Etudes de sociologie du milieu astrologique français
rassemblées
par Jacques Halbronn
Nous avons réuni trois études dont la première inédite, deux de notre plume et une due à Yves Lenoble.(2003). On complétera par Le livre blanc de l'Astrologie, paru sur CD à l'occasion du Salon de l'Astrogue de mars 2006) et que l'on trouvera en ligne.
I Radioscopie du leadership astrologique francophone 1970-2010
par Jacques Halbronn
L'exercice que nous allons pratiquer ici est assez délicat et s'inscrit dans la ligne d'une longue série de travaux de sociologie du milieu astrologique que nous avons initié en 1978 avec la parution d'un volume d'une trilogie dans la revue Grande Conjonction (Ed la Grande Conjonction) suivie de la parution du collectif Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau (Ed Albatros) ainsi que dans quelques études parues en français dans la revue Astrolabe^(dir Patrice Louaisel) et en anglais dans la revue Kosmos (dir. Julienne Mullette Sturm) puis dans le "Bottin Astrologique" en 1981. Nous ne récpitulerons pas ici notre bibliographie à ce sujet, nous contentant de signaler la soutenance en 1995 d'un mémoire de DESS intitulé "Le milieu astrologique, ses structures et ses membres" (Paris VIII) dans le domaine de l'ethno-méthodologie. Et c'est bien en ethnologue que nous nous situerons ici, à la fois en la double qualité de membre et d'observateur d'une communauté, s'inscrivant dans une longue Histoire.
Exercice délicat dans la mesure où l'on pourra nous reprocher d'être juge et partie mais comme personne ne semble disposé ou/et en mesure de mener à bien une telle entreprise, il nous faut bien nous résigner à prendre ce risque, que nous limiterons quelque peu en nous tenant à des "faits" assez aisés à recouper pour celui ou celle qui en prendrait la peine, ce qui exigerait au vrai un travail de documentation assez ardu, même s'il est facilité par l'examen des revues spécialisées et par ce qui est accessible désormais sur les réseaux sociaux
Travailler sur un corpus d'une quarantaine d'années (1970-2010), c'est tout de même prendre un certain recul surtout si l'on s'attache aux personnalités ayant traversé ces décennies successives plutôt qu'à quelques étoiles filantes qui seraient autant de feux de paille. Quant à ce qui a pu se passer de nouveau, au regard du leadership, depuis 2010, il nous semble bien difficile de distinguer ce qui fera ou non long feu., Nous renvoyons en complément à un récent article que nous avons consacré aux Congrès d'astrologie de 1997 à 2017.
Nous avons sélectionné douze noms de personalités ayant assez fortement et durablement marqué de leur empreinte, à divers titres, le milieu astrologique. En effet, le leadership astrologique se joue sur plusieurs tableaux: celui de la responsabilité d'associations loi 1901, de l'organisation d'événements, de la direction de revues ou de médias (y compris virtuels Minitel, You tube etc) mais aussi l'enseignement et la publication d'ouvrages pratiques, théoriques, historiques etc
Nous n'avons pas retenu de noms de femmes -même si nous sommes au courant -et souvent parce que directement impliqués-de leurs actions - on pense à Colette Cholet, à Denise Daprey, à Daniéle Rousseau, à Solange de Mailly Nesle, à Iréne Andrieu et quelques autres comme Martine Garetier ou Josette Bétaiolle., En effet, il nous a semblé qu'elles avaient toutes du mal à rebondir, à transformer l'essai (comme on dit au rugby) au delà d'une action souvent assez remarquable mais de durée relativement bréve à l'aune d'une quarantaine d'années. En outre des carrières ayant débuté relativement tardivement au prisme de cette période, ne peuvent qu'avoir eu qu'un impact limité, en profitant d'une dynamique déjà engagée précédemment.
Si l'on se situe au début de la période que nous avons délimité - et l'on pourra évidemment discuter de la pertinence d'un tel découpage temporel - nous observons un creux générationnel avec d'une part des personnalités nées avant 1930, comme Brahy (Belgique), Alexandre Volguine, André Barbault et Jean-Pierre Nicola et de l'autre des "jeune" nés au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. et entrés en astrologie dans les années 60-70 et au delà. avec notamment pour les plus précoces dans la prise de responsabilité communaitare/associative, Patrice Louaisel, Yves Lenoble et Jacques Halbronn. D' autres personnalités- également nées entre 1947 et 1949- si elles débutèrent dans leur intérêt pour l'astrologie plus ou moins à la même époque, ne percèrent en tant que leaders que dans les années 80 -90 comme Maurice Charvet (né en 1947), Alain de Chivré (né en 1946)., Robert Jourda. On notera d'entrée de jeu qu'un tel profil ne correspond plus du tout à celui qui peut s'observer de nos jours en termes d'âge et de sexe, cinquante ans plus tard.
Nous apprécierons donc les personnalités sélectionnées au regard de leur capacité à traverser les décennies et à embrasser des domaines assez variés, soit un critère à la fois temporel et spatial. Nous aborderons in fine le cas d'une dernière génération de leaders , celle d'un Patrice Guinard (né en 1957), d'un Roger Héquet (né en 1955), d'un Frank Nguyen (né en 1966) qui furent somme toute moins précoces que leurs ainés quand il s'agit de sortir du rang. Mais cette différence d'une dizaine d'années correspond aussi, grosso modo, à une différence du même ordre quant à l'époque où ces derniers entrèrent avec le milieu astrologique. Les leaders nés au mliieu des années 40 avaient une vingtaine d'années en mai 68 alors qe ceux qui naquirent dix ans plus tard n'avaient qu'une dizaine d'années. Halbronn et Louasel semblent bien avoir bénéficié d'un certain jeunisme post 68 qui permettait d'acceder à une position dirigeante. Mais l'on notera aussi qu'ils étaient tous deux passés par l'Université tout comme Lenible et Chivré d'ailleurs. Mais ce derniers, plus provinciaux,) ne semblent pas avoir eu au même âge la même maturité "morale", même si Lenoble avait fondé sa propre association (ARRC)comme les deux autres dans les années 70.GERAS et MAU respectivement) mais sans connaitre un impact équivalent du moins au départ. Sur le plan de la pensée astrologique, Lenoble avait été "formaté" par l'école dite conditionnaliste de Jean-Pierre Nicola (CEFA, COMAC). alors que Louaiseil et Halbronn accueillaient les courants les plus divers au sein de leurs groupes respectifs et se mirent assez vite à organiser des congrès, un mot clé de la vie astrologique à partir 1974., Louaisel émigrant de Puteaux, en banlieue parisienne (92) vers la province et notamment dans la région Rhône Alpes .. Tous deux avaient fait leurs classes de dirigeants associatifs au sein du CIA (l'association dominante où André Barbault avait joué un rôle central) au sein du bureau duquel ils étaient entrés, Louaisel d'abord puis Halbronn (élu en 73 Vice président ) dans les années 72-74 avant d'en partir. pour créer leur propre structure..
