Faculté Libre d'Astrologie de Paris (FLAP)

Le but de ce blog est lié à la création en 1975 du Mouvement Astrologique Universitaire (MAU) . Il sera donc question des passerelles entre Astrologie et Université mais aussi des tentatives de constituer des enseignements astrologiques.
Constatant les lacunes des astrologues dans le domaine des
sciences sociales (hommes et femmes, structures
nationales et supranationales etc), la FLAP assurera à ses
étudiants des connaissances de première main et les plus
récentes qui leur serviront de socle pour appréhender
l'astrologie et en repenser les contours.
.
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jeudi 19 octobre 2017

Hubert Brun. Astrologie et ethnométhodologie

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Astrologie et Ethnométhodologie 2/3
par Hubert Brun



N. Éd. : Ce texte, diffusé en 3 volets, est celui du mémoire de D.E.S.S., soutenu par Hubert Brun en 1993, à l'Université Paris 8 (discipline Ethnométhodologie et Informatique ; direction Yves Lecerf et Jean-François Dégremont), sous le titre initial "Ethnométhodologie et Arts Divinatoires".


2ème partie : Incursion de l'ethnométhodologie dans le monde étrange des astrologues (1/2)
  Introduction : Mon itinéraire
    Ma première rencontre avec l'ethnologie remonte à la petite enfance lorsque je jouais aux indiens avec mes petits camarades, j'ai toujours été ethnologue, même si je n'en ai pas fait ma profession et parmi les mondes que j'ai visité, il y a le monde des astrologues. J'ai découvert l'ethnométhodologie à une époque où j'avais le sentiment d'avoir "fait le tour" des différents modes d'approche de l'être humain et je souhaitais m'ouvrir à une compréhension plus vaste. Je me suis inscrit en D.E.S.S. à Paris 8 en 1992, et j'ai assisté à la fois aux cours du Jeudi à Paris 7 et à ceux de Paris 8 le Samedi. J'ai suivi principalement les cours de P. Loubière et de Y. Lecerf.
    J'ai choisi de parler d'astrologie dans mon mémoire, à la suite de ma rencontre avec Félix, astrologue qui donnait des cours dans une petite librairie, "le point insolite", située dans la rue Blainville dans le 5ème arrondissement. Il m'a présenté un monde qui m'apparut peut-être aussi étrange et énigmatique que celui rencontré par les premiers navigateurs à la rencontre de l'Autre et de l'Ailleurs. Avant de pénétrer dans cet univers, j'avais visité auparavant le monde des mythes et des symboles à travers des contes, des poésies, des religions, des mythologies, des philosophies.
    J'ai été élevé dans un milieu très fortement imprégné par la religion catholique ; lorsque je suis venu à Paris, j'ai rencontré des Musulmans, des Bouddhistes. J'ai eu envie de connaître leur culture, leur religion. J'ai lu des ouvrages, voyagé au Maghreb et me rendis compte que leur religion était aussi crédible que le catholicisme. Je découvris que toute religion a pour but de calmer les esprits, harmoniser les rapports humains à travers une communauté de valeurs et d'illusions. Je me suis intéressé aux philosophies orientales, ce qui m'a amené à la pratique du kinomichi ("voie de l'énergie" issue de l'Aïkido) et du Zazen (technique de méditation), sans pour autant faire de cette pratique une religion.
    Mes différentes pérégrinations m'ont apporté un autre regard sur la religion catholique. J'observai par exemple que celle-ci fait clairement apparaître les fantasmes sexuels. C'est Ève qui a croqué la pomme, séduite par le serpent, c'est de là qu'est venu le mal qui est assimilé au sexe. Marie n'a pas effectué d'acte sexuel, ce qui est impensable à l'âge adulte. Avec la libération sexuelle, le plaisir sexuel ne fut plus considéré comme un péché, ce qui peut expliquer le regain d'intérêt pour la mythologie gréco-romaine.
    Je suis attiré par la religion car pour moi ce sont des contes et parce qu'elle me rattache à ma famille, à mes racines, c'est mon héritage, mais cela ne m'empêche pas d'en reconnaître les mécanismes. Les mythes de l'astrologie diffèrent de ceux de la religion catholique. On retrouve dans la mythologie gréco-romaine un dieu suprême Zeus, dominant les autres dieux qui sont comparables à des ministres, mais cette structure offre un éventail plus riche que dans le Catholicisme.
    Dans le catholicisme, Joseph et Marie représentent le père et la mère, et cette représentation est proche de ce que j'ai vécu dans mon enfance. Dans notre société, on vit dans des familles parentales mais cela ne suffit pas. L'enfant a besoin de projeter une multitude d'images sur des oncles, des tantes, des cousins.
    L'astrologie propose un système de valeurs plus vaste que les bilatéraux famille-patrie, père-mère, Marie-Joseph. L'astrologie décompose les aspects pulsionnels, les composantes psychiques d'un individu. Les dieux ou les demi-dieux incarnent diverses facettes de la personnalité. A travers mon ouverture à différentes cultures, religions, j'ai vécu différents aspects de ma personnalité et c'est dans cette disposition d'esprit que je préparai mon voyage au pays des astrologues...
 
Introduction : Les bases de la démarche
    Pour J. Lacan, toute connaissance est paranoïaque : "la maïeutique analytique adopte un détour qui revient en somme à induire dans le sujet une paranoïa dirigée" (J. Muller et W. Richardson, 1987). Ceci rejoint le point de vue de D. Hofstadter (1985) qui, à propos du Zen, cite le cas du maître Tozan s'adressant à ses moines : "Vous qui êtes moines, vous devriez savoir qu'il y a une compréhension encore supérieure dans le Bouddhisme". Un moine s'avança et demanda : "Qu'est-ce que le Bouddhisme supérieur ?". "Ce n'est pas Bouddha", répondit Tozan. Ainsi, tout système est une paranoïa, y compris le Zen qui reconnait ses propres limites et ne peut donc être transcendé, car tout système ne peut pas être son propre métasystème.
    Mon sujet d'étude nécessitera donc de flirter avec la paranoïa des astrologues. Mon terrain étant l'univers astrologique, j'orienterai ma recherche autour du questionnement suivant : En quoi l'univers astrologique (astrologie, astrologues...), est-il gratifié par le regard bienveillant que pose l'ethnométhodologie pour toute micro-culture ou toute micro-société ? Dans quelle mesure l'univers astrologique peut-il soutenir le regard inquisiteur et dévastateur posé par l' ethnométhodologie vis à vis de tout système ou toute représentation totalisante de l'homme et de l'univers ?
    L'astrologie se doit d'être jugée, c'est-à-dire examinée du point de vue de la rigueur. Ce pourrait être le rôle d'un observateur extérieur qui jetterait sur elle un regard "inquisiteur" ; mais a-t-il le droit de se prononcer puisqu'il ne connaît pas l'astrologie ? Il ne me semble pas. Seul l'astrologue est à même d'en parler ; mais est-il lui-même un juge impartial ? Son regard n'est-il pas chargé de trop de "bienveillance" ?
    La démarche en ethnométhodologie va permettre de sortir de ce dilemme car elle demande à l'observateur de s'impliquer afin que l'étude ne soit pas déconnectée de la réalité du terrain, tout en restant aussi neutre et objectif que possible. L'ethnométhodologue s'inscrit dans une position alternative dont les polarités sont l'implication et l'explication, (notions de membre et d'indifférence expliquées au chapitre suivant).
 
