Notre concept de maisonnée face à l'imperium spinoziste, le contre-modéle solaire.
par Jacques Halbronn
En lisant un ouvrage d'Ivan segré, judaïsme et révolutio (Ed La Fabrique, 2014), nous rencontrons (pp 120 et seq) le concept d'imperium, exposé dans le Tractatus Politicus de Spinoza (cf Traité Politique, tradB. Pautrat, Ed . Allia, 2013) datant de 1677, et il nous est apparu que nos réflexions autour de la "maisonnée" recoupent en partie l'imperium spinoziste à moins qu'ils ne la dialectisent. Le titre complet du Tractatus est le suivant "Traité politique dans lequel on démontre comment une Société ayant un Imperium Monarchique ainsi que celle où ce sont les Meilleurs qui commandent doivent être instituées pour ne pas tomber dans la Tyrnnie, et pour que Paix et Liberté des citoyens demeurent inviolées". (trad. Pautrat)
Il apparait en tout cas que la dialectique de la "multitude" et du "prince" se situe au cœur de la problématique spinozienne (lequel se référe au Prince de Machiavel, p. 60)
En vérité, devons-nous suivre Spinoza et ses commentateurs (Bernard Pautrat, jacques Munier, et surtout peut être Frederic Lordon avec son Impérium. structure et affects des corps politiques. Ed La Fabrique, 2015, donc chez le même éditeur que l'ouvrage d'Ivan Segré ) quand ils campent l'imperium comme élisant un chef, comme le pouvoir conféré par un groupe à une personne?
Nous aurions tendance à opérer ici une révolution copernicienne en insistant sur le fait que le groupe n'existe que pour et par la dite "personne", quelle que soit l'image quoi nous est véhiculée par le processus électoral en vigueur depuis la fin du XVIIIe siècle, ici et là et qui tend à renverse et à inverser les rapports de force. Si l'on compare avec le systéme solaire, qui irait dire que le soleil n'existe que du fait des planétes même si la présence ces planétes désigne l'existence du soleil.. Est ce Beethoven qui est élu par les mélomanes ou ces derniers qui se regroupent de par leur fascination pour ses œuvres, On pourrait ainsi multiplier les contre-exemples à l'infini.
Reconnaissons que les enjeux économiques et politiques d'un tel questionnement ne sont pas minimes; Est ce que ce sont les employés qui font l'employeur ou l'employeur qui confère leur statut aux employés, le nom même d'employé indiquant une certaine forme de passivité?
il nous semble essentiel de distinguer la façon dont nous prenons connaissance d'un phénoméne et la façon dont celui-ci se met en place; Une telle erreur est fort répandue et nous l'avons notamment signalée et dénoncée dans nos travaux sur le discours de nos contemporains sur le passé. il y a là en effet quelque paradoxe en ce que la façon dont on découvre une donnée ne nous renseigne guère sur le mode d'émergence qui aura été la sienne au départ.
Prenons la question du pouvoir, celui-ci peut certes se déléguer à tel point que le détenteur du pouvoir ainsi déllégué aura l'illusion du pouvoir, lequel d'ailleurs il exercera bel et bien, dans sa "réalité" et en même temps, ce pouvoir vient d'ailleurs. Dans certains cas, celui qui a reçu du pouvoir peut être tenté de refuser de le rendre voire de reconnaitre de qui il l'a obtenu. On retrouve la formule : Rendre à César ce qui est à César (Evangile)
Ce qui vient encore compliquer et embrouiller notre perception des choses tient à l'existence que nous avons mise en évidence d'un processus cyclique qui fait évoluer le rapport de forces; Autrement dit, il y a un temps (cf l'Ecclésiaste) où la maisonnée reconnait ce qu'elle doit et sa dépendance par rapport au "centre", au "chef" (la tête) et d'autres où elle tend à l'oublier- ce qui peut correspondre à une forme d'amnésie suivie d'une anamnése.
