Faculté Libre d'Astrologie de Paris (FLAP)

Le but de ce blog est lié à la création en 1975 du Mouvement Astrologique Universitaire (MAU) . Il sera donc question des passerelles entre Astrologie et Université mais aussi des tentatives de constituer des enseignements astrologiques.
Constatant les lacunes des astrologues dans le domaine des
sciences sociales (hommes et femmes, structures
nationales et supranationales etc), la FLAP assurera à ses
étudiants des connaissances de première main et les plus
récentes qui leur serviront de socle pour appréhender
l'astrologie et en repenser les contours.
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mercredi 20 avril 2022

jacques Halbronn Asytronomie et chronologie. Isaac Newton et l'école précessionnelle française

Astronomie et chronologie. Isaac newton et l’école précessionnelle française Posté par nofim le 22 janvier 2014 Astronomie et chronologie: Isaac Newton et l’école précessionnelle française par Jacques Halbronn Introduction « En général, il parut à Newton que le monde était de cinq cents ans plus jeune que les Chronologies ne le disent; il fonde son idée sur le cours ordinaire de la nature et sur les observations astronomiques.(…) Les Anciens (..) composèrent leur grande année du monde, c’est à dire la révolution de tout le Ciel d’environ 36000 ans. Mais les Modernes savent que cette révolution imaginaire du Ciel des étoiles n’est autre chose que la révolution des pôles de la terre, qui se fait en 25900 années (…) Je ne sais si ce systéme ingénieux fera une grande fortune (…) Peut être les savants trouveraient-ils que c’en serait trop d’accorder à un même homme l’honneur d’avoir perfectionné à la fois la Physique, la Géométrie et l’Histoire; ce serait une espèce de Monarchie Universelle dont l’amour-propre s’accommode malaisément. » (Voltaire, XVIIe Lettre Philosophique, 1728) Quand on étudie les sources d’un texte ésotérique, il faut parfois aller chercher en dehors du champ ésotérique proprement dit (cf notre article sur l’Esotérisme, sur ce même site). Dans le cas de la précession des équinoxes, le concept d’ésotérisation que nous avons introduit semble bien opérer puisque la piste nous a conduit jusqu’à Newton (1642-1727), auteur notamment de travaux consacrés à la chronologie, sans rapport direct avec l’astrologie judiciaire. On avait déjà montré le rôle posthume d’une autre grande figure de la science occidentale, René Descartes (1596-1650), à la fin du XVIIe siècle (cf notre étude sur Bachelard, sur ce site) dans le débat sur l’influence des astres. En ce sens, ces deux études, qui impliquent Descartes et Newton, se complètent. Il semble bien que l’oeuvre de ces deux auteurs, après leur mort, ait influé, sur l’importance accordée aux phénomènes célestes et aient été ainsi récupérés par les partisans d’une relation plus affirmée entre le ciel et les hommes, par ce que nous avons appelé un processus d’ésotérisation de données « exotériques ». En ne prenant pas en compte cette dimension, les précédents historiens de la précession des Equinoxes – comme Robert Amadou (voir son étude sur la Précession des équinoxes, in Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau, cf infra)- n’ont pas su remonter jusqu’au physicien anglais pour expliquer l’origine, localiser la source, de la vogue du précessionalisme à l’époque contemporaine. Il s’avère que Dupuis, s’il est une source importante du précessionalisme contemporain eut lui-même des précurseurs que ne signale pas une M. F. James.(Les précuseurs de l’ère du Verseau) A la fin du XIXe siècle, un autre anglais, parfaitement inconnu des spécialistes, l’ingénieur Thomas Brunton, qui fut, comme Newton, largement publié en français, passionné de chronologie ancienne comme Newton, nous apparaît comme un chaînon important, quoique négligé, du précessionalisme français à la fin du XIXe siècle. Cela dit, il ne s’agit nullement de mésestimer l’apport d’un Charles-François Dupuis et de sonOrigine de tous les Cultes dans la mise en orbite de la question des ères zodiacales. Précisons que les historiens patentés de l’astrologie ne couvrent généralement pas le cours du XIXe siècle et encore moins sa fin si bien que ce domaine reste finalement encore assez mal balisé, parfois moins bien que le sont les XVIe ou XVIIe siècles (cf nos études sur ce site), ce qui autorise à parler assez vaguement d’une « renaissance » de l’astrologie en France à la fin du XIXe siècle. Dans le cas de la question des ères précessionnelles, on pensait jusqu’à présent que rien n’était paru en France pendant la seconde moitié du XIXe siècle, les travaux d’un Dupuis, pourtant constamment réédités, n’y auraient point eu de suite alors que le Zodiaque de Dendérah (longtemps conservé dans une salle de la Bibliothèque Royale, rue de Richelieu, avant d’être transféré définitivement au Louvre, à proximité) avait occupé les esprits pendant des décennies, avant et après l’Expédition d’Egypte et notamment pendant la Restauration. (cf S. Cauville, Le Zodiaque d’Osiris,Louvain Peeters, 1997; F. L. Lauth, Les Zodiaques de Dendérah, Munich, 1865, BNF, A. Slosman, Le Zodiaque de Dendérah, 150 ans avant J. C. Ou 120.000 ans?, Monaco, Le Rocher, 1980), question qui est; en effet, directement liée à la question de la précession. Nous avions notamment publié le tableau chronologique du Français De L’Aulnaye (cf notre étude sur « Astrologie et Histoire des religions » sur ce site et La vie astrologique, il y a cent ans) qui pointait, sous la Révolution, le passage vers le Verseau au milieu du XVIIIe siècle (cf documents in fine). Et on passait ensuite….à 1937, avec l’Ere du Verseau de Paul Le Cour (cf notre étude sur ce site « les Astrologues saisis par le politique ») acclimatant les travaux anglo-saxons dans une France astrologique devenue tropicaliste depuis Choisnard et Fomalhaut (alias Nicoulaud), et qui antérieurement avait divorcé d’avec l’astronomie tout au long des XVIIIe et XIXe siècles. Une telle représentation est irrecevable: on a vu que le Zodiaque de Dendérah et ses enjeux chronologiques avaient eu un certain impact, certes en dehors des milieux occultistes. Il semble bien que parallèlement à une école onomantico-cabalistique cherchant à s’émanciper du référentiel astronomique (cf notre travail sur Etteilla et l’Astrologie du Livre de Toth), et qui d’ailleurs influera sur l’émergence de l’art abstrait (cf notre étude « Esotérisme philosophique, ésotérisme sociétal », sur ce site), il ait existé quelques amateurs recourant aux tables planétaires publiées par les astronomes, sans que cela ait l’ampleur, bien entendu, de ce qui se passait alors Outre Manche. La pratique de ces documents astronomiques explique probablement en partie que le sidéralisme ait prévalu, un temps, sur le tropicalisme. Le systéme stellaro-planétaire ( SP) La présente étude ne concerne pas au demeurant seulement certains aspects de la présence astrologique aux XVIIIe-XXe siècles, elle nous conduit à réfléchir sur l’astrologie antique, puisque, au demeurant, les auteurs étudiés se référent en permanence au Ciel des Anciens mais aussi, d’une certaine façon, aux perspectives de la recherche astrologique, tant au niveau historique qu’au niveau critique.. Il y a quelques années, nous avions signalé (La vie astrologique il y a cent ans, Paris; Trédaniel, 1992) le cas d’Henri Lizeray qui était l’expression d’une astrologie assez particulière à la fois du fait que son travail concernait un ensemble de poètes français, du XVIIe au XIXe siècle, et ce avant les travaux de Choisnard, et à la fois parce qu’il recourait à des éléments sidéralistes. On pouvait dès lors se demander si Henri Lizeray était le seul chercheur de la fin du XIXe siècle à s’intéresser aux étoiles alors que les spécialistes actuels du sidéralisme ne semblaient pas avoir conduit une telle investigation sur cette période, tant ceux prônant une approche sidéraliste du thème astral (J. Dorsan, Marie Delclos, Denis Labouré, etc) que ceux travaillant sur la question des ères précessionnelles au XXe siècle (Paul Le Cour, Robert Amadou, Evelyne Latour, etc) On nous objectera peut-être que ce sidéralisme français de la fin du XIXe siècle n’a pas eu grand impact. Or, si le précessionnalisme d’un Brunton annonce celui d’un Le Cour, le stellaro-planétarisme d’un Lizeray, pour sa part, a lui aussi un écho au XXe siècle et plus précisément en son extrême fin tout en n’ayant jamais cessé de sourdre, comme on essaiera de le montrer.. De fait, l’intérêt accordé aux ère précessionnelles par les astrologues tropicalistes, dans le cours du XIXe siècle – auparavant, cela n’intéressa, à la fin du XVIIIe siècle, que des historiens de religion qui ne sauraient être assimilés à des astrologues – introduit une dimension stellariste dans leurs représentations, d’autant qu’ils combinent, éventuellement, le thème natal avec l’arrière plan précessionnel, d’où une dualité, une dialectique, entre un plan jugé fixe -on sait que ces étoiles ne sont pas « vraiment » fixes – qui est celui des étoiles et un plan mobile qui est le mouvement précessionnel. On retrouve bel et bien ce faisant la structure d’une horloge et Le Cour, d’ailleurs, dans Atlantis, puis dans l’Ere du Verseau,recourt au dessin d’une horloge avec ses aiguilles pour s’expliquer.(cf notre étude sur ce site: « Les astrologue saisis par le politique ») Notons que le débat quant au début d’une ère est lié au fait que la frontière entre constellations est arbitraire (cf le Manifeste de Patrice Guinard, sur ce site). D’un côté, on a affaire à une frontière virtuelle calculée, tant chez les tropicalistes que chez les sidéralistes, à partir d’un point alpha, de l’autre, il est question d’étoiles aspectées par des planètes ou par tel ou tel autre paramètre et l’on peut calculer le moment où l’aspect se forme avec précision. L’astrologie stellaro-planétaire met en rapport deux astres réels, matériels, une planète et une étoile et non un élément fictif et un astre réel. Or, l’on peut penser que si les hommes se sont accoutumés à réagir, selon des automatismes, aux configurations stellaro-planétaires, c’est parce que cela concerne un monde visible à l’oeil nu et non une construction intellectuelle. Il reste que nous avons là affaire, pour les spéculations sur le point vernal, à la mise en place de coordonnées spatio-temporelles: d’une part un découpage de l’espace en douze secteurs de trente degrés, à partir ou à proximité d’un certain point stellaire car même le tropicalisme se projette quelque part dans le ciel et de l’autre un découpage du temps s’articulant autour de la Grande Année précessionnnelle de 25920 ans, en 12 unités de 2160 ans. On arrive ainsi à un rapport approximatif de 1 à 7 (30° pour un peu plus de 2100 ans). Le zodiaque apparaît dès lors comme une sorte d’alphabet de douze signes qui permet de baliser le temps et l’espace à partir de tous les repères possibles, le problème étant le choix, plus ou moins arbitraire, de l’étoile ou de l’année de départ, les deux questions étant, d’ailleurs, en pratique, nécessairement liées. Le stellarisme, pour sa part, n’est pas en quête d’un tel dispositif ou du moins n’en tire aucune interprétation à caractère astrologique, que ce soit pour le diagnostic ou le pronostic. Les étoiles fixes n’ont, d’ailleurs, pas totalement disparu du thème natal (cf V. Robson, The fixed stars and constellations in astrology, 1923, Trad. française: Les étoiles fixes et les constellations en astrologie, intr. D. Labouré Ed. ¨Pardés, 1991), bien qu’on leur préfère notamment les degrés monomères dont l’origine est d’ailleurs probablement liée aux constellations. Mais dans la pratique contemporaine des étoiles fixes, celle-ci n’ont pas le monopole des aspects avec les planètes et on cela n’empêche pas d’étudier les aspects entre planètes, ce qui est contraire au principe stellaro-planétaire, selon lequel l’aspect est ce qui relie planète et étoile fixe.(cf P. Chacornac, étude, in revue Astrologie,Paris, Chacornac, 1935). On pourrait parler d’un processus de zodiacalisation - si l’on entend par là un découpage en douze secteurs égaux qui absorberait, en quelque sorte, toute autre subdivision, depuis les étoiles fixes jusqu’aux décans et qui n’aurait somme toute préservé que les dipositifs traitant des rapports planètes/signes (domiciles, exaltations). Or, le zodiaque est au départ moins un contenu qu’un contenant, une enveloppe, un cadre. La division des ères selon les constellations est typique de la zodiacalisation. Privilégier le contenant sur le contenu reviendrait, au fond, à ne considérer que l’apparence des choses. En fait, quand on rapproche les théories de Dupuis de celles de Newton, sur les questions de chronologie et d’étoiles, on est frappé par leur caractère extraordinairement simpliste et réducteur. Au Moyen Age, le stellarisme a droit de cité, comme le note Juliette Du Rouchet, ( « L’Ere du Verseau et la fin de l’âge de la Lune », dans l’ANEV), s’appuyant sur notre édition de 1977, parue dans la Bibliotheca Hermetica, chez Retz, du Commencement de la Sapience des signes, » Abraham Ibn Ezra indique clairement que l’astrologie utilisée alors était loin de se laisser enfermer dans le zodiaque et ses planètes ». François Villée, hostile au sidéralisme, utilise également notre édition d’Ibn Ezra (Précession des équinoxes et pratique de l’astrologie, Paris, Ed. Traditionnelles, 1985, pp.. 37-43) tout en réussissant à ne pas citer notre nom, alors qu’il reproduit non seulement de larges pans de notre traduction mais aussi nos commentaires et notre introduction Toutefois, au lieu d’étudier les aspects entre planètes et étoiles, l’astrologue juif espagnol, à l’instar du Tétrabible, décrit les étoiles en combinant des tonalités planétaires mais on peut raisonnablement supposer que si une planète aspecte une étoile d’une nature qui lui convient, cela est bénéfique et vice versa. Le chapitre I du Commencement de Sapience ainsi que le chapitre I du Livre des Fondements, qui en est le commentaire, mettent en évidence un certain stellaro-planétarisme. Il importe peu ici que les constellations soient de longueur inégales puisque ce qui compte ce sont les aspects aux étoiles, les constellations ne constituant qu’un repérage utile, étant entendu que les planètes sont situées en dessous des étoiles réputées immobiles. Une des raisons de la désuétude des étoiles fixes tient au fait qu’elles n’appartiennent pas à notre système solaire. Or, l’astrologie contemporaine de la seconde moitié du XXe siècle, notamment avec J. P. Nicola, s’est construite autour de l’idée selon laquelle les étoiles ne constituaient pas un ensemble pertinent à la différence du système solaire. Pour Nicola, il faut chasser le sidéralisme pour fonder une « astrologie moderne ».(cf son essai de 1977, paru au Seuil) Il est un fait que d’une part les constellations réunissant des étoiles relativement proches quand on observe le ciel depuis la Terre – et qui ne relèvent d’ailleurs pas du stellaro-planétarisme – sont des structures artificielles et que d’autre part, les étoiles fixes, en elles-mêmes, ne forment pas, entre elles, un champ d’un seul tenant, puisque émanant de divers espaces. Or, le stellaro-planétarisme n’a nullement besoin d’affirmer que ces étoiles ont la moindre vocation en soi à concerner les terriens ou qu’elles constituent un ensemble pertinent avec le système solaire. Le critère de visibilité suffit dans la mesure où de toute façon on est un dans un cas d’instrumentalisation, c’est à dire que l’on utilise le ciel comme un code ou plutôt qu’on en fait un code, et ce tout à fait arbitrairement.