Critique astrologique, critique biblique, critique nostradamique, assurance d'un recrutement haut de gamme
par Jacques Halbronn
Ceux qui se targuent de modernté, notamment au regard de l’astrologie, ne devraient pas oublier que depuis le XVIIe siècle, nous sommes entrés dans l’ère de la critique, avec respectivement pour l’astrologie le protestant Johannes Kepler et Pierre Gassendi, adversaire de Morin de Villefranche, pour la Bible, le juif Spinoza et Richard Simon, oratorien et un et pour Nostradamus le dominicain Giffré de Réchac auquel nous avons consacré une thèse de post-doctorat (EPHE, 2007). Au demeurant, critique et réforme sont plus ou moins indissociables.
On aura donc compris que l’approche de corpus tels que les Ecritures, les Centuries ou la Tétrabible (de Ptolémée) rencontre de nos jours certaines exigences méthodologiques. Or, force est de constater que si la critique biblique a droit de cité et qu’il est tout à fait admis de s’interroger sur les questions de transmission et de copie, et si la critique nostradamique a aussi pignon sur rue, au niveau académique, ill n’en est pas de même pour la critique astrologique, ce qui laisserait à penser que le niveau de ceux qui se tournent de nos jours vers l’astrologie est assez médiocre.
Il est vrai que le fait de décortiquer des corpus, pour faire apparaitre des dissonances, des interpolations, des délestages a de quoi en ébranler plus d’unra
Ce qui fait obstacle à la bonne santé et au bon accueil d’une critique astrologique, ce sont les praticiens habitués à considérer l’astrologie comme un tout indissociable, d’un seul tenant, qui serait à prendre ou à laisser.Face à la critique, on trouve, on le sait, la posture apologétique laquelle est vouée à défendre bec et ongles l’intégrité de l’ensemble supposé un et indivisible.
De nos jours, donc, on ne peut plus décemment promouvoir un enseignement de qualité sans l’établissement d’un appareil critique, ce qui implique que l’on restitue la genése et la logique interne de chaque « chapitre ».
On aura compris que l’on ne saurait envoyer promener la critique au nom d’une validation par la « pratique ».. les textes doivent pouvoir se défendre par eux mêmes sans addition et sans apport extérieur. Mais l’on a parfois vite fait de décourager les éleves de poser des questions de fond plus ou moins dérangeantes et qui pourraient troubler la foi des « fidéles »., les
.fare douter. C’est ainsi que les astrologues souvent sur un registre défensif du fait même qu’il leur manque des réponses. En 1977, nous avons publié le Livre des Fondements Astrologiques d’Abraham Ibn Ezra, juif espagnol, qui inaugure en fait au XIIe siècle le temps de la critique astrologique.en accompagnant un traite pratique d’un volet critique. Il importe peu que les observations critiques émanent d’astrologues ou d’adversaires de l’astrologie, ce qui compte, c’est leur pertinence.
La modernté de toute critique et singulièrement de la critique astrologique est assez paradoxale puisqu’elle tend à nous ramener en arrière et parfois très loin en arrière.
L’état des lieux de l’astrologie contemporaine est assez contrasté – c’est le moins que l’on puisse dire- avec d’une part un savoir astronomique à jour et de l’autre une tradition dans un grave état de délabrement et que l’on ne parvient pas à restaurer préférant se contenter de plaquer par dessus des commentaires; des traductions inspirés de savoirs actuels comme la Psychanalyse ou à la mode comme le Karma..Le passé semblerait donc à plus d’un un territoire inaccessible – on ne pourrait remonter le temps- et l’on serait donc condamné à une fuite en avant.
Le milieu astrologique – lequel à plus d’un titre s’apparente à un groupe religieux, ce qui implique une initiation qui est donnée et qui n’est pas accessible à une approche qui serait purement individuelle- a besoin pour se souder de développer des automatismes, ce qui va à l’encontre d’une approche critique porteuse de doute et d’inhibition. Le groupe a besoin de croire que tous ses membres sont sur la même longueur d’ondes. Bien plus,, toute forme de critique et de réforme conduit à la prise de pouvoir par une avant garde, génére une hiérarchie.
Il convient d’ailleurs de rappeler l’échec relatif des trois »critiques » que nous avons évoquées.. La critique nostradamique n’a nullement eu d’incidence sur les commentateurs des quatrains. Quant à la critique biblique, elle donne lieu certes à des cercles d’études catholiques, protesants, juifs mais là encore son impact reste limité . Toutefois, l’existence d’une activité critique est précieuse pour justement attirer à un groupe une élite qui autrement s’en serait tenue éloignée et la présence de cette élite peut être très positive. C’est ainsi que le milieu astrologique des années trente-soixante-dix aura été marqué par un climat « critique » même s’il n’était pas majoritaire, ce qui a facilité le recrutement de jeunes chercheurs et a contrario, la mise sous le boisseau d’une approche critique à partir des années 80-90 aura tari un recrutement par le haut et contribué ainsi à une certaine sclérose du milieu astrologique aisément observable en ce début de XXIe siècle, au vu notamment de la composition des publics des réunions et du niveau des débats lors des colloques..
JHB
27 09 16
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire