Gorbatchev et la politique soviétique 1985-1991
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Université de Bouaké - Master I histoire 2010
CHAPITRE I : LES RELATIONS ENTRE L'URSS ET LES PAYS DUMONDE COMMUNISTE
Les différentes reformes engagées par
Mikhaïl Gorbatchev ont eu des répercussions immédiates dans
les pays d'Europe de l'Est. Ces réformes ont bouleversé les
relations entre l'URSS et ces pays. Les populations de ces pays
désapprouvent de plus en plus les régimes autoritaires en place.
Elles se tournent de plus en plus vers les pays Occidentaux, grâce
à la politique d'ouverture instaurée par Gorbatchev. Les
populations de ces pays de l'Est se rendront compte de la misère dans
laquelle elles vivaient. C'est ainsi qu'on assiste de plus en plus aux
contestations internes de l'URSS et de tout le bloc communiste. Tous ces pays
sont lâchés par Moscou. Les P.C d'Europe de l'Est,
discrédités, s'effondrent très vite, en espace de deux ans
(1989-1991), tous les régimes communistes de l'Europe de l'Est
disparaissent et le bloc de l'Est éclate.
Comment se sont donc manifestés ses nouveaux
rapports entre l'URSS et les pays du monde communistes ?
Dans notre analyse, les contestations internes du
régime soviétique, la dislocation de l'URSS et de la
création la C.E.I. constitueront nos centres de réflexions.
I-LES CONTESTATIONS INTERNES
Les différentes réformes
instaurées par Mikhaïl Gorbatchev pour sauver le régime
soviétique agonisant donneront aux populations privées de
liberté une certaine indépendance. Ces populations vont
même vouloir se défaire de la tutelle de l'Union
Soviétique. Mais au-delà, cette population, les opposants
à la politique de reforme de Gorbatchev tenteront de faire un putsch
afin de sauvegarder l'URSS et le bloc soviétique. Pour eux ces reformes
sont les malvenues et voient en celles-ci la mort certaine de l'URSS.
1- Les revendications des nationalistes
La politique réformiste de Mikhaïl
Gorbatchev en Union Soviétique ne peut qu'encourager les mouvements
d'opposition aux régimes communistes dans les pays du bloc. Les
gouvernements doivent accepter des mesures de libéralisation, d'ailleurs
conseillées par Gorbatchev, mais qui ne seront pas
considérées comme suffisantes.
Les aspirations à la liberté, longtemps
contenues par les régimes communistes dans les pays du bloc
soviétique et en URSS, se manifesteront irrésistiblement à
la faveur des réformes tentées par Mikhaïl Gorbatchev et par
sa politique d'ouverture vers l'Occident. Le maintien au sein des
régimes communistes s'avère impossible.
C'est ainsi qu'en visite en Tchécoslovaquie en
1987, Gorbatchev expose sa vision d'une « maison commune
européenne.»72(*) Il estime que c'est ensemble collectivement que les
européens pourront sauver leur maison. Il admet que chaque nation peut
«vivre sa propre vie, suivre ses propres
traditions. »73(*)En 1988, il précise, devant les tribunes de
l'O.N.U, que la liberté de choix d'être reconnu aux peuples est
primordiale. Il abandonne ainsi la doctrine de souveraineté
limitée énoncée en 1968 par Brejnev et souhaite
l'installation dans les démocraties populaires de gouvernements
réformateurs acquis à ses idées. Il veut aussi donner des
gages à l'Occident dont il attend un soutien politique et une aide
financière.
Ce changement de doctrine débouche sur
l'émancipation de l'Europe de l'Est. Le réveil brutal des
populations a joué un rôle essentiel. Les manifestations de masses
qui secouent les différents pays expriment la soif de liberté
mais plus encore le rejet d'un système économique qui contraste
avec les images d'abondance occidentale transmises dans les médias.
« Partout la volonté de démocratie politique et de
liberté économique l'emportent. En trois ans, les régimes
communistes s'effondrent et les nationalités se libèrent, d'abord
les pays satellites de l'URSS, puis en Union Soviétique elle même.