En phase amnésique, il ne faudra évidemment pas s'attendre à ce que la maisonnée ou l'imperium reconnaissent ce qu'ils doivent au centre, à la tête. On brûle alors ce que l'on a adoré, on bascule dans l'ingratitude, qui nous semble devoir figurer parmi les Dix Commandements, ne serait-ce que par les premiers qui traitent du rapport à Dieu.
Mais revenons à ce que nous laissions entendre plus haut, à savoiir que ce que nous avons à observer ici et maintenant risque de nous fourvoyer dans la compréhension de la genése de l'objet considéré; De telles illusions d'optique sont courantes: le lecteur d'un livre appréhende-t-il pour autant la façon dont le livre a été réalisé, les étapes par lesquelles il a du passer?
La notion même de délégation de pouvoir ne prete-t-elle pas à confusion? Qui délégue à qui? est ce le ministre qui délégue au président ou bien plutôt l'inverse. Certes, le président est-il élu par quelque collége mais autrefois, le roi n'était pas élu et désignait bel et bien ses ministres, ses secrétaires. Là encore, que l'on se méfie des erreurs de perspective.
Bien plus, ceux que l'on a désignés peuvent avoir des droits sur vous, comme c'est le cas du Conseil Constitutionnel dont les membres sont désignés par les différents personnages de l''éxécutif. Littéralement, déléguer, c'est se débarasser d'une certaine corvée et donc renoncer totalement à l'assumer, s'en délester. A cet instant T les rôles s'inversent comme lors des saturnales romaines entre maîtres et esclaves, une fois par an; Une fois le processus engagé, on risque fort d'en perdre le contrôle.
Pour en venir à l'Astrologie, laquelle nous semble vouée à devenir incontournable -du moins sous une forme épurée- pour la pensée politique du XXIe siècle, tout se passe comme si certaines sociétés, à certaines époques, avaient confié un certain pouvoir à la mécanique céleste et que la dite mécanique y avait gagné - sans même le vouloir- un certain pouvoir sur nous, dont il semble bien improbable que nous soyons en mesure de nous libérer du moins dans l'immédiat;
Autrement dit, la question de la délégation ne concerne pas seulement les personnes mais les machines, ce qui était évidememnt moins perceptible en 1677 (date de la rédaction du traité Politique) qu'en 2017. D'ailleurs, au sein même de la maisonnée, se pose la question des androïdes, de ces êtres qui ont l'aspect d'humains mais qui ne le sont qu'en apparence, ce que l'on décéle ,notamment dans le fait qu'ils dispensent -débitent- transmettent des messages - sans tenir compte des réactions ni du profil des interlocuteurs (quand il y a en a) ou des auditeurs, ce qui est un test qui ne trompe pas. à la façon d'un lecteur de CD qui fonctionnerait imperturbablement une fois qu'il aura été déclenché, impulsé.
On aura donc compris qu'il y a là comme un jeu de miroirs qui n'aura cessé d'alimenter bien des chimères. On se demande si le XXIe siècle en prenant de plus en pus conscience du comportement des machines parviendra à démystifier nos perceptions actuelles, ce qui devrait évidemment conduire à repenser les modéles politiques de fond en comble.
Nous ajouterons que l'unité de l'Imperium quand elle ne passe pas par le chef, en quelque sorte l'empereur, ne s'accomplira que sur un mode régressif, c'est à dire sur des pratiques anciennes communes à tous les membres et certainement pas sur un mode progressif, quiexige une avant -garde, donc une élite. Selon nous, la notion même de progrès implique celle de de fer de lance en un sens en quelque sorte phallique, seul capable de pénétrer et d"explorer le futur.
Il nous semble assez clair que la pluralité est un pis aller car rien ne vaut l'économie d'un seul cerveau, qui n'a pas à s'épuiser dans un processus complexe de communication.