(cf notre théorie dans Histoire de l’astrologie, Paris, Artefact, 1986) Le stellaro-planétarisme ne saurait être assimilé au sidéralisme. En tout état de cause, il n’est pas concerné par le débat sur la précession des équinoxes puisqu’il ne s’intéresse pas au symbolisme zodiacal, ni de près, ni de loin. On peut considérer que les sidéralistes, en accordant de l’importance à une certaine étoile d’une certaine constellation, à partir de laquelle ils découperont l’écliptique en douze, pratiquent une forme de stellarisme mais ils ne privilégient pas pour autant les aspects des planètes à ce point vernal; On ne peut donc dire qu’ils pratiquent le stellaro-planétarisme, même s’ils placent les planètes dans les secteurs ainsi découpés et dérivés de l’étoile matricielle. Curieusement, en effet, les sidéralistes ne s’intéressent pas spécialement aux étoiles fixes et ne privilégient aucunement les aspects entre planètes et étoiles. En tout état de cause, les positions des astrologues sidéralistes sont le témoignage d’une certaine insatisfaction, l’intuition d’un manque, d’un décalage. La réponse qu’ils fournissent n’est probablement pas la bonne, mais elle « brûle », puisqu’elle n’en dirige pas moins notre attention vers les étoiles (cf Dorsan, Retour au zodiaque des étoiles, Paris, Dervy, 1980). Toutefois, en restant figés sur une étoile de la constellation du Bélier pour dresser leur zodiaque, ils se placent dans une situation assez inconfortable dans la mesure où le zodiaque indien était précédemment articulé sur une étoile de la constellation du Taureau (cf « Lettre de M. Dupuis à M. Le Rédacteur du Mercure de France », n° 24, 14 juin 1783, p. 86 et Dupuis, Mémoire explicatif du zodiaque etc, Paris, 1806, p. 48 , cf notre article sur l’astrologie indienne in Ayanamsa, décembre 2000) et que le point vernal actuel correspond, en gros, à une étoile relevant soit de la constellation des Poissons, soit de celle du Verseau. Les sidéralistes, dès lors, ne font que suivre une tradition indienne sclérosée. Le peu de relief stellaire de la constellation du bélier montre à quel point cette région n’eut d’importance que parce qu’elle correspondit au point vernal (axe des équinoxes) au moment où l’on plaqua le zodiaque des saisons sur l’écliptique. En elle-même elle ne revêt pas d’intérêt, alors que les étoiles fixes, elles, préexistent, astrologiquement parlant, à la zodiacalisation de l’écliptique, le stellarisme, quant à lui, n’ayant pas besoin de diviser l’écliptique en douze secteurs et n’étant concerné que par une succession d’étoiles aux abords du passage des planètes, le repérage en constellation n’étant plus que de commodité comme c’est le cas aux yeux des astronomes.. Parmi les traces du systéme SP (en anglais Stellar planetary astrological system, SPAS), signalons le cas de l’ascendant et notamment des aspects à l’ascendant, également appelé horoscope. Ce terme comporte un verbe grec signifiant observation visuelle (scope), ce qui laisserait entendre qu’au départ il s’agissait bel et bien de désigner une étoile fixe comme base du thème étant donné que les étoiles fixes, comme leur nom l’indique, sont là en permanence et que l’on en trouve toujours à une proximité relative, ce qui n’est pas le cas des quelques planètes qui circulent et qui sont absentes, lors de la naissance, de tel ou tel signe si bien qu’au cours de la même journée, certaines personnes naissent avec une planète au moins à l’ascendant et d’autres sans aucune planète à l’ascendant, expression d’ailleurs discutable car il faudrait plutôt dire astre ascendant, en l’occurrence étoile ascendante par rapport à laquelle des corrélations avec d’autres facteurs s’établiront, constituant ainsi la trame du thème natal ou du thème stellaro-planétaire, prenant en compte le mouvement des planètes au cours de la vie. Comme l’écrit Pluche ( Ed. 1826 de l’Histoire du Ciel, extraits choisis par Joseph Martin, BNF J 25657), l’astrologie antique prenait en compte le fait que tel enfant » venait au monde, au moment précis où la première étoile du Bélier montait sur l’horizon » (p. 251) : l’ascendant était bel et bien stellaire à l’origine, on naissait « sous « une certaine étoile – et le terme doit être pris littéralement – et non sous un certain signe. C’est en gros, le seul point du ciel qui soit précisé en longitude écliptique, sans qu’il corresponde pour autant à une position planétaire. Le thème natal apparaît en quelque sorte comme un repère fixe (radix) face aux transits qui développent des aspects entre les planètes du radix et les planètes en transit. Dans ce cas, le thème natal joue le rôle d’un plan fixe et donc stellaire, notamment à partir de l’ascendant, dont le nom horoscope a fini par désigner le thème natal tout entier. Si l’on y réfléchit, les étoiles fixes peuvent tout à fait jouer le rôle du thème natal puisqu’elles sont un élément constant, immuable de la naissance à la mort face à la course planétaire qui, quant à elle, introduit des modulations. Virgile Zamboni (Précession des équinoxes expliquée, Paris, Ed. St Michel, 1972, p. 11) montre bien le rapport entre ascendant et étoile: » Si nous observons par conséquent tous les matins les étoiles qui se trouvent plus ou moins au point précis où l’on voit paraître le soleil et on marque leurs emplacements sur une carte, ainsi le point où a paru l’astre du jour, on trace lentement de la sorte , jour après jour, au cours d’une année, une bande d’étoiles au milieu de laquelle par les points tracés journellement paraît une ligne circulaire régulière qui fait le tour du ciel ». Ajoutons qu’il serait plus heureux, à propos de la précession des équinoxes, de parler d’un changement d’étoile que d’un changement de constellation. D’ailleurs, Dupuis ne s’exprime pas autrement, en 1806: « L’égalité des jours et des nuits au printemps qui autrefois arrivait, par exemple, lorsque le Soleil était uni aux Pléiades vers la fin de la constellation du Bélier, arrive aujourd’hui près de deux mois avant qu’il ait atteint ces mêmes étoiles, c’est à dire lorsqu’il ne fait encore que répondre (sic) aux premières étoiles des Poissons » (Mémoire explicatif du Zodiaque chronologique et mythologique; Paris, p. 20) I. Le poids de Newton Il revient à l’historien des idées de remonter suffisamment en amont pour découvrir la source d’un processus, l’élan novateur. Et Charles-François Dupuis n’est pas en haut de la chaîne, il ne fait, allons-nous montrer, que prolonger un débat déjà engagé cinquante avant lui autour de certaines travaux du physicien anglais Newton. Et c’est bel et bien parce que Newton était déjà célèbre par ses travaux sur la gravité que ses recherches concernant la datation chronologique à partir des étoiles eurent l’impact qui fut le leur. L’auteur de l’Apologie (…) sur l’ancienne chronologie des Grecs (1757) en convient: « Cet ouvrage est une des dernières productions de son génie vaste et créateur, le fruit d’une longue étude et d’une profonde méditation sur l’ancienne Histoire. Il suffit de l’examiner pour s’apercevoir jusqu’où l’auteur avait porté ses connaissances & ses recherches sur cette matière ». Sans l’intérêt de Newton, sur la fin de sa vie, pour les étoiles et la chronologie, y aurait-il eu un Dupuis et parlerait-on de l’ère du Verseau?.. C’est le polytechnicien Charles Paravey un des auteurs les plus attentifs au Zodiaque de Dendérah – auteur au demeurant non retenu par Slosman dans son ouvrage sur le sujet -(cf infra) qui attira notre attention sur l’héritage de Newton: « Non moins versé dans la science de l’Antiquité que dans les hautes spéculations des sciences physiques et mathématiques, Newton est le premier qui, se reposant ainsi de ses longues méditations, ait songé à appliquer aux événements historiques, le calcul de la Précession des Equinoxes qu’avait découvert Hipparque » (Aperçu des mémoires encore manuscrits sur l’origine de la sphère et sur l’âge des zodiaques, Paris, 1821, BNF 8° V pièce 11333. Paravey, lui-même ne semble connaître Newton que d’après Bailly, Histoire de l’astronomie ancienne, ouvrage paru au milieu des années 1770 (cf infra), c’est à dire à l’époque où Dupuis commence à formuler sa pensée précessionnelle.. Il est certain que si l’on y englobe tout ce qui s’écrit sur la genèse du symbolisme zodiacal et sur l’influence du dit symbolisme sur l’histoire des religions, les XVIIIe et XIXe siècles apparaissent autrement plus riches qu’on n’a bien voulu généralement le dire au regard de l’Histoire de l’astrologie et ce, précisément, en ce qui concerne l’intérêt des milieux académiques. Le débat autour du Zodiaque ne date nullement de Dupuis: les publications de l’abbé Pluche, seront ainsi l’occasion d’un débat, au cours des années 1740-1741, dans les colonnes du Journal de Trévoux, publication jésuite, avec notamment ce commentaire sur la « Lettre du Père Le Mire au Père Brumoy au sujet de l’invention du zodiaque, attribué par l’auteur du Spectacle de la Nature (de Pluche), aux premiers descendants de Noé « (article LI, juin 1740, pp. 298 et seq). De telles observations zodiaco-stellaro-chronologique prolongent celles de Newton. Noël Pluche, dont le rayonnement déborda largement la France et le XVIIIe siècle. Son Histoire du Ciel (1740) est traduite en anglais (History of the Heavens considered according to the notions of the poets and philosophers compared with the doctrines of Moses being an inquiry into the origine (sic) of idolatry and the mistakes of Philosophers upon the formation and influences of the celestial bodies, trad. J.B. de Freval, 3e Ed. 1752, BNF 16°V 3609 (2), voir aussi notre étude « The revealing process of translation and criticism in the History of Astrology » in Astrology, Science and Society, Dir. P. Curry, Boydell Press, 1987): Warburton s’y référe et après lui W. Drummond, auteur d’un Oedipus Aegyptiacus, en traitera dans son Mémoire sur l’antiquité du Zodiaque d’Esné et de Denderah, trad. de l’anglais, Paris, 1822, p. 89 ( BNF 8° 03a 552). Mais c’est bien à Isaac Newton, à celui dont on rapporte volontiers un échange avec Edmund Halley, l’homme de la comète, sur l’astrologie, qu’il conviendrait d’attribuer, au début du XVIIIe siècle, l’idée d’une science historique s’appuyant sur la précession des équinoxes, remplaçant ainsi le modèle des grandes conjonctions Jupiter-Saturne cher à Jean Bodin (cf notre article sur Auger Ferrier et sur astronomie et religions, sur ce site). Newton avait cherché, en effet, à ajuster la chronologie sur certains repères stellaires, ce qui avait alimenté une polémique (cf Bailly, « Supplément au Livre IX. Des critères par lesquels ont été désignés les signes du Zodiaque & le planisphère », Histoire de l’astronomie ancienne, op. Cit).Au lendemain de la mort de Newton parait sa Chronology of ancient Kingdoms amended, Londres, 1728, BNF G 3800, BL 685 i 20., trad. Italienne 1757, BL 9006 e 11) En cette même année, paraissait en français la Chronologie des anciens royaumes corrigée, dans une traduction de F. Granet (BL 580 h 8). Dès 1725, donc du vivant de Newton, était paru en français un Abrégé de la chronologie de M. Le Chevalier Isaac Newton, traduit et commenté par Fréret Paris, G. Cavelier, BNF G 33061, à partir d’unextrait inédit en anglais que Newton avait confié à quelques personnes avec la promesse de ne pas le divulguer, comme il s’en explique lui-même, dans un texte en français: Réponse aux observations sur la chronologie de Newton (BNF G 11535), dans laquelle d’ailleurs Newton nie, en 1726, avoir le projet de publier saChronologie: Fréret - que Newton appelle l’Observateur puisqu’auteur d’Observations – « insinue qu’il doit paraître de moi un grand ouvrage sur cette matière mais je n’ay jamais rien dit dont on le dut inférer. Car quoi que pendant mon séjour à Cambridge je me sois quelquefois occupé agréablement de l’Histoire et de la Chronologie, cependant je n’ai jamais déclaré que j’eusse dessein de rien publier sur ce sujet » (p. 9). Cela n’empêchera pas le dit ouvrage de paraître tant en anglais qu’en français, juste après la mort de Newton, peut-être contre la volonté de l’auteur. Le texte de la Réponse qu’on ne connaît qu’en français, n’est, à tort, point attribué à Newton dans le catalogue de la British Library. (580 e 3 (9). L’exemplaire de la BNF comporte une attribution manuscrite à Newton. Dans cette Réponse, Newton considère que la traduction française de son Abrégé, réalisée par Fréret n’est de toute façon pas fidèle à sa pensée et que la réfutation par le dit Fréret qui l’accompagne, par conséquent, n’est pas fondée. Ainsi, Newton réserve-t-il au public français sa Réponse à l’édition de son Abrégé qui ne paraîtra d’abord qu’en français encore qu’à l’époque, un texte rédigé en français pouvait largement circuler à travers toute l’Europe.. L’abbé Antonio Conti mis en cause par Newton lui répliquera dès 1726 dans une réédition de la Réponse accompagnée d’une Lettre. ( Paris, N. Pissot, BNF G 11535). En fait, la traduction française est dans l’ensemble assez fidèle au manuscrit anglais si l’on en juge par le texte figurant dans les Opera Omnia. (Londres, 1785 (BNF V 6604): A short Chronicle from the first Memory of things in Europe to the Conquest of Persia by Alexander the Great, rendu par Fréret par Chronique abrégée de l’Histoire la plus ancienne de l’Europe jussqu’à la conquête de la Perse par Alexandre. Toujours, en 1726 paraît à Paris, chez Rollin, un Recueil des dissertations du Père E. Souciet contenant (…) cinq Dissertations contre la Chronologie de M. Newton, in Recueil de Dissertations critiques sur des endroits difficiles de l’Ecriture et sur des matières qui ont rapport à l »Ecriture , tome 2 (BNF A 3460 (2) les thèses duquel Fréret dès 1725 avait pris connaissance puisqu’il s’y réfère. En réalité, Fréret avait pris connaissance de ces Dissertations de Souciet avant leur publication, lequel avait pris connaissance, six ou sept ans plus tôt, de l’Abrégé de Newton directement en anglais à partir d’une copie offerte par l’auteur à la Princesse de Galles. Ces dissertations sont dédiées à l’abbé Antonio Conti. Au demeurant, la traduction de l’Abrégé de Newton, parue à Paris chez G. Cavelier, et à laquelle Newton auquel l’éditeur l’avait fait parvenir répliquerait, allait être dès 1726 vendue, en tant que tome VII l’Histoire des Juifset des peuples voisins de l’anglais Humphrey Prideaux, Amsterdam, H. Du Sauzet (BNF H 6984). En 1728, A. Bedford publie des Animadversions upon Sir Isaac Newton’s book entitled: The Chronology of Ancient Kingdoms amended (BL 580 e 25). Une autre traduction (par J. A. Butini) de l’Abrégé de la chronologie des anciens royaumes, paraîtra à Genève en 1743 (BNF Z Fontanieu 282 (4)/ à partir de l’ Abstract of Sir Isaac’s Newton’s Chronology of Ancient Kingdoms, dû à Reid (2e Ed. Londres, 1732, BL 117 m 17). En 1744, Arthur A. Sykes publie An examination of (…) Sir I. Newton’s Chronology (BNF D2 11649, BL 494 f 18. En 1757, paraît en faveur de Newton, due à James Stewart Denham, une Apologie du sentiment de M. Le Chevalier Newton sur l’ancienne chronologie des Grecs contenant des réponses à toutes les objections qui ont été faites jusqu’à présent, Francfort/Main, BNF G 6751. Un des adversaires des thèses de Newton est ce Nicolas Fréret, auquel Newton s’en était pris peu avant sa mort, et qui en 1758, publie une Défense de la Chronologie fondée sur les monumens anciens, contre le système chronologique de M. Newton, BNF G 3802. Une polémique d’une certaine ampleur, on en conviendra, étalée sur une trentaine d’années et qui touche largement la France. La raison d’être des travaux de Newton consiste à dater les vies de certains personnages de l’Antiquité dont les oeuvres en rapport avec l’astronomie seraient susceptibles de déterminer à quelle époque ils ont vécu. Le débat entre Newton et ses détracteurs, tels que le Jésuite Souciet, tourne en partie autour de la constellation du bélier et de sa « première » étoile. Il est essentiel de déterminer de quelle étoile il s’agissait: l’oreille, le pied de devant. L’Expédition des Argonautes aurait été l’occasion, pour faciliter leur orientation au cours de ce voyage, de mettre en place le zodiaque, cela aurait été l’invention du centaure Chiron et cela aurait eu lieu, selon Newton, vers 1467 avant notre ère, si l’on admet que Chiron ait pris en compte le point vernal pour caler son systéme, en le comparant avec sa progression jusqu’à son époque, selon le principe que l’invention du zodiaque stellaire est nécessairement associée avec le recours au point vernal alors en vigueur. Ce faisant, Newton réduit la chronologie classique d’environ 530 ans, ce qui affecte au premier chef la date de la Guerre de Troie (ou Ilion), racontée dans l’Iliade d’Homère.. Signalons qu’avec Dupuis, le probléme sera inverse puisque l’on bascule vers une chronologie beaucoup plus longue (cf infra) Newton s’appuie, bien entendu, sur les étoiles fixes et non sur les constellations, référence par trop sommaire, ne permettant aucunement de datation fine. L’idée des chercheurs français sera d’aborder de montrer que le basculement d’une religion à une autre s’effectue lors du passage du point vernal d’une constellation dans une autre comme s’il était possible de dater avec une telle précision pareil changement au niveau des cultes. En fait, il s’agirait plutôt d’une approche du problème sur la longue durée et en cela, quelque part, on peut y voir les prémisses de la « Nouvelle Histoire » telle qu’elle sera formulée dans les années 1930 Certains chercheurs avaient certes signalé l’intérêt de Newton pour l’alchimie (cf J. P. Auffray, Newton ou le triomphe de l’alchimie, Ed. Le Pommier, 2000; B.J. T. Dobbs, The Janus faces of genius. The role of Alchemy in Newton’s thought, Cambridge University Press, 1991) ou pour le Livre de Daniel (cf J. Force et R. H. Popkin, Dir; Newton and Religion. Context, nature and influence, 1990) mais ce n’est pas en cela que le physicien anglais fit véritablement école mais dans ses tentatives pour articuler les étoiles fixes sur certains problèmes de chronologie. Pour quelles raisons Newton a-t-il été oublié par les historiens contemporains du précessionalisme? Qu’on nous entende bien, nous ne soutenons pas que Newton ait tenu les positions d’un Dupuis mais que c’est qui a mis à la mode ce type de recherche qui conduira, au XIXe siècle au débat autour du Zodiaque de Dendérah. L’énorme prestige scientifique de l’homme des Principia (1687),explique probablement que la précession et dans la foulée le zodiaque ait pu pénétrer les cénacles de l’élite française. Il reste que Newton se passionna pour le prophétisme au travers de son interprétation du Livre de Daniel – il pensait être né pour cette mission et avait « démontré » que son année de naissance était annoncée (cf cf H. Stierlin, L’astrologie et le pouvoir. De Platon à Newton, Paris, Payot, 1986; F. E. Manuel, A portrait of Isaac Newton, New York, Da Capo Press, 1968; R. J. Westfall, Never at rest. A biography of Isaac Newton, Cambridge University Press, 1980; M. Kochavi, « One prophet interprets another. Sir Isaac Newton and Daniel », in The Books of Natural Scripture: Recent essays on Natural Philosophy, Theology and Biblical Criticism in (…) The British Isles of Newton’s time, Dordrecht, Kluwer, 1994) – ainsi que pour la chronologie articulée sur la précession des équinoxes, sans pour autant relier ces deux plans et déboucher sur le prophétisme précessionnel qui conduira à l’oeuvre d’un Paul Le Cour dans les années 1930. En 1733, paraîtront, à Londres, ses Observations upon the Prophecies of Daniel and the Apocalypse of St John (British Library C 46 i 2, Bibl. Nîmes, Carré d »art, fonds Valz 24912)), qui ne seront pas traduites en français mais en allemand, en 1765.