C'est ainsi que l'Armée Rouge assiste sans sortir de ses casernes au
grand bouleversement de 1989. Amorcé, en Pologne en 1980, le
mouvement de remise en cause de l'hégémonie soviétique en
Europe de l'Est s'accélère à l'époque de la
perestroïka. »74(*)
A partir de l'année 1987, les
populations du bloc de l'Est manifestent contre les pénuries et les
difficultés économiques, et réclament l'octroi de
libertés politiques et religieuses. Ce mouvement
s'accélérera à partir de l'année 1989, avec un
grand nombre de revendications nationalistes, voire séparatistes qui
commenceront à naître à différents endroits au sein
de l'Union Soviétique. A cela s'ajoute l'opposition des conservateurs
communistes qui n'adhère pas à la nouvelle politique mise en
place par Gorbatchev. Ils pratiquent ainsi des campagnes d'intoxication
politique et de sabotage des activités entreprises par la
réforme.
Toutes ses revendications nationalistes viennent du
fait que l'URSS est une fédération complexe composée d'un
grand nombre de Républiques et de nationalités qui depuis des
décennies ont été opprimées et brimées. Donc
avec l'affaiblissement du pouvoir central à Moscou et l'instauration de
la perestroïka, elles se font de nouveau entendre pour réclamer
leur liberté longtemps confisquée.
La contestation débute alors en Pologne, pays
toujours contestataire vis-à-vis du régime de Moscou et
profondément catholique. En Pologne, « les opposants
ont eu l'impression que le bloc était rentré dans la phase de son
déclin et que le gorbatchévisme constituait la dernière
parade des élites communistes face à la
dégénérescence du système.»75(*)En effet, un syndicat libre
«Solidarnosc» (solidarité) s'est constitué depuis les
chantiers navals de Gdansk en 1988, régulièrement en
grève et qui sont en pointe de la contestation. Ce syndicat
Solidarité était dirigé par Lech Walesa et conteste de
plus en plus le pouvoir. Ce mouvement réclame le pluralisme syndical. Il
était ouvertement soutenu par le nouveau Pape Jean-Paul II
lui-même polonais. Il effectue alors plusieurs voyages en Pologne
dès 1979 pour appuyer les opposants. C'est ainsi que lors des
négociations de la table ronde qui permettent la naissance en douceur de
la troisième république de Pologne, les dirigeants communistes
polonais légalisent le mouvement social en Avril 1989.
Le mouvement s'accélère en 1989 avec la
légalisation de Solidarité. Ainsi lors de la tenue des
premières libres élections depuis plus de quarante ans les 4 et 8
juin 1989 voit la débâcle du P.C. polonais. Pour la
première fois depuis 1947 un régime non communiste est
constitué en Europe de l'Est. La même année, le rôle
dirigeant du P.C est aboli en Pologne et Tadeusz Mazowiecki devient le premier
ministre polonais non communiste en Europe de l'Est. Il est nommé le 19
août 1989 et investi à une écrasante majorité par
la Diète polonaise le 8 septembre 1989 grâce à une
coalition entre Solidarité, le Parti des Paysan et le Parti
Démocrate. En décembre 1989, Lech Walesa dirigeant
emblématique de Solidarité remplace le Général
Jaruzelski du Parti Ouvrier Unifié Polonais (POUP) à la
présidence. Le triomphe des candidats du syndicat solidarité
à ces élections a déclenché une avalanche de
révolutions pacifiques anti-communistes en Europe Centrale et en Europe
de l'Est.
En Hongrie, des manifestations contre le régime
se multiplient en 1987 et en 1988. L'opposition s'organise et les
réformateurs entrent au gouvernement en juin 1988. La constitution
stalinienne hongroise est modifiée et le pluralisme politique est
reconnu. Le pays cesse cependant d'être une république populaire.
Dès le mois de mai 1989, la Hongrie prit la décision d'ouvrir le
rideau de fer le séparant de l'Autriche. Cette ouverture permettra
ainsi la fuite vers l'Ouest de nombreux Allemands de l'Est.
En Tchécoslovaquie, une
«révolution de velours »76(*) apparaît le 29
décembre 1989 et balaie l'ancien régime communiste en quelques
jours. C'est ainsi que Vaclav Havel, dramaturge tchèque dissident, est
élu à la présidence de la Tchécoslovaquie. Dans
cette dynamique, le mouvement contestataire Forum Civique, remporte les
premières élections législatives le 8 juin 1990 et
reconduit Vaclav Havel à la présidence de la République en
juillet 1990.