En lisant le Tractatus, en son chapitre VII, on note que Spinoza évoque le cas d'Ulysse qui donna le pouvoir à son équipage de l'empêcher de changer d'avis : 'Les compagnons d'Ulysse obéissaient à son ordre quand, alors qu'il était attaché au mât de son bateau et captivé par le chant des sirènes, ils refusèrent de le détacher quoiqu'il leur commandât avec mille menaces et l'on met au compte de sa sagesse qu'il ait ensuite remercié ses compagnons d'avoir obéi à sa première disposition d'esprit"
Mais que nous enseigne un tel exemple si ce n'est que le pouvoir de la multitude a été conférrée par le chef. Que la multitude refuse de changer les ordres initialement donnés, quand bien même émaneraient-ils du dit chef, nous semble assez logique car précisément Ulysse voulait ainsi pouvoir -en interdisant tout revirement- résister à la tentation. De fait, on peut tout à fait accepter le fait que le chef ne puise pas changer à son gré ses propres ordres car de la sorte il aura pris des précautions pour se protéger contre lui-même. On voit bien qu'en tout état de cause, c''est le chef qui délégue son pouvoir et non l'inverse.
Comme le note Frédéric Lordon (Impérium, Structures et affects des corps politiques, Paris, La Fabrique, 2015 (pp. 322 et seq); "Une chose est sûre, en tout cas, nos productions nous échappent-au moins en partie. Les produits de notre propre puissance nous dominent et parfois se retournent contre nous"
Quant à ce que pense Spinoza des femmes, dans son systéme politique, en voici un échantillon qui reléve, dit-il, de la pure et simple observation car selon nous tout modèle conceptuel doit s'attacher à rendre compte de ce qui s'impose à l'observation la plus flagrante :
" Mais peut être demandera-t-on, si c'est par nature ou par institution que les femmes sont sous le pouvoir des hommes. (...)Si nous consultons l'expérience elle-même, nous verrons que cela nait de leur faiblesse (.. (..)Il est sûr que parmi tant de nations si diverses , il s'en trouveraient certaines où les deux sexes gouverneraient à égalité et d'autres où les hommes seraient gouvernés par les femmes et éduqués de telle sorte que leur génie ait moins de puissance. Comme cela n'a liey nulle part, il est tout à fait permis d'affirmer que les femmes, par nature, n'ont pas un droit égal à celui des hommes mais qu'elles sont nécessairement inférieures aux hommes (...)Il ne peut pas se faire sans grand dommage pour la paix que les hommes et les femmes gouvernent à égalité"
Nous serons plus mesurés sur ce chapitre, tant il est vrai que les hommes sont parvenus à instrumentaliser les femmes de façon à les "charger" de fonctions chronophages, à commencer évidemment par les 9 mois de mobilisation de l'enfantement- ce qui ne date donc pas d'hier!?Nous savons à quel point le pouvoir peut se déléguer, se distribuer mais aussi se reprendre.
C'est pourquoi le débat n'est plus de nos jours entre les hommes et les femmes mais entre les hommes et la "maisonnée", dont les femmes sont un élément parmi d'autres, aux côtés notamment des machines qui ont remplacé les bœufs et les chevaux (on parle de chevaux -vapeur).
L'astrologie nous enseigne que les astres ont reçu pouvoir sur les femmes de déterminer une certaine cyclicité et celle-ci constitue un environnement, un climat que les hommes (par opposition ici aux femmes) ne sauraient ignorer. Mais qui aura orchestré un tel systéme de pouvoir sinon les hommes et ce quand bien même un tel systéme échapperait à leur contrôle. En fait, le pouvoir de la maisonnée sur le chef n'existe qu'au prix d'une automatisation de la dite maisonnée.
JHB
17 09 16
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Constatant les lacunes des astrologues dans le domaine des
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étudiants des connaissances de première main et les plus
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l'astrologie et en repenser les contours.
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samedi 17 septembre 2016
jacques Halbronn Notre concept de maisonnée face à l'imperium spinoziste
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