(BL 2185 c 50). On signalera entre autres les réactions de William Whiston, dès 1734 (BL 225 a 8). Le lien entre astronomie et Ecriture constitue une voie de recherche reconnue comme l’atteste le mémoire, salué par l’Académie des Sciences, de J. Ph. De Chéseaux, intitulé Remarques astronomiques sur le Livre de Daniel (Lausanne, 1777, BNF V 8082); Signalons le rôle de l’économiste britannique Keynes dans la conservation, au Kings College de Cambridge, d’un certain nombre de manuscrits de Newton traitant de ces matières (cf L. Verlet, La malle de Newton, Paris, Gallimard, 1993; J. Harrison, The Libraryof Isaac Newton, Cambridge University Press, 1978). La Réponse de Newton Revenons sur la réplique de Newton à Fréret, qui pourrait avoir été rédigée directement en français. En voici des extraits qui montrent à quel point le savant anglais s’intéressait aux rapports entre les équinoxes ( les colures) et les étoiles fixes: « Ce que dit (Fréret) au sujet de l’époque des Argonautes est fondé sur ce qu’il s’imagine que je place l’équinoxe du Printemps tel qu’il était au temps de l’Expédition des Argonautes, à la distance de 15° de la première étoile du Bélier. Mais je ne le place point où il dit, je le place dans le milieu de la constellation et le milieu n’est pas éloigné de 15° de la première étoile du Bélier. (Fréret) avoue que les constellations ont été formées par Chiron et que les solstices et les équinoxes étaient alors dans le milieu des constellations & que Eudoxe, dans son Enoptron ou Miroir, cité par Hipparque, suivit cette opinion (et) place le colure de l’équinoxe environ à 7° 36’ de la première étoile du bélier; je sui (sic) Hipparque et Eudoxe mais (Fréret) représente que je place le colure à la distance de 15° de la première étoile du Bélier, d’où il conclut que je devrais avoir placé l’Expédition des Argonautes à un temps plus reculé de 532 ans que le temps où je la marque. S’il prend le temps de rectifier sa méprise il trouvera que l’Expédition des Argonautes s’est faite au temps où je l’ay fixée »’ (p. 5) II. Fortune de l’Origine de tous les cultes de Dupuis L’Origine de tous les cultes ou Religion Universelle de Dupuis (deux versions, l’une en quatre, l’autre en douze volumes, parues simultanément à la fin de 1794, An III de la République, cf « Notice sur la vie et les ouvrages de Dupuis », in Abrégé de l’origine de tous les cultes, Paris, 1836, Reed. Ed Awac, 1978) appartient-il à la littérature astrologique? Nous avions déjà abordé cette question à propos d’Etteilla (cf L’Astrologie du Livre de Toth (1788) op. cit.), mettant en garde contre un certain purisme propre aux astrologues s’aventurant dans l’Histoire de l’astrologie, et ne percevant celle-ci que de leur point de vue de praticien. Or, indubitablement, Charles-François Dupuis a une culture astrologique, probablement une bibliothèque astrologique et la lecture de son oeuvre comporte même un caractère didactique, en particulier quant à l’exposé de la théorie des domiciles planétaires qu’il décrit par le menu, s’inspirant de la Mathesis de Firmicus Maternus(cf notre communication « Ptolémée et Firmicus Maternus », au Colloque de Malaga, 2001, L’Homo mathematicus) et d’autres auteurs: c’est ainsi qu’il reproduit les degrés monoméres. Au demeurant, le dispositif planètes/signes constitue pour Dupuis une clef pour le décryptage de certaines « fables », terme sous lequel, au XVIIIe siècle, on désigne les mythes et les légendes. Le Zodiaque est à l’évidence, pour Dupuis, l’occasion d’étaler son érudition dans la mesure où cet ensemble se retrouve dans les civilisations les plus éloignées dans le temps et dans l’espace. On soulignera cependant l’influence probable de l’astrologie indienne, que Dupuis connait – il cite (p. 50), en 1781, dans son Mémoire sur l’origine des constellations , Paris,(BNF, V 8188) les Philosophical Transactions anglaises de 1772 qui comportent des éléments sur ce sujet- quant au développement de ses thèses consacrées à une périodicité longue.(cf notre article, « Astrologie et histoire des religions », op. cit.) Cela n’empêche pas Dupuis, au demeurant, de prendre ses distances d’avec l’astrologie: « Rien de si universellement répandu et à quoi l’on ait cru plus longtemps que l’astrologie et rien qui n’ait une base plus fragile et des résultats plus faux. Elle a mis son sceau à presque tous les monumens de l’antiquité, rien n’a manqué à ses prédictions que la vérité et l’univers cependant y a cru et y croit encore » (Origine de tous les cultes). Mais il est désormais bien connu que l’anti-astrologie véhicule le savoir astrologique. Quand Dupuis- qui fut par ailleurs député à la Convention – il fut même proposé un temps, par la suite, comme membre du Directoire et quelques autres ( tel que Constantin Chassebeouf dit Volney (1757-1820), pseudonyme constitué de Voltaire et de Ferney, également homme politique d’une certaine envergure, auteur des Ruines, ouvrage qui contribua à vulgariser le précsessionalisme religieux, cf infra) abordent la question de ce qu’on n’appelle pas encore les « ères », la campagne d’Egypte n’a pas encore eu lieu d’où l’on ramènera le Zodiaque de Dendérah, d’abord en dessin, du vivant de Dupuis, puis, vingt ans plus tard (1822), après sa mort, sous sa forme d’origine, document que d’aucuns n’hésiteront pas à comparer, avec quelque excès, à la pierre de Rosette, elle, conservée à Londres, et sur laquelle s’exerça le génie de décrypteur de Champollion, quant à son importance scientifique. C’est que quelque temps l’on crut que le zodiaque de Dendérah révolutionnerait la chronologie et repousserait considérablement les limites déterminées par l’Ancien Testament.(cf Le Texte prophétique en France, op; cit.) C’est ainsi que durant quelques décennies, et sous plusieurs régimes politiques, par le jeu des rééditions, des abrégés et des traductions, l’oeuvre de Charles-François Dupuis, de l’Institut (1742-1809) – qui n’a pas sa place dans le Larousse-actuel – propulsa les considérations astronomico-chronologico-religieuses au premier plan (cf M. P. R. Auguis, « Notice biographique sur la vie et les écrits de Dupuis », en tête de l’Origine de tous les Cultes ou Religion Universelle, Paris, 1822). Il semble que les premières « notices » à avoir circulé datent de 1812-1813: Dacier, secrétaire perpétuel de la classe d’histoire et de littérature ancienne de l’Institut Impérial, rédige une « notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Dupuis », lue en séance publique, qui parait dans le Moniteur (n° 216-217). La veuve Dupuis fera de même, pour signaler son dénuement. (BNF Ln27 6847), dans une Notice historique sur la vie littéraire et politique de M. Dupuis, elle grâce à qui le manuscrit de l’Origine de tous les Cultes (OTC) ne fut pas brûlé par son auteur. Selon Dupuis – et c’est ce que lui reprocheront ses adversaires – tout ce qui dans la Bible ferait appel au douze serait à rattacher au zodiaque, relèverait d’un mythe solaire. Il y a là certes une ambition de fonder épistémologiquement les Sciences Religieuses sur un substrat astronomique. Pour se moquer de ses thèses, tel auteur écrira un livre, à la façon de Dupuis, démontrant que Napoléon n’est qu’un mythe et n’a jamais existé.. On lui reprochera également d’accorder trop d’importance au zodiaque qui ne serait qu’une invention tardive des astrologues, arbitrairement extraite de l’ensemble de la sphère céleste.( tel un certain C. G. S. , dans son. Mémoire explicatif sur la sphère caucasienne et spécialement sur le zodiaque où l’on prouve que ce dernier monument sous quelque forme qu’il puisse se présenter doit être jugé indigne de toute attention de la part des astronomes et des archéologues, n’ayant jamais été à l’origine qu’une pure rêverie astrologique, 1813, BNF) Ce qui distingue Dupuis d’un astrologue, de l’avis de certains, tiendrait au fait que Dupuis se situe sur un plan culturel, il ne présume nullement que l’homme et les astres appartiendraient à une même structure symbolique. Dupuis se contente d’insister sur l’importance qu’a revêtu le ciel dans l’Histoire des sociétés humaines. Lui, qui était pourtant contemporain de Lamarck, (1744-1829), le fondateur du transformisme, précurseur de Darwin, ne songe pas à soutenir qu’une telle intégration -une instrumentalisation- des données célestes aurait pu déboucher, avec le temps, par la transmission de caractères acquis, sur le fait astrologique. Dupuis n’en est pas moins un précurseur du projectionnisme qui s’allie fort bien, de nos jours, avec le stellaro-planétarisme que nous prônons. Néanmoins, la lecture de l’OTLC (Origine de tous les cultes) est avant tout zodiaco-planétaire.(ZP) car si Dupuis signale notamment les quatre étoiles royales (Aldébaran, Régulus, Antarés, Fomalhaut), il ne s’intéresse pas aux relations planétes/étoiles fixes, ce qui tient tout simplement à ses lectures des textes astrologiques -selon nous tardifs – dont il est prisonnier. La précession des équinoxes est décrite dès lors de façon vague sans référence à telle ou telle étoile. Dupuis souligne certes que l’axe Aldébaran/Antarés a correspondu à un certain moment avec les équinoxes, s’inscrivant alors dans les constellations du Taureau et du Scorpion, sans relever ce qu’une telle coïncidence peut avoir de suspect. Il nous semble, pour notre part, que l’intérêt pour cet axe date d’une période bien antérieure à la présence du point vernal en conjonction avec le dit axe, et probablement en dehors de toute référence à des constellations baptisées et constituées par la suite. Il reste que la thèse principale de Dupuis – qui n’est d’ailleurs pas développée dans l’Abrégé de 1797- tient que « le changement d’animal symbolique était une suite nécessaire de la précession des équinoxes et du changement de signe céleste » (Origine de tous les cultes, tome I, p. 143, version en 4 vol.) . En fait, l’exposé principal de cette thèse dont on connaît la fortune, est repris dans le dernier volume, celui des annexes, sous le titre ‘Explication du frontispice » (cf notre article sur ce site consacré à Astrologie et religion) « La précession des Equinoxes fait correspondre successivement le Soleil aux divers signes du Zodiaque, à l’époque de l’Equinoxe du Printemps. Il y a environ quatre mille ans que le Soleil ouvrit l’année astronomique, placé dans le Taureau. C’est au temps qui s’est écoulé pendant cette correspondance, c’est à dire à l’espace de 2151 (sic) années solaires que doivent se rapporter tous les cultes dont le Taureau fut l’objet symbolique etc « . Autrement dit, pour Dupuis, le culte du Taureau, s’originerait, devrait être rapporté à cette période. L’influence de Warburton sur Dupuis Dupuis, en proposant une explication de l’origine des cultes liée au ciel, ne fait, au vrai, que reprendre un thème déjà abordé par l’anglais Warburton, évêque de Gloucester, dans son ouvrage majeur paru en 1738 (BL 494 f 5-7), Divine Legation of Moses demonstrated,partiellement (Livre IV, § 2-6) traduit en anglais par Des Malpeires – sous le titre d’ Essai sur les hiéroglyphes des Egyptiens où l’on voit (…) l’origine du culte des animaux« , tome I (Paris, 1744, BNF G 13324, BL 621 b 19) titre – en anglais le culte des animaux se dit Brute-worship - qui n’est pas sans annoncer celui là même adopté par le Français: Origine de tous les Cultes. Mais on peut se demande si Dupuis ne fut pas aussi lecteur de l’abbé Pluche lequel écrivait en 1740 dans sa Révision de l’Histoire du Ciel, (BNF V 220719) que les « signes du zodiaque (..) ne sont pas d’une institution aussi ancienne que la naissance de l’idolâtrie et qu’ils lui sont même postérieurs de beaucoup » (p. 59) D’ailleurs, Warburton attribue à Lucien l’ »opinion (qui) consiste à dire que les Egyptiens qui ont imaginé les premiers de diviser le Ciel en astérismes ayant désigné chaque constellation par le nom d’un animal, cela a donné lieu d’adorer les animaux » (p. 51). Et Warburton d’objecter à cette thèse: « Le culte des animaux a produit les astérismes en Egypte et ce ne sont pas les astérismes qui ont donné naissance au culte des animaux (..)Cette multitude des étoiles n’a pu être partagée en astérismes avant que les prêtres égyptiens eussent fait un progrès raisonnable dans l’astronomie et nous avons vu que le culte des animaux était antérieur au temps de Moyse. » (p. 283) Le débat sur le Zodiaque et l’anti-astrologie Derrière cet intérêt pour la genèse du zodiaque, l’astrologie reste en ligne de mire et contrairement à ce que l’on a pu écrire, ceux qui écrivent au milieu du XVIIIe siècle sur ces questions n’ont nullement le sentiment que la croyance en l’astrologie appartient au passé; dès lors, leurs travaux relèvent bel et bien de la littérature anti-astrologique: « Un des fruits de cette recherche, écrit en 1739 l’abbé Pluche, est de nous apprendre que la même méprise qui a peuplé le ciel de divinités chimériques a donné naissance à une multitude de fausses prétentions sur les influences des cieux et à des erreurs qui tyrannisent encore la plupart des esprits ».Quand notre Histoire du Ciel ne nous procurerait d’autre bien que celui d’apercevoir la méprise qui a précipité le genre humain dans un égarement qui en est l’opprobre et dont les suites troublent encore (sic) le repos de la société, ce serait sans doute un profit assez satisfaisant » (p. XL) Par la suite, lors du débat autour du Zodiaque de Dendérah, l’anti-astrologisme se manifestera comme en témoigne ce texte – « Des Zodiaques égyptiens » d’un certain Greppo (Annales de philosophie chrétienne, 1830, 2e Ed. 1833, BNF R 10293) considérant que le Zodiaque de Dendérah relève plus de l’astrologie que de l’astronomie: ces monuments, écrit-il, « n’appartiennent nullement à l’astronomie mais se rattachent aux vaines croyances de l’astrologie judiciaire et ne sont autre chose que ce que les adeptes de cette prétendue science sont convenus d’appeler des thèmes de nativité. (Ce) serait perdre son temps et se donner beaucoup de peine que de prétendre les soumettre à des calculs scientifiques auxquels (ils) se refuseront toujours (…) D’après un système tout à fait satisfaisant, les zodiaques (…) pourraient être regardés comme relatifs aux destinées des empereurs qui les ont fait élever » Quant à Letronne, dans son Essai sur le système hiéroglyphique de M. Champillon le Jeune et sur les avantages qu’il offre à la critique sacrée » (Paris, 1821, BNF), il écrivait au sujet de ces zodiaques qu’ils sont « l’expression de rêves absurdes et la preuve encore vivante d’une des faiblesses qui ont le plus déshonoré l’esprit humain ». Les attaques anglaises Signalons que les thèses de Dupuis connurent une diffusion en diverses langues et notamment en anglais, comme en témoigne, dès 1799, l’ouvrage du chimiste Joseph Priestley (1733-1804), « Remarks on Mr Dupuis’s Origin of all religions » à la suite de « A comparison of the Institutions of Moses with those of the Hindus etc, Northumberland, BNF A 14154) et l’on peut raisonnablement penser que c’est à partir des thèses de Dupuis que les anglo-saxons se familiarisèrent avec le système que Le Cour, après un long détour, adoptera.. Mais Priestley(cf E. Hiebert et al. Joseph Priestley, scientist, theologian and metaphysician, Lewisburg, 1974) s’en était déjà pris précédemment à Volney, disciple de Dupuis en matière précessionnelles: ce dernier lui avait répliqué, dès 1797, par un texte qui sera traduit en anglais sous le titre : Volney’s answer to Doctor Priestley entitled « Observations upon the increase of infidelity », Philadelphie, ( BNF, Rp 2796). L’original français paraîtra dans les éditions complètes de l’oeuvre de Volney (Vol. 1, Paris, 1821, BNF Z 30189) Dupuis et le Zodiaque de Dendérah Nous avons en notre possession deux éditions de l’Abrégé de l’Origine de tous les Cultes, ouvrage paru dès 1797, soit trois ans après sa matrice. Rappelons que Newton avait également publié, dans les circonstances décrites plus haut, un Abrégé de sa Chronologie. Signalons que dès 1799, un autre « abrégé » paraîtra, oeuvre de Destut de Tracy, chez le libraire qui avait publié les éditions de 1794, l’Analyse de l’origine de tous les cultes et de l’abrégé qu’il a donné de cet ouvrage, Paris, H. Agasse, An VII ( BNF G 32823). En réalité, il s’agit d’une série d’articles qui avaient commencé à paraître dans le Mercure de France. Destut parle déjà à l’époque de « son immortel ouvrage ». En ce qui concerne le rôle des périodiques, signalons que des parties reprises dans l’Origine de tous les cultes, étaient parues auparavant (en 1779-1780) dans le Journal des Savants, puis, en 1781, dans l’Astronomie de La Lande, sous le titre de « Mémoire sur l’origine des constellations et sur l’explication de la fable par l’astronomie », qui paraîtra ensuite séparément. L’Origine de tous les Cultes était, selon l’expression même de Dupuis, » en attendant un ouvrage considérable que je prépare », écrivait-il en 1781.. On a l’impression d’entre Morin de Villefranche annoncer longtemps à l’avance l’Astrologia Gallica qui ne paraîtra qu’en 1661, après sa mort Dès septembre 1795 – notons que l’année changeait alors à l’Automne – La Lande avait analysé l’Origine, dans le « supplément « de la Gazette Nationale ou le Moniteur Universel (30 Fructidor an III), dans un long texte intitulé « extrait ». Cet article est tout à fait remarquable par sa présence dans un périodique officiel de cette importance et il semble bien que les raisons politiques du temps se soient ajouté aux raisons scientifiques. Un La Lande qui apparaît séduit par le recours à la mythologie, ce qui nous permet de mieux comprendre pourquoi les nouvelles planètes, découvertes en 1781 et en 1801, vont porter des noms de divinités antiques dont les astrologues tireront un enseignement pour leur pratique. Dans ce texte, Jérôme de La Lande, directeur de l’Observatoire, revient sur la thèse précessionnelle de son disciple Charles-François Dupuis qui vise à relativiser la signification des cultes successifs, y compris celui de Jésus. Citons ce passage du Moniteur: »Les (..) planètes associées comme divinités aux influences du Soleil et de la Lune, leurs domiciles dans les différents signes, les signes divisés en décans qui fournirent 36 génies, augmentent prodigieusement les richesses astrologiques et religieuses, les fables et les mystères auxquels les anciens attachaient beaucoup d’importance. ». Il est vrai que durant des siècles, l’astrologie et l’astronomie véhiculèrent une terminologie mythologique en pleine Chrétienté, sans que l’on y prit garde! Or, c’est cette dimension astro- mythologique qui est révélée en quelque sorte par Dupuis et qui, selon lui et son maître l’astronome La Lande, fait de l’astrologie une clef pour appréhender l’Histoire des Religions et ce sans que cela implique, aucunement, la moindre reconnaissance de sa valeur intrinsèque, vu qu’il s’agit là d’une influence voulue, élaborée par les hommes, même si son souvenir en fut estompé avec le temps, et non d’une empreinte cosmique que les hommes auraient subie et tenté de décrypter.. Mais c’est bien l’Abrégé, plus encore que les volumes de l’Origine - qui se vendra mal – qui diffusera les thèses de Dupuis. On notera la convergence entre les thèses de Dupuis sur le signe de la Balance, comme premier signe zodiacal, et le fait que le calendrier