En Roumanie, la funeste dictature du mégalomane
Nicolae Ceausescu77(*), connaîtra une fin rapide et tragique. Des
émeutes populaires partant de Timisoara s'étendent à tout
le pays. Le régime communiste s'effondre. Détestés Nicolae
Ceausescu et sa femme sont exécutés fin de l'année
1989.
Quant à la République Démocratique
Allemande (R.D.A), l'opposition au régime stalinien se développe.
D'énormes manifestations se produisent et la fuite des Allemands de
l'Est s'amplifie. Le gouvernement n'envisage aucune réforme et compte
sur l'intervention des troupes soviétiques stationnées en R.D.A,
mais Gorbatchev refuse d'intervenir. Dès lors le chef du P.C Erick
Honecker démissionne et le régime communiste s'écroule. Le
mur qui coupait Berlin en deux depuis 1961 est franchi le 9 novembre 1989 et
les Allemands de l'Est ne pensent plus qu'à la réunification avec
la République Fédérale Allemande (R.F.A).
C'est le Chancelier de la R.F.A Helmut khôl qui
mettra tout en oeuvre pour la réunification de l'Allemagne. Cette
chute du mur de Berlin produira une impression considérable en Allemagne
et dans le monde. Surtout quand la réunification de l'Allemagne s'est
faite sans aucune opposition de l'Union Soviétique.
L'écroulement du communisme contribuehttp://bibliotheque.inha.fr/iguana/www.main.cls?surl=bibliotheque-inha-demcom aussi
à la désintégration de l'URSS par l'émergence du
nationalisme. Dans la plupart des républiques de la
fédération soviétique, les mouvements favorables à
l'indépendance prennent de l'ampleur. Les trois républiques
baltes la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie, qui n'avaient jamais
accepté leur intégration forcée à l'URSS en 1944
(pacte germano- soviétique), proclament leur indépendance et
demandent le retrait des troupes Soviétiques de leurs territoires.
Gorbatchev qui voulait sauver l'URSS réagit par la fermeté et
envoie des troupes soviétiques à Vilnius et à Riga en
janvier 1991. Mais cette fois la télévision est présente.
Cette scène choqua la communauté internationale, avec leur
critique l'armée n'eut pas le temps de massacrer les
indépendantistes.
A partir de ces pays, le mouvement
indépendantiste regagne les autres républiques de l'Union la
Moldavie, la Biélorussie, l'Ukraine, l'Arménie, le
Turkménistan, le Tadjikistan, l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan,
le Kirghizistan, le Kazakhstan et la Géorgie, qui émettent des
proclamations de souveraineté ou d'indépendance. Gorbatchev
comprit que la violence ne pouvant plus freiner le désir
d'indépendance de ces Républiques« décide
d'organiser un référendum afin de proposer un nouveau statut
pour l'Union qui prendrait en compte les aspirations autonomistes qui
émergent au coeur de l'URSS. »78(*)Celui-ci a eu lieu le 17 mars
1991. Mais la consultation ne se fait que dans neuf Républiques sur les
quinze (15) que sont l'Ukraine, la Russie, la Biélorussie, du
Turkménistan, du Tadjikistan, de l'Azerbaïdjan, de
l'Ouzbékistan, du Kirghizistan et du Kazakhstan. En effet, les trois
Républiques baltes la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie se sont
déjà proclamées indépendantes depuis 1990 et la
Géorgie, l'Arménie et la Moldavie s'apprêtent à en
faire autant. Néanmoins, les Soviétiques des neuf
Républiques répondent oui à 76%.
Cependant Gorbatchev est de plus en plus impopulaire.
Ce référendum est le désir pour Gorbatchev de renouveau et
de souveraineté plutôt que d'un attachement à l'Union.
C'est ainsi que la Géorgie se déclare indépendante le 9
avril 1991.Quant à la Russie qui était favorable au referendum,
se prononcera pour un régime présidentiel. C'est alors que
Boris Eltsine79(*) est élu au suffrage universel direct à
la présidence de la Russie. Cette décision et l'élection
de Boris Eltsine pose à Gorbatchev le problème capital au niveau
de son poids politique sur la scène intérieure, n'ayant pas la
consécration du vote populaire. Mais il garde tout de même de
l'importance sur la scène internationale. C'est ainsi que Gorbatchev
représente son pays au sommet des pays industrialisés se tenant
à Londres en juillet 1991. « Il fait alors part de son
désir de faire passer l'URSS à une économie de
marché. Cette annonce condamne donc l'économie socialiste,
portant ainsi un coup fatal au dogme
marxiste-léniniste. »80(*) C'est alors que les réformateurs
libéraux lui reprochaient de ne pas faire assez de réformes, et
les conservateurs communistes, nostalgiques de la grande URSS de Staline, lui
reprochaient aussi de brader l'empire et d'entraîner le pays dans le
déclin. Aussi, afin de sauver ce qui pourrait encore l'être, les
communistes conservateurs tenteront de faire un coup d'Etat en août
1991.