1. Ethnométhodologie et arts divinatoires
    L'ethnométhodologie est autorisée à étudier les arts divinatoires en tant qu'ils sont des ethnométhodes, c'est-à-dire des méthodes utilisées par le village des devins. L'ethnométhodologie n'est d'ailleurs pas étrangère aux principes des arts divinatoires puisque, comme le note Y. Lecerf (1986) : "l'indexicalité fonctionne comme un système divinatoire. Les systèmes divinatoires exploitent en effet des tirages au sort, dont ils interprètent les résultats pour fabriquer du sens. Il n'y a pas création physique d'information ; mais transformation d'une information aléatoire sans valeur (l'ordre aléatoire d'un paquet de cartes) en information valorisée (choix d'une conduite de vie). L'interprétation quotidienne par chacun d'une langue naturelle est donc en ce sens un acte partiellement divinatoire."
    Actuellement rejetés hors du champ scientifique, les arts divinatoires intéressent l'ethnologue, qui va chercher à comprendre l'utilité de cette micro-culture. En effet, si les scientifiques veulent faire disparaître les arts divinatoires, il faudra les remplacer par autre chose qui remplira les mêmes fonctions.
    On peut considérer que les arts divinatoires sont de fausses sciences. L'astrologie, par exemple, est définie par M. C. Bartholy et P. Acot (1991) comme une "fausse science prétendant que le caractère et le destin des hommes sont influencés, voire déterminés, par les corps célestes."
    On peut également estimer que les arts divinatoires sont des sciences inadmissibles. La géomancie astronomique prétend pouvoir décrire les auteurs d'un larcin, comme le décrit G. de Crémone (1114-1187) : "Considérez le seigneur de la sixième maison : s'il se trouve dans la seconde ou avec le seigneur de celle-ci, il dénote qu'il y avait plusieurs larrons, et si ces planètes sont dans la troisième maison, ces voleurs seront les frères ou les parents de celui qui pose la question."
    On imagine les conséquences dramatiques qu'un tel discours pourrait provoquer s'il était pris au pied de la lettre, de même l'astrologie contemporaine, par absence de règles de déontologie peut induire des comportements inadmissibles : " Récemment, une jeune femme m'a demandé quel jour elle devait accoucher, par césarienne, afin que son fils devienne plus tard un homme d'affaire. C'est absurde : nous ne sommes pas des sorciers", raconte A. Gorry, astrologue.
    Que penser également de ces chefs d'entreprise qui recrutent leurs collaborateurs ou décident de l'avenir de leur société en fonction de leur thème astral. Superstition ou aberration ? Selon A. Toussaint, conseil en recrutement, près d'une société sur dix ferait appel à l'astrologie pour embaucher du personnel, fixer les dates d'une campagne publicitaire, décider d'un investissement.
    Mais en vertu de l'axiome de responsabilité, nous ne devons pas bafouer les membres des arts divinatoires. Avant de détruire une discipline, il faudrait se demander en quoi elle servait, car on peut, en voulant bien faire, provoquer des catastrophes. On connaît, par exemple, le cas de ce petit village, où les femmes devaient transporter de lourdes cruches remplies d'eau, ce qui avait scandalisé quelques visiteurs, qui, en croyant bien faire, ont installé l'eau courante dans les maisons. Mais très rapidement les femmes du village se sont mises à déprimer. On comprit plus tard, que la source d'eau était le lieu où les femmes pouvaient se retrouver entre elles, pour discuter et échanger.
    La psychanalyse sert à réécrire notre représentation du monde d'une façon différente. Si par exemple mon père m'a donné une gifle, le regard psychanalytique me dira si cette gifle a été structurante ou traumatisante pour moi. L'ethnométhodologie est un regard qui est derrière ce regard : C. Castaneda (1985) raconte l'histoire d'un père qui, ayant des problèmes avec son fils, va voir le sorcier qui lui dit : "Vous allez embaucher un clochard pour qu'il tape votre fils, à la suite de quoi vous interviendrez pour le protéger, ce qui changera complètement sa vision du monde. Le monde lui apparaîtra terrifiant et vous serez celui qui arrêtera la terreur du monde."
    Si l'ethnométhodologue, comme Castaneda, peut inventer des scénarios qui modifieraient nos états de conscience, le devin peut les situer dans le temps. Il voit l'interaction entre l'être et le monde, et l'attitude ethnométhodologique pour lui, est de se positionner dans cet espace intermédiaire, sans se poser de question sur la réalité du monde, il regarde seulement ce qui se passe entre les deux.
    L'astrologue prévoit les dates où la personne va devoir se remettre en question et changer son mode de représentation du monde. Mais il n'est pas sûr que l'événement se produira (sur un mode intérieur ou extérieur), ou que l'être fera le choix de changer sa manière de fonctionner à la rencontre des dates annoncées. L'astrologue définit des choix virtuels, dans un monde virtuel pour un être virtuel. Il explore un réel virtuel, mais son gant ou ses capteurs sont les planètes. Il ne sait pas qui est l'autre, ni ce qu'il va faire des informations reçues, il est actif dans le monde en ne sachant rien, ce qui lui demande d'accepter le paradoxe d'être aveugle pour voir, c'est-à-dire de lâcher le regard pour voir de ce point fugitif et variable selon le contexte spatio-temporel. Un point qui est à la fois à la convergence entre deux espaces (moi et l'autre) et deux longueurs de temps (passé et présent), un point qui est la convergence des deux convergences : spatiales et temporelles. C'est un centre composé dans l'espace et le temps qu'on n'atteint jamais. C'est là qu'on est ou qu'on naît à chaque instant.
    L'art de la prédiction peut être envisagé, soit sous l'angle réductionniste qui correspond aux études prospectives, soit sous l'angle holistique, ce qui est le cas des arts divinatoires. Supposons par exemple que nous voulions prédire l'arrivée probable d'une course de chevaux, nous disposons de deux méthodes possibles :
    1) La méthode analytique ou réductionniste qui consiste à étudier tous les paramètres de la course, mais aussi de toutes les courses précédentes ; ce qui demande en quelque sorte d'accumuler une connaissance la plus large possible du contexte, sans oublier le moindre détail à propos des chevaux, des jockeys, des entraîneurs, de la nature de la course, de l'hippodrome, de la nature du terrain... Il faut ensuite établir un calcul de probabilité pour chaque paramètre précédemment énuméré, et interpréter les résultats qui peuvent se conjuguer à la méthode suivante.
    2) La méthode intuitive, holistique ou synchronique qui utilise une approche non causale de la réalité. Elle utilise, d'une part les paramètres occultes des arts divinatoires tels que la taromancie, la voyance, le spiritisme, la géomancie, etc. Elle se sert d'autre part de différents facteurs qui peuvent se relier par affinité, mais qui n'auraient par contre, peu de valeur d'un point de vue statistique. Cela peut être par exemple, une coïncidence entre le numéro P.M.U. porté par le cheval et le numéro de couloir dans lequel celui-ci doit courir. Pour le scientifique Kammerer, ce phénomène, appelé "sérialité", serait "une loi inconnue qui peut se comparer aux phénomènes de gravitation en physique... Il existerait donc une véritable force de sérialité qui est un peu l'analogue de la force de gravitation... Elle relie par affinité." (Propos cité par le professeur R. Dutheil, 1991).
    Les causes d'échec de la première méthode sont dues à l'induction. Il est impossible de prendre en compte la totalité des paramètres, ainsi, tel cheval n'aura pas les conditions physiques attendues, parce qu'il aura reçu un coup de sabot d'un autre cheval au moment du départ. En ce qui concerne les causes d'échec de la deuxième méthode, on peut supposer par exemple que le dieu des turfistes n'était pas disposé ce jour là, à donner la bonne réponse !
    Mais quoi qu'il en soit, il ne faut pas perdre de vue que le point commun à ces méthodes est le sujet qui les utilise, puisqu'il va faire le choix, de jouer ou ne pas jouer les résultats obtenus. Et lors de cette dernière étape cruciale, il se passe des choses très curieuses. Il peut arriver par exemple que le turfiste ait trouvé la combinaison gagnante, mais qu'il décide au dernier moment de ne pas la jouer. Une étude psychologique a montré qu'en réalité, le turfiste joue pour perdre, c'est-à-dire qu'il rejoue un scénario d'échec affectif partagé par ses amis de comptoir du café P.M.U. La psychanalyse interpréterait cette attitude d'échec par un désir inavoué d'auto-punition qui se rattache au complexe d'Oedipe, le parallèle étant d'autant plus facile à faire lorsqu'il s'agit du tiercé ! Un autre phénomène, encore plus curieux, est qu'une méthode est toujours valable dans le passé, mais qu'elle ne l'est jamais dans le futur, (en tous cas dans la manière de l'interpréter).
    Lorsqu'on consulte un ouvrage d'astrologie mondiale, par exemple, on constate que les astrologues sont très doués pour analyser le passé, mais qu'ils sont très discrets pour prédire l'avenir. A. Barbault avait publié un livre intitulé La troisième guerre mondiale commencera en 1965. Bien qu'il se fût trompé dans l'interprétation, A. Barbault a eu raison de souligner l'importance de cette date, puisqu'elle coïncide avec le moment où la natalité a commencé à décroître dans les pays occidentaux entraînant les problèmes d'immigration que l'on connaît actuellement.
    Pour en revenir à l'exemple du turfisme, des méthodes alléchantes sont régulièrement proposées qui annoncent des résultats mirobolants. Le problème est que ces méthodes sont toujours faites a posteriori. Il est effectivement très facile de trouver un ensemble de paramètres de façon empirique, testés sur une période d'un an ou deux, qui permettent de justifier qu'il était possible de gagner par exemple un tiercé sur trois. Mais dès l'instant où cette méthode est révélée, elle devient automatiquement obsolète.
    Ceci fait penser à la théorie quantique qui affirme, que dès l'instant où on veut vérifier l'évolution d'un système microphysique, on introduit une perturbation qui en modifie l'évolution. Si on ajoute, avec les "idéalistes quantiques" que la réalité n'est qu'une création de la conscience, je peux me demander si l'univers existe en dehors de ma perception. E. V. Glasersfeld, cité par P. Watzlawick (1988) aboutit même à la conclusion que "tout ce que nous pouvons connaître du monde réel, c'est ce qu'il n'est pas."
 