révolutionnaire débute sous ce signe (l’année juive également commence en septembre). Au demeurant, selon Paravey, ce serait bel et bien Dupuis et un autre député de la Convention, Romme, qui malgré son peu d’exactitude et l’opposition de La Lande, aurait obtenu cette mesure (Aperçu des Mémoires encore manuscrits sur l’origine de la sphère etc , Paris, 1821, Rééd. 1835, p. 13,, in Illustrations de l’astronomie hiéroglyphique et des planisphères et zodiaques retrouvés en Egypte, Chaldée, dans l’Inde et au Japon ou Réfutation des mémoires astronomiques de Dupuis, de Volney, de Fourier et de M. Biot, Paris, 1868, BNF V 48826). Il existe, notamment, deux éditions de l’Abrégé datées l’une et l’autre de 1836 et cependant différent sensiblement sur deux points, la notice biographique et le traitement du Zodiaque de Dendérah. L’édition parue chez Lebigre a fait l’objet d’un reprint en 1978 (ed Awac), l’autre édition ( exemplaire de la Bibliotheca Astrologica), ornée d’un portrait, parue chez Renault, comporte en hors texte le zodiaque égyptien. Les titres des deux éditions sont les suivants: Lebigre: Abrégé de l’origine de tous les cultes par Dupuis, augmentée d’une notice sur la vie et les ouvrages de Dupuis, d’une description du planisphère circulaire du zodiaque de Dendra (sic) Renault: Abrégé de l’origine de tous les cultes par Dupuis. Nouvelle édition ornée du portrait de l’auteur et augmentée d’une notice sur sa vie et ses ouvrages. A la fin de cette édition, à partir de la page 469, on trouve des « Observations sur le Zodiaque de Dendra (sic) par M. Dupuis », sans que ce développement soit mentionné au titre général du volume. Or, si l’on examine la notice de l’édition Lebigre, intitulée » Description du zodiaque de Dendra qui se trouve maintenant au musée de Paris », on remarque qu’elle est signée : T. L. et qu’elle n’est nullement le fait de Dupuis. En fait, dans les éditions du début des années 1830 (1831 (BNF G 32816 et 1833, BNF G 32810), les deux notices se suivaient, et dans l’une des éditions de 1836, on s’est contenté de faire disparaître celle de Dupuis sur Dendérah (1806) alors que dans l’autre édition de 1836, c’est celle de T. L. qui ne figure pas. Slosman, dans son ouvrage ne relève pas de telles particularités (Le Zodiaque de Dendérah, op. Cit.).dans son chapitre consacré à Dupuis. L’édition Renault est plus intéressante de par les Observations de Dupuis mais elle est d’un plus petit format, de poche, ce qui explique probablement pourquoi on lui aura préféré, pour le reprint, l’autre édition, plus présentable. Pourquoi avoir amputé l’Abrégé de son appendice dendérien, lequel il est vrai ne figurait évidemment pas dès 1797, dans la première édition de l’Abrégé, avant l’Expédition d’Egypte de 1799 et ne fut adjoint qu’en 1822, au lendemain de l’arrivée du Zodiaque à Paris? L’Abrégé et le mémoire sur le Zodiaque de Dendérah qui lui est adjoint, sera publié en espagnol, dès 1822: Compendio del origen de todos los cultos seguido de la descripcion del Zodiaco de Dendra, Madrid (BNF G 32869-70) Il est vrai que Dupuis n’avait peut-être pas prévu cette addition, lui, qui avait publié son texte dans la Revue Philosophique (mai 1806), comme il est d’ailleurs indiqué dans les éditions de 1822, mais non dans celles de 1835-1836. Encore, en 1820, l’Abrégé était-il paru sans l’élément dendérien qui était pourtant disponible, ce qui tendrait à montrer que l’intérêt avait chuté entre les deux vagues (celle qui survint sous l’Empire, à partir de simples reproductions, et celle qui survint à la Restauration, à partir du monument rapporté en France) Or, Slosman ne met pas en évidence le fait que le processus s’effectua en deux temps: Dupuis appartient au premier temps et dans son article, il cite d’ailleurs (dans une note en bas de page que ne reproduit pas Slosman) tous ceux qui ont écrit sur ce sujet depuis que Denon a rapporté ses dessins du Zodiaque de Dendérah, s’en prenant en particulier à son vieux maître de La Lande, auteur d’une étude dans la Connaissance des Temps pour l’An XIV). Cependant, la production française s’éparpille au sein de toutes sortes de publications (cf Le Texte prophétique en France, op. Cit.), autrement dit, à une exception près, aucun ouvrage ne sera consacré exclusivement à cette question. Seul Testa, qui publie en 1802, une étude en italien, sera l’auteur d’un texte séparé, qui ne paraîtra d’ailleurs, en français, qu’en 1807, au lendemain de la parution de l’article de Dupuis sur le même sujet. Testa est un secrétaire de la chancellerie romaine qui profite de ses réflexions sur le Zodiaque de Dendérah pour s’en prendre aux thèses de Dupuis… Signalons en 1828 la réaction d’un autre Italien, D. Giuseppe Baraldi dans un mémoire paru à Modéne: »Sopra un saggio di confutazione del Dupuis dell ‘opera intitolata Origine di tutti i Culti » (BNF G 7948) Une erreur souvent commise consiste à négliger les périodiques, du moins à partir du XVIIe siècle, et de ne se concenter que sur les ouvrages, ce qui est évidemment plus simple. Mais c’est grâce aux périodiques généralistes que l’on prend la mesure de l’impact d’un phénomène de société, notamment dans les années 1820, et non pas par une brochure dont on ignore la diffusion. Paravey, cependant, a réuni (Jugemens principaux portés sur l’aperçu de nos mémoires (..) en divers journaux périodiques, dans son recueil de pièces paru en 1821 et 1835 et repris en 1868 sous le nom d’ Illustrations astronomiques, Paris, 1835) un certain nombre de ces articles parus notamment dans les années 1820, dans laQuotidienne, le Journal des Débats, l’Ami de la Religion, la Revue Encyclopédique etc Le travail de Slosman pèche par le fait qu’il n’a pas pris en considération le cas Paravey. Car il semble bien que le chevalier Paravey, alors très jeune, ait été, par ses contacts avec Louis XVIII, à l’origine de l’arrivée du planisphère en France, à la fin de l’année 1821 (« Historique rapide des travaux relatifs au planisphère de Dendérah et de sa translation (sic) à Paris » in Réfutation des anciens et des nouveaux mémoires de M. Biot sur le zodiaque égyptien et sur l’astronomie comparée de l’Egypte, de la Chaldée et de l’Asie (Paris, 1835) . Il aurait, à l’entendre, été victime de plagiat de la part de certains de ceux qui traitèrent vers 1822-1823 su Zodiaque de Dendérah, à commencer par Biot.. Paravey est notamment l’auteur de quatre mémoires lus devant l’Académie des Sciences et devant l’Académie des Inscriptions au cours de l’Eté 1820. Slosman, bizarrement, date, dans sa bibliographie, in fine, le texte de Dupuis de….1822 alors qu’il est de 1806. Il le présente sous le titreObservations sur le Zodiaque de Dendra, titre qui, à notre connaissance, ne sera adopté qu’à partir de 1831, le titre de 1822 étant Dissertation sur le Zodiaque de Dendra. Slosman a eu probablement affaire – lui qui travailla essentiellement à partir d’ une collection des Jésuites anciennement conservée à Chantilly et qui se trouve désormais à la Bibliothèque Municipale de La Part Dieu, Lyon – à un tiré à part, daté de 1822 (BNF Réserve J 2529) et dont l’intitulé intérieur est « Observations sur le Zodiaque de Dendra. » Contrairement à ce que l’on aurait pu supposer, la nouvelle notice adoptée, dont on ne connaît pas la date de rédaction, reste proche des thèses controversées de Dupuis et qui n’avaient plus guère cours en 1836: « Nous ne hasarderons aucune opinion quant à l’époque chronologique à laquelle remonte ce monument: il a été émis bien des conjectures à cet égard; toutes (sic) donnent au zodiaque de Dendra une origine de plusieurs milliers d’années antérieures au commencement de la période adamite, telle que les prêtres l’ont établie, tout porte à croire que la moins probable de ces conjectures est plus rapprochée de la vérité que les calculs théologiques » (p. 517) Examinons, à présent, le texte de 1806 de Dupuis sur la question et signalons d’emblée que notre auteur distingue l’âge du monument, qui pourrait être relativement récent, avec celui du document qui serait le reflet d’une configuration céleste beaucoup plus ancienne. La présence du signe de la Balance plaiderait certes en faveur du caractère tardif du Zodiaque de Dendérah mais Dupuis, lecteur de Manilius, soutient que le signe de la Balance a pu exister à une époque beaucoup plus ancienne, et que le fait que la constellation correspondante ait été appelée Chelles du Scorpion n’est pas déterminant, les deux formules ne s’excluant pas nécessairement. En 1806, Dupuis publia donc, trois ans avant sa mort, deux textes qui ne laissèrent pas indifférents, consacrés au Zodiaque: l’article de la Revue Philosophique, consacré au Zodiaque de Dendérah et le Mémoire explicatif du Zodiaque chronologique et mythologique (cf Auguis, « Notice biographique sur la vie et les écrits de Dupuis », pp. XIV et XV, op. cit.). Une des réactions les plus intéressantes sera celle de Charles Gosselin,Antiquité dévoilée au moyen de la Genèse, source et origine de la mythologie et des cultes religieux dont la première édition de 1807 ne prenait pas encore en compte cette récente production (voir toutefois un « Quatrième Tableau mythologique contenant l’origine du Zodiaque et l’explication des différentes constellations de la Sphère Céleste d’après l’Histoire de la Genèse »(BNF G 18937). En 1808, une nouvelle édition augmentée (exemplaire non conservé à la BNF) comporte, en annexe, une « Chronologie de la Genèse confirmée par les monuments astronomique dont on s’est servi pour l’attaquer » (BNF G 5237). Curieusement Gosselin – auteur inconnu de Slosman- y parle d’un « L. Dupuis ». Cette addition sera elle-même commentée par J. D. Lanjuinais (Magasin Encyclopédique, février 1810, p. 451), texte ajouté à l’édition de 1812 de l’ouvrage de Gosselin (BNF G 5237), ainsi que dans l’édition de 1817 (BNF A 8991). Le débat tourne autour de la date du Zodiaque : Dupuis, note Gosselin, se gausse de ceux qui veulent faire débuter le zodiaque par « une étoile imperceptible de la queue du Bélier » et il suggère, on l’a vu, pour vrai commencement une étoile de la constellation de la Balance, ce qui ferait, note Gosselin, « remonter le zodiaque de 15000 ans du temps présent ». On trouve en fait dans l’annexe de Gosselin une revue des différentes positions exprimées sur l’affaire Dendérah, de Testa au Mémoire explicatif sur la sphère caucasienne de M. C. G. S. (dont on ne connaissait qu’une édition de 1813).. En bref, la datation du Zodiaque de Dendérah n’est pas résolue. Comme le rappelle encore en 1853, Brunet de Presles, de l’Institut, dans une note lue à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, reprise dans un article du Journal Général de l’Instruction publique et des cultes, « Sur le papyrus grec du Musée du Louvre contenant un traité de la sphère et sur le zodiaque de Denderah »: Il est maintenant reconnu que les temples de Denderah et d’Esneh qui renfermaient chacun deux zodiaques, ont été, sinon entièrement construits, du moins en grande partie décorés sous les empereurs romains. Mais par là n’est pas résolue la question si controversée de la date astronomique de ces zodiaques. En effet, on sait , par les observations de Champollion et d’autres égyptologues, que les temples élevés sous les Lagides ou les empereurs sont presque toujours des agrandissements ou des réédifications de temples plus anciens et qu’ils ont été consacrés aux divinités locales précédemment adorés dans le même sanctuaire En fait, Slosman n’a pas compris que l’arrivée du Zodiaque égyptien à Paris fut le résultat et non la cause de débats qui agitèrent les académies et les journaux. En outre, en ignorant le rôle considérable de Paravey, qui travaillait le sujet depuis 1816, en tant qu’ un des plus farouches adversaires d’une datation à la Dupuis du dit Zodiaque, il a privilégié des auteurs dont le rôle historique est bien moindre. Le problème de la datation des documents nous apparaît, en tout cas, comme crucial pour l’épistémologie de l’Histoire de l’astrologie, et ce depuis Dendérah jusqu’à Nostradamus (cf sur ce site, » Nostradamus devant la critique »). Pour Dupuis, il était également essentiel de retrouver le contexte d’origine du zodiaque, qui était, selon lui, l’Egypte, pour des raisons d’adéquation météorologique entre le zodiaque et le calendrier des activités socio-économiques au bord du Nil. Selon Dupuis, reprenant une argumentation de Pluche (Histoire du Ciel où l’on recherche l’origine de l’idolâtrie et les méprises de la philosophie sur la formation & sur les influences des corps célestes, Paris, 1739) sur son climat jugé incompatible avec le zodiaque, seule l’Egypte aurait le bon profil pour rendre compte de la succession des symboles zodiacaux à condition toutefois de supposer que le point de départ du zodiaque – le point vernal – soit placé en Balance et non en Bélier ou en Taureau, repoussant ainsi d’un demi-cycle précessionnel de 25920 ans, le cadre chronologique biblique traditionnellement admis de son temps, ce qui ne fait que contribuer à sa déconstruction du christianisme. Auguis, membre de la Société Royale des Antiquaires de France (« Notice biographique », op. cit.) note que » ces zodiaques sculptés sur les plafonds ou sur les murs de quelques temples parurent à Dupuis fournir une preuve irrécusable d’une de ses premières hypothèses ». En tout cas, l’Expédition d’Egypte allait faire, pour un temps, du Zodiaque un sujet privilégié du débat académique. L’astrologie serait-elle une chose trop importante pour être laissée aux astrologues? Ajoutons que Dupuis, depuis 1787, était comme Jean-Baptiste Morin, professeur au Collège de France. L’Abrégé, ouvrage maudit? Il ne faudrait pas croire que l’Abrégé de l’Origine de tous les Cultes put toujours être réédité sans problème de la part de la censure, alors que Bonaparte l’avait lu avec intérêt, à la Restauration, on considère la publication de cet ouvrage comme un scandale, ce dont témoigne le libraire A. Chassériau (A mes juges, et au public. Mémoire, Paris, 1823, BNF, Mfiche 8° Fm 568). Et ce malgré le fait qu’il ait adjoint au dit Abrégé le mémoire de Dupuis de 1806 consacré à ce zodiaque de Dendérah si à la mode, depuis son arrivée d’Egypte en 1822. D’ailleurs, en cette année 1822, on fait jouer au Théâtre du Gymnase une pièce d’un certain Langlois intitulée le Zodiaque de Paris. A propos du Zodiaque de Dendérah. Vaudeville-épisodique en un acte, BNF 8° Yth 19516.: « Paris possède le zodiaque de Dendérah, Dendérah doit posséder le Zodiaque de Paris ». Le Mémoire de Chassériau est instructif. On y apprend que des notes furent cédées par les héritiers de Dupuis (p. 38), à ce libraire en vue d’une édition augmentée de l’Abrégé. Chassériau fit la sourde oreille pour éviter les ennuis qui viendraient de réflexions assez provocatrices, peut-être les retrouvera-t-on un jour? Chassériau confirme le succès de l’Abrégé de Dupuis, tirage après tirage, tombé dans le domaine public, et il n’était pas seul à exploiter un tel filon. Chassériau, au demeurant, reconnaît bien volontiers que l’ouvrage n’est pas à mettre dans toutes les mains – en fait, l’Abrégé est la survivance de l’esprit de la Révolution sous la Restauration – de là à l’interdire, encore faudrait-il que les éditeurs soient mis au courant! Le procès de l’Abrégé à tonalité anti-chrétienne virulente- dont nous ignorons par ailleurs l’issue – annonce – toutes proportions gardées, celui qui, plus d’un siècle plus tard, concernera, dans les années 1934-1935, suivies, en 1937, de la parution de l’Ere du Verseau. Le retour de Ganiméde (sic) de Paul Le Cour, les Protocoles des Sages de Sion. (cf notre ouvrage, Le sionisme et ses avatars au tournant du siècle, Feyzin, 2002). Dupuis mais aussi Volney seront encore pris à parti dans les années 1830 par Paravey: Illustrations de l’astronomie hiéroglyphique et des planisphères et zodiaques retrouvés en Egypte, Chaldée, dans l’Inde et au Japon ou Réfutation des mémoires astronomiques de Dupuis, de Volney, de Fourier et de M. Biot, Paris, Treuttel et Wurtz (BNF V 48826) Un processus de désésotérisation Nous avons signalé l’intérêt, au cours des XVIIIe et XIXe siècles, des milieux académiques pour le zodiaque et pour le savoir astrologique en général. Un historien qui se respecte ne peut plus alors se permettre de ne pas disposer d’un certain bagage en ce domaine pour comprendre et situer les documents qui se présentent à lui. On pourrait dès lors parler d’une période de désésotérisation (cf sur ce concept notre étude « Esotérisme philosophique, ésotérisme sociétal ») qui intégrerait dans le champ des connaissances à maîtriser un domaine qui avait été relégué dans certains bas-fonds de la culture. Paradoxalement, l’émergence de l’occultisme, au milieu du XIXe siècle, notamment chez un Eliphas Lévi apparaîtrait comme une réaction contre une certaine forme de récupération, bref comme une entreprise de ré-ésotérisation. Il faut en effet comprendre que la désésotérisation a pour contrepartie de démystifier certains clivages et donc est susceptible de compromettre un certain ordre social. Entendons par là qu’un clivage intellectuel en cache un autre de type socioculturel. Si un groupe, du fait de la désésotérisation, ne dispose plus, est dépossédé, de son savoir identitaire, il y a crise ne serait-ce qu’au niveau de la légitimité de l’autorité au sein du dit groupe. Autrement dit – et nous l’avons montré dans nos travaux sur la sociologie du judaïsme contemporain (voir sur le site faculte-anthtopologie.fr) chaque groupe tend à s’approprier un certain créneau, dans son processus de représentation. Le fait que le créneau perde de sa spécificité ne signifie pas pour autant que ce soit le cas du groupe lequel perd de sa visibilité du fait du nivellement, d’un processus de banalisation.. C’est en cela qu’un Dupuis, « membre de la classe d’Histoire et de Littérature ancienne de l’Institut », de par son accès et son recours à la littérature astrologique, fait scandale, et ce non point cette fois aux yeux de ses collègues mais pour ceux qui, socialement en décalage, avaient fait de ce savoir déchu un privilège, une compensation et qui se retrouvaient en quelque sorte comme envahis par des étrangers