par Jacques Halbronn
Notre titre a été repris d'un ouvrage de Morin de Villefranche paru en 1654 que nous avions réédité en 1984 (Ed Retz)
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Sur l'article de Franck Nguyen Astrologie et qualification du tempspremier extrait sur l'astrologie occidentale:
"Analysons les éléments qui constituent la structure de l’astrologie occidentale :
les douze signes zodiacaux
les douze maisons
les dix planètes
les interaspects entre les dix planètes entre elles et les positions de l’ascendant (Asc) et du Milieu du ciel (MC).
Le zodiaque est une structure mathématique basée sur le nombre douze.
Les maisons reposent également sur cette même division du cercle en douze. Les inter-aspects planétaires fondent leur signification sur une division subjectivée des 360° du cercle. Le sextile de 60°, dessine un hexagone, à l’intérieur du cercle, figure considérée comme harmonique. Le carré de 90°, dessine un carré, figure considérée comme dysharmonique. Le trigone de 120° dessine un triangle, figure considérée comme harmonique. L’opposition de 180° coupe le cercle en deux moitiés, figure considérée comme dysharmonique, etc."
Les douze signes, les douze maisons, les planètes, les inter-aspects, peuvent être considérés comme étant des représentations mentales. "
Notre commentaire:
Une telle présentation apologétique et nullement critique de l'astrologie n'est plus acceptable, elle présente l'astrologie comme un systéme d'un seul tenant alors que l'astrologie actuelle est hybride et syncrétique. C'est ainsi que l'auteur combine deux dispositifs d'aspects qui de toute évidence se sont développés séparément et n'ont pas émergé en même temps. L'ensemble des deux disposiifs donne d'ailleurs un découpage bancal. Etrangement, l'auteur ne mentionne pas le semi-carré qui est un aspect fondamental en tant que huitéme de cercle, ce qui est étrange pour quelqu'un qui connait l'année chinoise.
L'auteur nous parle des dix planétes, ce qui est totalement anachronique et omet de rappeler que l'on ne connaissait pas d'astre au delà de Saturne jusqu'en 1781..
Quant à sa description des 12 maisons et des 12 signes, elle n'est pas recevable. Là encore, on a deux dispositifs qui se sont mélangés:
pour les maisons: d'une part les 4 angles et d'autre part une divisiion des 4 angles en 8 secteurs. Ce n'est qu'ensuite pour aligner les maisons et les signes sur les 12 mols que l'on a fusionné les 2 systémes.
pour les signes, c'est la même chose. D'une part un systéme à base 4, correspondant aux signes fixes et dont on sait qu'll a existé indépendamment (cf le Livre d''Ezéchiel, (tétramorphe),
L'arcane XXI Le Monde, les 4 Evangélistes etc) et de l'autre une diviision en 2 de chaque saison. C'est ensuite que l'on a fait fusionner les deux dispositifs pour arriver à 12
De même, les doubles domiciles des planétes auront été une tentative tardive pour
concilier le septénaire avec une division en 12
Second extrait:
"Dans chaque civilisation, des significations ont été accolées à un découpage du temps et de l’espace. Toutes les formes d’astrologies sont des tentatives visant à rassembler en un système cohérent, un ensemble de représentations mentales.
Ainsi ces astrologies, ont permis à l’humanité de se “repérer” et de donner du sens à la vie humaine.
Si nous analysons la structure commune de toutes ces astrologies, ces dernières se fondent et impliquent à la fois :
un découpage du déroulement du temps en périodes spécifiques,
et une « subjectivisation » de ces mêmes périodes temporelles.
Toutes ces astrologies déterminent des traits de caractères psychologiques et un comportement particulier qui induisent un certain type de vie, une certaine fonction sociale.
Soulignons que plusieurs des systèmes astrologiques évoqués plus haut ne font aucunement référence à des objets astronomiques réels.
