par Jacques Halbronn, auteur de l'article Astrologie (Encyclopaedia Universalis, depuis plus de 20 ans)
Nos travaux relatifs à l'Histoire de l'Astrologie mettent en évidence l'amalgame qui a du se produire entre deux formes d'astrologies qui se sont succédé mais qui n'ont cessé ensuite de cohabiter avec plus ou moins de bonheur; Rappelons, à toutes fins utiles, que l'Histoire de l'Astrologie est un champ de recherche et non un acquis indivisible et immuable. Bien des astrologues de nos jours semblent avoir tendance à croire que ce que tel auteur a pu écrire sur le sujet serait gravé dans le marbre alors que comme,dans tout domaine, notamment en paléontologie, en archéologie, en cosmologie; des avancées se produisent qui rendent obsolétes les descriptions antérieures. Et il serait bon que les enseignants en astrologie se mettent à la page au lieu de ressasser des représentations qui ont fait long feu. Le disque est rayé.. On considérera d'ailleurs la présente étude comme un complément par rapport à notre article de l'Encyclopaedia Universalis (qui a remplacé celui de René Alleau, il y a une bonne vingtaine d'années) lequel datait de 1968.
Actuellement, nous dirons que contrairement à certaines présentations, le thème astral est la forme la plus primitive de l'Astrologie et non pas une forme relativement tardive. A l'inverse, l'astrologie cyclique n'a pu qu'apparaitre qu'ultérieurement. En revanche, le thème de naissance a du voir le jour plus tard, car cela exigeait de connaitre l'heure de naissance, ce qui impliquait de pouvoir garder des archives, ce qui n'était évidemment pas chose commune à tous.
En effet, l'astronomie la plus ancienne n'était pas en mesure de déterminer le cycle des planétes, hormis dans le cas des luminaires. Autrement dit, on ne savait pas encore distinguer planétes et étoiles, et d'ailleurs les deux types de corps célestes potaient le même nom, "étoile", et par la suite on se contenta de mettre un adjectif pour les distinguer: fixes et mobiles (puisque le mot "planéte" est un barbarisme grec qui signifie "mobile", "errant" qui d'adjectif est devenu par la suite un nom.
L'astronomie fut donc d'abord une astronomie de "position" plus capable de situer les astres entre eux que de déterminer leur vitesse, leur course. La carte du ciel était donc l'outil privilégié de l'astronomie primitive et une certaine astrologie en aura découlé sous la forme de ce qu'on appelle le "thème astral" dont le thème natal est une forme particulière, lié à la connaissance de l'heure de naissance..L'astrologie dite horaire a certainement précédé l'astrologie dite généthliaque et nous avons montré qu'au Livre III de la Tétrabible de Ptolémée, l'on ne pouvait pratiquer ce qui était indiqué qu'en recourant à un thème horaire, puisque cela concernait ce que l'on ne saurait du né qu'à la naissance.
L'astrologie cyclique, quant à elle, nait avec la connaissance du phénoméne "planéte" et c'est la distinction même entre planéte et étoile qui la fonde et la constitue. On l' a dit, cela correspond à un nouveau stade de la science astronomique. Donc quand on parle des rapports entre astrologie et astronomie, encore faudrait -il préciser de quelle astronomie on traite, à quel stade de son développement l'on se référe..
Cette astrologie cyclique se servait des aspects pour se structurer et ces aspects servaient à l'étude d'une combinatoire bien délimitée entre une planéte et une série d'étoiles, vu qu'il y a bien plus d'étoiles que de planétes (5 seulement, si l'on laisse de côté les luminaires). Il ne s'agissait pas de combiner un cycle concernant deux astres avec tous les astres de la carte du ciel, comme on le fera par la suite au sein du thème astral.