2. Lexique astrologique
 
- Le Zodiaque
    Le zodiaque astrologique est une représentation virtuelle du ciel, ayant pour axe la trajectoire apparente du soleil (écliptique) vue de la terre. L'écliptique et l'équateur céleste se recoupent en deux points, le point vernal situe l'équinoxe de printemps, correspondant au degré zéro du signe du Bélier. L'ordre des signes est indiqué par le mouvement des planètes. La relation entre le zodiaque et la terre se fait donc par l'intermédiaire de l'équateur, lieu de prolifération de la vie sur terre. Pour C. Duchaussoy, le zodiaque est un réservoir d'énergie de vie. Il se compose de douze signes qui sont autant de colorations, de saveurs, de formes différentes de la vie.
    Le zodiaque est construit selon un ensemble de rythmes.
- Binaire : Les signes de feu et d'air sont masculins, les signes d'eau et de terre sont féminins.
- Ternaire : Le Bélier au début du printemps, le Cancer au début de l'été, la Balance au début de l'automne, le Capricorne au début de l'hiver. Les signes fixes se situent en milieu de saison : Le Taureau au printemps, le Lion en été, le Scorpion en automne, le Verseau en hiver. Les signes mutables se situent en fin de saison : les Gémeaux pour le printemps, la Vierge pour l'été, le Sagittaire pour l'automne, les Poissons pour l'hiver.
- Quaternaire : Les signes de feu (Bélier, Lion, Sagittaire), les signes de terre (Taureau, Vierge, Capricorne), les signes d'air (Gémeaux, Balance, Verseau), les signes d'eau (Cancer, Scorpion, Poissons).
- Sénaire : Hémicycle individuel (Bélier, taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge), Hémicycle collectif (Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau, Poissons).
    Il existe plusieurs manières de décrire le zodiaque dont celle de D. Rudhyar (1981) basée sur l'alternance des longueurs de jours et de nuits en constante évolution durant le cycle annuel et celle de J.P. Nicola (1964) qui fonde son système à partir de la typologie de Pavlov. Ce système très cohérent est difficilement "accountable" : Le Bélier serait F+ (force d'excitation), V+ (vitesse d'excitation) et correspondrait à la phase "égalitaire" de Pavlov.
    Je préfère la version de Félix, pour sa façon de mettre en scène le zodiaque, en partant du premier signe jusqu'au dernier, comme une série d'étapes résumant la totalité des expériences humaines : cela correspond à quatre séries en correspondance aux quatre saisons, composées chacune de trois étapes, appelées successivement : cardinale, fixe, mutable
    La première série décrit trois scènes de vie liées à l'enfance :
- Bélier : l'enfant vient au monde, il existe.
- Taureau : il a besoin d'être nourri, de satisfaire son oralité
- Gémeaux : une fois ses besoins satisfaits, il sourit et plus tard il aura envie de jouer.
    La deuxième série peut être reliée à l'adolescence :
- Cancer : il explore le domaine sensitif et sensoriel. Est-ce que je me sens bien dans ma peau?
- Lion : Il découvre l'amour, les premiers flirts.
- Vierge : Il analyse son rapport au monde et développe son esprit critique.
    La troisième série va correspondre à l'âge adulte :
- Balance : l'adulte va mettre l'accent sur les relations sociales, il va tendre à harmoniser ses rapports avec les autres et à se construire un univers cohérent, rationnel, en affinité avec l'ordre cosmique.
- Scorpion : il passera aussi par des périodes d'angoisse existentielle, où il sera amené à tout remettre en question pour repartir à zéro. Sa représentation du monde devient le reflet de l'aspect chaotique de l'univers
- Sagittaire : après être passé de la construction à la déconstruction, de la certitude au doute, de la rationalisation à la dérationalisation, l'individu s'ouvre à des horizons plus vastes et va faire un pont entre les deux univers qu'il a explorés précédemment, qui n'avaient pas encore de liens entre eux. Il s'ouvre à la métaphysique, à la métathèse.
    La quatrième série est en relation avec la vieillesse :
- Capricorne : c'est l'âge de la retraite où l'individu fait le choix entre la décroissance énergétique qui conduit à la dégénérescence ou la croissance de la conscience qui se caractérise par la quête de l'essentiel.
- Verseau : il réalise la fraternité universelle en percevant l'identité spirituelle présente potentiellement en chaque individu.
- Poissons : il réalise le but de son incarnation, qui est de se rendre utile, de se mettre au service des hommes par la compassion et l'amour inconditionnel.
    Dans la Genèse le poète dit : "Il peupla les eaux de poissons qui transportèrent jusqu'au fond des rivières et des lacs, la lumière du soleil que leurs champs d'écailles avaient captée."
 
- Les Maisons
    Les maisons sont réparties en 12 secteurs terrestres à partir de deux grands axes que sont l'horizon et le méridien. Six maisons se répartissent au-dessus de l'horizon et les six autres en dessous, chacune correspondant à une tranche horaire de deux heures. L'ensemble des 12 secteurs recouvre la durée de 24 heures qui est le temps de rotation de la terre sur elle-même.
    Pour l'astrologue, les maisons représentent le lieu de manifestation de l'énergie zodiacale. L'équateur est le lieu de profusion de la vie, où se situe le plus grand nombre d'espèces animales, c'est un lieu d'interaction de la mouvance de la vie, qui permet à la vie d'expérimenter une multitude de formes. L'horizon devient de ce fait le lieu de l'expression individuelle par rapport à son environnement. L'horizon Est appelé Ascendant (AS) est le début de la maison 1 qui renseigne sur la personnalité visible du natif. L'horizon Ouest ou Descendant (DS) indique le début de la maison 7 qui décrit le partenaire (conjugal ou professionnel).
    Aux tropiques les conditions climatiques sont dures et ne permettent pas aux individus de rester isolés. Les civilisations nordiques sont hautement organisées et vont dans le sens de la répression de l'individu au profit de l'intérêt de la collectivité. Le méridien Nord appelé Milieu du Ciel (MC) est le début de la maison 10 qui renseigne sur le monde social, la profession, la vocation. Le méridien Sud appelé Fond du Ciel (FC) est le début de la maison 4 qui décrit le foyer, la maison, la famille. Ces 4 maisons sont traditionnellement considérées comme les plus importantes.
    L'ensemble des maisons fait apparaître une logique dans leur ordre de succession :
- Maison 1 : lieu d'expression de l'être, l'inné, le moi physique.
- Maison 2 : lieu de développement de ce qui est spécifique en nous, qui s'acquiert, qui demande à oeuvrer, concrétiser nos facultés, notre potentiel.
- Maison 3 : les moyens de concrétiser notre singularité, qui sont l'intelligence pratique, la capacité à s'adapter à la réalité du monde, à communiquer.
- Maison 4 : lieu d'habitation, lieu de vie qui représente notre singularité, notre intérieur.
- Maison 5 : lieu de créativité. Activité qui nous permet d'objectiver notre singularité. Lieu où l'individu ose être lui-même.
- Maison 6 : lieu d'interaction avec le monde extérieur, de prise en compte de la réalité au quotidien (la santé, la vie domestique...).
- Maison 7 : rencontre de la singularité des autres, l'alter ego, le conjoint, le collègue de travail, pour réaliser des objectifs communs Rencontre avec l'Autre, l'inaccessible, l'étrange.
- Maison 8 : refus de la différence de l'autre qui entraîne des conflits relationnels. Conflit contre le monde amenant des accidents, des décès. Lieu de transformation, mort, renaissance, magnétisme.
- Maison 9 : lieu du plaisir à rencontrer l'étrange, aller à l'étranger, se baigner dans une culture étrangère, se passionner pour une culture, un idéal qui ouvre des espaces nouveaux de compréhension du monde.
- Maison 10 : c'est le lieu de la réussite sociale gratifiée par les privilèges, la reconnaissance de la société, ou le lieu de la réalisation de sa vocation, de l'épanouissement individuel dans un cadre collectif.
- Maison 11 : lieu qui offre la possibilité de faire admettre sa singularité, de réaliser ses désirs et ses souhaits, de rencontrer des amis.
- Maison 12 : c'est le lieu du résidu qui n'a pas été intégré à la conscience lors de l'ensemble du cycle, le lieu du refoulé. Cela entraîne des situations d'enfermement (prison, hôpital), c'est un lieu de privation, d'empêchements, mais aussi un lieu de méditation, vie intérieure
 