(: "Nouveaux regards sur l'astrologie et l'homéopathie - Le retour de la pensée analogique" )
Notre commentaire
Le mot "significations" utilisé par l'auteur recouvre en vérité un ensemble dont les astrologues ont le plus grand mal à rendre compte, par delà toute question quant aux fondements scientifiques de l'astrologie. L'auteur semble ignorer que les significations tirées du symbolisme zodiacal tout comme du symbolisme mythologique sont empruntées à l'astronomie qui ne s'en sert qu'à des fins de désignation purement pratique -il faut bien nommer les objets. Ce type de symbolisme est en fait historiquement étranger à la pensée astrologique et d'ailleurs , il se présente sous une forme fragmentaire ( pourquoi tel dieu et pas tel autre aura servi à nommer dans l'Antiquité telle planéte et pas telle autre?) ou délabrée. L'auteur peut-il nous dire comment s'est constitué l'iconographie des signes du zodiaque? Il apparait qu'elle est un amalgame entre deux traditions, l'une à 4 facteurs ( les signes fixes liés aux étoiles fixes royales) et à 8 facteurs (chaque saison divisée en 2). Que les astrologues aient pu élaborer toute un discours autour de ces données reléve de la pure acrobatie intellectuelle et exégétique. Mais où se situe donc le coeur, le noyau dur de l'astrologie, demandera-t-on? Réponse: du côté de la détermination des aspects planétaires sur une base binaire: 360-180- 90 et 45, ce qui exclue la division par 3 du trigone, du sextile et du demi-sextile, qui est en fait dérivée d'une structure en 12 : le semi-sextile correspondant à 30 degrés donc 360/12. Encore ces aspects à base binaire doivent ils s'inscrire dans le cadre du couple planéte/étoile et non planéte/planéte et encore moins planéte-signe zodiacal. On nous demandera : mais quelles "significations" tirer d'une telle structure tellement moins parlante que celles des symboles, des signes,des planétes? C'est confondre le contenant et le contenu : l'auteur ne comprend pas que le processus de remplissage de ce qui au départ est abstrait:( une planéte, un signe) lesquels préexistent au fait qu'on leur ait conféré tel ou tel nom et qui peuvent tout à fait exister sous d'autres appellations, tout comme un vase peut contenir des contenus très divers, Donc toute la question que l'auteur croit résolue par avance est bien : quel contenu et donc quelle signification conférer non pas à ces noms de planétes ou de signes, mais à ces planétes sans nom et ces secteurs sans nom (et cela vaut aussi pour les noms des maisons, par delà leur existence proprement cosmographique). Autrement dit, notre auteur confond l'objet et le nom qu'on lui donne et part du principe que le nom qu'a reçu l'objet fait partie intégrante de l'objet! Jean-Pierre Nicola a montré, il y a 50 ans que l'on pouvait parfaitement requalifier, rebaptiser les planétes (système RET) mais ce faisant il aura mis en évidence l'arbitraire d'une telle distribution affectée à telle ou telle série d'objets. Au fond, l'astuce consiste à plaquer une série sur une autre série, une série de dieux sur une série de planétes, une série de symboles mensuels sur le découpage de l'écliptique, une série d'activités humaines sur les maisons astrologiques. Et l'auteur prend ces attributions pour argent comptant, fusionnant l'objet et le nom qui lui aura été conféré. On pense à ces aveugles qui ne connaissent le réel que par ce qu'on veut bien leur en dire.
Il est grand temps que l'on comprenne que les astrologues ont à prendre leurs responsabilités et déterminer les significations à accorder d'une part à la dialectique des aspects qui se réduit en réalité à la dialectique conjonction/opposition, ou si l'on divise l'espace en 4,, conjonction/quadrature et en 8 conjonction/semi-carré. et d'autre part, fonder cette dialectique sur un véritable phénoméne duel observable à l'oeil nu: planéte/étoile, en analogie avec le couple matriciel lune-soleil. L'auteur nous rétorquera que les astrologues actuels ne sauraient refonder l'astrologie et qu'il est préférable de s'en tenir à une tradition millénaire qui a "fait ses preuves". Le probléme, c'est que, comme on l'a dit, cette tradition est viciée, corrompue.
En réalité, la solution du probléme tient tout simplement à l'observation du monde : quelles sont les principales dualités qui traversent la société et ne sont-ce point là par excellence les objets dont une astrologie duelle a à traiter? On pense aux rapports entre hommes et femmes, entre le peuple et ses chefs. Mais l'aveugle ne peut s'appuyer que sur des mots, il n'a pas la possibilité d'observer et de s'inspirer du spectacle du monde, il s'accroche déséspérement à ce qu'on en dit à la façon d'un sourd qui prétendrait dire quelle musique on joue, en se fiant à un programme dont il n'a pas les moyens de s'assurer du bien fondé. Il est obligé de croire sur parole.
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