On aura compris que ces deux astrologies vont finir par interférer entre elles, chacune empruntant à l'autre, au risque de se corrompre et de s'abâtardir, selon un processus syncrétique..L'on sait ainsi que l'astrologie mondiale à partir notamment du Xe siècle, avec Albumasar, mettra en avant les rapport entre Jupiter et Saturne (ce qu'on appelle les grandes conjonctions des deux planétes les plus lentes, à l'époque). Cette théorie qui aura dominé la pensée astrologique des siècles durant - au moins jusqu'au XVIIe siècle- se référait certes au Zodiaque et notamment aux éléments des signes accueillant les conjonctions, tous les 20 ans environ, mais elle perdait le contact avec les étoiles fixes, substituant la conjonction planéte planéte à la conjonction planéte/étoile et les astrologues modernes ne sont pas revenus sur cette déviance de l'épistémé astrologique, André Barbault dans les années 60 rompit tout contact avec la specificité du terrain zodiacal en se concentrant sur le seul rapport planéte-planéte du moins en astrologie mondiale..Quant à ces astrologues qui font de la mondiale en étudiant seulement l'entrée d'une planéte dans un signe, ils préservent certes, à leur façon, la dualité planéte/zodiaque mais substituent à la réalité stellaire celle des axes équinoxiaux et solsticiaux. Quant aux sidéralistes, ils utilisent d'autres coordonnées qui ne valent guère mleux avec leur ayanamsa qui ne fait que répercuter un décalage lié à la précession des équinoxes, alors même que la constellation du bélier ne comporte aucune étoile fixe d'importance! Qu'est ce qu'une "conjonction" avec le 0° d'un signe? Cela n'a en tout cas aucun caractère de visibilité.
Il n'est en tout cas pas supportable que les tenants du thème astral et plus spécifiquement du thème natal se permettent de déclarer que ceux qui ne partagent pas leur "foi" ne sont pas des astrologues car le thème, c'est à dire la carte du ciel, est un amalgame de toutes sortes de facteurs en vrac qui correspond à un état primaire de l'astronomie, qui se déployait dans l'espace et non pas dans le temps/ Que certaines personnes en mal d'affirmation de leur moi s'accrochent au thème natal est une chose mais que l'on admette que l'astrologie a d'autres chats à fouetter. On peut en effet tout à fait admettre que la mission de l'astrologie, n'en déplaise aux tenants de l'âme personnelle (monade) et de son karma,est avant tout de décrire le fonctionnement général de l'Humanité, ce qui nous semble une tâche tout de même plus noble. Notons d'ailleurs, que dans les années trente, avant que l'on invente l'approxche dans les journaux, signe par signe (avec notamment Marie -Louise Sondaz) , l'on avait commencé par décrire un climat valable pour tout le monde à un moment donné. En fait, on a le choix entre la diversité dans l'espace (synchronique) et la diversité dans le temps (diachronique) et nombreux sont ceux et celles qui préférent un thème immuable à un processus cyclique qui générent un changement permanent même s'il est récurrent comme le sont les saisons..Il y a là comme une sorte de paradoxe en ce que l'astrologie qui fige le thème une fois pour toutes (on retrouve là étrangement une certaine idée de la fixité qui s'est perdue avec l'abandon des étoiles fixes) si ce n'est que par un panachage, empruntant à l'astrologie cyclique, elle prend en compte les "transits" (passages en latin, d'où l'usage du mot dans les aéroports) qui sont des aspects entre le radix (thème racine littéralement) et les astres dans leur position à un moment donné de l'existence, notamment lors de la consultation ( ce qui renvoie en pratique à une forme d'astrologie horaire). Encore que l'on trouve des astrologues plus logiques avec eux mêmes, comme Roger Héquet, (ACB, fondateur de la nouvelle Radio Urania) qui refuse les transits mais fait progresser le thème de façon à faire des prévisions, sur la base de l'évolution du ciel dans les heures qui suivent la naissance, ce qui est plus dans l'esprit de l'astrologie de la carte du ciel. Car ce qui compte, c'est de ne pas mélanger les genres.
On aura compris que l"abandon par l'astrologie cyclique des étoiles fixes et notamment des 4 étoiles (fixes royales) constituant un carré cosmique, un cadran, une "table stellaire", aura été une cause majeure du déclin de cette astrologie mondiale et ill aura fallu attendre le XXIe siècle pour que cette absence soit dénoncée comme il se doit et nul doute que leur réintégration soit la condition "sine qua non" de celle de l'astrologie dans le champ des sciences sociales.
Il serait bon que les enseignants en astrologie ne fonctionnent pas avec leurs éléves comme avec leurs clients/patients. Autant l'on peut admettre qu'il faille entrer dans le "transfert" "comothérapeutique" (cf nos Clefs pour l'Astrologie, nouvelle édition, Seghers, 1993), autant c'est inadmissible dans la transmission d'une tradiiton, laquelle exige des éleves qu'ils maintiennent un certain esprit critique et ne "gobent" pas tout ce qu'on leur dit..