- Le Petit Prince
    J. Campbell (1978) montre que tous les mythes, contes et légendes s'inscrivent à l'intérieur d'un cycle cosmogonique. Au départ, le futur héros sent l'appel de l'aventure. Il sent quelque chose qui vit en lui, qui commence à s'ouvrir, qui va libérer une énergie lui permettant de partir. Il se dirige alors vers le gardien du seuil qui va permettre de poser un acte pour démarrer l'aventure : il va manifester sa volonté pour passer. C'est alors que les épreuves l'attendent, épreuves face auxquelles il va découvrir des ressources inconnues en lui. Puis, au bout du voyage, il rencontre sa récompense (mariage, trésor, élixir, Graal). A partir de là, le héros fait un retour triomphal dans son pays ; ou bien, il ne revient pas, et c'est la fuite en avant. Sur le chemin du retour, il rencontre un deuxième gardien du seuil qui va lui permettre de faire le passage via son lieu d'origine.
    Dans l'histoire du Petit Prince, l'appel de l'aventure est motivé par les difficultés que rencontre le Petit Prince avec sa rose. Le passage du premier seuil est concrétisé par ses adieux à sa rose. Ses épreuves sont symbolisées par ses visites aux différents habitants de chaque planète où il rencontre tour à tour le roi qui ordonne, celui qui a besoin d'être admiré, le buveur, le business man. Puis sur la sixième planète, il rencontre le géographe qui lui conseille d'aller visiter la terre et qui lui sert de guide. Enfin, il arrive sur la terre où l'attend sa récompense à travers la rencontre du renard qui lui fait don d'un secret : "On ne connaît bien que ce que l'on apprivoise... on ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux. C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante... tu es responsable de ta rose..." Le Petit Prince va pouvoir retrouver sa rose. Pour cela, il lui faut passer par le deuxième gardien du seuil qui prend la forme du serpent, qui le pique, lui permettant alors de retourner chez lui. En astrologie cette cosmogonie est ponctuée par les différents aspects planétaires.
 
- Les Aspects planétaires
    Lorsque deux points vibrent selon une certaine fréquence ils entretiennent une relation particulière que l'on appelle en phase. Ce sont les phénomènes de résonance. Les aspects sont des angularités remarquables entre deux planètes. Ils sont nés de l'observation des différentes phases de la lune par rapport au soleil et ont été étendus à tous les cycles planétaires. Les aspects sont des relations réflexives entre planètes dont la signification renvoie à des variables multiples étant donné la multiplicité de l'indexicalité de la symbolique planétaire.
    Ils correspondent à des divisions mathématiques du cercle : la conjonction 0°, le semi-sextile 30°/330°, le semi-carré 45°/315°, le sextile 60°/300°, le carré 90°/270°, le trigone 120°/240°, le sesqui-carré 135°/225°, le quinconce 150°/210°, l'opposition 180°. Les anciens classaient les aspects en deux catégories : les "maléfiques" et les "bénéfiques" qui sont appelés actuellement "harmoniques" ou "dissonants." Les aspects planétaires sont appelés "harmoniques" lorsque les tendances représentées par les deux planètes en aspect, s'associent, se renforcent mutuellement, c'est le cas de la conjonction, du semi-sextile, du sextile, du trigone. Les aspects sont dits "dissonants" lorsque les tendances planétaires sont antagonistes, en conflit, c'est le cas du semi-carré, du carré, du quinconce et du sesqui-carré. L'opposition est un aspect ambivalent. Par analogie au cycle de la lunaison, on distingue les aspects croissants qui s'apparentent à la phase croissante de la lune et inversement les aspects décroissants correspondent à la décroissance de la lune. Les anciens les nommaient "dextres" ou "sénestres".
 
- Les Maîtrises planétaires
    La tradition a attribué une planète pour chaque signe. Le Soleil est maître du signe du Lion car c'est la période la plus chaude de l'année, où l'énergie du signe peut se manifester à l'état pur puisqu'il y a affinité entre le signe et la planète. La Lune est maîtresse du signe du Cancer, car à cette période la Lune est au plus proche de la terre. A partir de là les anciens ont réparti les autres planètes dans les différents signes dans l'ordre respectif de leur éloignement : Bélier Mars, Taureau Vénus, Gémeaux Mercure, Cancer Lune, Lion Soleil, Vierge Mercure, Balance Vénus, Scorpion Mars (et Pluton), Sagittaire Jupiter, Capricorne Saturne, Verseau Saturne (et Uranus), Poissons Jupiter (et Neptune).
 
- Le système solaire
    Les astrologues utilisent plusieurs manières pour interpréter chaque planète. La tradition se réfère à la mythologie : Mercure est le messager des dieux, Vénus la déesse de l'amour, Mars le dieu de la guerre... Ces références sont généralement mêlées à des constatations empiriques, dont on tire aussi des conclusions poétiques : Vénus, "l'étoile du berger", est une jolie planète lumineuse qu'il fait bon voir et qui vous guide, d'où son rapport avec la beauté et l'amour ; Mars aurait des reflets plutôt rouges, ce qui évoque irrésistiblement la guerre ; Jupiter a un volume plutôt important, sa corpulence suggérant tout de suite la richesse ; et Saturne a des anneaux, c'est pourquoi il vous emprisonne... Il n'apparaît aucun critère de jugement commun entre ces divers explicatifs. C'est ce qui en fait la faiblesse : s'il existait une planète rouge, une verte et une blanche, il serait possible d'établir des comparaisons...
    L'insuffisance de ces constatations et déductions pour la pratique astrologique est tellement évidente que les astrologues ont très tôt éprouvé le besoin d'une approche systématique. Celle des maîtrises planétaires est des plus anciennes. Malgré sa pérennité, elle semble pourtant sujette à caution car elle ne concerne pas les planètes en elles-mêmes, mais une correspondance entre significations zodiacales, les unes expliquant les autres au prix de nombreux pléonasmes. Sur ces diverses propositions de travail, l'étude du système solaire a l'avantage de permettre l'utilisation d'un critère commun à toutes les planètes (la distance au Soleil par exemple) et de différencier clairement celles-ci des signes zodiacaux : on ne peut plus confondre le Soleil et le Lion. Pourtant ils allaient si bien ensemble !
    Dans le système solaire considéré de la Terre, trois groupes différents se détachent ; le Soleil, Mercure et Vénus situés à l'intérieur de l'orbite terrestre ; Mars, Jupiter et Saturne situés au-delà de la Terre et trois planètes invisibles sans télescope (Uranus, Neptune, Pluton). Plusieurs systèmes de significations peuvent se calquer sur ce modèle dont le plus élaboré a été proposé par J.P. Nicola (1977), connu sous le nom de modèle R.E.T. Il a également établi une relation entre les étapes de développement psychologique et les cycles planétaires :
- Le 1er mois - Lune (cycle de 27 jours).
- Le 2ème et le 3ème mois - Mercure (cycle de 88 jours).
- Du 4ème au 8ème - Vénus (cycle de 225 jours).
- Du 9ème mois à 1 an - Soleil (cycle de 1 an).
- La 2ème année - Mars (cycle de 1 an et 10 mois).
- Vers 3, 6, 9 et 12 ans - Jupiter (cycle divisé par 4).
- De 12 à 30 ans - Saturne (sous-cycles : 3,5 ans, 7 ans, 15 ans...)
- De 30 à 84 ans - Uranus (sous-cycles : 21 ans, 42 ans).
    D'après cette théorie, chacun de nous vit successivement les diverses valeurs planétaires. Mais en fonction des dominantes de notre thème natal, nous sommes portés à vivre plus particulièrement certaines tendances. Si nous sommes marsiens nous serons enclins à explorer, à innover, à nous affirmer. Si nous sommes saturniens nous manifesterons une attitude de distance vis à vis de ce qui nous entoure. Ce système fait apparaître des coïncidences intéressantes entre le symbolisme planétaire traditionnel et la psychogénèse de l'enfant mais certaines étapes de développement de l'enfant n'ont-elles pas été occultées par souci de faire cadrer la théorie à la réalité ?
    La définition des planètes du lexique sera empruntée en grande partie à Jacques Berton et Monique Kalinine qui, à mon avis, ont une approche vivante de l'astrologie, illustrée par de nombreux cas de personnages célèbres. Les étapes de la psychogénèse de l'enfant y seront associées lorsque celles-ci m'ont paru coïncider avec la symbolique planétaire.
 
