Site de l'Association La Vie Astrologique (ex Mouvement Astrologique Universitaire). 8, rue de la Providence. 75013 Paris/ Une approche historico-critique de la littérature astrologique.
Faculté Libre d'Astrologie de Paris (FLAP)
Le but de ce blog est lié à la création en 1975 du Mouvement Astrologique Universitaire (MAU) . Il sera donc question des passerelles entre Astrologie et Université mais aussi des tentatives de constituer des enseignements astrologiques.
Constatant les lacunes des astrologues dans le domaine des
sciences sociales (hommes et femmes, structures
nationales et supranationales etc), la FLAP assurera à ses
étudiants des connaissances de première main et les plus
récentes qui leur serviront de socle pour appréhender
l'astrologie et en repenser les contours.
.
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dimanche 14 mai 2023
Jean Pierre Nicola Sur la sortie du Retour des Astrologues (1971) et sur sa communication au Congrès de Paris de 1974
¬ Histoire au point n°2
Dans le ghetto astrologique on attendait beaucoup du Retour des Astrologues de l’équipe P.Defrance, C. Fischler et I. Petrossian, dirigée par Edgar Morin (Club de l’OBS, Cahier n° 3, nov. 1971). Enfin, grâce à la consciensologie (il n’y a pas de péril en la demeure, encore moins chez les demeurés) des sociologues, on allait enfin respirer l’ozone de la légitimité, un gaz pur. Onze ans plus tard (cycle d’activité solaire), le retour du retour sous le titre de La croyance astrologique moderne (éd. L’Age d’Homme, mars 1982) toujours sous l’inébranlable direction d’E. Morin, enterre ce qui était déjà enterré pour quiconque savait lire : l’espérance de trouver chez un sociologue autre chose que la justification de sa légitimité contestée par d’autres disciplines officielles. L’astrologie étant une facile aubaine de réhabilitation aux yeux (aux gros yeux) des sciences exactes, la sociologie a payé son droit d’appartenance à la légitimité par l’invention d’une anti-astrologie culturellement admissible, je l’ai baptisée : l’anti-astrologie insidieuse. Elle se présente sous des formes intelligentes, chiffrées, raisonnées, satisfaisantes pour la classe intellectuelle qui risquait d’être indisposée par les outrances, le mauvais goût de l’anti-astrologie manifeste, de mauvaise foi trop grossière pour convaincre un honnête homme. Avec l’anti-astrologie insidieuse, il y a du mieux : des interrogations tolérantes, des pourquoi pas qui permettent de traverser le marais sans glisser vers le fond de la question. Tactique que je qualifierai d’évitement sublime tant il élève l’esprit avec grâce.
Sans définir le mot croyance (à quoi bon ?), dans leur article « Croyances aux parasciences : dimensions sociales et culturelles » (Revue française de sociologie, avril 1986), Daniel Boy et Guy Michelat amalgament dans le même coefficient de croyance : sorcellerie, tables tournantes, télépathie, OVNI , fantôme, radiesthésie, spiritisme, foi religieuse, etc. Il en ressort que l’on est d’autant plus croyant en l’astrologie que l’on croit naturellement en quelque chose : au pendule, aux ovnis, en dieu… On est ou on n’est pas croyant par tempérament. Seuls les dogmes structurés, les Églises et les hauts piliers des Universités, savants en place, sont rebelles aux inclinations de cette nature spontanée confrontée à la science… que les auteurs se gardent bien de définir. Chez nos Robert et Larousse, l’astrologie est un « art divinatoire ». Pour donner à mon tour dans l’amalgame, la pratique d’un Art revient à une croyance… On ne peut pas jouer du violon sans y croire, sans croire en dieu à l’écoute des hommes. On croit en un tableau de Dufy, Chagall, Cézanne, comme on croit aux farfadets ou aux sociologues.
Dès la parution du Retour des Astrologues, j’avais prévenu mes ex-confrères qu’ils avaient tort d’espérer quoi que ce soit de ce côté-la… mais quelques années plus tard, je me suis fais roulé moi-même de belle manière.
