On trouve sous la plume de certains auteurs
de textes astrologiques des affirmations qui nous semblent fausser la
perception que l’on peut avoir du champ couvert par le terme générique
Astrologie. Nous reproduisons ci dessous deux extraits l’un extrait de
Nouveau regard sur l’astrologie et l’homéopathie (Ed le Mercure
Dauphinois) de Franck Nguyen et l’autre extrait du Manifeste de Patrice
Guinard (site CURA.free.fr)Franck Nguyen écrit :
« L’astrologie a été, non pas découverte (comme on pourrait découvrir
une loi scientifique, par exemple la loi de la gravitation), mais
inventée de toute pièce. Et ce, non seulement dans les temps reculés de
l’antiquité mais aussi encore de nos jours.
En ce sens, l’évolution de l’astrologie au cours des siècles, est une
illustration de l’évolution du psychisme humain, depuis les temps
immémoriaux jusqu’au temps présent. »Notre commentaireParfaitement
d’accord sur le début du texte et cela n’a rien de surprenant puisque
cela vient de notre propre influence ou en tout cas nous l’avons écrit
et dit depuis 30 ans (cf La Pensée Astrologique, in L’Etrange Histoire
de l’Astrologie, Ed Artefact Paris, 1986) et en effet nous souscrivons
à « elle a été inventée de toutes pièces »En revanche, nous ne
suivrons absolument pas Franck Nguyen (né au début des années soixante)
quand il parle d’une « évolution » de l’astrologie. comme
« illustration » de celle du psychisme humain. « depuis les temps
immémoriaux jusqu’au temps présent ». C’est d’ailleurs, peu ou prou,
sauf erreur, la position de Patrice Guinard (ne en 1957). Evidemment un
tel point de vue arrange bien les astrologues actuels qui n’ont pas à
se ressourcer puisque l’astrologie est ce qu’elle est devenue, à
entendre un tel discours. Cependant, Guinard, considére tout de même
que l’astrologie a besoin d’être éventuellement de voir ses divers
dispositifs reformulés, réformés tout en conservant ses diverses
structures, suivant en cela l’exemple de son maitre Jean-Pierre Nicola.
Cela ne l’empêche pas, on le verra plus loin, d’accorder la plus grande
importance au thème natal, dont la dimension syncrétique est pourtant
assez patente.Donc, selon Nguyen, le mot clef, ici, est évolution:
l’homme évolue, l’astrologie évolue. Darwin sert en quelques sorte de
caution aux errements du discours astrologique. Car selon nous, il est
indiscutable que le discours de l’astrologie a évolué. Mais est-ce que
pour autant la réalité du phénoméne astrologique aura évolué? On peut et
on doit sérieusement en douter! Nous pensons que le décalage entre le
discours astrologique censé traiter de ce qu’est l’astrologie et ce
qu’est réellement l’astrologie n’aura cessé de se creuser, notamment
depuis la découverte d’Uranus en 1781. En tant qu’historien de
l’astrologie, nous sommes bien placés pour l »évolution de la
littérature, du texte asrologiques, tout comme le discours sur les
femmes a pu évoluer bien plus que la réalité du phénoméne « femmes ».
De même, celui qui immigre d’un pays vers un autre voit son statut
juridique évoluer mais est-ce que son capitale génétique aura suivi en
conséquence?Cette façon de parler de l’évolution de l’Astrologie en tant
que réalité et pas seulement en tant que discours nous semble fâcheuse.