- La Dominante planétaire
    La tradition énumère un ensemble de conditions pour déterminer la dominante planétaire dont voici les plus importantes :
- La planète est angulaire (en conjonction à l'Ascendant, au Milieu du Ciel, au Descendant ou au Fond du Ciel). Ex. : Chaplin (Lune), Alain-Fournier (Vénus), Claudel (Soleil), Sartre (Mars), Louis XIV (Soleil et Jupiter), Gide (Uranus).
- La planète est fortement aspectée (surtout avec l'Ascendant, le maître d'Ascendant). Ex. : Saint-Exupéry (Lune), Baudelaire (Pluton), Goya (Saturne), Thomas Merton (Neptune).
- La planète est maîtresse d'un grand nombre de facteurs du thème. Ex. : Céline (Mercure et Pluton), Alain-Fournier (Vénus).
- La planète est conjointe au Soleil. Ex. : Sartre (Pluton), Baudelaire (Saturne).
 
- Dominante lunaire
    La Lune reflète les rayons du Soleil, elle est étroitement liée à celui-ci. C'est l'enfant dépendant de la mère, malléable et impressionnable. La Lune est la soumission passive de l'être au feu créateur du Soleil. Le Lunaire subit son destin dans toutes ses fluctuations. Il vit dans le présent ou dans la nostalgie du passé si ce présent le mécontente. Il est très vulnérable et en général peu armé pour affronter la vie. La réalité le blesse et il tente de lui échapper par la poésie, le rêve, l'illusion et dans ce domaine son imagination n'a pas de bornes. Le personnage de C. Chaplin, Charlot, est une victime de la pauvreté, de la malchance, de la faim, du manque d'amour, il est très seul mais il est riche en rêve et d'une pirouette il sort de la réalité et la poubelle sur laquelle il est assis devient une balançoire et le terrain vague qui l'entoure devient un champ fleuri où rient et dansent de tendres nymphettes.
    La Lune est l'art de reproduire, de copier, d'imiter; tel Charlot qui excelle dans l'art de la mimique et de la pantomime. La Lune est fécondée par le Soleil dont elle recueille les rayons ; de plus, 12 à 13 fois par an la Lune se conjoint au Soleil. De tous les astres c'est elle qui s'unit le plus souvent au Soleil, elle est le symbole de la fécondité. Cette capacité de reproduction n'est plus à démontrer en ce qui concerne C. Chaplin qui a eu x enfants, nous dit M. Kalinine (elle ne les a pas compté car il y en a trop !). Le Lunaire est dépendant de sa mère, c'est le cas de C. Chaplin qui doit son talent à sa mère. C'est d'elle qu'il doit son art consommé de la pantomime et il est probable qu'il l'a transmis à sa fille Géraldine qui est une sorte de mère à rebours.
    La pantomime est un héritage du mimétisme qui s'inscrit dans le premier mois de l'enfance. A ce stade, les communications entre le nouveau-né et sa mère s'établissent d'inconscient à inconscient. Comme l'a souligné D. Anzieu, avant le regard qui n'est acquis qu'à partir d'un mois, il y a le mimétisme de la posture, le fait de se mouler sur l'attitude de quelqu'un et par ce moule de sentir à l'intérieur de soi ce que l'autre sent à l'intérieur de lui-même par l'attitude qu'il exprime et dont il n'est pas conscient. Le premier mois est un mois de fusion et de confusion entre l'enfant et la mère.
    La Lune représente l'enfance. Tout ce qui vit ou se ressemble dans l'enfance marque fortement le Lunaire. C. Chaplin, qui a vécu une enfance de misère avec une mère malade et un père mort s'en souviendra toute sa vie. Il en gardera une peur de manquer et un grand sentiment d'insécurité. La Lune indique aussi l'amour pour les enfants, dont témoigne Saint-Exupéry dans Le Petit Prince.
 
- Dominante mercurienne
    En dehors de la Lune, Mercure est l'astre le plus rapide du zodiaque, ainsi, à l'image de sa planète, le Mercurien est rapide dans ses mouvements et dans son mode de réaction. Le Mercurien est curieux, touche à tout, peu enclin à se spécialiser, instable, il vit dans le présent. Par une grande capacité d'adaptation il se montre très sociable. Le Mercurien est un être ouvert, disponible, curieux, qui aime communiquer, s'exprimer, entrer en contact. Il a continuellement besoin de découvrir des choses nouvelles et de vivre des expériences fortes.
    Céline (1977) a dit de lui-même : "Normalement je suis gai et mutin, verveux, allègre, vermot, espiègle." Il a donné là une excellente définition du Mercurien qui est en effet, vif, mobile, alerte, souple, qui a l'esprit léger, qui est insolent et spirituel, qui est doué. Ces différents comportements s'inscrivent dès la fin du troisième mois, comme l'a établi R. Spitz (1979). L'enfant sourit à sa mère et à tout ce qui lui ressemble, il aime s'agiter, crier. Il commence à bavarder, à sa manière bien sûr, avec des "a-reu-a-reu" ; c'est le début de la communication avec l'entourage. Céline fut l'inventeur du langage parlé, ce qui est tout à fait dans le style Mercurien. H. Mondor écrit : "Céline, maître du langage parlé, écrit une prose à la fois parlée et gesticulée."
    Quelques extraits du Voyage au bout de la nuit : "Ah! on remet le "voyage" en route. Ça me fait un effet ! (...) Ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C'était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l'écoute. "Restons pas dehors ! qu'il dit. Rentrons !" Je rentre avec lui. Voilà." Toute son oeuvre est construite dans ce style. Ce qui importe à Céline est que son style ait une efficacité de l'expression pour pouvoir s'imposer à notre entendement.
 
- Dominante vénusienne
    Aphrodite, Vénus était considérée comme la plus belle des déesses. Vénus est la beauté dans le ciel étoilé, dans l'Olympe et sur la terre. L'harmonie est un principe d'ordre mais aussi de beauté et appartient à l'univers Vénusien. Pythagore explique les secrets du monde par des nombres reliés à l'art musical. Il n'agit pas par esprit scientifique, mais par besoin d'harmonie. C'est un nostalgique d'une forme harmonieuse du monde qui conduit à une beauté, une perfection et non à une formulation mathématique sèche. L'art conduit à une notion d'esthétisme relié à Vénus. La beauté ne s'explique pas mais elle se perçoit à travers les sens. Le Vénusien perçoit le monde à travers ses cinq sens. Il ramène la source de toutes ses idées à la sensation, c'était le point de vue de Condillac, natif du signe Vénusien de la Balance. L'univers mental du Vénusien, très subjectif, tourne autour des émotions et des sentiments.
    Le Vénusien est un être sensible aux formes, aux sons aux couleurs et au cadre de vie dans lequel il vit. Dans un cadre Taureau, c'est un sensuel qui aime palper les êtres et les choses. C'est un amoureux de la vie qui aime les atmosphères de fête et de réjouissances. C'est un affectif qui vit d'images, qui éprouve d'intenses désirs et de fortes craintes. Dans un cadre Balance l'amour est empreint de nostalgie et de tristesse, c'est l'amour automnal lié à la fin des choses.
    Toute la vie d'Alain-Fournier est marquée par l'amour. A l'âge de 18 ans, il croise le regard d'une jeune femme qui le bouleverse, il l'a suit jusqu'à sa porte et il revient guetter à sa fenêtre dans l'espoir de la voir. Mais il apprend qu'elle est fiancée et qu'il ne l'a verra plus jamais. Pourtant cette rencontre devint le grand amour de sa vie qui fit naître Le Grand Meaulnes. Ce Vénusien ne peut créer que dans une vie envisagée sous la forme du couple.
    La vie affective s'éveille chez l'enfant entre le 4ème et le 8ème mois. A ce stade il est capable de différenciation. Il manifeste ses goûts et ses préférences. Il adopte certains objets, certains jouets. Il aime par-dessus tout sa mère, devient jaloux et possessif. L'enfant est heureux quand sa mère est près de lui, malheureux autrement. Quand l'enfant se sent seul, il vit dans l'angoisse.
 
