CRITIQUE FONDAMENTALE DE L'ASTROLOGIE DE MORIN
© 2014 ASTROEMAIL polémique Gassendi Morin sur l'astrologia gallica
parue 12 ans avant l'édition de l'Astrologia Gallica
Une analyse restée sans effets...
par claude thebault, éditeur d'Astroemail
La principale critique argumentée,
de l’œuvre maîtresse de Morin, paraissait en 1649, 12 ans avant sa
publication. 1649 année où la rédaction des 26 chapitres, ou livres,
était déjà terminée ainsi que Morin l’écrivit lui même. L’appréciation
portée sur son travail est celle d’un connaisseur de l’astrologie, le
mathématicien Gassendi. Il avait en effet, formulé en 1638, à Salon de
Provence, une série d’observations pertinentes à propos des prédictions
écrites de Nostradamus, sur l’horoscope d’Antoine Suffren, dont toutes
les circonstances de la vie contredisaient les pronostics rédigés.
« Or en premier lieu, je n’ai
point du tout parlé, que je sache, de votre Astrologia Gallica, mais
seulement de l’astrologie en général.(…) Cependant est digne de blâme
celui qui condamne une chose qu’il n’a point vue, ou qu’il ne connait
point.
Vous prenez finement l’occasion
de dire que votre Astrologica Gallica n’est point jusque ici mise en
lumière, et que jusqu’à présent je ne l’ai point vue. Pour avoir
prétexte de me blâmer devant tous les sages, de ce que je nie, me moque
et tiens pour des bourdes et des chimères, une chose que je n’ai point
vue.
S’il est de bonne foi, ou non,
de compliquer ainsi les matières du fait, et du droit, pour en tirer
ces conséquences, je m’en rapporte. Mais quand j’aurais spécialement
parlé de votre Astrologia Gallica, ce que je n’ai point fait, si ce
n’est que vous vouliez dire qu’elle est comprise sous l’Astrologie en
général, dont en général je me moque. Je crois avoir assez de raisons
pour présumer qu’elle se trouvera aussi bien digne de moquerie que la
Chaldaïque ou Babylonienne, que l’Egyptienne que la Grecque, que
l’Arabique, que l’Italique, et toutes ces autres, lesquelles vous
décriez vous-même, pour accréditer la seule Gallique votre chère
engeance.
Ma présomption est fondée non
seulement sur la connaissance générale que je puis avoir de ces choses.
Mais encore sur de particuliers échantillons, que vous avez laissé voir
de cette incomparable science. En second lieu, sur ce que pour faire
mieux voir le tort que j’ai de la blâmer, vous me reprochez hautement
que je n’ai jamais dressé ni jugé aucune figure céleste. Avouez que vous
usez envers moi d’une hardiesse bien présomptueuse. Qui mériterait
d’être repoussé par un célèbre démenti, si je pouvais obtenir de moi de
faire le fanfaron comme vous. Mais me contentant de vous dire que cela
est faux, je demande en même temps très humblement pardon à Dieu, de
n’avoir autrefois employé que trop de temps après ces bagatelles. Il est
vrai qu’il m’en demeure au moins cette satisfaction que j’en ai pour
une bonne fois reconnu la vanité. Et que j’ai pris de là occasion
d’appliquer mon esprit, et de donner mon temps à de plus solides, plus
sérieuses, et meilleures choses. Et non seulement cela mais encore d’en
avoir conçu un tel mépris, que j’ai toujours depuis eu en horreur de
passer dans le Monde pour un diseur de bonne aventure, et eu pitié de
moi-même, de ce qu’en ma jeunesse j’avais été si sot, et si faible que
d’y avoir ajouté quelque fois. ….
« la maladie de poitrine qui me
prit l’année dernière, et qui continue encore à me travailler, vous
avez bonne grâce de m’en parler, maintenant que la chose est arrivée
comme si vous n’aviez pas plutôt du me le prédire auparavant, si vous
vouliez que je prisse cela pour une preuve de la perfection de votre
science devineresse. Je ne sais certes, comment après vous avoir si
souvent interpellé de me déclarer par avance quelque événement qui fut
capable, sinon de me convaincre. À tout le moins de me rendre
vraisemblable la certitude dont vous avez accoutumé d’assurer que vos
prédictions sont accompagnées. Vous continuez de m’alléguer des
événements ex post facto.