profanateurs. Il serait d’ailleurs intéressant de se demander si le développement de la franc maçonnerie au XVIIIe siècle ne relève pas également d’un projet de ré-ésotérisation face à des Lumières qui précisément ne veulent rien laisser dans l’obscurité: en quelque sorte, on aurait ainsi affaire à une manifestation d’obscurantisme en réaction aux coups de projecteur. Ainsi, expliquerait-on certaines contradictions fréquemment relevées pour les dites Lumières: plus la science historique, pour ne parler que d’elle, conquière le terrain du religieux, tous siècles confondus et plus se fait sentir, chez certains, le besoin, d’édifier de nouvelles barrières, de façon à créer des espaces de convivialité, de sociabilité, où se retrouver entre soi. Dupuis et Volney, du Second Empire à la Commune de Paris En 1860, un certain Jacques Breton publia un Contrôle des Ruines de Volney (Clermont-Ferrand, (BNF *E 3942) qui part en guerre contre les « dieux zodiacaux ». Et se moque de méthodes qui pourraient faire accroire que ni Napoléon Ier ni Napoléon III ont jamais existé et ne sont que des héros solaires. Breton relève que « quand on a adoré les animaux, ce ne (furent) pas ceux des astres ». Il est vrai que le bélier et le taureau sont des animaux propices aux sacrifices et qui n’ont pas attendu d’être placés dans le zodiaque pour marquer l’environnement des hommes. Ce sont eux qui ont été projetés au ciel et non, comme semble le soutenir la théorie des ères, le ciel qui aurait été introjecté par les hommes. Citons aussi un fascicule paru à Genève, vers 1870-1871, d’un certain Antoine Rocher: Plus de bon Dieu ni de mauvais diable mais l’instruction et l’Humanité (Origine de l’invention de Dieu et des cultes. Résumé de Dupuis et de Volney) par un libre penseur (BNF Lb57 1269 (15): « Le savant Volney fait remonter à plus de 15000 ans l’origine des cultes et de la croyance en Dieu et il a appelé à l’appui de son opinion les anciens monuments de la religion primitive des Egyptiens (…) Il évoque en outre la précession des équinoxes qui a causé, dit-il, un déplacement de sept signes; jadis la Balance était placée à l’équinoxe de Printemps et le Bélier à l’équinoxe d’Automne; ce sont là des calculs astronomiques faciles à établir » La revanche du procès de Galilée En 1821, Newton était encore cité dans le débat sur chronologie et étoiles: Lanjuinais (Revue Encyclopédique,, Août 1821) opposait ainsi deux écoles: d’un côté, la Bible, Pline, Newton, Leibniz, Bossuet, Testa, Lalande, Larcher, Visconti, Cuvier , Delambre en faveur d’une chronologie bréve, de l’autre, Dupuis, Volney, Fourier, Grobert, Francoeur, Rémi-Raige, Jomard, en faveur d’une chronologie outrepassant les limites qui semblaient posées par l’Ancien Testament. L’affaire Dendérah fera triompher les premiers – mais ce fut une victoire à la Pyrrhus puisque cela n’empêcha pas les avocats d’une chronologie proto-biblique d’avoir eu raison in fine, mais ce ne fut pas sur la base du zodiaque que leur cause devait finir par l’emporter. L’intérêt pour le Zodiaque, de ce fait, fut dès lors, dans certains milieux, associé à une position anti-chrétienne et de fait nombre d’attitudes qui se présentaient comme scientifiques relevaient d’une certaine hostilité notamment au catholicisme, ce qui était notamment le cas de Newton. Le débat au sein des milieux académiques de la Restauration révéla en effet, comme le souligne Paravey, les interférences qui perduraient en leur sein entre science et religion. Le conflit entre Ancien Régime et Révolution, au sortir de la période impériale, trouva dans cette affaire un abcès de fixation. Il reste que Dupuis ne fut pas un nouveau Galilée, ce qu’il s’imaginait probablement être, on devrait plutôt parler, trois siècles après, pour le camp religieux, d’une revanche inespérée du procès concernant le mouvement de la terre (e pur si muove!) et l’argument d’un Josué arrêtant le Soleil. III. Le précesessionalisme de Thomas Brunton On ne saurait, certes, davantage que pour Dupuis, classer Brunton – inconnu de la bibliographie de C. Lazarides ( Vivons-nous les commencements de l’Ere des Poissons?, Ed. Anthropologiques romandes, 1989) – parmi les astrologues, si l’on use d’une acception étroite mais à ce moment là Le Cour, non plus, ne le serait ni d’ailleurs ne le voudrait. Vieille querelle entre astrologie individuelle et astrologie mondiale et qui a été dépassée, dans la seconde moitié du XXe siècle, par un André Barbault, qui s’est illustré dans les deux registres sans parvenir sérieusement à les relier entre eux. Comment Brunton a-t-il échappé aux précessionnalistes, lui qui est notamment, on le verra, l’auteur d’un magnifique tableau chronologique des ères précessionnelles? Cette question mérite que l’on s’y arrête car on pourrait aussi la poser en ce qui concerne un Eustache Lenoble échappant aux investigations d’un Selva ou d’un Hiéroz pourtant polarisés sur le XVIIe siècle astrologique français, autour du personnage emblématique de Morin de Villefranche. C’est, en effet, se demander comment on découvre un texte astrologique ignoré.. Il y a certainement une part de chance, de hasard mais cela tient aussi à une recherche assez extensive, ce qui montre bien que les chercheurs trop spécialisés risquent fort de revenir bredouille. On l’a vu récemment à propos de Coloni, astrologue des années 1580, oublié des nostradamologues (cf notre étude sur ce site) parce que le nom de Nostradamus ne figurait pas au titre!. En principe, les catalogues Matières des Bibliothèques facilitent ce genre de trouvaille en classant les fonds par sujets. Malheureusement, la Bibliothèque Nationale (Paris, s’y refusa, rendant infiniment plus ardue la tâche des chercheurs. Il faudra parfois attendre le catalogage informatique, au début des années 1990, pour que de nouveaux documents émergent, avec d’ailleurs parfois l’inconvénient, aux yeux de certains, d’être submergé par les données désormais fournies. Toujours est-il que c’est ainsi qu’un beau jour Brunton tomba dans nos filets et ce, parce qu’il avait publié à part un chapitre sur la précession des équinoxes, extrait d’un ouvrage dont le titre n’aurait a priori jamais attiré notre attention,Esquisses Morales et Littéraires. Au vrai, quelqu’un aurait peut être tôt ou tard découvert le précessionalisme de Brunton en étudiant systématiquement les travaux de chronologie, puisque cet auteur s’est illustré particulièrement dans ce domaine, et il n’est d’ailleurs pas impossible que Brunton soit connu de certains spécialistes de la chronologie biblique. Mais là, on se heurte au problème du cloisonnement des recherches. On se rend compte à quel point la recherche en histoire des textes est précaire. Pourtant, il ne semble guère que Brunton ait été un inconnu, dans les années 1870, il est publié notamment chez Plon, un des grands éditeurs parisiens et c’est précisément chez Plon que paraissent ces Esquisses Morales et Littéraires, en 1874.. Il semble que l’ingénieur Thomas Brunton – on a de lui un document consacré au creusement d’un canal – ait été d’origine anglaise et qu’il soit donc venu s’installer en France. Cependant, la plupart de ses ouvrages, et notamment ses Esquisses dont on ne connaît pas d’édition anglaise, sont parus directement en français, Si l’on examine les dates de publication des livres de Brunton, on note sa Chronologie Universelle, parue à Aix en Provence, date de 1872, que la Bible et l’astronomie date de 1875, chez Charles Maréchal, faisant suite aux Recherches et esquisses morales, Paris, Plon, 1874 dont un extrait – qui nous mit sur sa piste- parut par la suite, mais la même année, sous le titre ‘Recherches sur la relation de l’époque de la Création avec la Précession des Equinoxes et la fixation du point vernal (BNF V 13047). En fait, Brunton, dans la ligne de son compatriote Newton, est un chronologiste qui cherche à fonder son travail concernant l’Histoire de l’Humanité d’une part sur certaines références issues de l’Ancien Testament, de l’autre sur des repères astronomiques, chacun de ses livres étant axé sur l’un ou l’autre critère. Brunton nous rappelle ainsi les relations fécondes qui existèrent à travers les âges entre chronologistes et astrologues/prophétes.: « Dans les différents travaux auxquels nous nous sommes livré relativement à la chronologie historique et biblique, il nous a semblé que l’astronomie anciennement étudiée au moyen de l’observation seulement et si développée de nos jours par la science et les instruments perfectionnés, pourrait nous offrir quelques éléments pour reconnaître et appuyer nos notions générales sur la marche des époques et des siècles » (p. 5) Ce que Brunton appelle « chronologie comparée ». Brunton, à l’en croire, semble avoir élaboré ses réflexions autour de l’an 1868.: « Pour l’année 1868; de notre ère, (…)le point vernal se trouve dans les Poissons et devra passer dans le Verseau dans quelques années ».. (p.43, Esquisses morales et Littéraires). On voit donc que cet auteur cite bel et bien le seuil imminent du Verseau, comme le faisait d’ailleurs De L’Aulnaye, à la fin du XVIIIe siècle.. Abordons, donc, ces Recherches, dont la publication séparée est probablement significative en soi d’un certain intérêt du public pour ce genre de travail. L’important pour Brunton est de déterminer « à quel point du zodiaque se trouvait l’équinoxe du printemps 4654 ans avant notre ère ».(p.12), cette année correspondant, selon la Bible, à l’apparition de l’homme. Selon Brunton « à première vue, le problème paraît insoluble, par suite de l’inégalité de dimension des signes des constellations zodiacales et des nombreux remaniements que l’étendue de ces constellations a subis à travers les âges. Ces inégalités et ces remaniements ne permettent pas de dire d’une manière certaine que pour une année donnée, le point vernal coïncidait avec tel ou tel degré d’une constellation zodiacale ». Mais Brunton a la solution: « De nos jours, l’observation constate (sic) que le point vernal se trouve sur la limite de deux constellations, dont l’une se nomme les Poissons et l’autre le Verseau; il y a bien quelque indécision sur l’endroit où ces deux constellations se séparent mais cette hésitation porte sur une très petite étendue et, d’après les meilleures autorités, on doit admettre que, pour l’année 1868 de notre ère, le point vernal se trouve dans les Poissons et devra passer dans le Verseau dans quelques années. » N’est-il pas étonnant, remarquera-t-on, que le changement de constellation accueillant le point vernal coïncide grosso modo avec l’époque où Brunton publie ses travaux? Or, Brunton constate qu’entre ses calculs et la date de 4654 il n’y a qu’un minime écart de 42 ans.. En outre, Brunton rappelle que le changement d’équinoxe a des incidences religieuses, reprenant en cela une thèse qui circule déjà depuis la fin du XVIIIe siècle: « Les monuments historiques et des observations certaines constatent que l’homme a vu de ses yeux l’équinoxe de printemps dans le signe du Taureau d’abord, puis dans celui du du Bélier au temps d’Hipparque et enfin dans le signe des Poissons, d’où il va sortir pour entrer dans le signe du Verseau » (pp; 17-18) Et de conclure: « On ne saurait attribuer au hasard une si parfaite concordance entre les données de la Bible et celles de la science ». On se trouve là aux antipodes des conclusions de Dupuis, lequel, bien au contraire, avait voulu montrer à quel point la précession des équinoxes, notamment par rapport au zodiaque de Dendérah- remettait en question la chronologie biblique. Comparaison des schémas de Delaulnaye et de Brunton Entre la fin du XVIIIe siècle et la fin du XIXe siècle parurent en français deux schémas concernant la succession des ères: l’un -que nous avons été le premier à reproduire dans La Vie Astrologique, il y a cent ans - et qui date des années 1790 – et l’autre que nous reproduisons ici, pour la première fois, et qui appartient aux Esquisses de Brunton – et qui date des années 1870. Il nous intéresse de les comparer: Pour le début de l’ère du Taureau, les deux schémas sont quasiment superposables: -4619 dans un cas, et – 4612 dans l’autre. Pour le début du Bélier, le décalage reste médiocre: -2504 et – 2452. Mais pour le Verseau, Delaulnaye propose 1726 de notre ère alors que Brunton propose 1868-1874, soit un décalage d’un siècle et demi environ. Le calcul de Brunton s’appuie sur un texte d’Aristille, prédécesseur d’Hipparque: « Vers l’an 292 avant l’ère c’est à dire 130 ans avant Hipparque, l’astronome Aristille avait déterminé la position sur l’écliptique où se trouve l’endroit du ciel où se trouve maintenant le point vernal ». (p. 43). Si l’on soustrait 2160 de -292 (début ère des poissons), on obtient 4612; si l’on ajoute 2160 à -292, on obtient 1868. Delaulnaye semble, quant à lui, être parti d’une donnée de -389 pour le début des Poissons, avec des intervalles de 2115 et non de 2160 ans, soit un décalage par ère de 45 ans, et à partir de là il obtiendrait pour le Bélier, -2504 et pour le Verseau, 1726. On rappellera que sous la Révolution Française eut lieu une tentative de constituer une nouvelle ère, à partir de 1792 et qui se prolongea jusque dans les premières années de l’Empire comme en témoigne le franc germinal.(1803) On s’aperçoit que ces deux auteurs ne sont pas spécialement intéressés par l’An 2000, ce n’est que chez ceux du XXe siècle que cette échéance va peu ou prou tendre à se confondre, syncrétiquement, avec celle propre à l’Ere du Verseau et Paul Le Cour cherche à faire coïncider la chronologie populaire – date de naissance du Christ et millénarisme – avec un système qui était avant tout à caractère astronomique. On observera qu’à la différence de Brunton, Le Cour préfère s’appuyer sur la date de la naissance officielle de Jésus et le point de départ de ce que l’on appelle l’ère chrétienne pour fixer les autres dates, il ne se fie donc guère au repérage du point vernal comme prétendait y parvenir Brunton. . Le Cour ne cherche pas à recouper la chronologie de l’Ancien Testament. On ne saurait donc attribuer à Le Cour une fixation sur l’An 2000 et c’est bien l’an 2160 qui figure sur son schéma ( paru dans Atlantis de novembre-décembre 1933, n°50, p. 53). Le terme même d’ère du Verseau ne figure pas chez Brunton, il a une connotation bien précise, il annonce la fin de l’ère précédente, la chrétienne. -cf notre étude sur ce site « Les astrologues saisis par le politique, de Paul Le Cour à André Barbault ») En comparaison avec Le Cour, Brunton ne se fonde pas sur le début de l’ère chrétienne, pas plus que n et religion alors que Le Cour place la religion en premier, en tant que manifestation, il adopte ce faisant, en quelque sorte, une approche plus expérimentale, d’où l’importance qu’il accorde aux signes « avant-coureurs » dont il donne, dans son Ere du verseau, un catalogue assez éclectique qui va de la Prophétie des Papes selon le pseudo Saint Malachie aux spéculations liées à la communauté religieuse de Paray Le Monial (Saône et Loire), dans les années 1880 (cf le numéro 12 de Politica Hermetica, 1998) En 1814, Alexandre Lenoir reviendra sur les travaux précessionalistes de Delaulnaye, dans la Franche Maçonnerie (cf La vie astrologique, il y a cent ans, op. cit.) C. Lazarides (Vivons-nous les commencements de l’Ere des Poissons) cite une autre fourchette 1830-1840, que l’on trouve chez Sepp, dont la version allemande -Das Leben Christi - parut en 1845 mais qui ne fut traduit en français qu’en 1854, sous le titre de Vie de Notre Seigneur Jésus Christ : « Trois cent vingt ans avant JC, le point de l’équinoxe de Printemps tombait entre le Bélier et les Poissons. Le quatrième signe où le Soleil est entré depuis la Création est donc celui des Poissons (…) C’est précisément de nos jours, de 1830 à 1840, que l’équinoxe s’est trouvé entre les Poissons et le Verseau. Une nouvelle époque a donc commencé de nos jours pour le monde chrétien sous le signe céleste de son Rédempteur et une nouvelle époque commencera avec un nouveau signe, l’an 4000 après JC (l’ère du capricorne). On observera donc qu’à chaque décennie ou presque, depuis le XVIIIe siècle, on décale inlassablement l’avènement de la nouvelle Ere. Lazarides relève que Rudolph Steiner a lu Dupuis. Précessionalisme non aquarien et aquarisme non précessionnel E. Latour, signale (« L’ère du Verseau », Politica Hermetica, 12, 1998) qu’il est fort question de la précession des équinoxes dans un article de la revue Politicon (Huitième Protocole, 1902, BNF, 4° R 1842) de Francis-André (Mme Bessonnet-Favre), intitulé « Géodésie Politique. Les sept Eglises d’Asie ou révélations de la Mercaba des Chrétiens ». Il y est notamment question de « la période de rétrocession d’un signe du zodiaque en vertu de la précession des équinoxes » à propos de la rencontre de Saturne et de l’étoile gamma de la Vierge, le Ier mars 228 avant notre ère: « il y a par conséquent 2130 ans. Si le même phénomène se produisait dans une trentaine d’années( donc vers 1932), le passage de l’astre dont le nom est synonyme de temps (Kronos) marquerait juste les 2160 ans ». Ainsi alors que Brunton situe en -292 le passage dans la période des Poissons, Francis-André situe le changement précessionnel à -228, tant et si bien que Francis-André avance la date de 1932 environ alors que Brunton avait indiqué 1868/1874. Mais on conçoit mal comment en prenant une étoile de la constellation de la vierge pour référence, elle aurait pu parvenir au verseau, pour le XXe siècle, la démarche de Francis André consistant à découper le temps en périodes de 2160 ans à partir d’une certaine date liée à une certaine étoile. Il semble que par hasard – mais le choix de cette étoile lui incombe – la date dont elle part à savoir( -228) recoupegrosso modo les données des précessionalistes orthodoxes, ce qui aboutit à des spéculations chronologiques proches. Il semble même que Francis André aboutirait à la constellation opposée à celle du Verseau: le Lion, qui précède la Vierge dont elle part. On se retrouve sur le même axe. A contrario, il ne suffit pas non plus de parler de l’âge du verseau pour qu’il s’agisse nécessairement de précession des équinoxes. L’historien du précessionalisme ne doit prendre des vessies