- Dominante solaire
    Le Solaire est un créateur, tel Paul Claudel qui a crée de nouvelles formes poétiques où la pensée ne s'exprime plus en vers mais en versets. Le solaire a une capacité de synthèse lui permettant de coordonner les éléments épars choisis car l'astre solaire permet la cohésion synthétique de l'ensemble du système. L'esprit de synthèse revient au Soleil qui tient autour de lui les éléments épars de la création. Tout se ramène à lui, qui fait l'unité. Le Solaire est l'homme capable de créer en faisant une synthèse, en unifiant. Cette capacité de synthèse se retrouve chez Paul Claudel (1992) qui, par exemple, a construit des petits poèmes dans le style des Aikus japonais résumant une pensée en quelques lignes. Parmi ceux ci, certains renvoient à la symbolique solaire. Le symbole de la rose, tout comme la rosace ou le rosaire sont d'origine solaire. L'abeille est un symbole solaire de par sa couleur et fut d'ailleurs utilisé comme emblème par le léonien Napoléon 1er. L'or est la couleur solaire ainsi que son métal alchimique.
 
Fenêtre au lever du soleil qui s'ouvre
dans le brouillard blanc
comme un paysage de braise et de feu.
Cette fleur jaune et blanche
comme un mélange de feu et de lumière.
Tu m'appelles la rose, dit la rose
mais si tu savais mon vrai nom je m'effeuillerais aussitôt.
Seule la rose est assez fragile
pour exprimer l'éternité.
Cette abeille qui se meurt d'amour
au centre de la rose, si tu la touchais
quelle piqûre!
Toute la nature sort de l 'or
et émerge de son bain d'éternité.
 
    La référence à l'archétype solaire se retrouve dans les titres de son oeuvre : Le partage de midi, Tête d'or, Abeille, Arche d'or dans la forêt, La marée de midi, Propositions sur la lumière, Fenêtre au lever du soleil, L'oiseau noir dans le soleil levant, La vierge à midi...
    La capacité de synthèse n'est pas le fait du hasard, elle est le résultat d'une élaboration mentale au niveau de la conscience. Cette construction mentale s'élabore chez l'enfant à partir de un an. Le Soleil est un centre attractif, créatif, créateur qui ordonne l'univers qui l'entoure en une unité. Il prône la régularité, source de beauté et d'ordre. A ce titre les Pythagoriciens, puis les Platoniciens qui prônèrent l'harmonie supérieure du monde étaient de purs Solaires, d'ailleurs ils se réclamaient d'Apollon qui est un dieu solaire par excellence. Ce souci d'harmonie et de régularité se retrouve chez Paul Claudel dans la construction de ses poèmes en versets.
    En tant que générateur de lumière qui met au jour la réalité, le Soleil est le symbole de la vérité. Le solaire s'attache à l'objet réel, son point de vue est purement objectif. Il s'insère dans les normes du réel. Il est soucieux de bienséance, du respect de la norme établie et de la morale, tel Paul Claudel dans son rôle de diplomate. Le type solaire est un bon acteur qui aime se donner en spectacle et être entouré d'une cour sur laquelle il règne. Il accorde beaucoup d'importance au paraître, à la vie publique. Généralement il choisit une profession qui lui permet de briller.
    C'est un passionné qui sait se donner un objectif et l'atteindre. Il a le sens du rite et de la mise en scène. Il a de l'assurance, de l'audace, de l'enthousiasme. Il prône le libre arbitre et il tente de s'autodéterminer par le biais de sa volonté, il cherche à canaliser son destin dans la voie désirée. Il prévoit l'avenir et l'organise. Le Soleil est la présence du feu divin dans l'être, c'est à dire du feu central qui n'a cessé d'habiter le mystique Paul Claudel. Cette dimension renvoie également à sa dominante Neptunienne.
 
- Dominante marsienne
    Mars, dieu de la guerre se fait remarquer par sa couleur rouge ; rouge comme le feu, rouge comme le sang. Il est pourvu de deux satellites. Phobos qui veut dire l'épouvante et Deimos, la terreur. Mars incarne le feu de l'homme qui s'incarne dans un monde plus ou moins hostile où il convient de se maintenir à tout prix et d'y survivre sous peine de mort. C'est le "struggle for life" des Anglais, c'est à dire la lutte pour la vie. Le Marsien est un être engagé dans la réalité. C'est du philosophe J.P. Sartre que vient la notion d'écrivain engagé. Sartre écrit : " Le scepticisme de Montaigne, qui le prendrait au sérieux puisque l'auteur des Essais a pris peur quand la peste ravageait Bordeaux ? Et l'humanisme de Rousseau, qui le prendrait au sérieux puisque Jean Jacques a mis ses enfants à l'asile ?"
    A travers ces deux phrases Sartre perçoit une dissociation entre ce que les hommes disent et ce qu'ils font. Pour Sartre, l'écrivain et plus généralement l'homme qui affirme une opinion, doit prouver par ses actes sa réalité intérieure. Mars n'admet pas la contradiction, il est d'une pièce. C'est dans son action que l'homme est jugé du point de vue de l'optique Marsienne. Emmanuel Mounier (1961), autre Marsien, a écrit : "la seule preuve d'un homme ce sont ses actes. La valeur de ses paroles, l'authenticité de ses pensées ne se révèlent irréfutablement que dans la confirmation qu'il leur apporte."
    Il rapporte cette confirmation en agissant en conséquence. Pour Mars, l'action prime l'intention et l'intention doit coïncider avec l'action. Le Marsien se caractérise par sa franchise puisque ce qu'il nous montre est en accord avec ses pensées et son état d'esprit. Le Marsien aime la confrontation avec le monde et les autres. C'est un explorateur et un lutteur qui est franc et dynamique, incisif et efficace. Cet être têtu a le sens des rapports de force. Les tâches difficiles ne le rebutent pas. Il est de ceux qui n'ont pas peur de se salir les mains. Il a besoin d'être un pionnier dans son domaine. De 12 à 22 mois, l'enfant entre dans la période de la contestation où il se pose en s'opposant. C'est l'âge de l'enfant terrible. Il désire faire les choses par lui-même. C'est le début de la période d'indépendance et d'affirmation de soi.
 
- Dominante jupitérienne
    Jupiter est la plus grosse planète de notre système solaire, il est pourvu de douze satellites et à bien des égards il rivalise avec le Soleil et si Zeus fut divinisé à l'Olympe par les grecs, c'est en tant que dieu matérialisé, incarné. Zeus a régné sur la matière et la vie courante des hommes. Mais c'est Apollon qui a régné sur les destins et les âmes des hommes. Jupiter est tourné vers le monde extérieur. L'espace est ce que l'on voit, le temps n'a pas de réalité mais l'espace donne l'illusion du présent. Dans la vie d'un homme l'espace n'a guère le temps de changer et il apparaît donc comme un modèle de permanence. L'espace a une apparence stable qui constitue le monde du visible. Pour le Jupitérien, c'est ce qui paraît qui est.
    Il est très doué pour se composer au besoin un personnage flatteur, qui donne une apparence extérieure avantageuse, c'est un très bon acteur. Louis XIV a mérité son titre de roi Soleil puisque celui-ci culminait au zénith au moment de sa naissance, mais il n'en demeure pas moins Jupitérien également. Il reste l'exemple d'un merveilleux acteur. Il a entièrement orchestré l'apparence de son règne et il a passé sa vie à donner une représentation perpétuelle de lui-même et cela avec le plus grand naturel grâce à Jupiter. Louis XIV allait, venait, mangeait en public sans en être incommodé. Il n'a pas de vie privée, il n'a rien caché de lui-même. Toute sa vie procède d'une véritable mise en scène.
    Versailles avec Louis XIV devient un véritable théâtre où l'on peut voir jouer le roi dans son propre rôle de la cérémonie du lever à celle du coucher. Même sur sa propre personne Louis XIV avait fait un grand travail en vue d'améliorer son apparence. Afin de paraître plus grand, il s'était juché sur des talons de 11 centimètres de haut, avait surmonté sa tête d'une perruque de 10 à 15 centimètres, ce qui lui donnait une taille apparente de 1 m 83 à 1 m 88 pour une taille réelle de 1 m 60 !
    Ces caractéristiques sont en correspondance avec la période où l'enfant se développe grâce au jeu qui lui permet en s'identifiant à toutes sortes de personnages d'apprendre les divers rôles existant dans la société. L'enfant est un comédien-né très adapté à la vie de groupe. Jupiter correspond au faste sans égal du siècle de Louis XIV. C'est la préséance, le protocole, l'exaltation des privilèges de la noblesse qui s'ébat dans le château et le parc de Versailles.
    Le Jupitérien n'aime pas la solitude, il n'est pas un penseur, par contre il est très à l'aise, entouré de ses nombreux satellites. Louis XIV gouvernait en parlant, entouré de ses ministres. Chaque jour il écoutait l'avis de chacun et décidait en dernier lieu. Il n'avait pas de bureau personnel, pas de cabinet personnel, pas même de table à écrire à l'exception de la table du conseil sur laquelle il signait les papiers qu'on lui présentait. Le Jupitérien est un concret qui a le sens des affaires, un extraverti qui aime s'exprimer en public. Grâce à ses qualités de coordinateur il dispose d'une bonne capacité d'adaptation. Il a le sens du groupe, des classifications, de la hiérarchie.
 