Il faut donc s'imaginer ce qu'a pu être le choc entre ces nouveaux venus tous frais émoulus de l'université face un André Barbault, né en 1921, autodidacte sans diplôme autre qu'un certificat d'études primaires et qui en 1974, avait une bonne cinquantaine. Un quart de siècle séparait Barbault de Louaisel et de Halbronn. Ce dernier avait au moins trois atouts à jouer:
1 il était polyglotte et pouvait communiquer avec les astrologues espagnols, italiens, allemands/autrichiens et anglais/américains
2 il était historien et put dès 1974 faire paraitre des rééditions d'ouvrages astrologiques anciens dans la collection dirigée par René Alleau, la Bibliotheca Hermetica. Ce même René Alleau dont l'article Astrologie pour l'Encyclopaedia Universalis allait par la suite laisser la place à un nouveau texte du à Halbronn. Il réalisa une exposition à la BNF sur le thème Astrologie et prophétie /
3 Il était sociologue et était en mesure de décrire la vie astrologique sans exclusive et de façon assez exhaustive. D'où la parution de plusieurs guides des astrologues (1984, 1995 et 1997, ce dernier non signalé par Lenoble dans sa bibliographie!) qui font autorité dans le milieu astrologique.
4 Il était organisateur et était capable de tenir plusieurs congrès par an dans un grand nombre de villes, A cela il a un rare talent d'animateur de tables rondes entre astrologues, en sachant dégager les points méritant débat. Si les colloques sont axés sur la recherche, l'école d'astrologie qui se fonde dès 1975 au sein du MAU, la FLAP, permettra de former un grand nombre d'enseignants en astrologie. Il réunit notamment (dans les années 78-80) des responsables de plusieurs associations étrangères en vue de mettre en place une dynamique fédérale et en ce sens il sera le précurseurs de structures comme la FAES (Fédération des astrologues de l'Europe du Sud) . En 81, il organise un Congrès d'une semaine en plein centre de Londres.
5 .Il put également dès 79 avoir un local, rue de la Providence permettant d'y donner des cours et d'y installer une bibliothèque
6 Il avait une approche critique de l'astrologie, bien plus affirmée que chez Lenoble et Louaisel Ce qui aurait pu le discréditer aux yeux du milieu astrologique lui évitait d'être marqué par telle ou telle "école". Et c'est ainsi que Seghers signa avec lui en 1975 un contrat pour des 'Clefs pour l'Astrologie", collection 'Clefs pour" des plus prestigieuses, Barbault se trouvant remercié qui avait le premier pris contact..
7 Halbronn est procédurier. En 76, il poursuivra André Barbault et la revue L'Astrologue pour diffamation par voie de presse, du fait d'un article de Barbault concernant Clefs pour l'Astrologie. En 1978, en appel, Halbronn obtint gain de cause.
8t Halbronn est contacté en 76 par Volguine pour prendre la direction des Cahiers Astrologiques. A partir de 79, il conclue des accords avec les éditions Guy Trédaniel ce qui donnera un processus de co-éditon avec la structure "Grande Conjonction". Par la suite, il créera une structure Astromatic, au sein du MAU, qui sera chargée de la préparation à l'impressiion d'un grand nombre d'ouvrages des édiions Trédaniel.-Courrier du Livre. Une synergie qui durera un quat de siècle, jusqu'en 2005.
Parmi ses succés, Halbronn éditera les ouvrages sur les heures dans le monde de Gabriel (alias Dronsart) et de Françoise Schneider Gauquelin ainsi que le Répertoire chronologique nostradamique de Robert Benazra.. Notons que ni Lenoble, ni Charvet, ni de Chivré ne publieront d'ouvrages chez des éditeurs extérieurs au milieu astrologique.
En 1999, il se rapprochera du CURA de Patrice Guinard en y mettant en ligne son Catalogue des Textes Astrologiques Français (CATAF) et en organisant en décembre 2000, le dernier congrès astrologique du XXe siècle.
En fait, halbronn a le don des synergies, notamment en balisant la France de congrès tenus avec des responsables locaux indépendants.
9 Halbronn est un homme d'archives filmées et ce dès 1978, ce qui lui permettra de lancer Teleprovidence en 2008 (actuellement plus de 5000 vidéos)
10 Halbronn de 1979 à 2007 obtiendra plusieurs titres universitaires: dont celui de Docteur es letrtres (Thèse d'Etat) et de pos-doctorat (Ecole Pratique des Hautes Etudes) outre sa thèse de troisiéme cycle en Etudes Orientales (Hébreu)), et chaque fois dans le champ de l'astrologie et du prophétisme, se spécialisant notamment sur l'histoire des éditions des Centuries de Nostradamus. En 2002, il fut candidat à la chaire d'Etudes Esotériques de la Ve section de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, lors de la succession d'Antoine Faivre..
Peut-on imaginer un tel scénario catastrophe pour la génération née 25 ans après Barbaut, se produisant autour de l'An 2000? Quel jeune"loup" n'ayant même pas 30 ans pourrait ainsi prendre le pouvoir de façon aussi éclatante?
La réponse est Jacques Halbronn lui-même. En 2004, Yves Lenoble est le témoin d'un phénoméne inoui, l'organisation d'un super-congrès réunissant tout le gratin astrologique à Paris et faisant un pied de nez à Lenoble et à ses congrès.Pour Lenoble et Catherine Gestas, c'est le commencement de la fin en qualité d'organisateur de congrès couplés avec le Salon de l'Astrologue. (cf notre recension 1997-2017), en notant la préférence pour la publication d'actes de colloque plu^tôt que la mise en ligne de films, ce qui aurait constitué une collection assez remarquable sur une quinzaine d'années (depuis 1990)
En 2008, le même Halbron décide, faisant suite à l'expérience lancée l'année précédente par Roger Héquet (TV Urania) de créer une télévision astrologique, "Teléprovidence, également sans équivalent.
Cela dit, celui qui pourrait le mieux apparaitre comme un leader important pour les prochaines décennies nous parait être le lyonnais Frank Nguyen,, né en 1966, donc vingt ans plus jeune que la "clique" née au lendemain de la guerre. Passé par l'Université (études médicales), d'origine vietnamienne, comme son nom l'indique, il dirige depuis plusieurs années le RAO, fondé à Lyon par Robert Jourda, et a publié des ouvrages sur l'Astrologie. Rappelons que Lyon est une plaque tournante de l'Astrologie, en raison de la présence du GERASH de patrice Louaisel puis du CEDRA de Maurice Charvet dont Jourda futr un proche. En 95, Alain de Chivré, à la suite d'une scission au sein du RAO de Robert Jourda, crée la FDAF (Fédération des Astrologues francophones)- il touche alors presque à la cinquantaine.
Mais les temps changent et après une période de consensus mou (à partir de 1990 ce qui correspondant à la parenthèse Lenoble) faisant suite à une période bien plus dynamique dans les annés 50-80 désormais, depuis le début du nouveau siècle, le débat concerne les fondements mêmes de l'Astrologie. Or le RAO semble vouloir défendre une certaine pratique traditonnelle de l'Astrologie à l'instar de la FDAF d'Alain de Chivré. CE sont en quelque sorte des syndicats. A l'instar de Josette Bétaiolle à Bordeaux, Nguyen poursuit une tradition de congrès lancée par Halbronn, au milieu des années 70 sans avoir le talent d'animateur des rencontres entre astrologues dont avait fait preuve Halbronn, ce qui en fera des coquilles vides. Il faudrait signaler le cas du trentenaire lyonnais Serge Bret Morel, au bagage universitaire solide (master d'Histoire des sciences), qui fut un temps le second d'Alain de Chivré à la FDAF mais qui se déclare désormais astrosceptique.