2- La tentative de putsch des conservateurs du
PCUS
Depuis 1985, année de sa nomination au poste de
Secrétaire Général du PCUS, Mikhaïl Gorbatchev avait
initié un programme ambitieux de réformes, contenu dans les mots
de perestroïka et glasnost, respectivement
restructuration économique et transparence politique. « Le
passage à l'économie de marché aboutit les 25 et 26
juillet 1991, lors du plénum du Comité Central du PCUS à
l'abandon du principe de lutte de classe cher au socialisme soviétique.
Ces changements déclenchèrent des résistances et de la
suspicion de la part des membres conservateurs du système
communistes. »81(*) La réforme libère aussi bien des forces
et des mouvements auxquels Gorbatchev ne s'attendait pas. Ses agitations
nationalistes de la part des minorités non russes de l'Union
Soviétique progressèrent et des craintes existaient que certaines
républiques fissent sécession.
Les conservateurs ayant du mal à accepter la
perte d'influence de l'URSS en Europe de l'Est et redoutant l'éclatement
de l'Union Soviétique, tiennent Gorbatchev personnellement responsable
de la décomposition de l'Etat, de la faiblesse de l'économie et
de la perte de l'empire. « Pour ces conservateurs vu tous ses
échecs, Gorbatchev ne devrait plus être à la tête de
l'Etat et songent à se débarrasser de lui. Ceux-ci auraient
été poussés par la crainte de perdre leurs postes dans les
instances dirigeantes du parti et du pays mais aussi la perte de leurs
privilèges. A cette crainte de perdre leurs privilèges, il y a
aussi le fait qu'après des négociations les Républiques
acceptèrent un nouveau traité qui leur donnait une autonomie
presque totale au sein d'une fédération disposant d'un
président et au sein de laquelle seule les politiques
étrangères et défenses seraient
communes. »82(*) C'est ainsi qu'ils arrivent à la conclusion
d'agir pour sauver l'URSS. Bien que ce traité fût destiné
à sauver l'Union, les tenants de la ligne dure du communisme craignaient
qu'il encouragerait certaines petites Républiques, à exiger une
indépendance complète particulièrement l'Estonie, la
Lituanie et la Lettonie.
C'est pour cela que le 19 août 1991, à la
veille de la signature du traité sur la nouvelle Union que les
conservateurs retiennent Gorbatchev et sa femme prisonniers dans leur
résidence de vacances en Crimée et en le
déclarant « incapable d'assumer ses fonctions pour
des raisons de santé. Ils annoncent la formation
d'un Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence»83(*). Ces putschistes ont leur
tête le vice-président de l'URSS Guennadi Ianaev, le premier
ministre Valentin Pavlov, le vice-président du conseil de défense
Oleg Baklanov, le président du K.G.B Vladimir Krioutchkov, le ministre
de l'intérieur Boris pougo, le ministre de la défense Dimitri
Iazov, le président de l'association des entreprises d'Etat Alexandre
Tiziakov et le président de l'union des paysans de l'URSS Vassili
starodoutsev tous ayant accédé à leur fonction sous
Gorbatchev qui est le chef de fil. Tous ces artisans comme on le voit sont donc
les plus hauts dignitaires du régime et membres du P.C.
Le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence de l'URSS,
dans leur adresse au peuple soviétique déclare leurs intentions.