- Dominante saturnienne
    Saturne/Cronos met en face l'être humain devant le fait d'être séparé : d'un côté la naissance, de l'autre la mort. Il renvoie à la perte, la mort, la limite inéluctable représentée par le temps. Avec la force du temps, nos forces déclinent et nous sommes soumis à cette dégradation jusqu'à la mort. C'est l'aboutissement de la vie individuelle, qui marque la fin, la limite.
    Après avoir tué son père Ouranos en le castrant, Saturne Cronos épousa Rhéa qui lui donna six enfants, mais Cronos, craignant d'être détrôné par ses fils, les dévoraient a mesure qu'ils apparaissaient. De cette horrible articulation de la légende, le Saturnien Goya a fait un chef d'oeuvre. Malgré les précautions que prend Saturne Cronos d'avaler ses enfants à mesure qu'ils se présentent, il sera trahi par son épouse qui, lorsque Zeus vint au monde, présentera une pierre enveloppée de langes que le père avala sans regarder. Par cette ruse Rhéa causera la perte de son époux. En effet Zeus devenu adulte, chassera Cronos et le forcera à rendre tous les enfants qu'il avait englouti.
    En ingurgitant ses enfants, il immobilise le mouvement de leurs jours puisqu'il va les tenir en l'état où ils viennent de naître. Il glace la chaleur de la vie de ses enfants et de ce fait il immobilise tout processus d'évolution. Saturne Cronos est le dépositaire du temps, du passé. Au niveau du choix professionnel, le Saturnien se choisit des professions où l'immobilisation du temps passé jouera son rôle primordial : les antiquaires, les collectionneurs, les bibliothécaires, les archéologues, les historiens. Les scientifiques également sont marqués du sceau de Saturne, en faisant un arrêt sur le temps pour méditer sur le passé afin d'apporter quelque chose de nouveau dans le futur. L'homme doit avaler tous les enfants de la connaissance, puis les mûrir pendant un long moment, puis vient un transit Jupitérien (Zeus) de chance qui les lui fait rendre au monde extérieur enrichi d'expérience.
    A propos du Saturnien Bruegel, Van Mander (1981) a écrit : "Bruegel, au cours de ses voyages, fit un nombre considérable de vues d'après nature, au point que l 'on a pu dire de lui qu'en traversant les Alpes, il avait avalé les monts et les rocs pour les vomir, à son retour, sur des toiles et des panneaux. telle était sa fidélité à la nature, dans cette circonstance comme dans toutes les autres." Baudelaire qui présente une signature Saturnienne a écrit L'horloge :
 
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : "Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,
Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens- toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !)
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard !"
 
    Le cycle de Saturne est de 29 ans 5 mois. Parmi ses sous-cycles on retiendra les périodes de 3 ans et demi, ainsi que la période faisant suite à celle de Jupiter, de 12 à 29 ans, dont le demi-cycle à 15 ans. De 3 ans à 6 ans, se situe la période Oedipienne, période Jupitérienne où l'enfant doit se repérer dans son système de parenté et doit articuler son rapport avec son père et sa mère. Néanmoins la castration symbolique née de l'interposition du père entre la mère et l'enfant est liée à Saturne. C'est le rôle du père de poser la limite qui va permettre à l'enfant de se structurer en le sortant du phantasme de la toute puissance. Le père a pour fonction de mettre de l'ordre, de mettre chacun à sa place juste, ce qui ne peut se faire que si la mère le veut bien car c'est elle qui introduit l'enfant au père. Cela suppose qu'elle accepte de lâcher une partie de son pouvoir et qu'elle accepte de partager son enfant.
    Entre 12 et 15 ans, c'est la période de la puberté. La pensée abstraite conçue par Piaget est reliée au cycle de Saturne. Cette possibilité d'abstraction va permettre davantage d'autonomie. L'enfant va pouvoir faire abstraction de sa famille pour vivre des choses, faire des expériences par lui-même. C'est l'âge où il commence à agir par et pour lui-même. Période très idéaliste où cette capacité d'abstraction interagit peu avec la réalité. Cela tourne un peu à vide, mais c'est nécessaire : on s'entraîne à penser.
    Le type Saturnien est réservé, froid, secret, réfléchi, lent. Il a un esprit de recherche, un esprit analytique. C'est un indépendant, épris de perfection. Bon conseiller, bonne éminence grise, il a l'esprit critique. Il tire les leçons du passé, puis va ordonner, planifier. Il a la capacité de dire non. C'est un insatisfait qui trouvera dans la recherche scientifique l'occasion d'aller toujours plus loin. Il sera plus un critique qu'un innovateur.
 
- Dominante uranienne
    La découverte d'Uranus le 13 mars 1781 par W. Herschel provoqua un scandale. N'était-il pas en effet scandaleux qu'un homme puisse se permettre d'agrandir ainsi sans scrupule la famille du soleil ? Des raisons de convenance s'y opposaient. Herschel comprit à ses dépens combien il peut en coûter à vouloir se rendre utile à l'humanité.
    En astronomie, Uranus et ses satellites tournent dans le sens rétrograde, Uranus est en quelque sorte un monde renversé. En mythologie Uranus est associé à Prométhée qui a dérobé le feu aux dieux pour le porter aux hommes. L'astrologue fait le parallèle entre la nature insolite d'Uranus, corps physique dans le ciel et la nature insolite de l'homme. De ce fait, intégrer à la conscience la spécificité Uranienne demande d'aller à développer son génie créateur, à trouver sa vocation. La caractéristique de cette vocation est qu'elle est par essence subversive car l'individu y vit sa liberté. La personne est reconnue comme étant unique et remettant profondément en cause, par sa manière d'être (et non pas son comportement), les croyances et les statuts sociaux de son environnement. Cela suppose, en raison de son choix, qu'elle ait rompu avec ce vers quoi elle était programmée. La personne ne peut pas se reposer, imiter les autres. Elle doit faire son chemin propre.
    Le cycle d'Uranus étant de 84 ans, les sous cycles sont 21 et 42 ans. Selon Piaget, le concept fondamental en psychologie, est la recherche de l'équilibre entre soi et l'extérieur. Cet équilibre subit sans arrêt des transformations. Chaque fois que va s'éveiller une nouvelle fonction (sensori-moteur, pensée concrète, pensée abstraite), l'équilibre se trouve perturbé, car l'individu va uniquement vivre en fonction de ces facultés nouvellement découvertes, et va mettre de côté les autres. Pendant la phase d'assimilation, il se produit une sorte de fixation sur cette nouvelle découverte. Pendant la phase d'accommodation, cette nouvelle tendance sera utilisée à bon escient On alternera les diverses tendances, on fera jouer tantôt le côté sensoriel, tantôt le côté moteur, le côté concret, le côté abstrait...
    Plus on avance dans la vie et plus on acquiert de nouvelles tendances jusqu'à 42 ans. La période de 21 à 42 ans se caractérise par une recherche d'affirmation de soi, de projection de son individualité dans le monde extérieur. Après 42 ans, sécurisé par sa situation, son expérience de la vie, l'individu mettra toute sa créativité au service des autres. Il aura moins besoin de prouver sa valeur, il pourra faire profiter les autres de ses richesses, ses capacités.
    L'Uranien s'identifie à des modèles, des héros, dans la phase d'assimilation. On se construit toujours par rapport à quelqu'un. Chaque fois que quelqu'un nous déçoit, c'est parce qu'on s'est identifié à lui. L'Uranien est très sélectif, il admire très peu de personnes. Vers l'âge de 42 ans, il se produit une crise vis à vis du modèle. Cette période peut être dépressive car elle oblige à créer par soi-même. Tout modèle est alors rejeté, on fait le choix d'être soi-même. A cette période, l'inconscient parle très fort et si on ne l'a pas laissé parler dans le passé et qu'on refuse de l'entendre, cela peut se traduire par des accidents ou des maladies.
    Le type Uranien est indépendant, volontaire, pleinement lui-même. L'effort ne lui coûte guère, la volonté est pour lui naturelle. Il réussit sur le plan professionnel à condition de se spécialiser. Cet original dispose d'une grande capacité de concentration et aime diriger et réaliser. Cet innovateur, qui a généralement de l'intuition, est un anti-conformiste, un contestataire. L'Uranien André Gide (1993) a écrit : "Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis. Sans eux c'en serait fait de notre civilisation, de notre culture, de ce que nous aimions et qui donnait à notre présence sur terre une justification secrète. Ils sont, ces insoumis, le sel de la terre et les responsables de Dieu."
 