Lesquels vous savez bien que je
ne prends point pour argent comptant, comme font ceux que vous
embabouinez de votre artificieux caquet. Etant fort bien instruit de
cette infinie et compliquée variété de maximes, qui fait que, quoi que
ce soit qu’il arrive, l’on peut soutenir qu’il devait arriver, sinon par
cette voie-ci, du moins par celle-là. Et ce qui est de considérable,
que posent deux événements contraires, l’on trouvera parmi ce tripotage,
que l’un et l’autre étaient prédits. L’importance serait, d’annoncer
déterminément un événement qui fut à venir, et dont la cause ne fut
point apparente. Tels qu’étaient il y a 6 ans ma vocation et mon
acceptation pour ladite Chaire, ou la maladie contractée ensuite. Mais
il ne vous a jamais été possible, ou si une fois, ou deux vous l’avez
entrepris, il vous a très mal réussi. »
- Les astrologies, gallique ou étrangères, se
ressemblent toutes les unes les autres. Aucune ne surpasse l’autre. La
nationalité est sans incidence, dès lors que cela s'appelle astrologie.
Peu importe l'habillage il s'agit de la même chose, car les fondements
sont communs. Notamment en ce qui concerne la Française, au regard de
ses applications pratiques, et de l’usage qu’en a fait son concepteur JB
Morin. Un constat de fait.
Un second élément fonde
l’affirmation de Gassendi, selon laquelle toutes les astrologies ne
valent rien. Elles postulent TOUTES que la terre est immobile au centre
du système solaire. Gassendi avait la preuve du contraire, que c’était
le Soleil, à raison de ses nombreuses observations astronomiques,
notamment depuis ses découvertes des lunes de Jupiter. Il prônait
l’héliocentrisme par démonstrations de fait. En conséquence, il récusait
par méthode, les corrélations symboliques basées sur une mécanique
géocentrique. Morin, «géocentriste»
convaincu mais sans preuves, éluda l’argument, incapable de comprendre
sa portée. Gassendi formulait un concept d'opposition fondamentale de
nature purement mécanique.
- Le critique, Gassendi, s’estime
qualifié, connaissant l’astrologie par une pratique passée à partir
laquelle il a formé son opinion sur les limites de cette discipline.
- Morin pratique l’astrologie en
mode rétrospectif, après les événements. Reconstituant le passé après
coup. Il est passé maître dans la technique consistant à faire coller le
passé avec une histoire convaincante. Recours à la discipline
narrative. Usage systématique du biais de confirmation et de la
déformation rétrospective. Il entortille habilement ses interlocuteurs
dans l’illusion de la prédiction à postériori. Incapable de travailler
en mode prospectif. Ainsi que d’utiliser une discipline expérimentale.
Ses rares essais se soldent par des échecs. Sa méthode d’astrologie
gallique s’avère inapplicable en mode prolepse, car elle ne permet
aucune prévision avant l’événement. En écartant les événements
susceptibles d’être déduit à l’avance par la simple observation des
modes de vie par exemple.
Ce à quoi Morin répondit ceci :
« Finalement, pour mon
ASTROLOGIE que j’ai nommée Gallique pour honorer ma patrie, vous me
faites pitié de la vouloir attaquer. Car étant si ignorant comme vous
êtes, puisqu’elle n’est pas encore en lumière, & ignorant de
l’astrologie en général, puisque vous la bafouez : qu’en pouvez vous
dire que des sottises ? Aussi ne l’attaquez-vous pas par aucune raison,
ni en votre grande lettre, ni en votre apologie, de peur de découvrir
votre ignorance : mais seulement lui faisant la moue, & disant, que
vous vous en moquez, & la tenez pour des bourdes, si elle est
comprise sous l’Astrologie en général, Etant aussi bien digne de
moquerie que la Chaldaïque, ou Babylonienne, ou Egyptienne, ou Grecque,
ou Arabique, ou Italique. Lesquelles vous semblez estimer différentes.