Et quel est le trouble-fête pourfendant l'Astrologie du XXe siècle? Réponse: nul autre que Jacques Halbronn lui-même si bien que les générations d'astrologues des années 50-60 se retrouvent ringardisées et ne peuvent dès lors plus guère brandir l'argument d'un renouveau de l'astrologie qu'elles seraient censées en princpe incarner. Cela tient au fait que les travaux de Halbronn sont restés jusque là assez confidentiels et donc ont conservé toute la force de la nouveauté, ce qui n'aurait pas été le cas s'ils avaient fait école lors des précédentes décennies. Halbronn n'est pas un sceptique de l'astrologie mais un réformateur capable de la faire reconnaitre sous un nouveau visage, pouvant y faire venir de nouvelles recrues comme ce fut le cas dans les années 60 autour d'un Jean-Pierre Nicola en redéfinissant radicalement le rapport entre astrologie et astronomie. Selon Halbronn, il importe de faire la synthèse des orientations de Nicola vers une émancipation par rapport au symbolisme zodiacal et mythologique et d'André Barbault vers une simplification du modèle astrologique (notamment en astrologie mondiale, à partir de 1967 Les astres et l'Histoire. En effet, les années "Lenoble" ( 1990-2003) celui-ci ayant été à bonne école avec Nicola) auront été marquées par une certaine régression de la réflexion théorique en astrologie, un vieillissement une féminisation du public qui joue le rôle de repoussoir. Désormais, Halbronn met sa télévision au service d'une croisade en faveur d'un ressourcement de l'Astrologie, par le biais de centaines d'articles et de vidéos.
Mais on ne saurait conclure sans souligner que depuis 1990 - donc depuis un quart de siècle- l'argent joue un rôle déterminant dans l'organisation de la vie astrologique et notamment des congrès Le public paie souvent des sommes assez élevées, dont une partie sert à rétribuer généreusement les intervenants. Or, du temps des Colloques antérieurs à cette date, soit sur une quinzaine d'années, il n'avait jamais été question de payer qui que ce soit pour intervenir dans un congrès. L'arme de l'argent aura certainement servi à Lenoble et à ses partenaires à asseoir un certain pouvoir, en prélevant en quelque sorte un impôt sur le public astrophile , cette manne étant répartie entre les intervenants invités. Et d'autres structures astrologiques auront suivi un tel exemple devenu la norme. Dès lors, la motivation n'est plus dans le bénéfice intellectuel des astrologues présents à converser entre eux mais dans le seul bénéfice financier, d'où une totale indifférence à la nature du public. .Nous avions déjà remarqué ce phénoméne pour les cours d'astrologie, lesquels finirent par devenir un véritable gagne pain alors que dans les années soixante dix, ils correspondaient à une sorte de sacerdoce bénévole. Au fond, on assiste là à une normalisation du métier d'astrologue dont le seul critère est devenu l'argent gagné, du fait de la consultation ou des cours. Dès lors, l'astrologie n'est plus une fin en soi mais un moyen de gagner sa vie comme un autre..
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II L’arbre généalogique du milieu astrologique français
par Yves Lenoble
Rares
sont les astrologues français à s’intéresser au milieu astrologique
sous l’angle généalogique. Pourtant cette approche est riche
d’enseignements. Je voudrai profiter de ce congrès pour explorer avec
vous notre passé. Il est important de « se souvenir », de nous rappeler
d’où nous venons, d’être conscient de ce que nous avons reçu pour à
notre tour transmettre l’héritage en le faisant fructifier selon nos
talents et les besoins de notre époque.
I UN DEMI-SIECLE DOMINE PAR L’ASTROLOGIE SCIENTIFIQUE (1900 – 1939)
A) Les pionniers de la renaissance et de la modernisation
L’astrologie
est tombée en désuétude en France pendant le XVIIIème et le XIXème
siècle. Aussi, au moment de la renaissance de l’astrologie, à la fin du
XIXème siècle, l’une des premières tâches a été de « restaurer »
l’astrologie. Fomalhaut dans son Manuel d’astrologie sphérique et judiciaire (1), redonne la parole à Ptolémée. Son manuel suit pas à pas La Tétrabible
de Ptolémée, cette oeuvre du deuxième siècle qui, étant le livre de
référence des astrologues, a été abondamment commenté pendant près de
quinze siècles. A la même époque Henri Selva traduit le XXIème livre de l’Astrologia Gallica
(2) de l’astrologue français Morin de Villefranche. Cet astrologue
mathématicien à la cour de Louis XIV a relu de manière critique Claude
Ptolémée et a composé, à son tour, en latin une œuvre immense dont une
infime partie a seulement été traduit en français.
Mais
à la même époque l’astrologie entend se moderniser et se différencier
des sciences occultes. Paul Flambard (1867 – 1930) a dominé les trente
premières années du XXème siècle. Il juge nécessaire de lutter pour
l’autonomie de l’astrologie qui souvent est mélangée à l’onomancie, au
tarot, à la kabbale. Pour faciliter les recherches statistiques il
modifie la représentation du thème, prenant comme base non plus les
planètes en maisons mais les planètes en signes. Choisnard – c’est le
nom qui se cache sous Flambart – entend reprendre Ptolémée et ne garder
que ce qui est vérifié par l’expérimentation et prouvé par la
statistique. Ces nouvelle idées sont consignées dans plusieurs ouvrages,
notamment dans son traité Le langage astral (3).
Il
est intéressant de noter que pratiquement tous les astrologues ont des
pseudonymes pendant la première moitié du XXème siècle. Barlet c’est
Albert Faucheux, Fomalhaut c’est l’abbé Nicollaud, Abel Haatan, c’est
Abel Thomas, Henri Selva c’est André Vels, Rumélius c’est Armand
Barbault, Don Nécroman c’est Rougié et Symours, c’est Conneau. La mode
va se perpétuer après guerre avec Hadès et Hieroz, respectivement Alain
Yaouanc et Jean Rozières. L’astro-psychologie va cesser d’adopter cette
mode typique des prêtre, ingénieur et professeur de lettres de la
première moitié du XXème siècle qui voulaient rester discrets.
B) La génération SAF (Société d’astrologie française)
D’après
le vicomte Herbais de Thun qui a écrit un ouvrage (4) racontant par le
menu tout le détail de ce qui s’est passé dans le milieu astrologique
pendant la première moitié du vingtième siècle, la vie associative
astrologique ne prend vraiment corps que le 24 Novembre 1927, date à
laquelle le colonel Maillaud crée la société d’astrologie française
(S.A.F.). On retrouve dans cette association qui se réunit tous les mois
et qui publie une petite revue. les grands noms de l’astrologie
française : Choisnard et son jumeau Eudes Picard, Selva, Gouchon,
Volguine, Janduz. En 1929 se déroule une polémique entre le Colonel
Maillaud et Janduz, qui aboutit à l’exclusion de Janduz, tout cela
semble-t-il parce que Janduz (le pseudonyme de Jeanne DUZEA) avait
mentionné dans son livre° « Méthode d’interprétation du Bélier et de Mars »
le nom du colonel Maillaud sans son autorisation. Je signale ce petit
détail parce qu’il témoigne déjà de la susceptibilité excessive des
astrologues français.
LA SAF organise en 1937 à
Paris pendant l’exposition universelle un congrès international
d’astrologie scientifique. Il y aura 60 communications, 250
congressistes ; 23 nations représentées. En l’absence du colonel
Maillaud –malade-, c’est André Boudineau qui préside ce congrès. La
plupart des titres des communications témoignent du souci de rendre
l’astrologie scientifique. Nous voyons à quel point nos prédécesseurs
ont le souci d’adapter l’astrologie à la mentalité moderne.