pour des lanternes. On donnera un autre exemple d’un risque de confusion: dans l’Enigme de Jésus Christ, Daniel Massé, parle en 1926 (pp. 69-70) d’une succession zodiacale aboutissant aux Poissons, mais il s’agit là de périodes de 1000 ans sans rapport avec les 2160 ans du cycle précessionnel. Curieusement, Le Cour semble confondre tropicalisme et sidéralisme quand il accorde la plus grande importance à ce qui se passe, chaque année, dans le mois du Verseau, au sens de l’astrologie telle qu’on la pratiquait dans la Presse dans les années Trente. Il est intéressant de citer cette déclaration de PLK sur l’astrologie planétaire: « L’astrologie religieuse (ramène) les planètes au rang de satellites de notre soleil au même titre que la terre, elle ne leur accorde aucune influence dans la conduite des affaires terrestres. La découverte d’autres planètes aurait dû d’ailleurs montrer l’inanité des anciens horoscopes qui n’en tenaient pas compte puisqu’ils les ignoraient » (Dieu et les dieux. Dieu existe-t-il?, Bordeaux, Ed. Bière, 1945, p. 153 (BNF 16° R 1976). Le Cour ne semble pas comprendre que ce qui caractérise une étoile c’est son caractère de fixité, au regard de l’observateur, et que dès lors qu’un astre se déplace à travers le zodiaque, il est assimilable, ipso facto, à une planète, comme c’est le cas pour le soleil. Que le soleil soit une étoile,ensoi, importe peu, ce qui joue, c’est son instrumentalisation. En tout état de cause, on ne peut se passer d’une dialectique entre le fixe et le mobile: l’image du train (mobile) passant d’une gare (fixe) à l’autre nous semble assez pertinente. Inversement, contrairement à ce que note E. Latour, ce n’est pas parce que l’on s’intéresse au signe tropique du Verseau que l’on est concerné par l’Ere du Verseau et que l’on en maîtrise le fondement astronomique.. Il y a probablement un « aquarisme » non précessionnel et qui, dans certains cas, peut se syncrétiser, par analogie, avec l’aquarisme précessionnel, c’est d’ailleurs ce qui ressort de la lecture des textes de l’ANEV. En ce qui concerne Brunton, il est clair que celui-ci n’avait pas de préoccupation eschatologique, il cherchait simplement à « vérifier » la chronologie biblique, en montrant qu’elle s’articulait sur une certaine logique religieuse, un choix totémique, relevant non pas de l’inconscient mais du conscient. Le Cour, en revanche, cinquante ans plus tard, veut voir dans le processus précessionnel une loi qui s’impose à l’Humanité et qui la dépasse, ce qui, dans ce cas, pourrait valoir rétrospectivement pour les ajustements antérieurs, notamment lors du passage du Taureau au Bélier, et dans ce cas cela ne présumerait pas de la connaissance consciente de la précession des équinoxes avant Hipparque (sur le XXe siècle, voir notre texte sur ce site, « Les astrologues saisis par le politique, de Paul Le Cour à André Barbault ») IV. Le stellaro-planétarisme d’Henri Lizeray En 1892, paraissaient Horoscopes des poètes, d’Henri Lizeray. Cette brochure de 14 pages était la première du genre, en France, en tout cas depuis trois cents ans, à proposer l’étude d’un certain nombre de personnages, en l’occurrence des poètes, au regard des positions planétaires. Les travaux du polytechnicien Choisnard (alias Flambart) paraîtront dans les années qui suivront. Lizeray a commis un certain nombre d’autres textes, notamment Les Eres de la civilisation, Paris, J. Baur, 1879 qui comporte une théorie des Ages, plus mythologique qu’astrologique, qu’il introduit ainsi: « Tous les historiens de l’antiquité ainsi que ses poètes parlent des Quatre Ages de l’humanité: l’époque d’ Uranus ou du Ciel, pendant laquelle les hommes menaient une vie sauvage se nourrissaient des productions spontanées de la terre et voyaient leur existence dépendre des vicissitudes des saisons, l’époque de Saturne ou du SEMEUR, celle de Jupiter ou du DOMPTEUR, celle de Bacchus ou du CUEILLEUR DE BAIES » Egalement auteur, en 1890, d’un texte sur la prévision du temps (au sens météorologique du terme) – en annexe de Le druidisme et le Christianisme - Lizeray développe, dans ses Horoscopes des Poètes, une méthode qui n’est pas, au demeurant, celle qu’illustrera le polytechnicien français et que nous appellerons le stellaro-planétarisme. Il s’agit de circonscrire un certain nombre d’étoiles, regroupées dans une région du ciel et de relever les aspects que les planètes entretiennent avec les dites étoiles (fixes) « Cet essai, Lizeray s’en explique, est spécialement consacré aux naissances poétiques. Nous déterminerons les aptitudes du sujet d’après la constellation de Pégase en regard des principaux lieux de l’horoscope » (c’est à dire ici du thème natal). Signalons que J. Du Rouchet consacrera un développement de son texte de l’ANEV – « L’ère du Verseau et la fin de l’âge de la Lune « - à la constellation de Pégase: « A l’heure actuelle, l’influence de la constellation de Pégase semble déterminante à proximité de celle du Verseau » (p. 217) Les étoiles, selon Lizeray, n’agiraient que par le truchement des planètes, c’est ce que nous appellerons la théorie de l’aspect stellaro-planétaire (SP). Contrairement à l’utilisation des étoiles fixes répartie dans tout le zodiaque, le système de Lizeray ne s’intéresse qu’aux étoile situées entre le « 323e et le 2e degré » dans leurs rapports avec la planète circulant tout le long de l’écliptique. Ci-dessous l’exposé circonstancié de sa méthode par Lizeray: « Les principales étoiles sont Enif ou la Bouche hennissante du Cheval, qui préside la naissance des auteurs scéniques. La Tête indique la pensée et l’étoile luisante du Col annonce le souffle poétique. Markab à l’aile, Schéat à la sortie de la jambe, Algénib au bout de l’aile et Alphérat sur les organes forment le carré de Pégase. Quand Phébus s’en rapproche au moment d’une naissance le poète devient illustre. Telles sont les qualités que donnent les étoiles mais celles-ci ne peuvent les communiquer sur la terre qu’à l’aide des planètes, placées en aspect. Les aspects sont : 1° la conjonction , quand l’étoile, la planète et la terre sont placées en cet ordre sur la même ligne. La planète s’éloignant de la ligne de jonction est en sextile aspect (sic) à 60°, en quadrat (carré) à 90°, en trine (trigone) à 120°, en opposition à 180°. Les plus favorables influences sont, à leur rang, la conjonction, le trine et le sextile: les mauvaises sont l’opposition et le quadrat.(..) Les lieux principaux d’une naissance sont les longitudes des cinq planètes, du soleil, de la lune et de l’horoscope (ici l’ascendant) ou du point à l’orient. » (pp. 4-5) On notera que Lizeray ne situe jamais les astres en recourant au découpage propre au zodiaque tropique, il se contente des coordonnées allant de 0° à 359°, telles qu’elles figurent alors dans les éphémérides astronomiques. Rappelons que dès les années 1840, était paru, à Paris, sous le patronage de Mademoiselle Le Normand, un manuel d’astrologie comportant en annexe les mêmes données astronomiques que celles qui figurent chez Lizeray. (cf La vie astrologique, il y a cent ans, pp. 49-50) Comment Lizeray a-t-il déterminé une telle zone? Probablement empiriquement. On rappellera qu’au début du XXe siècle, l’Ecole de Hambourg de Witte supposera l’existence de planètes transneptuniennes, en précisant leur emplacement, sur la base d’observations qui auraient été faites à partir de thèmes de naissance. Notons que la théorie des mi-points, chère notamment à la Kosmobiologie allemande de Reinhold Ebertin, si elle n’offre aucun caractère stellaro-planétaire, n’en arrive pas moins à insister sur des zones vides de planètes et il semble bien que nombre de praticiens aient été confrontés à un sentiment de manque, comme si la dimension stellaire absente déséquilibrait leur appréhension du thème. Le texte intégral de l’Horoscope des poètes (1892) L’intérêt de ce document, outre ses ambitions statistiques, tient à la succession de brèves notices, organisées selon l’ordre chronologique. Nous n’avons pas là une description abstraite à la manière des manuels, nous sommes en présence d’une volonté de rendre par les aspects stellaro-planétaires le profil d’un homme de lettres connu du lecteur. Par delà le caractère insolite du recours à des étoiles fixes, on retrouve là, chez ce pionnier qu’est Lizeray, une façon de travailler, un exercice de style, qui annonce un siècle riche en interprétations, après coup, de cartes du ciel. A noter que ces poètes étudiés et dont Lizeray, a rassemblé consciencieusement les coordonnées de naissance, il y a plus de cent ans nous restent familiers encore de nos jours, à l’exception peut être du parnassien Théodore de Banville, un peu oublié, qui venait juste de mourir, en 1891. Mais on sourit lorsque Lizeray qualifie, aspects à l’appui, Alfred de Musset de « poète de second ordre ». On touche là au talon d’Achille de cette astrologie des célébrités qui s’appuie sur des jugements de valeur voués à évoluer….Lizeray est très allusif du fait qu’il suppose que ses lecteurs savent de quoi il s’agit quant à la biographie des auteurs étudiés. On a en tout cas du mal à croire que Lizeray soit un cas unique, il semble au contraire s’inscrire dans une tradition astro-biographique dont il ne serait que le sommet de l’iceberg. On est loin, en tout cas, dans la galerie de portraits de Lizeray, des thèmes onomantiques, déconnectés par rapport à la réalité astronomique, qu’à la même époque des auteurs comme Ely Star, préfacé tout de même par un Camille Flammarion, en 1888, continuent à diffuser et à enseigner. Horoscopes des Poètes (extraits) NB: Lizeray se sert des symboles planétaires., figurant dans les éphémérides, en usage tant chez les astrologues que chez les astronomes: Corneille, né à Rouen le 6 juin 1606 Soleil 75, Mercure 91, Vénus 76, Mars 226 Jupiter 111, Saturne 281 « Mars en sextile aspect avec la Bouche et le Chef du Cheval annonce un auteur tragique; dans un genre noble (trine aspect de Jupiter dans le plein carré de Pégase). Les pièces auront pour intrigues les contrariétés de l’amour, dont toutefois on parlera peu (Vénus en quadrature, avec le bout de l’Aile, n’émerge pas des rayons du soleil). Le quadrat du Soleil avec la première étoile de l’Aile, celui de Mercure avec le bout de l’aile, s’accordent au génie du tragique et relèveront l’éclat et l’art d’oeuvres raisonnables et sérieuses (sextile de Saturne avec le Col) Lafontaine (sic) , né à Château-Thierry, le 8 juillet 1621 Soleil 106, Mercure 85, Vénus 68, Mars 234, Jupiter, 143, Saturne 25 « Le trine de Mercure avec la Bouche et la Tête annonce un poète ingénieux dans ses vers et dans ses pensées. Ce sera un conteur de fables telles que les vieillards aiment à en dire (sextile de Saturne avec la bouche) Il s’exprimera clairement et sans lourdeur (trine du Soleil avec la première de l’Aile » D’autre part, l’opposition de Jupiter avec la Bouche interdira les sujets nobles ou grandioses, le quadrat de Mars avec la Tête déniera les pensées guerrières et les oeuvres tragiques, le quadrat de Vénus avec le Col inclinera aux propos grivois ». Molière, né à Päris, le 15 janvier 1622 Soleil 295, Mercure 313, Vénus 321, Mars 339, Jupiter, 117, Saturne, 109 La conjonction de Vénus avec la Bouche domine en cette nativité. Elle annonce des pièces agréables, des comédies avec intrigues amoureuses. La conjonction de Mars avec le Col armera le comique des traits de la satire. Le trine de Jupiter avec les Organes du Cheval donnera l’abondance et la noblesse des productions remplies de la clarté ajoutée par le Sextile du Soleil. Le faible quadrat de Saturne avec la première de l’Aile communiquera cependant aux oeuvres un caractère quelque peu prosaïque, raisonneur et de l’amertume. Racine, né à la Ferté Milon, le 20 décembre 1639 Soleil 267, Mercure 280, Vénus 245, Mars 201, Jupiter 22272, Saturne 323 Voici un tragique-né. La conjonction de Saturne et le trine de Mars avec la Bouche produira en scène des guerriers mêlés à des intrigues fatales. Le sextile de Mercure avec le Col ménage cependant l’exception de quelques pièces badines en octroyant aussi l’habileté de la versification. Le quadrat de Jupiter avec le bout de l’Aile dénie la majesté et l’élévation cornélienne. Le quadrat de Vénus avec le Col, c’est propos d’amour mais en méchantes occasions, telles qu’insultes et adultères. Le quadrat du Soleil avec le Chef indique la clarté des pensées. Boileau, né à Paris le Ier novembre 1636 Soleil 220, Mercure 243, Vénus 177, Jupiter 178, Saturne 284 La date de naissance est contestée: ce serait le Ier novembre 1637 selon Boileau et le Ier novembre suivant (donc 1638) selon Louis Racine. D’après l’horoscope, je me détermine en faveur de cette dernière époque. Voilà un poète dont les oeuvres ne seront pas destinées à la scène, car il n’y a aucun aspect des planètes avec la Bouche. A signaler la conjonction des trois planètes, Jupiter, Vénus et Mars et leur opposition avec les Organes. Le mauvais effet de cette opposition sera combattu en partie par l’heureuse union de Jupiter et de Vénus. Mars conservera son influence et formera un satirique médisant des femmes, cependant que Jupiter assurera la noblesse du style. Le sextile de Saturne avec l’Aile inclinera au raisonnement dans des petits poèmes habilement rimés (trine de Mercure avec le bout de l’Aile) et d’un style clair (trine du Soleil avec le Col). Voltaire, né à Paris, le 20 février 1694 Soleil 333, Mercure 330, Vénus 13n Mars, 108, Jupiter 105, Saturne 272 La date du 20 Février est donnée par Voltaire. Les biographes indiquent celle du 21 novembre 1694. L’horoscope de la première époque s’accorde davantage avec le génie du poète. Le Soleil est entre le Chef et le Col du Cheval. Phébus est monté sur Pégase! De telles conditions présagent d’heureuses et universelles aptitudes. Cette rencontre est rare: pourchasseurs de rimes, je vous souhaite un pareil Pégase! Donc le Soleil sur le Col du Cheval annonce une nombreuse production de pièces dramatiques. Mercure en conjonction avec la Tête accordera en outre du talent pour les contes agréables et badins. Ce génie bien doué ne manquera ni de noblesse et d’élévation dans les pensées (trine de Jupiter avec l’Aile) ni d’esprit satirique (trine de Mars avec l’Aile) mêle à une mordicante ironie (quadrat de Saturne avec le bout de l’aile). A cet esprit universel, Vénus seule a refusé ses dons. Aussi présentera-t-il la plus sainte des femmes comme un objet de risée. André Chénier, né le 20 octobre 1762, à Constantinople. Soleil 207, Mercure 228, Vénus 252, Mars 268, Jupiter 37, Saturne 20 D’heureuses dispositions sans beaucoup d’éclat, à cause du peu d’énergie des aspects sextiles. Mélancoliques petits poèmes à déclamer (sextile de Saturne avec la Bouche). Noblesse de l’élocution (sextile de Jupiter avec le Col). Critiques acerbes et pamphlets (sextile de Mars avec le Chef). Envolées vers l’amour peiné et triste (quadrat de Vénus avec l’aile). Art de la versification (trine de Mercure avec l’aile). Clarté des idées (trine du Soleil avec le Chef) Lamartine, né à Mâcon, le 21 octobre 1790 Soleil 208, Mercure 206, Vénus 221, Mars 240, Jupiter 141, Saturne 1. Aptitudes caractérisées. Au lieu d’aspects sextiles toujours de faible influence, les trines et les conjonctions déclarent la virtuosité. Oeuvres fécondes, mais froides et mélancoliques. (Saturne en conjonction avec les Organes). Par suite, ce sera un poète élégiaque qui chantera l’amour (à cause du trine de Vénus avec le gosier) Il composera les histoires des guerres civiles et des empires (trine de Mars avec les Organes) et il exprimera avec art des pensées claires (trine de Mercure et du Soleil avec le Chef). L’opposition de Jupiter avec la Bouche lui enlèvera toute disposition pour le théâtre. Victor Hugo, né à Besançon, le 26 février1802, à 10 heures et demie du soir. La connaissance de l’heure exacte de la naissance nous permet, déclare Lizeray, d’en dresser le thème. (…) Voici de nouveau Phébus en plein Col de Pégase. Qu’en résulte-t-il ? Un poète célèbre (..) Donc richesse et éclat du style » Et Lizeray de conclure, esquissant quelque synastrie: « Victor Hugo et N. Bonaparte, ont été ennemis de naissance, parce que les principaux lieux de leurs horoscopes ne communiquaient pas. » Musset, né à Paris, le 11 décembre 1810. Soleil 258, Mercure 258, Vénus 284, Mars 194, Jupiter 53, Saturne 257 Poète de second ordre (sic) à cause du sextile et des quadrats. Les quadrats, dans cette naissance, prennent de l’importance à cause de leur nombre; ce sont les quadrats du Soleil, de Jupiter et de Saturne avec la Bouche: poète évidemment dramatique. Le Soleil donnera le brillant aux personnages mis en scène, Jupiter l’élégance et Saturne la mélancolie. Tout le génie de ce poète aux aspirations amoureuses lui sera départi par le sextile de Vénus avec l’Aile. Toutefois, l’oeuvre sera jolie, bizarre et l’esprit tourmenté à cause des quadrats. Gautier (Théophile), né à Tarbes, le 31 août 1811 Soleil 157, Mercure, 180, Vénus 138, Mars, 250, Jupiter 90, Saturne 260 Voici un poète tout différent du précédent: l’opposition de Vénus avec la Bouche lui déniera l’art des intrigues théâtrales. Dans ses contes (sextile de Saturne avec la Bouche) il parlera cependant d’amour mais ses héroïnes le feront tant soit peu de travers. Mercure à plus de 15 degrés du Soleil n’est pas brûlé: grâce à cette circonstance assez rare le trine de cette planète avec les Organes accordera d’abondantes productions légèrement et artistement travaillées. Cette qualité l’emportera de beaucoup sur les autres. L’opposition du Soleil avec le Col empêchera le souffle poétique et l’haleine nécessaire aux longues oeuvres. Les sujets élevés ou majestueux seront interdits au poète (quadrat de Jupiter avec les Organes). Il fera la critique d’oeuvres tragiques mais pas de son plein gré (quadrat de Mars avec l’Aile) Banville (Théodore de) né à Moulins, le 14 mars 1823 Soleil 353, Mercure 324, Vénus 18, Mars 359, Jupiter 62, Saturne 36 Les « téméraires auteurs » peuvent de nouveau contempler l’objet de leur désir. Phébus (le soleil) est sur le crin de Pégase! Comme conséquence: rimes exceptionnellement riches. La conjonction de Mercure et le sextile de Vénus avec la Bouche