Certes, il y eut un temps où l’astrologie n’existait pas, même en tant
que phénoméne et en cela nous sommes sur la même longueur d’ondes
(encore bien minoritaire) que Nguyen. L’astrologie a une date de
naissance même s’il est bien difficile de préciser exactement quand cela
s’est produit. Bien plus, l’astrologie aura connu deux stades en
rapport avec l’évolution de l’astronomie et il est clair que l’évolution
de l’astrologie et de l’astronomie ont été liées à un certain moment
fondateur. MAis comme les astrologues considérent que le moment de la
naissance est déterminant, nous pensons que l »élaboration d’un
« savoir » est irréversiblement marqué par les conditions de temps et
d’espace qui sont en vigueur tout comme un édifice recourt à des
matériaux disponibles, accessibles, lors de sa mise en place. Cela
relativise énormement l’hypothèse d’une quelconque évolution ultérieure,
sinon en surface.Mais il ne faudrait pas oublier que l’astrologie
reléve désormais d’un processus subconscient, pour 95% de la population
qui ignore tout des arcanes du thème natal. Or, de deux choses l’une, ou
bien l’astrologie est réservée aux quelques élus initiés à l’astrologie
à l’instar d’une secte ne rassemblant que quelque privilégiés ou bien
elle est le fait de tous et dans ce cas, vu que l’on ne nous vivons plus
dans un environnement culturel astrologique comme cela a pu être le cas
dans un passé lointain, et alors seule l »explication liée à un ancrage
très ancien (Inconscient collectif, code génétique) fait sens
épistémologiquement pour en rendre compte. L’astrologie est puissamment
liée à un processus qui aura basculé du conscient vers le subconscient
et qui à présent est recouvert par le « surconscient » des livres
d’astrologie. Trois stades d’évolution, donc, si l’on veut : un stade
législatif qui impose un certain ordre social, puis un stade
d’intériorisatiion subconsciente et enfin -et en fait parallélement un
stade de pseudo-dévolement de l’astrologie mais qui est totalement
décalé par rapport aux deux premiers stades.Rappelons que si
l’astronomie évolue, en revanche, ce qu’elle décrit a préexisté à son
discours et donc a toujours été décalé par rapport à celui-ci: Neptune
existait dans le ciel même si on n’avait pas de télescope pour le
voir.Passons à présent à notre comemtaire du texte de Patrice Guinard
lequel écrit que « L’astrologie a pour fonction de déterminer les lois
structurelles de l’intériorité. Dans son application pratique « horoscopique », elle est un outil de compréhension du vécu : comparable au Yi King, elle ponctue l’expérience de la conscience.
Elle n’a pas de conséquence prévisionnelle ou divinatoire immédiate,
d’abord parce que le praticien n’est pas en mesure d’évaluer avec sûreté
le poids des facteurs extra-astrologiques (biologiques,
socio-culturels, familiaux, professionnels, climatiques…), mais surtout
parce que l’incidence astrale n’opère pas au niveau du factuel, de
l’événementiel, du concret existentiel, mais de leur avènement intérieur.
Elle agit sur le rapport de ce qui est ressenti à ce qui se manifeste.
C’est pourquoi l’interprétation psycho-mentale et l’explication
physiologique ne suffisent pas à rendre compte de sa nature. La notion
d’impressional libère l’astrologie de son asservissement à une
psychologie extérieure, qu’elle soit psychanalytique, behavioriste,
phénoménologique, gestaltiste, existentialiste ou même réflexologique.
Il est temps pour l’astrologie de forger ses propres concepts. »Notre
commentaire:Guinard – on se demande d’où sort une telle conviction- nous
affirme que l’astrologie a affaire avec notre « intériorité » et il
ajoute « elle n’a pas de conséquence prévisionnelle ou divinatoire
immédiate ». Et il ajoute- ce qui semble correspondre à l’enseignement
de DaneRudhyar (qui marqua aussi Nicola)- parle de l’ »avénement
intérieur », de l’événementiel, vu -comme dirait tout astrologue
conditiionaliste- « le poids des facteurs extra-astrologiques
(sic) »Disons d’entrée de jeu que nous nous portons en faux contre cette
prétendue prédominance du thème astral au coeur de l’astrologie.
L’astrologie du thème astral est héritière d’un état très archaique de
l’astronomie, lequel permettait de réaliser une carte du ciel sans
connaitre la révolution des planétes sur l’écliptique. En revanche, on
pouvait situer tout astre par rapport à l’horizon et au méridien. Les
travaux de Gauquelin (parus à partir de 1955) attestent de ce premier
niveau d’astrologie qui se passait totalemnt du Zodiaque. Et c’est
pourquoi nous pensons que le thème astral ne doit pas comporter les
positions des planétes sur le Zodiaque. Bien entendu, croire que les
maisons astrologiques(Guinard à juste titre en place 8 et non 12) ont
été calquées sur le découpage zodiacal est anachronique.A un second
stade, l’astrologie évolue du fait de l’astronomie quand on s’aperçoit
que les planétes et les étoiles sont deux notions distinctes. Nait
aliors l’astrologie cyclique qui relie planétes et étoiles et l’on sait
que l’astrologie actuelle ne respecte plus un tel binome, bien à tort.