Il
est important de signaler que Don Necroman avait organisé en Juin 1937
un « Congrès international d’astrologie rationnelle ». Cet astrologue
qui avait une petite association entendit profiter de la publicité faite
autour de ce premier congrès international pour récupérer quelques
semaines avant une partie du grand public intéressé par l’astrologie. il
y eût cinq mois plus tard en Novembre 1937 des exclusions : le
trésorier Camiade, Gouchon, Mme de Télème. Il s’ensuivit le 8 Juin 1938
la création d’une association concurrente l’Union Française d’Astrologie
(l’U.F.A.) avec De Camiade, Mme de Télème, Lasson (président), Caslant
(Président d’Honneur). La guerre allait mettre fin à la vie de ces deux
associations.
Date importante : en janvier 1938 Volguine fonde une revue astrologique bimensuelle les Cahiers Astrologiques.
II LA GENERATION DE L’ASTROPSYCHOLOGIE (1946 – 1974)
A) Les Cahiers astrologiques
La
guerre va marquer l’interruption de toute activité astrologique. Les
réunions de la SAF n’ont plus lieu. Les Cahiers astrologiques cessent de
paraître. De grands astrologues meurent pendant la guerre (Caslant,
Selva, Krafft). Alexandre Volguine refait paraître Les Cahiers
astrologiques dès Janvier 1946, revue qui va paraître tous les deux mois
pendant trente ans.
Nous fêtons ce mois-ci le
centenaire de sa naissance. L’occasion de rendre hommage à cet être à
l’esprit encyclopédique qui se dévoua à la cause astrologique et qui
donna la parole à bon nombre d’astrologues, même s’il ne partageait pas
ses opinions… Outre cette revue, Volguine publiera un douzaine de livres
sur les sujets les plus variés. Il va être également éditeur, publiant
des ouvrages que les autres éditeurs n’auraient jamais publiés : par
exemple L’astrologie selon J.B. Morin de Villefranche de Hiéroz.
B) La génération CIA (Centre International d’Astrologie)
L’influence
de Choisnard reste présente en 1946 puisque l’association fondée juste
après la guerre, le 7 Octobre 1946 à 13h à Sèvres, inclut le mot
« scientifique » dans son titre : Centre International d’Astrologie
Scientifique ( CIAS ). Le premier président Jan de Niziaud indique que
ce centre est la réalisation de la pensée d’Edouard Symours. Ses buts :
rassembler des données ; expérimenter ; mettre sur pied un ordre des
astrologues. Le CIAS comprend six sections, la section psychologie est
particulièrement active. Cette section dirigée par André Barbault
poursuit pleinement les deux premiers buts indiqués dans les statuts du
CIAS. Elle poursuit également d’autres buts : construire
l’interprétation ; édifier la symbolique de chaque planète. Le « S » de
CIAS est vite jugé inutile et dès 1947 le CIAS devient tout simplement
le CIA, Centre International d’Astrologie.
André
Barbault sait être un véritable animateur de la vie astrologique. Tous
les samedis, 15 à 20 passionnés d’astrologie se retrouvent dans son
petit studio de la rue Mouffetard pour parler astrologie, lancer de
nouvelles idées, les soumettre à la critique parfois féroce des amis. Il
anime – avec son ami Jean Carteret – les réunions bihebdomadaires du
CIA, et devient le porte parole efficace de cette astrologie
psychologique. La section psychologie publie coup sur coup : 450 thèmes
de musiciens, recueil de peintres, analogie de la dialectique
Uranus-Neptune (6), Jupiter et Saturne, Soleil et Lune. Signalons au
passage que la dominante uranienne et neptunienne du thème du CIAS-CIA
se retrouve également dans les thèmes des astrologues constituant le
noyau du CIAS-CIA (Barbault, Santagostini, Carteret). J’ai déjà évoqué
cette similitude dans une conférence du congrès sep Hermès consacré en
Novembre 1997 à la synastrie (pour plus de détails se reporter aux actes
de ce congrès).
De même que la SAF a organisé le quatrième congrès international en 1937, le CIA s’occupe en 1953 de l’organisation du septième congrès international
qui durera près d’une semaine entre le 28 Décembre et le 2 Janvier 1954
(7). Il y eût une centaine de participants pour entendre des
astrologues de sept pays, la comtesse autrichienne Zoé Wassilko
facilitant les échanges grâce à sa connaissance des langues. Peut être y
aurait-il eu davantage de participants si Alexandre Volguine n’avait
pas refusé d’annoncer ce congrès dans les Cahiers Astrologiques.
Les
rapports entre le CIA et les Cahiers astrologiques vont s’améliorer
après ce congrès. Le CIA a besoin de pages dans une revue et les Cahiers
astrologiques ont besoin d’abonnés. Un accord va être trouvé. La revue
publie le compte rendu des réunions bimensuelles du CIA et, en échange,
la plupart des membres du CIA s’abonne aux Cahiers. Pendant cette
période d’heureuse collaboration la revue va s’étoffer et publier trente
numéros spéciaux thématiques entre 1957 et 1967, dont plusieurs
consacrés à l’astrologie mondiale et à l’astrologie médicale. Le
sommaire de chaque cahier est consultable sur le site de la FAES (24).
Pendant
que se développe un courant d’astropsychologie, Michel et Françoise
Gauquelin, deux chercheurs en statistique réunissent plusieurs milliers
de données de naissance. Leurs travaux font apparaître pour certaines
professions une surfréquence de certaines planètes au lever ou à la
culmination supérieure (Mars pour les militaires par exemple). Même si
les Gauquelin n’ont jamais voulu être considérés comme des astrologues,
leurs travaux ont toujours beaucoup intéressé la communauté
astrologique. Dans leur premier livre (8) ils ont parlé de Choisnard en
le critiquant, indiquant par là leur filiation avec le courant de
l’astrologie scientifique.
L’astrologie
psychologique a le vent en poupe. André Barbault sait vulgariser
l’astrologie auprès du grand public. Grâce à l’appui de l’écrivain
François Régis Bastide il parvient à publier aux Editions du Seuil, en
1955, douze petits volumes consacrés à la symbolique des signes. Le vif
succès de ces volumes tirés à plusieurs millions d’exemplaires permet à
André Barbault de publier en 1961 l’ouvrage théorique de
l’astropsychologie écrit déjà depuis quinze ans et qu’il n’a pu réussir à
éditer : « De la psychanalyse à l’astrologie »
(9). A la même époque les Editions du Seuil lui commande un traité
d’astrologie qu’il écrit en quelques mois. Ce livre (10) qui connaît un
véritable succès sera traduit en italien, en espagnol et en portugais,
succès qui ne s’est pas démenti depuis plus de quarante ans.
Tout
en s’appuyant sur des données traditionnelles, ce traité reprend, quand
on y regarde de près, bien des principes de Choisnard : importance de
l’angularité des planètes, concentration sur ce qui a un fondement
astronomique (dix planètes, douze signes, douze maisons et les aspects
majeurs) ; pratique d’une astrologie expérimentale.
Barbault
et Choisnard présentent en effet bien des points communs. Comme
Choisnard, Barbault a le même souci de désocculter l’astrologie et la
défend avec les mêmes talents de polémiste notamment en s’appuyant sur
le constat statistique des Gauquelin.
Tous deux
sont à la recherche de corrélations solides. André Barbault a sans cesse
recours à la méthode comparative pour dégager de nouvelles
significations aux planètes, aux planètes en signes, etc. comme pour, au
niveau de l’astrologie mondiale, établir des corrélations entre les
phases des cycles planétaires et les évènements de l’histoire (11).