L'armée sous leurs ordres occupe Moscou. Ils établissent
« la censure et interdisent les activités politiques
hostiles au parti communiste. Mais il faut reconnaître que le putsch
apparaît rapidement comme un putsch idiot selon les termes du journaliste
Maxime Sokolov. Idiot parce que l'armée, ne peut pas utiliser ses armes,
aucune communication nationale ou internationale n'est coupée, et les
principaux réformateurs dont fait partir Boris Eltsine ne sont pas
inquiétés, ni arrêtés. »84(*)
Toutefois, les conservateurs, alors enfermés au
Kremlin, n'avaient pas pris en compte l'évolution de la
société. Il est évident que celle-ci n'est plus passive
qu'auparavant et le peuple a pris goût à la liberté
née avec Gorbatchev et la glasnost et ne compte pas la perdre. C'est
pourquoi cette population répond massivement à l'appel à
la résistance lancé depuis « la Maison
Blanche»85(*)par
Boris Eltsine. Cet appel est le suivant :
« Nous somme en présence d'un
coup d'Etat droitier réactionnaire et anticonstitutionnel. Les solutions
de force sont inadmissibles. Elles discréditent l'URSS aux yeux du monde
entier, nous ramènent à la guerre froide et à l'isolement.
Tout cela nous oblige à déclarer illégal ce
prétendu Comité qui a pris le pouvoir. Nous appelons les citoyens
de Russie à donner aux putschistes une réponse digne. Nous
demandons aux militaires de faire preuve d'un grand esprit civique et de ne pas
prendre part au coup d'Etat des réactionnaires. Le président
Gorbatchev doit pouvoir s'exprimer en public. Nous exigeons la convocation
immédiate d'un congrès extraordinaire. Tant que nos exigences ne
sont pas satisfaites, nous appelons à la grève
générale illimitée. »86(*)
L'appel à la résistance au putsch de Boris
Eltsine a fait place à plusieurs manifestations importantes contre les
dirigeants du coup d'Etat. Beaucoup de manifestations eurent lieu dans tout le
pays mais les importantes se déroulèrent à Moscou et
à Leningrad. La résistance organisée par Boris Eltsine
depuis le parlement de la Russie inquiète le Comité d'Etat pour
l'Etat d'Urgence. Ce Comité tentera de déloger Boris Eltsine et
ses camarades de la maison blanche.
Les putschistes envoyeront les forces spéciales
du KGB afin que ceux-ci délogent et arrêtent Boris Eltsine et
ses camarades. Cet assaut fut un échec « car les hommes du
groupe Alpha ont décidé de ne pas bouger. Ils n'ont finalement
même pas pris leur position de combat et se sont contentés
d'observer la maison dans laquelle se trouvait Boris Eltsine de
loin. »87(*) Cette désobéissance de l'unité
Alpha fait penser donc à un ralliement à la cause de Boris
Eltsine président élu de la Russie. Elle est due à
l'état psychologique des hommes du groupe Alpha. En effet
« ils voient bien que la situation est incertaine. Personne ne
sait comment tout cela se terminera. Ils devinent qu'en cas d'échec du
coup d'Etat c'est sur leur conscience que retombera l'intervention armée
contre le président légalement élu de la Russie. Seul un
aventurier peut prendre ce genre de responsabilité sans
réfléchir. »88(*) Cette attitude des soldats montre que les reformes
engagées par Mikhaïl Gorbatchev ont eu un impact sur la population.
Ayant senti le ralliement de l'armée, Boris
Eltsine eut confiant de bien mener la lutte pour faire face aux putschistes.
C'est ainsi qu'il se tient debout sur un blindé pour condamner la junte.
Il appelle le peuple à toujours résister pour permettre
l'échec du putsch. Ces manifestations à la résistance se
sont déroulées dans la majorité sans trop de heurts.
« Le 21 août 1991, la grande majorité des troupes
envoyées à Moscou se rangea ouvertement au côté des
manifestants ou firent défection. Cette symbiose de la population et de
l'armée fait échouer le coup d'Etat après trois jours
d'existence. » 89(*)
L'échec du putsch a montré que le peuple
russe était en avance, dans sa volonté et son courage au service
de la démocratie, sur la vision que les dirigeants Occidentaux ont de
son avenir. Ainsi, « cet échec du putsch
discrédite entièrement la thèse voulant, que
fatigué et désabusé, le peuple soviétique aurait
accueilli avec un certain soulagement l'avènement d'une dictature, si
seulement celle-ci devrait permettre de remplir les
étalages.»90(*)Ce mythe d'un peuple prêt à courber
l'échine pour peu qu'on lui donne à manger vient de voler en
éclats.