Déconfits par la sociologie, les astrologues qui auraient besoin de secours extérieur pour sortir du ghetto peuvent se tourner vers les historiens. Cette fois, l’affaire est sérieuse. Les ouvrages de Gérard Simon (Kepler, astronome-astrologue) et Henri Stierlin (L’Astrologie et le pouvoir) ont fait pour l’improbable réhabilitation de l’astrologie plus que toutes les prédictions et les gloses… Ne nous excluons pas, quoique nous défendions une bonne glose. Mais il y a une réserve à faire. Elle est de taille : l’Historien doit être indifférent à la croyance, art, science, songe ou mensonge de l’astrologie. Sinon, « l’Histoire » est récupérée par le M.A.U. dans L’Histoire de l’Astrologie de Jacques Halbronn et Serge Hutin (éditions Artefact, 1986), par le psy-symbolisme de Napoléon Barbault préfacier d’une « Histoire de l’Astrologie » (Wilhelm Knappich, octobre 1986) qui n’a évidemment pas manqué de conforter sa position des convictions symbolistes de l’auteur et de son traducteur (Henri Latou).
Comme pour le n°8 des Cahiers Conditionalistes, la méthode suivie consiste à publier un document de date contrôlable et le commenter pour reprendre au besoin les contenus, montrer l’aboutissement ou la voie délaissée.
La communication suivante a été donnée en fin septembre 1974 dans le cadre d’un Congrès« Les journées Internationales Astrologiques de Paris » (Hôtel Méridien) organisé d’un côté, par l’I.S.A.R. (International Society for Astrological Research, présidente Julienne Sturm) et, d’un autre, par le C.I.A. (Centre International d’Astrologie) ou par Jacques Halbronn, selon qui écrit l’Histoire. Étant à l’époque plus au courant et témoin (voire acteur) des conflits qu’aujourd’hui, il est exact que l’initiative de ce Congrès et l’effort principal viennent de Jacques Halbronn, le C.I.A. se bornant au patronage et à l’éviction des candidatures indésirables. Ces faits sont rapportés dans le Guide de la Vie Astrologique de J. Halbronn (Éd. La Grande Conjonction, 1984) à la page 30. Malheureusement, à la page suivante j’apprends avoir été réconcilié par ses soins à Patrice Louaisel avec qui j’étais, sans être fou de lui, pourtant en correspondance ? Ce qu’Halbronn ne dit pas (quelle Histoire !) : la rencontre des trois a eu lieu chez moi (6 Bd de Clichy – Paris) et, en invoquant sa dimension de Sagittaire, c’est moi qui ait suggéré à J. Halbronn de fonder une Association des Associations qui commençaient à se multiplier. Comment lui en vouloir? Nous avons tous des trous de mémoire. Tenez, demandez à Elizabeth Teissier qui l’a contactée pour tenir, du n°10 au n°25, sa rubrique d’auto-publicité dans la revue Astrologique ? Elle ne sait plus… c’est tellement mieux ! Et Barbault, avec cette lourde mission de tireur d’oreilles, a-t-il vraiment le temps de se souvenir de mon rôle dans la publication de L’Astrologue aux éditions Traditionnelles… ou de mon conseil d’en rester rédacteur en chef alors qu’il présentait sa démission ? À l’époque, Max Lejbowicz disait en riant que mon «Mars en phase ultra-paradoxale me conduisait à faire souvent le jeu de mes adversaires»; çà, je n’aurais pas dû l’oublier !