Les
livres qui vont être écrits par la suite ne pourront s’empêcher de se
référer aux ouvrages d’André Barbault. Il est donc du plus haut intérêt
de voir quels sont les maîtres de Barbault. Au niveau astrologique :
Choisnard et, plus avant, Morin et Ptolémée ; au niveau psychologique :
Freud, Allendy.
Le Traité pratique d’astrologie
(10) joue le rôle de catalyseur. Chaque astrologue qui écrit se situe
par rapport à cet ouvrage. Claire Santagostini, une ancienne élève et
collaboratrice d’André Barbault , critique en 1965 dans Horoscopie cartésienne
(12) ce traité pratique qu’elle trouve trop analytique et prône
beaucoup plus de globalité dans la pratique de l’astropsychologie. Cette
même année 1965 Jean-Pierre Nicola publie son premier ouvrage La Condition Solaire
(13) . Ce chercheur qui considère comme essentiel d’articuler
convenablement le conditionnement cosmique avec les autres
conditionnements (sociologique, biologique, etc.) s’intéresse aux
corrélations entre la typologie de Pavlov et les types zodiacaux.
1965, c’est aussi la sortie du livre antiastrologique de Gauquelin « L’astrologie devant la science ». Volguine, Barbault et Nicola s’associent pour critiquer le brulôt de Gauquelin.
1965,
l’année de la conjonction Uranus-Pluton, est en fait une année clé.
C’est en quelque sorte l’année où plusieurs astrologues se définissent
et se différencient les uns des autres. La longue période de l’entente
cordiale touche à sa fin et ne va plus durer que quelques mois.
C) La période des conflits ouverts (1967 – 1974)
C’est
au moment où l’astrologie intéresse de plus en plus le public et
commence à se vulgariser qu’éclate en 1967 le conflit entre Barbault et
Volguine, entre le CIA et les Cahiers astrologiques. Barbault participe
en 1967 à la création d’Ordinastral, une société qui délivre des thèmes
par ordinateur. Parce qu’il a prêté son concours à la création de cette
société il est critiqué par plusieurs de ses confrères. Il démissionne
de sa fonction de vice-président du CIA.
Avec
cette démission, une page se tourne ; le CIA perd son âme. André
Barbault accepte néanmoins d’être rédacteur en chef de la revue créée
par le CIA et publiée par les Editions Traditionnelles, l’Astrologue. Il
va maintenant mettre toute son énergie dans le succès de cette revue.
Le
CIA confie à Jacques Berthon, Jean-Pierre Nicola, Paul Colombet et
Régine Ruet de créér une école, le CEFA (Centre d’Enseignement et de
Formation à l’Astrologie). Jusque là les astrologues restaient confinés
dans leur petit milieu. Maintenant ils adoptent une attitude plus active
vis à vis de la société. Néanmoins des tensions surgissent entre eux
car ils n’envisagent pas du tout l’avenir de la même manière.
Berthon n’a pas sur le plan juridique et financier les mêmes conceptions que Nicola, c’est la crise au CEFA. Berthon crée son école, l’Ecole Supérieure d’Astrologie de Paris (ESAP) tandis que Jean-Pierre Nicola donne en 1972 une orientation conditionaliste au CEFA en intégrant à l’équipe de professeurs Yves Lenoble et Max Lejbowicz. Il faut signaler que Claire Santagostini faisait déjà cavalier seul et qu’elle avait créé en 1967 avec François Villée son école d’astrologie globale, l’A.I.A. (Académie Internationale d’Astrologie). En 1974 c’est le conflit ouvert entre Barbault et Nicola.
Berthon n’a pas sur le plan juridique et financier les mêmes conceptions que Nicola, c’est la crise au CEFA. Berthon crée son école, l’Ecole Supérieure d’Astrologie de Paris (ESAP) tandis que Jean-Pierre Nicola donne en 1972 une orientation conditionaliste au CEFA en intégrant à l’équipe de professeurs Yves Lenoble et Max Lejbowicz. Il faut signaler que Claire Santagostini faisait déjà cavalier seul et qu’elle avait créé en 1967 avec François Villée son école d’astrologie globale, l’A.I.A. (Académie Internationale d’Astrologie). En 1974 c’est le conflit ouvert entre Barbault et Nicola.
Nous sommes loin de
cette période d’entente cordiale où Barbault, Carteret, Gauquelin,
Nicola, Volguine, Santagostini et tant d’autres coexistaient
pacifiquement. Le milieu astrologique a volé complètement en éclat en un
laps de temps de sept ans. Les conflits qui ont eu lieu pendant ces
sept ans marquent à mon sens encore l’inconscient du milieu
astrologique, notamment les conflits Barbault-Volguine et
Barbault-Nicola.
III LA STRUCTURE EN RESEAU DE L’ASTROLOGIE FRANCAISE CONTEMPORAINE
A) Renaissance des congrès
Un
jeune astrologue, Patrice Louaisel créé en 1974 au sein du CIA un
laboratoire de recherches en astrologie qui va devenir le Geras
(groupement d’étude et de recherche en astrologie scientifique). Tiens,
tiens : le « S » DE CIAS abandonné par le CIA refait surface… Alors que
le CIA est parisien, le GERAS se développe surtout en province… Ce
groupe à tendance œcuménique subira de plus en plus l’influence d’un
courant qui est en train de se développer, le courant d’Alex Ruperti
partisan d’une astrologie humaniste. Aussi le. GERAS deviendra en 1982
le GERASH (groupement d’étude et de recherche en astrologie scientifique
et humaniste).
L’ISAR, une association
astrologique américaine, et Jacques Halbronn, vice-président du CIA
organisent en 1974 à Paris à l’Hôtel le Méridien un congrès qui fera
date. Interviennent à ce congrès : Barbault, Ruperti, Nicola, Colombet,
Ruet, Halbronn, Louaisel, De Surany. J’y donne ma première conférence.
Il est intéressant de remarquer la présence de la jeune génération parmi
les organisateurs et les conférenciers. Ce congrès inaugure la série
ininterrompue des congrès astrologiques.
Jacques
Halbronn, en 1976, démissionne du CIA, crée le Mouvement Astrologique
Universitaire (M.A.U.) et organise chaque année un congrès (14). En
1977, le CIA décide de sa dissolution et certains des membres de
l’équipe restante décide de reprendre le nom de SAF. Mais Jacques
Halbronn profite de la maladie de Paul Colombet pour déclarer avant lui
la SAF à la préfecture. L’association dirigée par Paul Colombet est
obligée de renoncer à s’appeler la SAF pour s’appeler la SFA (la Société
Française d’Astrologie). Cette association va, elle aussi, organiser
chaque année un congrès. Colette Cholet qui accueille chaque été des
stages dans sa maison de Dieulefit (Drôme), va à la mort de Paul
Colombet prendre les rênes de l’association.
Je crée mon école en
1975 et je m’isole de l’ambiance de combats fratricides en créant en
1977 l’Association pour la Recherche des Rythmes Cosmiques (A.R.R.C.)
qui organise une réunion mensuelle où interviennent tour à tour les
divers acteurs de l’astrologie française.B) Les années 80 : développement d’une vie associative astrologique structurée en réseau
Le GERAS se développe, multiplie ses cercles locaux, développe sa banque de données et se dote d’une revue : Astralis. Mais différents courants astrologiques apparaissent en France dans les années 80.