Un commentaire et notre réponse
Philippe Ginouillac Que voilà un historien de l'astrologie qui n'a jamais regardé le Ciel durant les longues nuits d'été! Il saurait en effet que la distinction entre planètes et étoiles fixes est la première chose qui saute aux yeux...
Jacques Halbronn
Observatoire de ParisLes Mésopotamiens furent les premiers à
mathématiser l'astronomie, en écrivant non seulement des tables mais
aussi des éphémérides astronomiques, dans lesquelles, au moyen de lois
mathématiques simples, ils arrivèrent à prédire les positions futures
des astres errants du ciel : le Soleil, la Lune et les planètes. Toutes
ces observations furent utilisées plus tard par les astronomes grecs, en
particulier Hipparque, .pour la conception de leurs modèles
cosmogoniques. Ils mirent aussi en évidence l'inégalité de longueur
entre les saisons. Notons enfin que les Babyloniens sont aussi à
l'origine de la division du Zodiaque en douze parties de 30° et qu'ils
adoptèrent un calendrier lunaire.Autrement dit, au début on ne savait
pas prévoir la course des planétes.Ajoutons que le récit de la Création, au Livre de la Genése ne mentionne pas les planétes:
Dieu
dit: " Qu'il y ait des luminaires dans le firmament du ciel pour
séparer le jour et la nuit; qu'ils soient des signes, qu'ils marquent
les époques, les jours et les années,
--------------------------------------------
un extrait sur l'astrologie occidentale:
"Analysons les éléments qui constituent la structure de l’astrologie occidentale :
les douze signes zodiacaux
les douze maisons
les dix planètes
les interaspects entre les dix planètes entre elles et les positions de l’ascendant (Asc) et du Milieu du ciel (MC).
Le zodiaque est une structure mathématique basée sur le nombre douze.
Les maisons reposent également sur cette même division du cercle en douze. Les inter-aspects planétaires fondent leur signification sur une division subjectivée des 360° du cercle. Le sextile de 60°, dessine un hexagone, à l’intérieur du cercle, figure considérée comme harmonique. Le carré de 90°, dessine un carré, figure considérée comme dysharmonique. Le trigone de 120° dessine un triangle, figure considérée comme harmonique. L’opposition de 180° coupe le cercle en deux moitiés, figure considérée comme dysharmonique, etc."
Les douze signes, les douze maisons, les planètes, les inter-aspects, peuvent être considérés comme étant des représentations mentales. "
Notre commentaire:
Une telle présentation apologétique et nullement critique de l'astrologie n'est plus acceptable, elle présente l'astrologie comme un systéme d'un seul tenant alors que l'astrologie actuelle est hybride et syncrétique. C'est ainsi que l'auteur combine deux dispositifs d'aspects qui de toute évidence se sont développés séparément et n'ont pas émergé en même temps. L'ensemble des deux disposiifs donne d'ailleurs un découpage bancal. Etrangement, l'auteur ne mentionne pas le semi-carré qui est un aspect fondamental en tant que huitéme de cercle, ce qui est étrange pour quelqu'un qui connait l'année chinoise.
L'auteur nous parle des dix planétes, ce qui est totalement anachronique et omet de rappeler que l'on ne connaissait pas d'astre au delà de Saturne jusqu'en 1781..
Quant à sa description des 12 maisons et des 12 signes, elle n'est pas recevable. Là encore, on a deux dispositifs qui se sont mélangés:
pour les maisons: d'une part les 4 angles et d'autre part une divisiion des 4 angles en 8 secteurs. Ce n'est qu'ensuite pour aligner les maisons et les signes sur les 12 mols que l'on a fusionné les 2 systémes.
pour les signes, c'est la même chose. D'une part un systéme à base 4, correspondant aux signes fixes et dont on sait qu'll a existé indépendamment (cf le Livre d''Ezéchiel, (tétramorphe),
L'arcane XXI Le Monde, les 4 Evangélistes etc) et de l'autre une diviision en 2 de chaque saison. C'est ensuite que l'on a fait fusionner les deux dispositifs pour arriver à 12
De même, les doubles domiciles des planétes auront été une tentative tardive pour
concilier le septénaire avec une division en 12!
JHB
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire