Jacques Halbronn Les effets pervers du refus du communautarisme et de l’impérialisme. L’Etat Empire au lieu de l’Etat Nation
Un Etat qui n’est pas capable de penser le communautarisme et l’impéralisme risque fort d’être amené à pratiquer des « solutions » qui peuvent se révéler tôt ou tard catastrophiques. Autrement dit, assumer les exigences du communautarisme et de l’impérialisme nous apparait comme un garde-fou.
Il est clair que le probléme de l’Allemagne à la fin des années Trente aura a été son déficit colonialiste par comparaison à la France et à l’Angleterre voire à l’Espagne, au Portugal, aux Pays, Bas, à la Belgique. Comme on dit, les voyages forment la jeunesse. On sait l’importance qu’un Mussolini accorda à la conquéte de l’Abyssinie, dans un processus d’imitation assez tardif. Certes, l’Allemagne a -t-elle tenté de pratiquer, elle aussi, une politique coloniale mais avec des fortune mitigées.
Rien n’est plus dangereux qu’un Etat qui connait des victoires militaires mais qui n’a pas de véritable culture coloniale et/communautaire. En l’occurence, l’Allemagne n’eut pas d’autre choix, du moins dans un premier temps, de faire appel à d’autres puissances pour régler « son » probléme juif qui ne faisait que croitre et embellir du fait de ses conquétes européennes. Elle n’avait pas notamment des lieux d’exil comme la Nouvelle Calédonie (après la Commune, avec Louise Michel) ou la Guyane (cf l’Affaire Dreyfus) pour la France. On sait qu’il fut question de déverser ses Juifs sur l’île de Madagascar, colonie française.
Le cas israélein est, selon nous, assez comparable. A la suite des réussites militaires du fait de la Guerre des Six Jours (1967), l’Etat ‘Hébreu » dut administrer de nouveaux territoires, comme cela avait été le cas 25 ans plus tôt pour l’Allemagne nazie. Mais ce challenge faisait probléme par rapport à une certaine idéologie sioniste. Le systéme démocratique de l’Etat hébreu constitua au demeurant un blocage comme ce fut le cas pour la façon dont la France géra le dossier algérien, sous la IVe République. Or, le systéme démocratique est confronté à la queston du communautarisme, du fait que l’on accorde les mêmes droits aux membres de communautés différentes,notamment quand il s’agit de suffrage universel. On notera que l’amendement de la Constitution de 58 se produisit alors même que la France se séparait de l’Algérie : en 1962. C’est alors et alors seulement que l’on adopta le suffrage universel pour l’élection du Président de la Républque.(ce qui eut lieu pour la première fois fin 1965)
Le refus de la diversité communautaire au sein de l’Etat est susceptible, on l’a dit, de générer les pires « solutions » au nom de certains grands principes auxquels on déclare ne pas vouloir toucher. Les dites solutions seraient en fait dans un premier temps, l’exil et dans un second temps-si cela ne marche pas- l’extermination à moins que l’on ne satisfasse d’une sorte d’apartheid, avec des citoyens de seconde zone, n’ayant pas les mêmes droits, comme au temps de l’Algérie « française ». Certes, cette formule de statuts différents peut elle sembler détestable mais elle ne débouche pas pour autant sur certaines extrémités comme ce fut le cas d’ailleurs avec la Turquie post-impériale qui aboutit à des déportations massives de populations. On peut également être perplexe face à la solution trouvée en 1947 par l’Assemblée Générale de l’ONU (29 novembre) instaurant une partition territoriale basée sur le critère religieux.
Ce que nous proposons, c’est de repenser ces principes et ces questions et notamment de substituer à l’idée d’identité nationale celle d’identité impériale. Or, l’Europe-continent – est la mère d’un grand nombre d’empires, depuis Londres jusqu’à Istamboul en passant par Moscou. C’est dire que cette idée impériale n’est nullement étrangère à une bonne douzaine d’Etat européens, sans oublier bien entendu le cas de l’empire romain sans oublier celui de la papauté.
Nous proposons que la France – mais en fait bien d’autres Etats- assument sereinement leur identité, leurs destinées impériales respectives, à savoir que leurs politiques de conquéte, de colonisation, depuis des siècles sinon depuis des millénaires- obéissent à une telle logique d’intégration. Car ce terme d’intégration que l’on emploie de nos jours pour les immigrés faisait d’abord sens au regard de nouveaux territoires conquis, le cas des immigrés n’étant finalement qu’une séquelle de cette Histoire impériale mal assumée et désormais subie à contre coeur,par défaut.