Un courant d’astrologie karmique se développe avec Irène Andrieu (15) qui, en 1982, publie Initiation à l’Astrologie d’évolution
et crée à Paris son école. Ce courant accorde dans l’interprétation
d’un thème une grande importance aux nœuds lunaires et aux planètes
rétrogrades.
Le courant d’astrologie
conditionaliste de Jean-Pierre Nicola s’organise en 1980. Le centre
d’organisation du Mouvement d’astrologie conditionaliste (COMAC) entend
regrouper ceux qui soutiennent que le thème de naissance n’est pas un
absolu. Ses membres qui ne se situent pas dans une perspective
symboliste, estiment qu’il est indispensable d’interpréter ces
configurations célestes en fonction des conditions terrestres définies
par l’hérédité, l’éducation, les déterminismes familiaux et
socio-culturels de chaque époque.
Le courant humaniste, quant à lui, se constitue autour d’Alex Ruperti qui publie en 1981 Les cycles du devenir (16).
Ce grand voyageur, ainsi que quelques uns de ses disciples (notamment
Jean-François Berry), sillonnent la France pour diffuser la pensée de
Rudhyar. Le nombre de leurs élèves augmentent très rapidement. Ils
décident en 1984 de s’organiser en association et crée le réseau
d’Astrologie Humaniste (le R.A.H.).
En 1986 le GERASH traverse une grave crise qui aboutit à sa dissolution. Maurice Charvet, qui était l’un des piliers du GERASH,
fonde le « Centre de documentation et de recherches en astrologie »
(CEDRA). Il poursuit la publication de la revue Astralis, met la base de
données de naissance sur Minitel. Il crée « Maison III » une lettre
bimestrielle d’informations et édite des ouvrages astrologiques à des
prix très abordables, dont la très pédagogique initiation aux directions
primaires de Danièle Jay (17). Il organise de temps un temps un
congrès. L’association va se développer régulièrement pour devenir le
groupe astrologique français le plus important. Le Cedra ne fonctionne
plus en s’appuyant sur des cercles locaux. On notera que dans CEDRA il
n’y a plus de « H » ni de « S ». L’absence de H est logique puisque
existe maintenant le RAH. Mais, ce qui est plus significatif, c’est la
perte du « S ». Se reproduit ainsi la répétition de ce qui s’était passé
avec le CIAS qui avait perdu son « S » en 1947. On verra dans quelques
instants comment ce « S » va bientôt réapparaître.
On
notera autour de 1985 deux tentatives de fédération. Danièle Rousseau
regroupe en 1984 au sein de la Fédération Francophone d’Astrologie
(F.F.A) Alex Ruperti, Marief Cavaignac, Jean-François Berry, Marielle
Garel, André Barbault, Joëlle de Gravelaine, Solange de Mailly Nesle,
Yves Lenoble tandis qu’un groupe concurrent se crée en 1985 autour de
Denise Daprey, la Fédération des Enseignants en astrologie (F.E.A.). La
F.F.A. donna l’occasion à Marielle Garel, Solange de Mailly Nesle, Marie
Cavaignac, Jean-François Berry et Yves Lenoble de se rencontrer. Par la
suite ils se retrouvèrent régulièrement et créèrent l’association
« Mercure » dans le but d’organiser des stages d’été.
Solange de Mailly Nesle, qui a déjà publié deux ouvrages importants L’astrologie (18) et l’Etre cosmique
(19) s’associe en 1989 avec trois astrologues (Joëlle de Gravelaine,
Aline Gorry et Yves Lenoble) et une psychologue pour créer le Groupement
des Astropsychologues Professionnels (GAPP) devenu rapidement
l’Association Générale des Astropsychologues Professionnels (Agapè).
Ce
courant préconise une approche symbolique de l’astrologie et juge
indispensable d’enseigner aux élèves les notions psychologiques de base.
L’école va connaître une belle expansion. Martine Barbault,
Marie-Noëlle Baudron et Catherine Gestas (qui dirige elle-même une école
d’astrologie) ont rejoint le premier noyau. Catherine Aubier, Lynn
Bell, Frédérique Dambreville y ont donné pendant plusieurs années des
cours. L’école regroupe maintenant dix astrologues, trois psychologues.
C La synergie salon / congrès malgré les scissions au sein du milieu astrologique
L’ARRC,
soutenu par les membres de « Mercure » a organisé en mars 1990 des
journées d’études sur Mercure qui ont réuni 150 personnes. L’ARRC a
renouvelé l’expérience au Palais des Congrès les années suivantes en
couplant le congrès avec un salon. Le salon (organisé par Marie Mercier
et Francis Santoni d’Auréas, José Gonzalès de Logistel et Christophe de
Cène d’Asteria) permet aux éditeurs de livres, aux libraires, aux
responsables d’associations astrologiques et aux concepteurs de
logiciels de se faire connaître. Particularité du congrès suivi chaque
année par plusieurs centaines de personnes : on peut y entendre chaque
année un astrologue venu de l’étranger ou une personnalité qui n’est pas
astrologue mais dont les connaissances peuvent être très utiles aux
astrologues. Ainsi sont venus successivement Alain Toussaint, Charles
Harvey, Liz Greene, Stephen Arroyo, Annick de Souzenelle, Jean Yves
Leloup, Dominique Levadoux, Bernard Melguen, Pascal Charvet, Robert
Hand, Guiseppe Bezza, Grazia Mirti, Dante Valente, José Luis San Miguel
de Pablos. Sep-Hermès publie les actes de ces congrès quatre mois plus
tard. Les sommaires des actes des congrès passés sont consultables sur
le site sephermès (20). Cette synergie met en évidence la structure en
réseau qui est devenue la caractéristique de l’astrologie française
depuis la disparition du Centre International d’Astrologie.
En
1992, Francis Santoni, Françoise Gauquelin, Yves Lenoble et Suzel
Fuzeau-Braesch (du Centre National de la Recherche Scientifique) créent
le groupe « Recherche en astrologie par des méthodes scientifiques »
(RAMS). Le « s » perdu revient. Francis Santoni, créateur en 1986 de la
société Auréas qui produit et diffuse les éphémérides et les logiciels
astrologiques les plus utilisés en France, met ses compétences
informatiques au service de ceux qui s’intéressent aux recherches
d’ordre statistique. Suzel Fuzeau-Braesch, qui a longtemps dirigé un
laboratoire de biologie à la Faculté des sciences d’Orsay près de Paris,
profite de cette aide. Elle a publié le nouveau Que sais-je sur l’astrologie
(21) qui donne de notre discipline une présentation beaucoup plus
objective que celle proposée jadis par l’astronome anti-astrologue Paul
Couderc. Elle fait part des résultats de ses recherches dans les Cahiers
du RAMS qui paraissent une fois l’an. Ses recherches sur les jumeaux
seront publiées dans son ouvrage L’astrologie : la preuve par deux
(22). Didier Castille a rejoint le RAMS. Ce chercheur effectue des
recherches statistiques sur l’hérédité astrale à partir de millions de
données obtenues auprès de l’Institut National de la Statistique et des
Etudes Economiques (INSEE).
En 1992 Robert Jourda
quitte le CEDRA et crée le Rassemblement des Astrologues occidentaux
(RAO). Ce groupe va reprendre la tradition du GERAS d’avoir une
présidence tournante, d’implanter des cercles locaux. Il innove en
incitant les astrologues à passer des mémoires à la fin de leur
formation. La présidente actuelle Michèle Raulin (qui a succédé à Yves
Christiaen) organise chaque année une ou deux sessions de soutenance de
mémoire. Franck Nguyen est, quant à lui, responsable de la revue de
l’association 3*7*11.