En résistant aux tanks, les manifestants ont
montré qu'on ne peut pas les duper en approvisionnant artificiellement
les magasins. Ils savent bien que seules les réformes en profondeur
peuvent mettre fin à la misère. C'est pourquoi la population se
range massivement et sans équivoque derrière ceux qui favorisent
ces réformes. Ce putsch n'a pas réussi car la population et
l'armée ont refusé de participer à cette organisation
anticonstitutionnelle. Cet acte est un atout majeur pour l'avenir. C'est alors
que tous les putschistes sont tous arrêtés sauf Boris Pougo le
ministre de l'intérieur qui se suicida.
Gorbatchev qui avait été assigné
à résidence surveillé à sa maison de vacances en
Crimée, retournera à Moscou en
disant : « Nous volons vers une nouvelle
époque.»91(*)Pour dire que l'époque des coups d'Etat
est révolue et donc que la liberté prônée par lui
est en fin retrouvée. Grâce à celle-ci le putsch n'a pas
réussi, il a été un échec total.
A son retour au pouvoir, Gorbatchev promit de purger
les conservateurs du PCUS. Il démissionna de son poste de
secrétaire général du parti mais resta le président
de l'Union soviétique. « L'échec de ce coup d'Etat
amena une série d'effondrements des institutions de l'Union. C'est ainsi
que Boris Eltsine prit le contrôle de la société centrale
de télévision, des ministères et des agences
économiques clés. Ce putsch fut l'un des derniers souffles finaux
de la deuxième puissance militaire mondiale qui, à partir de
là, vivra ses dernières heures. Malgré quelques tentatives
d'actions afin de sauver ce qui peut l'être du régime, Gorbatchev
échoua. Car le rôle de Boris Eltsine et celui du peuple
soviétique, nouvellement libre, dans la résistance du putsch des
conservateurs vont irrévocablement changer la donne. »
92(*)Le putsch va donc
précipiter la dislocation de l'URSS et favoriser la création de
la C.E.I93(*).
C'est que ainsi les jours qui ont suivi le putsch plusieurs Républiques
vont réclamer leur indépendance. L'URSS sera
définitivement démantelée en décembre 1991.
* 72 S. georges, 2004,
Métamorphose de la Russie 1984-2004, Fayard, p.35
* 73 Idem
* 74 S.marc, 2002, Histoire
du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.350
* 75 G. mink, 1997, Vie et
mort du bloc soviétique, Casterman Giunti Gruppo Editorial, Firenze,
p. 129
* 76 Changement politique
profond sans violence
* 77 Né près de
pitesti en 1918 est un homme politique romain, secrétaire
général du parti communiste en 1965 et président du
conseil d'Etat en 1967. Il meurt en 1989
* 78 S.marc, 2002, Histoire
du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.344
* 79 Boris nikolaïevitch
Eltsine est né le 1 février 1931 à Boutka dans l'oblast de
Sverdlovsk est un homme politique russe. Il devient président du soviet
suprême de la république socialiste fédérative
soviétique de russie. Il fut le premier président de la
fédération de russie, avec deux mandats consécutifs
(1991-1996) et (1996-1999) après l'effondrement de l'URSS. Il meurt le
23 avril 2007.
* 80 S. georges, 2004,
Métamorphose de la Russie 1984-2004, Fayard, p.534
* 81 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.9
* 82 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.10
* 83 G.ulysse,
V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d'un coup
d'Etat, JC Lattès, p.56
* 84 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.10
* 85 Nom donné au
parlement de la Russie
* 86G.ulysse,
V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d'un coup
d'Etat, JC Lattès, p.84
* 87 G.ulysse, V.
fédorovski, op cit. p.88
* 88 Ibidem, p.89
* 89 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, pp10-11
* 90 La Presse, 22
août 1991, P.82
* 91 G.ulysse,
V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d'un coup
d'Etat, JC Lattès, p.190
* 92 F. marc, 1996, Le
système soviétique et son implosion, Editions, Paris
Collection Hermès-numéro 19, p.31
* 93 Communauté des
Etat Indépendants ; c'est une confédération de
républiques souveraines créée en 1991 et formée de
la Russie, de l'Ukraine, de la Biélorussie, de la Moldavie, de
l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie, du Kazakhstan,
du Kirghizstan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan et du
Turkménistan. Quoique dotée d'un important appareil
bureaucratique, la C.E.I ne joue ni un rôle important ni en politique
internationale ni dans les relations entre ses membres.
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