indiquent un auteur scénique badine et déluré. Il écrira de nombreuses critiques d’art mais il ne les signera pas ou elles seront bénignes (Mars dans les Organes, mais brûlé). Il traitera de sujets nobles (sextile de Jupiter avec le bout de l’Aile), toutefois avec quelque peu d’humeur ironique ou chagrine (sextile de Saturne avec le Col). Mais à part la clarté et la splendeur des rimes dues à la conjonction du Soleil et de Pégase, ce sera un poète de second ordre à cause des sextiles » (p; 14) Dane Rudhyar et le stellarisme Si l’astrologie française s’est largement construite contre le stellarisme et notamment contre le stellaro-planétarisme, en revanche, l’astrologue américain, Chenevière alias Dane Rudhyar (hommage à Kipling) n’a pas pris totalement ses distances avec les étoiles, comme le rappellait en 1979 son disciple Alexander Ruperti, dans un texte paru dans Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau (ANEV), » la montée vers le verseau », Rudhyar attachant en effet quelque importance aux quatre étoiles royales: Aldébaran, Antarés, Fomalhaut et Régulus: « Dans les thèmes de personnes en vie actuellement, toute planète qui se trouve dans les cinq derniers degrés des Gémeaux peut devenir un instrument de l’expression du défi spirituel à travers Bételgeuze. Ces personnes peuvent devenir des foyers au travers desquels se concentre le pouvoir qui cherche à établir les bases d’une nouvelle société et d’un nouveau type d’individu. (…) Exemples: Abdul Baha, fondateur du mouvement Bahai, Mars à 26° Gémeaux; Alice Bailey, Soleil 26° Gémeaux; Krishnamurti, Mars, 28° Gémeaux opp. Lune 26° Sagittaire; Franklin Roosevelt, Mars 28° Gémeaux en 10e, Freud, Saturne 28° Gémeaux; Mary Baker Eddy ( science chrétienne), Asc-Desc. 27° Sagittaire- Gémeaux; Rudhyar, Jupiter (maître de l’As) 28° Gémeaux » Et Ruperti de préciser ce lien entre l’ère du Verseau et l’étoile Bételgeuze: « Si l’ère des Poissons fut, sous Régulus, une période de développement de la capacité de prendre des décisions spirituelles, l’ère du Verseau, sous Betelgeuze, sera une période d’épreuve patiente de la capacité de l’homme à se contrôler et à développer ses talents mentaux, peut être dans des conditions d’existence totalement nouvelles etc » Cela dit, Ruperti discute de savoir si la constellation a précédé le signe du même nom ( in « Quand commence l’ère du Verseau? », ANEV, p.356) et n’hésite pas; par exemple, à signaler que Régulus entre dans le signe (tropique) de la Vierge, ce qui ne correspond à l’approche stello-planétariste qui ne s’intéresse qu’aux relations étoile/planète et certainement pas étoile/signe. On a là une approche qui s’apparente assez nettement à celle exposée par Lizeray, à la fin du XIXe siècle. Elle permet de rapprocher des données planétaires recoupant la même zone du zodiaque, plus finement que la simple présence dans tel ou tel signe, ce qui tendrait à montrer que le signe zodiacal tropique serait un substitut assez grossier à la présence stellaire. On notera, en outre, que la zone de fin Gémeaux, étudiée dans cet article, est au carré de la zone de fi Poissons, qui intéresse Lizeray. Or, selon nous, le stellaro-planétarisme concerne les signes mutables (Gémeaux, Vierge, Sagittaire, Poissons, en tropique) Conclusion On peut certes se demander ce qui a pu conduire un Lizeray, à privilégier une région du ciel située, selon ses dires, entre le 323e et le 2° degré du zodiaque. Mais nous-mêmes, cent ans plus tard, avions mis l’accent sur cette même zone et ce sans nous référer aux travaux de Lizeray, que nous avions certes signalés mais sans les approfondir (cf J. Halbronn, La vie astrologique, il y a cent ans, op. Cit.) Pour nous, l’épistémologie de l’Histoire de l’astrologie, contrairement à ce que soutiennent d’autres chercheurs, marqués par d’autres pans de l’ésotérisme, ne se réduit en effet point à disserter sur un savoir sans objet mais bien au contraire implique une dimension anthropologique sous-jacente (-cf notre texte sur ce site » Les historiens de l’astrologie en quête de modèle », paru aussi en espagnol dans Mercurio 3, juin 2002, voir aussi « ésotérisme philosophique et ésotérisme sociétal » sur le site Faculté-anthropologie.fr). Cela dit, pour autant, on l’aura compris, il ne s ‘agit nullement pour nous de justifier ce qu’est devenue de nos jours l’astrologie et de basculer dans une apologétique (cf « Elisabeth Teissier ou la tentation du compromis » sur le site du CURA). En effet, dans L’Astrologie selon Saturne (Paris, La Grande Conjonction), nous écrivions, cent ans après lui, « nous avons sélectionné sept périodes (…) délimitées par les degrés 342° à 353° du zodiaque depuis 1789. » Autrement dit, nous nous proposions d’étudier les aspects de Saturne avec une zone se situant à la fin du signe (tropique) des Poissons, ce qui recoupe sensiblement le modèle de Lizeray, à cette différence près que nous ne nous situions pas, pour notre part, par rapport au thème natal mais considérions les transits, en astrologie mondiale. Autre différence, il y a selon nous quatre zones stellaires sensibles et non pas une seule, elles sont situées de 90° en 90°. Il nous apparut en effet que lorsque l’on considérait le cycle de Saturne, le changement de phase correspondait une régularité qui ne s’expliquait que par un élément structurant du dit cycle. Nous nous intéressons vivement aux aspects qu’entretient, au cours de son cycle, Saturne avec l’axe des deux étoiles fixes Aldébaran/Antarés. En principe, les aspects stellaro-planétaires au sein du thème natal ne nous intéressent pas. Même si nous n’excluons pas (cf notre article sur la Ve République, dans Trois Sept Onze) de relever certains naissances illustres avec des conjonctions soleil-étoile fixe et notamment Aldébaran/Antarés, étant entendu que, dans ce cas de figure le soleil est assimilé à une planète, bien que l’on sache pertinemment qu’il s’agit d’une étoile, la notion d’étoile étant en fait liée à celle de fixité et le soleil apparaissant dans le zodiaque, visuellement parlant, comme aussi mobile que Mercure ou Vénus, son « escorte ». Néanmoins, en tant que générateur de lumière et de chaleur, le Soleil se comporte bel et bien comme une étoile, produisant d’ailleurs un cadre saisonnier fixe, de par sa cyclicité annuelle immuable, avec des variables propres à chacun de ses satellites planétaires. . Il convient, en tout état de cause, de pratiquer des orbes, avant et après l’aspect et notamment dans le cas de la conjonction, du carré et de l’opposition aux étoiles fixes, véritables points sensibles du thème. Lizeray, en s’intéressant à diverses portions de la constellation Pégase, et donc à plusieurs étoiles proches l’une de l’autre, en arrive à une même pratique d’orbe. L’astrologie stellaro-planétaire, qui fut sans doute importante, lors débuts de l’astrologie et dont nous pensons qu’elle occupera une place croissante au XXIe siècle, .restitue l’horloge cosmique avec ses aiguilles que sont les planètes et ses repères fixes que sont les étoiles. On peut dire à ce propos que nos montres, divisées en douze secteurs, ont conservé jusqu’à nos jours un tel modèle- notamment dans les lieux publics – même si l’on utilise de moins en moins de cadrans dans la vie privée, les deux systèmes continuant à cohabiter. L’astrologie SP est au demeurant la plus facile à accepter par les astronomes, dans la mesure où elle évacue le découpage zodiacal au profit des seules étoiles et qu’elle situe les planètes dans leurs aspects avec les étoiles, ce qui reste une méthode reconnue pour définir la position d’une planète dans le ciel. Il nous semble, en tout cas, que l’astrologie SP est marquée par la dualité (cf notre colloque de Mai 2000 sur Penser la dualité) et nous pensons que l’astrologie est avant tout duelle.. On a certes parfois l’impression qu’il existe, en astrologie, des structures plus complexes mais qui ne sont en fait que des subdivisions ou des démultiplications d’un processus duel. De la même façon, la réalité que l’astrologie a à décrire est-elle également de cet ordre. L’astrologie SP unifie son champ grâce au critère de visibilité, revenant ainsi à la représentation du ciel des Anciens. Elle s’efforce de retrouver les rythmes de vie, toujours en nous, au demeurant, de nos ancêtres et notamment les cycles d’activité sociale. Ces cycles facilitent, à certaines époques, la multiplication des pôles et à d’autres, au contraire, imposent des pauses. C’est précisément l’existence de telles variations dans l’Histoire qui nous aura permis de remonter vers la SP. On dira que tout ce qui est duel, dialectique, dans la vie de la Cité, a précisément à voir avec l’astrologie à condition que celle-ci n’ait pas perdu sa propre dimension duelle ou dualisante. On soulignera le fait que le stellaro-planétarisme permet de rendre compte des origines de l’astrologie en tant que rapport entre les hommes et les astres et non simplement en tant qu’étude du dit rapport. Il est clair que les planètes – on ne parle pas ici des luminaires – constituent un développement relativement tardif du savoir astronomique. Initialement, on avait la lune passant d’une étoile à une autre, les étoiles constituant un arrière- plan fixe mais à un rythme mensuel trop rapide pour présenter un intérêt au niveau de la vie de la Cité. Avec l’introduction de planètes plus rapides mais se distinguant néanmoins nettement des étoiles fixes, l’humanité, en certaines de ses sociétés au départ, allait être en mesure de découper le temps selon certaines périodicités supérieures à l’année. Le cycle de Saturne, notamment, pourrait ainsi être découpé et ce non pas, d’abord, en secteurs, mais selon les aspects entretenus avec certaines étoiles fixes. On observe, en effet, que les aspects permettent de se passer des signes zodiacaux. En effet, si l’on étudie un certain nombre d’aspects entre Saturne et telle ou telle étoile fixe, les divers aspects permettent de baliser le parcours de cette planète tout autant que le découpage en douze signes qui ne seraient, au départ, que des manifestations aspectales. L’inconvénient du passage du référentiel stellaire au référentiel constellationnel et a fortiori zodiacal – sur une base tropique- c’est de mettre en place des structures abstraites, non visuelles à la différence des étoiles. L’astrologie stellaro-planétaire nous apparaît, en définitive, comme antérieure à l’astrologie telle qu’elle nous fut transmise par le Tetrabiblos. (cf nos travaux parus dans la revue Beroso et au Colloque de Malaga de 2002 (site CURA), sur Ptolémée et Firmicus Maternus, ainsi que dans la revue Trois Sept Onze (juin 2002) etc Avec cet ouvrage rédigé en grec tardif – à une époque où cette langue tendait à devenir archaïque – attribué à l’astronome alexandrin Claude Ptolémée (IIe siècle de notre ère), nous n’avons plus, en effet, que des traces du stellaro-planétarisme. On y traite certes des étoiles fixes et des planètes mais leur combinatoire n’est nullement au centre de l’ouvrage. Le tropicalisme est déjà dominant, ce qui a pour résultat d’évacuer la référence stellaire pour lui substituer une réalité virtuelle, mathématique et surtout l’on y examine longuement les aspects entre planètes, ce qui n’est pas pertinent en astrologie stellaro-planétaire. Dans un chapitre du Livre I, Ptolémée décrit les étoiles fixes propres à chaque constellation zodiacale et il confère à chaque étoile une tonalité planétaire.. On pourrait envisager la création d’une astrologie SP qui combinerait systématiquement une planète et une étoile fixe et jamais deux planètes ensemble. Cela pourrait en tout cas servir pour le calcul de la dominante du thème à condition de s’entendre sur les étoiles fixes à prendre en considération, par delà la question de leurs significations qui serait lié à la constellation zodiacale où elles se trouvent; Autrement dit, une planète qui ne serait pas liée à une étoile zodiacale ne serait pas valorisée. Peut être que la théorie des Dignités planétaires a un rapport avec une telle problématique… En cette fin du XIXe siècle, l’astrologie voyait sa cote monter, en ce qu’elle permettait d’espérer que les sciences humaines pourraient un jour s’appuyer sur elle – rêve qui sera déçu tout au long du XXe siècle et qui ne semble guère être de mise, à l’aube du XXIe siècle. Ce qui rapproche un Thomas Brunton et un Henri Lizeray, c’est la même idée, à savoir user de l’astronomie/astrologie comme d’une sorte de repère, diachronique pour l’un, synchronique, pour l’autre. Brunton s’efforce de modéliser l’Histoire tandis que Lizeray tente de rendre compte de la diversité des hommes à partir des variations autour d’une même matrice. Il convenait notamment de rappeler que la « renaissance » de l’astrologie, à la fin du XIXe siècle, était, dans certains cas, passée par le sidéralisme. Le problème, comme le note F. Villée (op. Cit.), c’est qu’au lieu de s’en tenir aux étoiles fixes, elle ait voulu maintenir le Zodiaque, avec ses douze manifestations, décrochant ainsi complètement par rapport à la réalité stellaire et constelllationnelle, sinon autour d’une seule étoile de référence et aussi par rapport aux saisons, produisant ainsi un ensemble bâtard, propre notamment à l’astrologie indienne jusqu’à nos jours.. Le Projet E & P. Le ciel des Anciens combinait certainement le fixe (les étoiles) et le mobile (les planètes) et d’ailleurs les aspects, initialement, permettaient de situer les astres errants par rapport à des repérés fixes et considérés comme immuables. C’est ainsi que nos horloges ont conservé une telle dualité: des chiffres figés et des aiguilles mobiles. Or, force est de constater que l’astrologie de la seconde moitié du XXe siècle fut singulièrement marquée par un processus de déstellarisation. Les aspects ne concernent plus désormais que les rapports de planète à planète, et même si l’on combine planètes rapides et planètes lentes, notamment transsaturniennes, la fixité n’en a pas moins disparu du cadre de l’interprétation astrologique contemporaine et cela n’est points sans conséquence et sans déséquilibre. Car on ne peut percevoir des variations que si l’on examine une structure fixe. Par exemple, si je connais bien une rue, que je parcoure quotidiennement, le moindre changement ne m’échappera pas. En revanche, si j’erre d’une rue à l’autre, comment pourrais-je appréhender les changements intervenus ici ou là, puisque précisément mes repères eux-mêmes ne sont pas fixes? D’ailleurs, c’est grâce à la familiarité avec le ciel, que progressivement nos ancêtres ont compris qu’il existait des astres qui, eux, n’étaient pas fixes, à savoir les planètes, terme grec qui indique l’errance. Les hommes ont connu les étoiles et les luminaires avant que n’émergent à leur conscience les cinq planètes qui seront par la suite baptisées astres de Mercure, de Vénus, de Mars, de Jupiter et de Saturne. Comment, donc, en est on arrivé à ce que de nos jours les astrologues intellectuellement corrects ne se soucient plus de prendre en compte les étoiles fixes, du moins celles situées à proximité de l’écliptique? C’est probablement la conséquence du passage du géocentrisme à l’héliocentrisme, qui a fait apparaître un distinguo entre le système solaire et les étoiles et dès lors on combattit ce que l’on croyait être un syncrétisme stellaro-planétaire, comme si l’astrologie voulait faire oublier qu’elle avait mis sur le même plan planètes et étoiles. Et puis, le système solaire ne constituait-il pas un ensemble organisé, d’un seul tenant tandis que les étoiles étaient liées à des univers complètement différents les uns des autres! Or, il semble qu’il faille reconsidérer une telle attitude à condition que l’on utilise la notion d’instrumentalisation, c’est à dire l’idée selon laquelle ce qui compte c’est l’observateur et le lien qu’il établit avec l’objet et non l’objet en soi. Mais pour accepter que l’astrologie soit le résultat d’une instrumentalisation, donc d’une projection, il faudrait renoncer à l’idée d’une réalité astrologique que les hommes auraient décryptée et qui reste un des crédos de l’astrologie d’aujourd’hui, y compris pour celle qui n’hésite pas à s’appeler humaniste et qui voudrait que l’homme n’est ce qu’il est que grâce aux astres ou qu’il est structuré à leur image. Nous proposons d’édifier une nouvelle astrologie pour le XXIe siècle, qui poserait comme principe qu’une planète ne peut s’étudier que par rapport à une étoile fixe et non par rapport à une autre planète ou par rapport à un point fictif. Or, les points fictifs en astrologie sont légion et l’un d’entre eux n’est même plus perçu comme tel, c’est le découpage de l’écliptique en douze secteurs. En effet, tout un pan de l’astrologie correspond à une astronomie fictive, ce qui; selon nous, explique en partie le divorce entre astrologues et astronomes.