Une scission du RAO a lieu
en 1995 et donne naissance le 21 mars 1996 à la Fédération des
astrologues Francophones (FDAF). C’est Alain de Chivré qui en est le
président depuis sa fondation. Il entend promouvoir l’astrologie auprès
des medias et du grand public et obtenir une reconnaissance de la
profession auprès des pouvoirs publics.
A la fin
des années 90 l’accent est mis également sur l’astrologie ancienne.
Plusieurs astrologues s’intéressent au projet américain « Hindsight
Project » qui s’est donné pour tâche de traduire le maximum de textes
anciens en anglais. Denis Labouré, qui n’avait pas attendu cette période
pour s’intéresser à cette forme d’astrologie, s’est fait l’écho de
toutes ces recherches dans son ouvrage « Les origines de l’astrologie » (Rocher, 1997).
D) Le succès d’Internet accentue le développement de la structure en réseau de l’astrologie française
Les
astrophiles français semblent s’adapter à la multiplicité actuelle des
revues, des écoles et des associations. Certains sont membres de
plusieurs associations, suivent l’enseignement de plusieurs professeurs
et s’abonnent à plusieurs revues : L’astrologue, Astralis, voire Urania,
la revue d’Arielle Aumont créée en 1991.
Les
astrologues ont su depuis 1997 tirer parti de cet outil incomparable
qu’est Internet. Le Cedra crée, outre son site, une liste de diffusion
comprenant plus de 200 participants. Fanchon Pradalier Roy, directrice
de collection au Rocher, crée Univers-site. Ce site dispense sur
Internet un enseignement de l’astrologie et publie chaque mois une revue
dans laquelle plusieurs astrologues écrivent régulièrement. Une
université d’été à Montpellier permet chaque année aux membres de ce
site de se retrouver.
Patrice Guinard qui a
soutenu en Sorbonne en 1993 une thèse de philosophie sur l’astrologie
crée en Novembre 1999 sur Internet le Centre universitaire de recherche
en Astrologie (CURA) qui fonctionne à travers un journal en français,
anglais et espagnol.
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
La
structure en réseau qui caractérise actuellement notre astrologie
est-elle une preuve de vitalité ou bien une preuve de dispersion ?
Traduit-elle la richesse de notre milieu ou bien notre incapacité à nous
organiser collectivement ? A chacun d’apprécier la situation actuelle
de l’astrologie française.
Quoiqu’il en soit, il
est incontestable que 1967 – 1974 a été une période particulièrement
meurtrière qui marque encore le milieu astrologique français. Des
réconciliations seraient les bienvenues afin d’améliorer le climat. Pour
l’avenir il me semble au moins nécessaire d’oeuvrer dans trois
directions :
- poursuivre le travail sur les textes anciens afin de mieux connaître la pensée de nos prédécesseurs ;
- continuer l’œuvre de modernisation et d’adaptation de l’astrologie ;
- continuer la vérification aussi bien des postulats de l’astrologie ancienne que de l’astrologie moderne.
L’entrée
d’Uranus en Poissons devrait aider à aller simultanément dans ces
diverses directions. Puissions nous grâce à cette configuration
continuer à développer notre spécificité française tout en multipliant
nos liens avec les astrologues des pays voisins. C’est ce que nous avons
commencé à entreprendre au sein de la FAES (24) avec nos confrères
italiens, espagnols et grecs en 2000 à Mykonos et l’été dernier à
Montpellier. C’est ce que nous continuerons de réaliser l’an prochain en
Italie lors du congrès biannuel de la FAES.
BIBLIOGRAPHIE
(1) Fomalhaut, Manuel d’astrologie sphérique et judiciaire, Vigot, 1897
(2)
Selva H., le XXIème livre de Morin de Villefranche, Théorie des
déterminations astrologiques, Editions Traditionnelles, Paris, 1902
(réimpression 1984)
(3) Choisnard P., Le langage astral, Paris, Chacornac, 1903
(4) Herbais de Thun C., Encyclopédie du mouvement astrologique de
langue française, Demain, Bruxelles, 1944
(5) Actes du congrès de 1937, SAF, 1937
(6) Barbault A., Analogies de la dialectique Uranus- Neptune, Editions
traditionnelles, 1950
(7) Le 7ème congrès international d’astrologie de 1953, Astrologie moderne n°10
(8) Gauquelin M., L’influence des astres – Etude critique et expérimentale
Le Dauphin, Paris, 1955
(9) Barbault A. De la psychanalyse à l’astrologie, Le Seuil, 1961
(10) Barbault A. Traité pratique d’astrologie, Le Seuil, 1961
(11) Barbault A. Les Astres et l’Histoire, Pauvert, 1967
(12) Santagostini C., L’horoscopie cartésienne, Editions traditionnelles, 1965
(13) Nicola J.P., La Condition solaire, Editions Traditionnelles, 1965
(14) Halbronn J., le Guide de la vie astrologique, Guy Trédaniel et Grande
Conjonction, 1984
(15) Andrieu I, Initiation à l’Astrologie d’évolution, Dangles, 1980
(16) Ruperti A., les cycles du devenir, Le Rocher, 1981
(17) Jay Danièle, La pratique des directions primaires, Cedra, 1993
(18) Mailly Nesle S., L’astrologie, Nathan, 1981 (réédité aux Editions La Martinière, 1994)
(19) Mailly Nesle S., L’Etre cosmique, Flammarion, 1985
(20) Actes des congrès Sep Hermes dont les sommaires se trouvent sur le site www.yveslenoble.com
(21) Fuzeau Braesch, S., L’astrologie Que sais-je ?, Paris, 1989
(22) Fuzeau Braesch, S., L’astrologie : la preuve par deux, Laffont, Paris, 1992
(23) Labouré D., Les origines de l’astrologie, Le Rocher, 1997
(24) www.aureas.org/faes/francais témoigne des travaux de la Fédération d’astrologie d’Europe du Sud (FAES)
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III Généalogie des sociétés astrologiquesen France au XXe siècle par Jacques Halbronn |
Lors du dernier Congrès organisé, les 29 - 30 mars 2003, au Palais des Congrès (Paris, Porte Maillot) par Yves Lenoble et Sep Hermès, un événement porteur sur le plan épistémologique eut lieu dont il convient de mesurer l’importance : le dernier exposé fut consacré par Lenoble à “L’arbre généalogique du milieu astrologique”, dans le cadre, il est vrai de journées consacrées aux “Filiations et transmissions familiales en astrologie et en psychologie”, thème qui se prêtait, sans doute, à une telle mise en perspective. Sa communication paraîtra en 2004 dans les Actes.
Tout se passe comme si Lenoble (né en 1947) avait éprouvé le besoin de se situer dans une certaine lignée, dans une continuité, en tout cas dans une certaine Histoire. Au fond, rien que de très banal, en d’autres domaines, mais qu’il convenait, dans ce milieu astrologique précisément, de verbaliser, d’assumer, plutôt que de refouler. On sait d’ailleurs ce qu’il en coûte de vouloir se situer hors du temps et de ne pas reconnaître les filiations. Les astrologues ont au vrai si peu écrit sur leur généalogie collective et chaque groupe avait pris l’habitude d’occulter sa genèse, ses racines, mettant à mal la cohérence diachronique au seul bénéfice de l’approche synchronique.