En juin 74, au moment des négociations entre les divers responsables des Associations pour savoir qui devait ou pas parler à ces futures journées, Max étant le plus redouté, par courrier, Paul Colombet, Président du C.I.A. me demandait (Président du C.E.F.A.) de lui adresser les textes du CEFA « le plus tôt possible afin de permettre une traduction ». Je n’ai pas retrouvé de traces, dans mes archives, des réactions de Max, Yves Lenoble (alors Secrétaire du CEFA) ou des miennes… Dommage… Je sais que les choses s’étant compliquées entre le CEFA et le CIA (nous verrons à partir de quoi avec d’autres documents), les membres éminents du CIA avait la consigne de ne pas écouter les communications des membres non-moins éminents du CEFA. Qui donc aurait pu manquer de sagesse dans une connaissance qui est au coeur de l’homme, comme dit le préfacier ? Certainement pas Paul Colombet connu pour son indépendance à l’égard des coups de fil qu’il recevait d’un bienveillant Surmoi-des-coulisses. Peut-on savoir ? Non, si comme le recommande Barbault l’Histoire de l’astrologie doit être écrite par un astrologue traduit par un astrologue de même confession. Oui, si à l’inverse de l’intouchable, on préfère en matière d’Histoire, le compte-rendu des faits à «la compréhension des textes et des auteurs ». lorsqu’ils ne sont pas conditionalistes. Car la pire de toutes les anti-astrologies est, comme Max Lejbowicz l’a dénoncée le premier, celle des astrologues indignes de leur héritage qui affligent le ciel de leur psy-symbolisme au lieu de rechercher pourquoi et comment le ciel du réel s’est affligé en eux d’un idéalisme étriqué.
Tel est le contexte de cette communication aux «Journées Internationales Astrologiques de Paris » de septembre 1974. Pour relever son intérêt, j’ai effectué des soulignements aux passages qui me semblent maintenant importants et des renvois numérotés pour commenter les étapes courues ou qui restent à couvrir.
COMMUNICATION AUX JOURNÉES INTERNATIONALES ASTROLOGIQUES DE PARIS
Septembre 1974
Ceux qui contestent la réalité du conditionnement réagissent invariablement par les mêmes mots : « Ah oui, Pavlov, son chien et la sonnette… mais tout ceci n’est pas valable pour l’homme ! ». Ce n’est, certes pas, la bonne façon de le prouver, et j’espère qu’à l’avenir, s’il est parmi vous des personnes négativement conditionnées par ce terme, leur réaction sera plus réfléchie et moins réflexologique.
Il est vrai qu’en France l’empreinte cartésienne et l’héritage des philosophies dualistes dissociant l’âme du corps portent à prendre le réflexe dans une acception étroitement physiologique. Pour Pavlov, pour ses précurseurs comme pour ses continuateurs, le réflexe « c’est la réaction de l’organisme envers le monde extérieur ».
Cette notion de réflexe s’étend aux activités supérieures. Elle concerne toutes les réponses de l’homme : concrètes ou abstraites, instinctives, affectives, sociales, intellectuelles.
L’Astrologie Conditionnelle (1), se consacre à l’étude des réponses de l’homme à son environnement cosmique, aux stimuli ou incitations que sont les rythmes zodiacaux et les cycles planétaires.
Une telle définition démarque l’Astrologie Conditionnelle des interprétations fatalistes ou symbolistes, puisque selon les premières l’homme subirait passivement son ciel, tandis que selon les secondes les rapports de l’homme avec son environnement cosmique ne se posent pas en termes objectifs mais en termes de reflets, de correspondances entre le dedans et le dehors, le haut et le bas.
Fataliste ou symboliste, il s’agit d’une Astrologie de l’absolu qui n’ose pas toujours dire son nom. Celui de conditionnel est clair : l’Astrologie conditionnelle ne peut pas être absolue.
Néanmoins son objet d’étude lui impose de s’intéresser également à tous les systèmes idéologiques, philosophiques, religieux, qui représentent de grandes réponses et, aussi, un grand besoin d’absolu. L’Astrologie Conditionnelle ne saurait davantage se dispenser d’étudier les produits de la pensée analogique pour en extraire l’essentiel, quelques perles à l’occasion et lorsqu’il s’agit vraiment de pensée analogique. Son but étant la connaissance des réponses de l’homme aux stimuli d’un milieu élargi aux dimensions du système solaire, il est légitime pour elle d’analyser avec conscience et rigueur les explicatives symbolistes et fatalistes. Ses moyens étant ceux de l’homme, il est tout aussi légitime pour elle d’user de l’intuition pour les problèmes qui relèvent encore de cette fonction, et d’user de la raison pour les problèmes résolubles par les méthodes rationnelles.
