire », nous pensons que l’on englobe des disciplines bien différentes. Letravail de l’historien des textes diffère singulièrement de celui de l’Historien des événements mais aussi des idées. Malheureusement, on attend souvent des travaux historiques qu’ils participent de ces différentes facettes, ce qui tend à générer des oeuvres dont le contenu offre une valeur assez inégale, soit aux dépends de l’histoire des textes soit à celui de l’Histoiredes hommes. Le cas classique est celui de la biographie qui ne saurait s’abstraire des enjeuxbibliographiques. Or le talent du biographe n’est pas celui du bibliographe.Par exemple, que dire d’une biographie de Nostradamus qui s’appuierait sur des données bibliographiques douteuses, ne prenant pas en compte la question des contrefaçons et des éditions antidatées? On a vu à l’occasion du cinq centième anniversaire de la naissance de Michel de Nostredame, en 2003, combien d’historiens invités à célébrer un tel événément ont trébuché sur le dossier bibliographique.( d’Hervé Drévillon à Bruno Petey-Girard )
L’archéologie d’un texte nous semble permettre des reconstitutions de ses états successifs.dès lors que l’on admet que l’esprit humain a un certain gout de l’architecture qui le pousseà élaborer des « objets » dont la structure s’avère cohérente, logique. Ainsi, l’historien, confrontéà un document manquant de cohérence et de logique sera-t-il en droit de supposer l’existence d’un stade plus ancien offarnt davantage de cohérence et de logique, ce qui lui permettra de reconstituer une certaine genése du dit document, ce qui signifie bien entendu qu’il ne dispose pas de l’état premier ou qu’il conteste le statut d’état premier aux documents qui ont été conservés. Car encore faut-il avoir conscience de ce qu’un document est défectueux, en comparaison d’une source dont on peut assez précisément circonscrire la teneur. On objectera que c’est là pure spéculation. Ce n’est pas notre avis et serait un bien piétre historien des textes celui qui se contenterait de discourir sur les pièces existantes alors même que celles-ci sont porteuses d’états antérieurs qu’il s’agit de mettre en évidence. On ajoutera que bien souvent,des états antérieurs se voient attestés par des documents dont on ne connait que des datations tardives mais qui en réalité correspondent à un stade antérieur à des documents supposés plus anciens. C’est ainsi que le christianisme aurait, selon nous, conservé des éléments de la tradition juive que l’on ne retrouve plus au sein de la dite tradition.Dans notre ouvrage « Mathématiques Divinatoires » (Ed La grande conjonction-Trédaniel, 1983)nous avons donné divers exemples de reconstitution d’états premiers perdus. On pourra dire que notre approche est marqué par un certai structuralisme en ce qu’il nous apparait que l’esprit humain est viscéralement et instinctivement structurant.On pourrait élargir notre démonstration à l’histoire des langues dès lors que l’on admet ce postuat « systémique ». Autreemnt dit, l’on doit pouvoir restituer telle ou telle langue dans un état antérieiur à celui qu’on lui connait dès lors que l’on y observer un certain nombre de corruptions. On nous objectera que « rien ne prouve » qu’il y a eu corruption si l’on n’a pas sous les yeux l »état antérieur à la supposée corruption. A cela nous répondrons que selon nous quand il y a dysfonctionnement dans une structure, il est relativement facile de corrifer ceui-ci. C’est comme si un garagiste réparant un véhicule n’avait pas le droit de dire qu’elle était « comme neuve » quand bien même ne disposerait-on pas du dit véhicule avant qu »il ait jamais servi.
On peut donc étendre notre propos à l’histoire des textes, des langues mais pensons-nous égalment à celle des fonctions, ce qui nous raméne à la réparation d’un appareil, d’une machine. Mais il existe aussi des fonctions sociales. Entendons par là que pour nous une société tend à se donner, du moins au départ, des structures marquées par une certaine exigence d’équilibre, de cohérence. On dira même que tant le corps humain que le corps social, tant les textes que les langues s’astreignent à respecter un certain impératif structurel.
Face à cette mouvance des historiens des structures, on a les historiens de l’événementiequi perçoivent les choses tout autrement et qui préférent s’en tenir aux documents accessiblesqu’à des entreprises de reconstitution à la Cuvier. Pour eux, par exemple, ce que devient un texte est bien plus intéressant que sa source, ses origines, dès lors que l’on envisage des états non attestés matériellement. C’est ce qu’Hanna Arendt appelle un héritage « intestat », c’est à diresans mode d’emploi, sans déclaration explicite qui mettrait tout le monde d’accord.
L’historien des événements aurait en effet quelque difficulté à reconstituer un passsé antérieyur
aux documents dont il dispose et cela tient au fait qu’il ne dispose pas de normes et c’est
cette absence qui fait que l’Histoire n’est pas stricto senu une « science » et qu’elle n’a pas
été admise à l’Académie Royale des Sciences depuis sa création en 1666. MAis il eut été
heureux de ne pas mettre les historiens des textes dans le même sac.
On terminera en signalant que les astronomes sont aussi conduits à certaines spéculations au nom d’une sorte d’harmonie préexistante. C’est ainsi qu’en 1846, Urbain Le V errier concluty
à l’existence d’une planéte au delà d’Uranus, découverte en 1781, du fait que la courbe
suivie par Uranus ne correspondait pas aux prévisions, ce qui supposait l’interférence d’un astre
plus éloigné. On découvrit en effet l’astre qui s’appelerait Neptune, à la suite des
indications fournies. Mais il s’agit là d’une approche synchronique. Selon nous l’historien des
textes peut adopter la même méthologie dans une démarche diachronique.
JHB
29. 02 16
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