(cf notre étude sur leTétrabible de Ptolémée in revue Beroso, 2001) Précisons que la méta-astronomie quand bien même est-elle en usage chez les astronomes, n’en est pas moins fictive:. on ne saurait, en effet, mettre sur le même plan des objets naturels et visibles avec de simples conventions mathématiques ni même placer au même niveau, en les combinant indifféremment, éléments réels et virtuels. Autant, en effet, le zodiaque est il une suite d’étoiles fixes qui se suivent plus ou moins régulièrement, autant le passage d’un signe à l’autre est-il parfaitement factice. Récemment, Didier Castille, au Congrès d’astrologie de Montpellier (juillet 2002) a exposé certaines de ses conclusions, il soutient que les enfants naissent dans les mêmes signes que leurs parents, et plus particulièrement que leurs pères, selon une probabilité satisfaisante. Mais en fait, il ne s’agit pas exactement de cela, d’autant que ce statisticien reconnaît que parfois cela concerne des signes consécutifs. Il vaudrait beaucoup mieux dans ce cas parler de naissances survenues sous les mêmes étoiles fixes, ou encore sous les mêmes astérismes. Il nous semble en effet que si nos organismes physiologiques ont une certaine perception du ciel, cela passe par l’identification d’étoiles et non le passage d’un signe à un autre. Et de ce point de vue là, tropicalistes et sidéralistes ne se différencient guère puisque, partant d’un point différent, ils n’en découpent pas moins le parcours des planètes en douze secteurs, et ce de façon artificielle, purement mathématique car le sidéralisme pratiqué par certains, actuellement (cf en pays anglo-saxon et même en Inde, ce qu’on appelle désormais l’astrologie védique), n’a rien à voir avec les étoiles fixes sinon dans un seul et unique cas, celui de l’étoile à partir de laquelle on positionne le zodiaque. Or, les étoiles fixes balisent de façon continue le parcours des astres errants, que les babyloniens appelaient « chèvres ». Le soleil lui-même a perdu, en astrologie, sa qualité d’étoile fixe puisqu’il va justement parcourir le zodiaque et croiser successivement des étoiles fixes. Dès lors, le rapport étoile/planéte est-il respecté chez ceux qui disent être né sous tel ou tel signe, du fait de la présence du soleil dans ce signe à ce détail près, déjà mentionné, que le terme « signe » qui désigne un secteur de 30°, n’est qu’une fiction commode. C’est bien de la rencontre entre un facteur mobile (ici le soleil, mais il en serait de même pour Mercure ou Vénus qui ne s’en éloignent jamais) et un facteur fixe, une étoile zodiacale, expression plus pertinente que signe zodiacal: sous quelle étoile zodiacale êtes-vous né(e) faudrait-il désormais demander? Il suffirait de fournir un tableau de correspondance qui permettrait de déterminer quelle est l’étoile fixe la plus proche de la position solaire natale. Cette astrologie « étoile & planète » (E & P) que nous prônons et que nous pratiquons d’ailleurs notamment dans nos travaux consacrés aux aspects de Saturne l’axe stellaire Aldébaran/Antarés, nous paraît devoir être l’horizon de l’astrologie pour le siècle en cours. Notons que Denise Chrzanowska a également développé un modèle Saturne/étoile fixe mais recourt à l’‘étoile polaire (Polaris) qui a vocation à changer, ce qui n’est pas le cas d’Aldébaran (cf » Le cycle de Saturne en astrologie mondiale » in Saturne et son symbolisme, Actes du Colloque de l’ ARRC, 1996) Nous poserons donc cette loi: toujours combiner dans l’étude astrologique un facteur fixe et un facteur mobile, s’interdire d’étudier un aspect entre deux planètes (soleil et Lune compris), ce qui revient à revendiquer le principe d’une mixité du fixe et du mobile, ce qui consiste en fait à prôner une nouvelle théorie des aspects. Ce faisant, l’astrologie aurait une autre physionomie puisqu’elle s’intéresserait à des points du zodiaque qu’elle ignore d’habitude dès lors qu’ils ne sont pas définissables dans le cadre d’un aspect entre planètes. Nul doute que cette carence de fixité condamne l’astrologie contemporaine à un manque de repères et à une sorte d’errance où tout change, ou rien n’est pareil puisque l’arrière plan des étoiles zodiacales est négligé au profit de combinaisons entre planètes, chères à un André Barbault qui a, tout au contraire, mis en avant la combinatoire de planète à planète, sans considérer le moins du monde l’aspect étoile/planéte, que ce soit en astrologie individuelle ou mondiale. Pourtant, les traces ne manquent pas d’une ancienne pratique combinant l’étoile & la planète et d’abord, parce que l’on connaît des traités, comme dans le Tétrabible de Ptolémée, consacrés aux étoiles fixes et à leur signification, ce qui prouve bien qu’on leur accorda jadis de l’importance. Mais ce savoir a fini par être marginalisé et est souvent réputé archaïque et aléatoire.. Il est remarquable que Gauquelin lorsqu’il a voulu vérifier si les aspects donnaient des résultats n’a pas considéré les aspects E & P, étant finalement trop conditionné par l’astrologie de l’époque, Gauquelin ayant en effet formé à l’astrologie traditionnelle. S’il avait repensé les configurations astrales sans se limiter aux affirmations de la dite astrologie, il serait peut- être parvenu à d’autres résultats. Or, il aurait dû reprendre la question à nouveaux frais et en s’appuyant sur la réalité de la pratique astronomique plus que sur l’astrologique. Les êtres humains – et probablement davantage la femme que l’homme (cf notre article: « la femme et l’influence astrale », sur le site Faculte-anthropologie.fr) – ont certainement intégré, de très longue date, l’ensemble des étoiles zodiacales, au nombre de quelques dizaines, lequel se présente selon un ordre immuable et ce sont les facteurs mobiles qui introduisent un rythme, une cyclicité, du fait même de leurs rapports en changement constant avec cette base fixe et qui déclenchent des signaux. En fait, les étoiles fixes constitueraient le radix et les planètes les transits. Nous employons sciemment le vocabulaire de l’astrologie actuelle qui appelle, elle, radix le thème natal et transits les modifications intervenant ponctuellement. Cette dualité existe en effet en astrologie mais elle a perdu son sens initial qui est celui d’une dialectique entre la « racine » (en latin, radix) fixe et les changements successifs (en latin, transit signifie passage) L’astrologie actuelle est coupée en deux: d’une part, une astrologie populaire qui passe par le zodiaque et qui, par conséquent, respecte, grosso modo, le plan des étoiles fixes, tel que transité par le soleil et de l’autre, une astrologie « savante », qui à la limite ne s’intéresse plus au zodiaque mais prend en compte les seuls aspects qui sont interprétés, volontiers, sans rapport avec le substrat zodiacal. Or, à en croire les travaux de D. Castille, c’est une astrologie solaro-zodiacale qui donne les résultats les plus concluants, ce qui implique de prendre en compte un lieu précis du zodiaque et non simplement un aspect entre planètes, en dehors de toute prise en compte de l’endroit où l’aspect s’est formé; L’astrologie actuelle est sans domicile fixe. Cette astrologie SDF (sans domicile fixe) en se privant des fixes multiplie à l’envi les combinaisons entre planètes et d’ailleurs en augmente régulièrement le nombre en incluant de nouveaux astres, à commencer par les astéroïdes (Cérés, Junon etc). C’est une astrologie à la dérive. Nous prônons en fait un réancrage de l’astrologie sur les « fixes » et notamment sur les étoiles les plus remarquables, celles qui ont fasciné nos ancêtres, et qu’on appelle les étoiles royales (Régulus, Fomalhaut, Aldébaran, Antarés qui forment une sorte de croix, placés qu’ils sont aux quatre « coins » du zodiaque). Mais nul doute que ces quatre étoiles sont précédées et suivies d’autres étoiles de moindre envergure, qui les annoncent et les prolongent, constituant ainsi une sorte d’orbe. Jean-Sylvain Bailly, de l’Académie des Sciences, dans son Histoire de l’Astronomie Ancienne depuis son origine jusqu’à l’établissement de l’Ecole d’Alexandrie, Paris, 1779, BNF V 8191, rappelle, à peu près à l’époque où Dupuis commençait à faire connaître sa pensée; l’existence d’un tel quatuor stellaire: « Nous remarquons que vers l’an 3000 avant Jésus Christ les étoiles étaient moins avancées de 66°, Aldébaran était précisément dans l’équinoxe du printemps. Cette belle étoile a donc pu être regardée comme la gardienne de l’équinoxe ou de l’Est. Antarés, ou le coeur du scorpion, se trouvait aussi précisément dans l’équinoxe d’automne: voilà le gardien de l’ouest. Régulus n’était qu’à 10° du solstice d’Eté et Fomalhaut à 6° du solstice d’hiver. Le nom de Régulus sera introduit en alchimie aux côtés des termes planétaires, notamment chez Newton ( B. J. T. Dobbs, The foundations of Newton’s alchemy or « The hunting of the Greene Lyon », Cambridge University Press, 1975 ) Quant au fait que l’étoile Fomalhaut ne se trouve pas dans la constellation du Verseau mais dans celle du Poisson Astral, il nous semble significatif. Ces quatre étoiles de la première grandeur, toutes très brillantes & très remarquables forment une division du ciel en quatre parties presque égales » (Livre IX, Des constellations du Zodiaque et des planisphères anciens, p. 480). Qu’une telle structure ait impressionné les esprits est une chose, qu’elle ait en outre été choisie parce qu’elle correspondait aux quatre saisons, aux axes équinoxiaux et solsticiaux, en est une autre. Ce serait trop beau! Il nous semble bien au contraire que ces 4 étoiles furent choisies pour marquer le temps et ce sans considération saisonnière, point de vue dont nous avons dénoncé le caractère syncrétique. Qu’à un certain moment les 4 étoiles « royales » aient coincidé peu ou prou, pendant un certain temps, avec les dits axes est tout à fait probable et peut avoir précisément encouragé le dit syncrétisme. Stellaro-zodiacal dont une expression particulièrement remarquable est celle des Maîtrises planétaires (cf « Les historiens de l’astrologie en quête de modéle », sur ce site) associant les planètes aux signes du zodiaque et non plus aux étoiles fixes comme il semble que cela ait été le cas antérieurement. La présence des luminaires au sein d’un tel dispositif revêt également un tel caractère syncrétique dans la mesure où le couple soleil-lune relève davantage d’un processus zodiacal (douze lunaisons) que stellaire, étant donné que la connaissance de ces deux astres dont la mobilité et la cyclicité sont évidentes, et pas seulement pour l’homme, précéda considérablement l’identification des planètes sur la voûte céleste. Il est pour le moins paradoxal que les étoiles fixes qui constituent le cadre fixe, structurel alors que les planètes sont un facteur mouvant, apparaissent de nos jours, en astrologie, comme un élément secondaire, supplétif. Un tel renversement est tout à fait significatif de la tension existante, au sein de nombreuses sociétés, entre un noyau social ancien, expression d’un état premier mais qui finit par devenir marginal face à des apports extérieurs qui apparaissent peu à peu comme l’élément central. Or, dans la foulée de la théorie des ères précessionnelles, aurait pu se développer, au niveau de cycles plus court, un stellaro-planétarisme, où Saturne, notamment, jouerait le rôle du point vernal, mais non pas sur la base de près de 26000 ans mais sur celle d’environ 29 ans, soit un rapport de 1 à 1000, une révolution complète de Saturne équivalant à un millième de révolution précessionnelle et à un peu plus d’un centième d’une ère de 2160 ans. On trouve là, somme toute, des chiffres, numérologiquement en phase: 28/29 jours pour la Lune, 29/30 ans pour Saturne – soit un rapport de 1 à 360 entre cycle de la Lune et cycle de Saturne – et 25920 ans pour la précession des équinoxes. Quid des techniques prévisionnelles consistant à faire avancer un astre vers un autre? Ne se pourrait-il qu’à l’origine il se soit agi d’une planète que l’on dirigeait vers une étoile fixe? La combinatoire entre planètes serait d’ordre spatial tandis que la combinatoire planètes-étoiles concernerait le temps. Pour faire des prévisions chiffrées, les astrologues traduisaient un écart angulaire en une durée. Mais par la suite, on s’est mis à diriger une planète vers une autre planète. Il devrait d’ailleurs en être de même pour les transits: on peut étudier le temps que mettra telle planète pour parvenir, notamment, à la conjonction avec telle étoile fixe. Selon nous, le concept même d’aspect est lié à la relation planéte/étoile fixe et ce du fait même du rapprochement et de l’éloignement entre ces deux types d’astres. En terme d’astronomie de position, on ne situe pas une planète par rapport à une autre mais une planète par rapport à une étoiles fixe. L’astronome a pour première tâche d’apprendre à baliser le cadre fixe des étoiles et ce n’est que dans un deuxième temps qu’il relève les passages des planètes au travers du dit cadre et ce au moyen des aspects. Un avantage appréciable du système SP, c’est qu’il n’a pas fait l’objet par Gauquelin d »une quelconque vérification. En effet, les aspects des planètes à telle ou telle étoile fixe ne coïncident nullement sinon fortuitement, avec les aspects entre planètes. On sait en effet que Gauquelin a réalisé des contrôles sur les aspects principaux de planète à planète et sans aucune prise en compte des combinatoires stellaro-planétaires, ce qui montre bien à quel point il était sous l’influence de la forme d’astrologie dominante à son époque. L’avantage de la SP, c’est qu’elle détermine des zones fixes qui seront transitées par des points mobiles. Pourquoi l’abandon du plan fixe? C’est déjà le cas avec la théorie médiévale des Grandes Conjonctions qui privilégie l’aspect de Jupiter à Saturne sur l’aspect de l’une de ces planètes à un repère fixe, même si le fait que la conjonction ait lieu dans tel ou tel des quatre éléments est important pour ce système. Cette théorie dominante au Moyen Age et à la Renaissance a certainement contribué à l’abandon du stellaro-planétarisme dans la mesure même où elle introduit une cyclicité parfaitement régulière en combinant deux planètes, qui se rejoignent tous les 20 ans. Bien plus, par un processus prenant en compte les Quatre Eléments, on parvient à des durées approchant 1000 ans, dans certaines formulations, ce qui là encore permet d’éviter les repères stellaires. Néanmoins, à la fin du XVIIIe siècle, cette théorie des Grandes Conjonctions, utilisée notamment au niveau de l’Histoire des religions, sera abandonnée, du fait de chercheurs français comme Charles François Dupuis, Volney, De l’Aulnaye, au profit des ères précessionnelles, soit un retour au sidéralisme.(cf J. Halbronn, La vie astrologique il y a cent ans, opus cité) La découverte de planètes lentes a pu également jouer et en l’occurrence Lizeray ne mentionne pas les transsaturniennes connues de son temps (1892), à savoir Uranus (1781) et Neptune (1846). En effet, ces nouveaux astres par leur lenteur se rapprochaient en quelque sorte du statut d’étoiles fixes. Or, la conjonction d’une planète lente avec une étoile fixe n’offre guère d’intérêt puisqu’elle va concerner toutes les personnes nées au cours d’une assez longue période de temps. (cf A. Volguine, article in Astrologie, numéro sur les étoiles fixes, 1935; Reed. Ed. Traditionnelles, 1998) Nous proposons donc aux historiens de l’astrologie de s’intéresser à des phénomènes aussi marquants que le passage d’une astronomie réelle à une astronomie fictive ou que le passage d’une astronomie stellaro-planétaire à une astrologie planétaire, étant entendu que l’astronomie sous-tend le discours astrologique qui en est l’ésotérisation (cf notre article dans la revue Cyklos, 28, Barcelone, 2002: . « De lo previsible a lo imprevisible. La astrologia como meta-fisica » et notre étude sur le Tétrabible, in Trois sept onze, décembre 2002). L’historien de l’astrologie ne peut progresser s’il n’adopte une posture, une position, psychanalytique, c’est à dire s’il ne parvient à mettre en évidence des coupures épistémologiques, selon la formule de Gaston Bachelard, et à coup sûr l’abandon du stellarisme en est une aux conséquences considérables pour le projet astrologique. Cela vaut dès lors non seulement pour l’Histoire de l’Astrologie mais aussi pour l’ épistémologie de la recherche en astrologie. Dès lors, certains clivages, certains décalages, revêtent une autre signification en ce qu’ils interpellent tant le passé que l’avenir de l’astrologie. Contrairement à ce que d’aucuns croient pouvoir affirmer, la page du stellarisme n’est nullement tournée, même si, en effet, l’astrologie du XXe siècle a tenté, avec A. Barbault comme avec J. P. Nicola, d’en faire un repoussoir. Nous sommes en faveur d’une approche de l’astrologie qui soit pertinente sur le plan anthropologique: on peut assez aisément admettre que les êtres humains – ou du moins certains assumant cette fonction- se soient habitués à un certain environnement stellaire quasiment immuable depuis des millénaires, tout comme d’ailleurs depuis toujours nous nous sommes accoutumés au spectacle que nous offre la terre et que les saisons viennent moduler. En revanche, on ne saurait attribuer aux humains une connaissance même minimale du cycle des planètes lequel ils n’appréhendent que dans la mesure où il affecte le paysage fixe. Autre chose est d’attribuer, comme on le fait le plus souvent, aux êtres humains une perception sophistiquée des changements célestes, en tant que tels et non pas par rapport à un plan fixe. L’astrologie s’est hypertrophiée et le principe E & P devrait avoir pour effet de la rendre plus présentable, notamment aux yeux des astronomes, lesquels, finalement – et ce n’est pas rien – nous rappellent comment les hommes, de tout temps, ont perçu le ciel.. L’argument anti-astrologique traditionnel lié à la précession des équinoxes nous semble dépassé, il manquait sa cible; le véritable reproche que l’on peut faire à l’astrologie serait bien plutôt celui de ne plus respecter la combinatoire étoile/planéte, l’exigence épistémologique du fixe et du mobile.. En fait, il conviendrait désormais de le formuler ainsi: les étoiles fixes qui étaient censées exprimer les valeurs de tel signe expriment désormais les valeurs d’un autre signe: telle étoile du scorpion est désormais une étoile du sagittaire – c’est le cas d’Antarés. Or, les astrologues modernes ont pris une telle distance à l’égard des étoiles fixes qu’ils ne comprennent même plus la portée de l’argument, tel un mort vivant qui ne réagirait plus aux balles qu’on tire sur lui. Or, autrefois, planètes et étoiles apparaissaient comme la base même de l’astrologie et le fait qu’une étoile change de signification puisque de signe équivalait au fait qu’une planète puisse être affectée à une nouvelle divinité. Le paradoxe du rapport entre astrologie et astronomie, c’est que l’astronomie elle-même véhicule un certain savoir astrologico-mythologique, ce qui, ipso facto, tend à le sacraliser, alors que ce savoir est lui-même daté, n’étant ni originel ni vraiment moderne. La solution de facilité est de vouloir penser l’astrologie au prisme d’une astronomie contemporaine matinée de découpages zodiacaux et de divinités, ce qui aboutit à se dispenser de tout retour en arrière voire à rendre dérisoire et marginale toute investigation historique. Iconographie Henri Lizeray, 1879 Delaulnaye, 1791, Verseau 1726 Henri Lizeray, 1892 Henri Lizeray, 1892 Thomas Brunton, 1872 Thomas Brunton, 1875 Thomas Brunton, 1874 Thomas Brunton, Verseau 1874

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