L’originalité de l’Astrologie Conditionnelle est sans doute d’avoir soigneusement distingué trois plans du réel : le plan objectif, le plan subjectif, et celui de leurs échanges ou de leurs interactions. (2)
Cette distinction – originale pour les astrologues mais élémentaire ailleurs – n’existe ni en astrologie fataliste, ni en astrologie symboliste. Pour ces écoles, le ciel est comme l’homme, sans que l’on sache où est le ciel et qui est l’homme. Les deux peuvent être gravement dépréciés. En astrologie fataliste l’homme est gouverné et articulé comme un pantin, en astrologie symboliste, le ciel est à peine nécessaire à l’horoscope, et l’on affiche avec suffisance son mépris des réalités astronomiques. Ces deux écoles prétendent trouver ou retrouver dans l’horoscope de naissance à la fois l’homme, son milieu et leurs rapports, soit : l’hérédité et ses effets sur le caractère, l’ambiance familiale, l’éducation et leurs effets, le milieu social et ses conséquences psychologiques ou autres.
Pour l’Astrologie Conditionnelle l’horoscope n’est pas le sujet, mais il le concerne, tout comme chacun d’entre nous n’est pas sa famille, son éducation, sa culture, sa classe sociale, malgré les traces qu’il en retire, malgré les réponses qu’il donne à ces divers conditionnements extra-horoscopiques.
Pour reprendre une définition de Max Lejbowicz donné dans Carré de mars 1974, « en Astrologie Conditionnelle le thème natal n’est plus considéré comme l’image du moi : il signale le conditionnement du système solaire reçu par un sujet théorique. Le sujet concret se construit par interférences de divers conditionnements (solaire, social, héréditaires, éducatif, etc.) »
La spécificité du conditionnement solaire est de porter sur nos structures temporelles. Ce sont elles qui permettent au cours du développement psychologique d’ordonner les autres conditionnements, d’accentuer ou d’amoindrir certains de leurs effets. Nous dirons, par exemple, qu’une signature « Lunaire » sensibilisera davantage qu’une autre aux conditionnements familiaux, mais nous ne saurions rien dire de la nature et de la qualité de ces conditionnements. Une signature «Uranienne » sensibilisera davantage aux conditionnements sociaux et ceci peut expliquer que parmi ceux qui prennent le pouvoir dans une société en crise, il se trouve beaucoup d’Uraniens. (3)
Figure1
La connaissance du contexte historique, une conscience ouverte aux problèmes de son époque sont indispensables aux praticiens de l’Astrologie Conditionnelle.
Par le fait même de sa définition mettant en cause l’homme, le milieu, leurs rapports, l’Astrologie Conditionnelle s’ouvre à toutes les disciplines. Aux sciences humaines, à la biologie, pour tout ce qui est du sujet ; aux sciences physiques, pour tout ce qui est de l’objet ; et, pour reprendre un terme heureux proposé par M.Goldstein, aux sciences relationnelles pour ce qui est des interactions Sujet-Objet : écologie, économie, cybernétique.
Les problèmes posés par l’Astrologie Conditionnelle débouchent sur la nécessité d’une doctrine commune et sur celle d’un travail d’équipe dont chaque membre accorde ses compétences sur celles de ses partenaires et agit en fonction du programme de tout le groupe. En Astrologie Conditionnelle, il n’y a pas d’homme-phare, de prophète Nostradamique, mais une culture scientifique et philosophique à reprendre et à repenser à plusieurs afin d’approcher une vision plus large et plus juste de l’Astrologie, afin de proposer de nouvelles réponses aux interrogations des hommes de tous temps.
Revenant sur notre première définition de l’Astrologie Conditionnelle, nous l’affinerons en disant qu’elle se consacre non seulement à l’étude des réponses de l’homme à l’environnement cosmique, mais aussi à celles des interférences créées sur ses réponses par les conditionnements proprement terrestres.Jean-François Le Ny, dans son ouvrage sur Le conditionnement (Presses Universitaires de France, collection «Le psychologu »), signale que c’est la modification du milieu, quel que soit le sens de cette modification, qui agit sur l’organisme et appelle une réponse, dans la mesure où il est possible d’en donner une.
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