Et c’est bien là d’ailleurs que le bât blesse et que la position de
Franck Nguyen devient carrément intenable car il est absolument évident
qu’un ressourcement est nécessaire par delà une quelconque idéologie
évolutive, à moins d’admettre et d’assumer le fait que l’évolution
puisse être une déviation.C’est bien là que la discours des astrologues
divorce avec la réalité astrologique et donc avec ce qui se passe chez
ses récepteurs humains au point que l’astrologue devient incapable de
prévoir correctement puisqu’il n’ a pas ou plus les bons repéres
célestes, c’est à dire ceux auxquels les sociétés humaines sont
sensibles, ce qui est la base de toute prévision car à partir du moment
où l’astronomie pouvat prévoir le mouvement des planétes par rapport aux
étoiles, l’astrologie emboutait le pas et devenait ipso facto
prévisionnelle.MAis attention, quand nous disons cela, il ne faudrait
pas croire une seconde que l’humanité se soit branché du jour au
lendemain sur tel ou tel signal céleste et là nous rejoignons Franck
Nguyen, à savoir qu’il faut laisser le temps au temps, c’est à dire que
les législateurs imposent le respect d’un certain calendrier cyclique,
lequel ne devait pas impérativement -comme on voudrait nous le faire
accroire- toutes les données connues d’une certaine astronomie à une
certaine époque mais seulement un ciel « utile » permettant de servir à
l’organisation sociale. C’est dire que nous sommes bien loin ici de
l’idée de Guinard d’une astrologie « intérieure » articulée sur le thème
natal qui appartient à un stade antérieur, que l’on pourrait qualifier
de gauquelinien et qui comporte 5 astres, Mars, Jupiter, Saturne, Lune
et Vénus et en aucun cas, on s’en serait douté, des transsaturniennes!Là
encore trois stades:1 un stade gauquelinien, qui révéle l’impact
d’une astrologie du mouvement diurne, c’est à dire liée à la rotation de
la Terre, laquelle astrologie aura récupéré un certain nombre de dieux
pouvant raisonnablement correspondre avec certaines divisions socales,
corporatives – et là non plus on n’est pas dans une logique
individuelle, décidément bien anachronique. Les légistes imposèrent aux
différentes « castes » de s’organiser en fonction de telle ou telle
planéte.2 un stade cyclique zodiacal, qui permit cette fois d’imposer
aux sociétés un cycle unique -ce qui renvoie au monothéisme- valable
pour toute la population et c’est cette astrologue que nous avons exhumé
avec le systéme de Saturne et des 4 étoiles fixes royales, ce qui
constitue la véritable astrologie mondiale et l’on sait que Barbault est
passé complétement à côté de la question.
3 un stade syncrétique qui juxtapose sur le thème astral les maisons
rotationnelles du premier stade et les signes « révolutionnels » du
deuxiéme stade. Et l’on aura compris que ce troisiéme stade n’a pas lieu
d’être ne serait-ce que parce qu’il survient en un temps où les
astrologues n’ont plus le pouvoir d’organiser les sociétés mais tout au
plus de gérer ce qui a été mise en place par leurs lointains
prédécesseurs, ce dont ils sont incapables pour l’excellente raison que
les clefs de ce savoir ancestral se sont perdues. Il se trouve que
celles-ci ont été récemment retrouvées par Gauquelin et par le rédacteur
de ces lignes.. Donc, non, M, Nguyen, ce que l’astrologie littéraire
est devenue ne saurait intéresser les praticiens responsables mais
seulement les historiens. L’évolution, dont vous nous parlez, ne saurait
entériner toutes sortes des corruptions et de dégradations, et en cela
nous rejoignons Patrice Guinard qui souligne que l’astrologie ne
saurait se présenter dans un tel état de délabrement quand bien même
serait-elle à jour au niveau astronomique, elle doit impérativement
comme l’avaient bien compris les astrologues du XXe siècle, de Dom
Néroman à Jean-Pierre Nicola, se ressourcer de façon à se délester de
tout ce qui l’encombre, quand bien même cela figurerait dans les anciens
livres d’astrologie qu’il importe de décanter et de nettoyer de toutes