- Dominante neptunienne
    Neptune fut découvert par les calculs d'Urbain Le Verrier le 23 septembre 1846. Dans le même temps l'astronome Adams fit de son côté des travaux identiques l'amenant aux mêmes résultats qui furent publiés après ceux de Le Verrier. La découverte de Neptune est en quelque sorte issue d'un phénomène collectif. L'idée intuitive de la présence de cette planète dans le ciel était "dans l'air" au court de cette période. On raconte que Le Verrier fit un rêve où il vit le dieu Neptune, le menaçant de son trident, lui ordonnant de donner son nom à la nouvelle planète. Neptune, dieu de la mer, fut domicilié tout naturellement dans le signe des Poissons. S'agit-il d'un hasard ou d'un ordonnancement des hasards si Le Verrier, né le 11 mars 1811 est lui-même natif des Poissons et que Adams, né le 5 juin 1819 en Cornouaille à 1 heure du matin est doté d'un Ascendant aux Poissons et d'un Neptune dominant au zénith ?
    Neptune demande à quitter les classifications pour aller à aborder l'universalité, l'identité de chaque chose. Il dissout l'individu, fait disparaître les limites. Nous sommes tous des humains, et en regard à cela, nos différences ne sont que des vues de l'esprit. Vu de l'extérieur, les vagues de la mer existent, mais en plongée sous-marine, les vagues ne sont que de vagues agitations superficielles de la masse aquatique ! Neptune met en contact avec l'ensemble de ce qui existe dans l'univers. Son intégration amène à la perception que ce monde est un rêve parmi d'autres rêves. Le temps que nous connaissons disparaît et nous réalisons que ce monde n'a pas plus de réalité qu'un rêve, ni plus ni moins.
    Le Neptunien, en raison de la longueur du cycle, est attiré par la religion, il a le sens de la solidarité humaine. Sa perception est unitaire et inclusive. Il se caractérise par ses qualités de voyance, intuition, médiumnité, inspiration. Il adhère à un courant social, il est en communion avec une force collective. Au négatif, il se perd dans l'irrationnel, la confusion, les délires hallucinatoires, les états schizoïdes, le dogmatisme religieux.
    Thomas Merton (1961) se convertit au catholicisme et rentre au couvent en 1938 ; il écrit : "En novembre 1938 je reçus le don de sainteté." A ce moment précis, Neptune se présentait sur la pointe du Descendant, ce qui veut dire que le trajet sous terre de Neptune était fini et qu'il apparut à la lumière du visible. Tout ce qu'il a apporté comme expérience par son trajet précédent va être porté maintenant aux autres hommes. Dans une de ses oeuvres, qui porte un titre typiquement Neptunien, Nul n'est une île, il écrit : "Mais puisque nul n'est une île, puisque nous dépendons tous les uns des autres, je ne peux accomplir la volonté de Dieu dans ma vie si je n'aide volontairement les autres à l'accomplir dans la leur." Thomas Merton meurt le 11 décembre 1968. Neptune ferme le grand trigone à sa position natale et avec la pointe de l'Ascendant. Sa mission Neptunienne est accomplie.
 
- Dominante plutonienne
    Pluton est situé à environ six milliards de kilomètres de la Terre ; tête d'épingle vue à cinq cents mètres, il est évident que la planète livre peu son secret. La position marginale de Pluton lui donne un redoutable pouvoir de lucidité, car il n'est identifié à aucun rôle particulier. Cette grande lucidité se retrouve chez un philosophe comme Sartre, fortement marqué par l'empreinte Plutonienne. Étant la planète la plus lointaine de notre système solaire, elle est en contact avec la partie la plus archaïque de l'être humain Cette part archaïque est la présence de l'information (informe, informée, informelle). Ce qui est contenu dans le code génétique est invisible. C'est une langue qu'on ne voit pas, mais dont on a les résultats, qui sont donnés par l'intermédiaire des messagers, l'A.R.N. qui transmet l'information contenue dans l'A.D.N.
    Pluton est en contact avec l'archaïsme collectif, avec ce qui est à la racine de l'univers. Ce contact avec la racine va être opéré par le biais de l'information. Pluton non assumé, régresse du signifié au signifiant, du verbe au "verbiage", de l'hyperlucidité à l'hypermentalisation déconnectée du savoir (saveur) archaïque. Il renvoie à l'ambiguïté de Mercure, qui est à la fois le messager des Dieux et le patron des voleurs : double facette, dualité. Cette double facette se retrouve dans l'oeuvre de Céline, marqué à la fois par Mercure des Gémeaux et par Pluton. Mort à crédit est un titre à la fois Plutonien (mort) et Mercurien (à crédit). De même : Voyage (Mercure) au bout de la nuit (Pluton) et Bagatelle (Mercure) pour un massacre (Pluton).
    Le Plutonien se trouve confrontré d'une manière ou d'une autre à la chute dans l'obscurité des mondes souterrains de Hadès. Baudelaire (1993) connaissait bien le démon : "...un Être mystérieux que j'avais toujours désiré connaître, et que je reconnu tout de suite, quoique je ne l'eusse jamais vu." La "possession" de Baudelaire par le diable apparaît dans les poèmes tels que Le reniement de saint Pierre, Abel et Caïn, Les litanies de Satan, ou bien encore dans cette phrase : "La plus grande ruse du Diable est de nous faire croire qu'il n'existe pas." Ruse du Diable ou de Baudelaire cherchant à offenser la bourgeoisie ?
    Pluton remet en cause la perception du monde. Il met en face la personne devant tout ce qu'elle avait juré de ne pas voir. C'est la remise en cause de l'absolu, la perte des croyances. Pluton renvoie à une panique de ne rien pouvoir comprendre, ouvre sur la porte de l'inconnaissable, de l'au-delà du langage, de l'intelligence sans mot. Pour le Plutonien, il n'y a pas de Vérité absolue : "la vérité n'est pas un objet, c'est un mouvement, et elle n'existe que si ce mouvement est effectivement fait par moi." J.F. Lyotard (1992).
    En raison de sa position excentrée dans le système solaire, il est souterrain, secret, exigeant, critique, chercheur. Il s'intéresse à la philosophie comme la philosophie de l'absurde d'A. Camus, à la métaphysique. Il est en marge de la société. Il est obsédé par l'idée de la mort : "Dans ce monde dévasté où le néant paraît la seule vérité, il n'y a qu'un problème vraiment sérieux, c'est le suicide." (in Le mythe de Sisyphe). Avec Pluton, la mort est très souvent reliée à l'amour, la sexualité et débouche sur le néant ou sur dieu. Le thème de l'amour et de la mort revient constamment dans l'oeuvre de Baudelaire.
    Pluton est la partie la plus archaïque de l'être. Il est fort bien décrit par V. Marc (1988) lorsqu'elle décrit le monde autistique : "Une sorte d'essence de l'archaïque qui se situe au murmure de la communication." Ce "silence qui parle" est illustré par l'exemple qu'en donne V. Marc : "Il m'a été donné de rencontrer en Inde, dans les Himalayas et en Afghanistan des êtres avec lesquels l'échange était absolument silencieux ; et pourtant je trouvais toujours en les quittant la réponse que j'attendais à des questions que je n'avais pas formulées. Il s'agissait d'une communication bien plus réelle que toutes les formes verbales explicatives ou interprétatives qui auraient pu m'être données."
    V. Marc cite cet exemple pour montrer qu'il existe un lien étroit entre l'autisme et le mysticisme, même si par ailleurs ces deux états sont très différents : "l'expression fugitive d'extase que je vois parfois dans le regard de ces enfants est la même que celle que j'ai vu dans les yeux de la grande mystique Ma Ananda Moyi auprès de laquelle j'ai eu le bonheur de séjourner à plusieurs reprises à Bénarès..." Le Plutonien est concerné par ce monde autistique, où ne s'aventure généralement que les poètes, les mystiques et quelques psychothérapeutes.

1ère partie (début)

2ème partie (fin)



Référence de la page :
Hubert Brun: Astrologie et Ethnométhodologie 2/3
http://cura.free.fr/quinq/04brun2.html
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