Pour nous l’Etat trouve précisément sa légitimité de son aptitude à gérer les différences communautaires, sans recourir à des solutions d’évacuation hors de ses frontières, lesquelels sont vouées à évoluer dans un sens ou dans l’autre. L’Etat colonisateur, gérant des communautés très différentes, à toutes sortes d’égards, se rend d’autant plus nécessaire. C’est ainsi que la monarchie austro-hongroise trouvait sa raison d’être, en quelque sorte, de la diversité de ses populations. Un Etat parfaitement homogéne ne sert plus à grand chose! C’est pourquoi l’Etat a vocation à se montrer conquérant, c’est à dire à générer de la diversité. Il régne du fait même de telles divisions et on l’a noté ainsi pour ce qui est de l’Irak, la chute de l’Etat irakien ayant produit les résultats que l’on sait, un Etat capable de faire cohabiter sunnites et chiites, par exemple.
Quelles sont les modalités de la coexistence au sein d’Un Etat non pas « nation » mais « empire »? Cela n’a rien d’incompatible avec l’idée de laicité et d’ailleurs la laicité est née de la socio-diversité et ne fait que sens que dans ces conditions. La « Révocation » de l’Edit de Nantes en 1685 à l’encontre des Protestants fut un contre-sens majeur dans l’Histoire de la France. Le cas de l’empire ottoman nous parait somme toute assez exemplaire avec le régime des « dhimmis » accordé aux Juifs et aux Chrétiens et ce n’est pas par hasard que Theodore Herzl s’adressa au Sultan pour résoudre la « Question juive », à la charnière du XXe siècle.
Selon nous, toute communauté doit, par le biais de l’éducation, dégager une élite libérée des automatismes de pensée de la base, de sorte que les différentes élites puissent communiquer entre elles. Il va de soi que les décisions seront prises au sein des instances dirigeantes quand il s’agit des enjeux supracommunautaires, c’est à dire étatiques. Mais les coutumes religieuses et linguistiques formant consensus au sein d’une communauté donnée devront être respectées et pour notre part, nous n’avons rien à objecter à ce que telle ou telle communauté finisse par s’ancrer sur un certain territoire, voire toute un quartier, toute une ville, tout un département. Car si nous refusons toute expulsion en dehors des limites géographiques de l’Etat, nous ne nous opposons pas à des mouvements de populatons au sein du dit Etat, sans perte de citoyennété.
Que l’on nous comprenne bien, notre discours ne concerne pas ici l’Union Européenne. Nous sommes ici en train de considérer le cas d’un Etat comme la France assumant le communautarisme et l’impérialisme. On sait que la France a adhéré- à la fin de la IVe République - au Traité de Rome de 1957 à la suite de ses déboires- en compagnie de l’Angleterre- lors de l’affaire de Suez en 1956.
Qu’est ce qu’assumer une destinée impériale? C’est enseigner aux ressortissants de l’Etat Français une Histoire-Géographie bien plus complexe que « nos ancêtres les Gaulois ». Les enfants nés de l’immigration vers la France, doivent savoir qu’ils sont en France du fait de la colonisation française – en dédiabolisant le terme colonisation mais aussi d’une certaine image de la France comme Etat apte à gérer la diversité non pas des personnes mais des communautés.,En effet, nous prenons ici le contre-pied de la déclaration de Clermont Tonnerre, sous la Révolution, s’adressant aux Juifs de France qui leur promettant tout en tant que citoyens mais rien en tant que « nation » (entendez ici en tant que communauté. On sait que cela n’empêche pas Napoléon Ier d’instaurer un Consistoire). Pour nous le communautarisme n’est pas une tolérance mais une obligation. Rien n’est plus détestable, à nos yeux, que des gens en crise d’appartenance car dans toute communauté, quelle qu’elle soit, il existe des régles et une certaine forme de discipline qui lui permet de fonctionner. L’individu électron libre est ce qu’il y a de plus problématique car il n’y a pas de morale individuelle. Cet individu n’a pas de modéle ou si l’on préfére, il ne vit plus selon le principe de réalité, ce qu’incarne la communauté mais il est mû par un mimétisme sauvage, en une sorte d’ivresse de liberté subjective, d’auto-détermination personnelle.
Bien entendu, comme on l’a dit, une communauté n’est pas pour autant d’un seul tenant, elle peut comporter toutes sortes de sous-groupes, selon des clivages d’âge, de sexe, de profession et nous ne préconisons pas de promiscuité d’autant que les clivages « culturels » ne sauraient en effet occulter d’autres clivages comme ceux relatifs au sexe que l’on tend de nos jours à ne pas vouloir penser sans parler des clivages hiérarchiques qui sont bannis d’un discours démagogique et anarchique.
JHB
17. 11. 16
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