sortes de scories. Si l’astrologie a évolué avec l’astronomie en sa
période fondatrice, la croyance selon laquelle l’astrologie évoluerait
au contact de l’astronomie moderne est un leurre, car les conditions de
la mise en place d’un nouvel ordre astrologique au sein de nos sociétés
est totalement utopique et ce n’est pas demain la veille qu’un tel ordre
pourrait s’instaurer. Donc ne mettons pas la charrue avant les boeufs
et restons en sagement aux deux premiers stades, celui des 5 planétes à
la naissance et celui du cycle de Saturne se mettant en conjonction
avec les 4 étoiles fixes royales, tout au long de l’Histoire, ce qui
autorise tout à fait la prévision, n’en déplaise à Patrice Guinard.. A
condiiion bien entendu de ne pas caricaturer la prévision comme il le
fait dans une attitude de tout ou rien, à savoir dans certaines
limites.. Etrangement, Guinard confesse dans son Manifeste qu’il a
échoué dans une prévision (figurant dans sa thèse de doctorat de 1993)
mais qu’est-ce à dire? Au lieu de rejeter la prévision, il aurait mieux
valu qu’il repensât les techniques prévisionnelels, et non qu’il jetât
le bébé avec l’eau du bain et en ce sens, nous rejoindrons Roger Héquet
quand il s’attelât à une révision du mode prévisiionnel même si nous
n’adhérons pas aux solutions qu’il a proposées et qui s’articulent sur
le thème natal, avec le recours à des progressions.directions qui
s’étaient développées alors que l’on ignorait encore le cours réel des
astres.
Mais revenons aux positions adoptées par Franck Nguyen: outre le fait
que nous distinguons entre l’évolution certaine du discours
astrologique et l’ancienneté du réel astrologique en nous mêmes- même
si les astrologues parviennent à greffer sur les personnes ce mandala
qu’est le thème astral, nous lui ferons remarquer que si l’astrologie a
été inventée par les sociétés humaines, il y a bien longtemps, cela n’a
nullement été dans le but d’individuer leurs membres mais bien au
contraire de les inscrire dans une dynamique collective. Les travaux de
Gauquelin qui étaient au centre de notre texte de 1986 n’infirmemt
nullement notre propos puisqu’iil s’agit d’une organisation de la
société par castes et nullement sur une base individuelle. Quant à
l’astrologie des média, est-elle individuelle? Absolument pas, elle
classe les gens en 12 groupes, et les gens développent ainsi un certain
sentiment d’appartenance susceptible d’ailleurs de se substituer à
d’autres appartenances qu’ils pourraient être tentés de rejeter.
Autrement dit, le thème astral sous son application individuelle est une
voie de garage, il n’est nullement la solution, comme veut le croire
Guinard, à la question du statut de l’astrologie, il est bien plutôt un
probléme et un obstacle.
D’aucuns nous interpelleront en nous demandant comment nous parvenons
ainsi à baliser avec autant de clarté les origines de l’astrologie, à
en rétablir les stades successifs, à déterminer les signaux que les
sociétés décidérent de se donner. Tel est selon nous le rôle des
historiens de qualité et dès 1983, nous avions publié Mathématiques
Divinatoires (avec une préface de Jean Charles Pichon, Ed Trédaniel),
ouvrage dans lequel nous ambitionnions de nettoyer les savoirs
divinatoires traditionnels en en restaurant la cohérence structurelle.
Mais il importe tout autant d’en rétablir la cohérence diachronique et
pas seulement synchronique. C’est l’erreur de Guinard de ne pas avoir
appréhendé l’angle diachronique et d’en être resté à une approche
purement structuraliste. Ce faisant, Guinard se condamnait à
juxtaposer les divers dispositifs, comme formant un systéme où chaque
dispositif a son rôle à jouer au lieu de comprendre que ces dispositifs
appartienennt à des stades successifs et que ce qu’il appelle un
systéme reléve du syncrétisme, c’est à dire justement d’une approche qui
oublie la question historique..
JHB
02 10 16
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