Et faites tout de même que si
quelqu’un se moquait de l’Astronomie de Tycho Brahé, par ce que c’est la
même que celle de Copernic, d’Alphonse, & de Ptolémée, où il se
trouvent de notables erreurs, ou bien croyait toutes ces Astronomies
être sciences d’espèces différentes. Mais quand ce ne serait que pour le
respect de Ptolémée qui a donné les deux sciences d’Astronomie et
d’Astrologie, et qui a été si grand personnage, si honoré en son temps,
& depuis ce vieux temps ; vous devriez parler de l’Astrologie plus
modestement, et ne le point tenir pour un sot, de s’être amusé à des
bourdes."
- Vous ignorez de quoi vous
parlez et ne dites que des sottises. Morin ridiculise la critique, la
prenant de haut comme un affront personnel, au lieu de répondre au débat
d'idée.
- Ce que vous dites de
l’astrologie s’applique aussi à l’astronomie. Respectez les maîtres au
lieu de dénigrer, vous qui n’êtes rien. Autrement dit une attitude
aristotélicienne sur le mode « le maître a toujours raison » ou la
formule aristoteles dixit. Ce
qui prouve que Morin était intellectuellement limité, ayant atteint son
niveau d'incompétence après sa nomination au Collège de France.
Morin laissa sans réponse la
principale critique formulée contre sa méthode, celle de son impuissance
prédictive. Il ne tint aucun compte de l’avis de Gassendi. Le dernier
chapitre de son Traité intitulé « des interrogations et des élections
astrologiques »comporte en exemple illustratif, en mode analepse, le cas
du ministre Chavigny qu’il conseilla à titre de démonstration. Un
plaidoyer sur le mode du passé. Nulle part, dans aucun de ses chapitres,
l’Astrologia Gallica ne comporte d’anticipation du futur. Ni de
prévisions relatives au régne personnel de Louis XIV qui débutait alors.
Ce qui explique,
vraisemblablement, que la publication de son œuvre maîtresse
s’accompagna de l’épisode mystificateur de sa fausse date de naissance[1].
L’éditeur, son exécuteur testamentaire, s’employa à faire coller la vie
de Morin en mode de vérité officielle, arrangée, typique des
Biographies des dictateurs du Xxe siècle, avec une fausse date de
naissance, afin d’égrener des contrevérités, et des mensonges présumés,
prédits par l’astrologie.
Quand de prétendus astrologues au
XXe siècle, Jean Hieroz, et Henri Selva, tombent dans le panneau de la
mystification Morin, se laissant grossièrement abuser. Cela prouve,
autant leurs complaisances, par le survol rapide de sa théorie, que
leurs absences de recul, leurs limites intellectuelles, et leurs
carences critiques.
Idem du professeur d’Histoire,
Hervé Drévillon, auteur de Lire et écrire l’Astrologie dans la France du
Grand Siècle 1610-1715, s’apitoyant sur le pauvre Morin, décrit comme «
le plus malheureux des hommes ».
Egrenant les malheurs annoncés par sa date de naissance comme des
réalités avérées, négligeant de vérifier préalablement l’authenticité de
la pièce.
Tirant ensuite des larmes, à faire
pleurer les crocodiles, sur le fait que Morin fut dans l’impossibilité
matérielle, sous entendu financier, de publier son Astrologie Gauloise.
Que n’a-t-il consulté les pièces de son testament, l’argent y était.
Morin est mort riche. Les bornes du déplorable sont franchies avec le
travail bâclé du professeur Drévillon, jusqu’au pitoyable. Contrairement
à l'affirmation de Drévillon, l’histoire de Morin ne ressemble
nullement à celle d’une « déchéance ». Morin vivait à Paris, en qualité
de locataire de son logement, au fond de l’actuelle rue Rollin, 5e
arrondissement de Paris, à l’angle de la rue du Cardinal Lemoine.
Après la vie falsifiée de Morin,
en mode de vérité officielle, la Faculté nous sert l’histoire de Morin
en mode révisionniste. Après tout ce n’est qu’une continuité…
[1]
Astroemail 130 dans « Vie de Morin sans les Astres » apporta la preuve
du registre des baptêmes selon laquelle Morin est né à une autre date
que celle du 23 février 1583 qui est fausse. L’Astrologia Gallica a été
réécrite post mortem afin de faire coïncider des événements fictifs de
la vie de Morin avec cette date mystifiée de 1583. Autrement dit le déterminisme fabriqué de toutes pièces
Pour en savoir plus sur le Dossier Morin Astroemail 131
cf article Morin sur wikipedia
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