Il est probable, au demeurant, qu’avec le recul, il est plus facile de traiter de ce qui eut lieu il y a près d’une trentaine d’années, comme si un cycle saturnien complet s’étant écoulé, on parvenait à exorciser le temps. A cela il faut ajouter l’effet “XXIe siècle”, qui permet de faire le bilan du siècle révolu. Toujours est-il qu’en effet, en ce mois de mars 2003 (Saturne étant à 23° des Gémeaux), Lenoble évoquerait -enfin ! - le congrès historique de l’Hôtel Méridien, qui avait eu lieu en septembre 1974 (Saturne étant à 17° Cancer), également à la Porte Maillot, Saturne se rapprochant donc de sa position de 74.
C’est ainsi que Lenoble évoqua 1974 comme étant, effectivement, le début de l’ère des congrès astrologiques en France, insistant sur le rôle de Jacques Halbronn (né comme lui en 1947), fait que depuis lors il ne se passa plus une année sans qu’un Congrès astrologique ait été organisé par telle ou telle association astrologique, en tel ou tel endroit de l’hexagone, ces congrès constituant, à n’en point douter, pour le milieu astrologique, une nouvelle sociabilité. Norons qu'André Barbault ne lança pas de dynamique de colloque en dehors d'une bréve période (1953-1954) où il avait même envisagé de présider une fédération (Congrès de Strasbourg)
Lenoble rappela un grand nombre de sigles d’associations astrologiques s’étant succédé tout au long du XXe siècle ; on entendit donc toute une litanie d’initiales quelque peu hermétiques, ne faisant sens évidemment que pour les initiés, comme c’est le cas pour chaque milieu, tout comme c’est le cas pour les photos de personnages. Une telle galerie de sociétés astrologiques est le pendant de ce savoir astrologique, fait de noms de signes et de planètes et qui souvent intéresse exclusivement les élèves en astrologie. Curieusement, au cours de 2002 (n°s 139 - 140, parution en novembre), la revue L’astrologue, dirigée par André Barbault, avait publié de Pierre Delmas “110 thèmes d’astrologues” - dont nombreux sont encore en vie - ce qui révélait l’émergence d’une certaine réflexivité, c’est-à-dire d’un regard sur soi-même et non plus seulement sur les autres, comme si quelque part le milieu astrologique avait eu honte de parler de lui-même et des principaux acteurs l’ayant modelé. En réalité, nous avions, pour notre part, notamment à partir de 1984, publié moult travaux dans ce sens, mais nous fîmes longtemps plutôt cavalier seul.1
Il convient à présent d’apprécier la qualité du travail entrepris par Yves Lenoble en précisant que ce domaine comme tout autre est voué à la recherche et que des divergences, sur tel ou tel point, peuvent exister qu’il conviendra, éventuellement, de résoudre, documents à l’appui.
Lenoble découpe ainsi le XXe siècle astrologique français : I, jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, II, du milieu des années 1940 jusqu’en 1974 et III, depuis 1974 jusqu’à nos jours. On a signalé que 1974 correspondait à l’an 1 de l’ère des congrès français dont Jacques Halbronn est incontestablement le "père". Pour notre part, nous placerons une date en 1990, avec l'émergence du leadership d'Yves Lenoble et quii nous appparait comme un tournant avec notamment une prise de pouvoir des enseignants et praticiens sur les chercheurs, ce qui s'accompagne d'enjeux financiers qui n'existaient guère auparavant. Désormais, les intervenants aux congrès sont payés. Plus question de cracher dans la soupe car le public paie assez cher et est engagé dans bien des cas dans un cursus de formation. Cela conduit à une certaine régression de la vie astrologique.
Si l’on remonte, on trouve, toujours selon Lenoble, l’alliance entre les Cahiers Astrologiques et le CIA (Centre International d’Astrologie), qui dura une dizaine d’années, jusqu’à la fondation, en 1968, de L’Astrologue, dans le cadre du CIA. Lenoble y voit un âge d’or de l’astrologie que cette synergie entre les mercredis du CIA, à Paris, tous les quinze jours, et la revue niçoise de Volguine, fondée en 1938. André Barbault (né en 1921) est une figure dominante de cette période marquée, selon Lenoble, par le courant astropsychologique.
Quant à la première période découpée par Lenoble, qui voit l’émergence d’une astrologie dite scientifique, surtout en ce qu’elle renoue avec des données astronomiques réelles, il est signalé que nombre d’astrologues préfèrent alors utiliser des pseudonymes et autres anagrammes (Selva, Hiéroz, Barlet, Fomalhaut, Flambart, etc.), ce qui dénoterait quelque marginalisation ; ce trait ne sera plus guère de mise après guerre à quelques exceptions(Hadès né Yaounac)/ Signalons toutefois que la première SAF date de 1909 , celle de 1927 étant une reprise.
On peut considérer cette première période comme celle du renouveau en France de l’astrologie pratiquée au XVIIe siècle, non sans une certaine marque anglo-saxonne, tout comme en 1974, ce fut l’implantation en France des congrès astrologiques en vigueur notamment Outre Manche.
L’association principale dans les années 1930 est la Société Astrologique de France (SAF), celle-ci, pour la “petite histoire”, après avoir été éclipsée par le CIA après la guerre, réapparaîtra dans les années Soixante-dix, du moins son sigle recyclé, pour désigner le “nouveau” CIA, sans qu’il y ait eu dissolution. A la suite de quelques péripéties, c’est l’anagramme “SFA” qui fut le choix final en la circonstance et désormais la revue Trigone serait celle de la SFA. Lenoble rappelle les conditions dans lesquelles naquit la SFA., Halbronn ayant , selon luii, profité de la maladie du président Colombet pour déposer le titre SAF avant lui. Mais faut-il rappeler que contrairement à ce qu'écrit Lenoble, Halbronn n'était déjà plus Vice-président du CIA lors du Congrès u Méridien de 74 à la suite d'une sorte de "coup d'état" qui mit fin à sa vice-présidence au bout d'un an? Belle gratitude envers celui qui avait permis la tenue d'un congrès international à Paris, au bout de 2O ans!:
Mais, en règle générale, Lenoble n’a pas vraiment cherché ici à signaler l’évolution des pratiques et des doctrines astrologiques, mais a souhaité ne se consacrer qu’au monde associatif et à un certain processus de séparation ou de rapprochement. En effet, nombre d’associations dérivent d’autres associations qui les ont précédé et qui, le cas échéant, leur auront servi de tremplin, ce qui permettait effectivement de parler d’un “arbre généalogique du milieu astrologique”.
On relèvera certains chaînons ou certaines flèches faisant défaut dans l’organigramme de Lenoble. C’est ainsi qu’il ne rappelle pas, qu'Halbronn le rédacteur en chef de la revue du CIA, Trigone, fondée en remplacement de L’Astrologue qui n’était plus contrôlé par le CIA. Observation qui facilite le parallèle avec la fondation du GERAS (Groupe d’Etude et de Recherche en Astrologie Scientifique) de Patrice Louaisel (né en 1949), ayant également fait ses classes au CIA. Lenoble aurait pu insister sur la jeunesse de ces deux leaders, de formation universitaire, qui allaient mener la vie dure à des hommes, formés sur le tas, nés dans les années Vingt, soit avec un bon quart de siècle d’écart.
Dans la genèse de la fondation de l’ARRC (Association pour la Recherche des les Rythmes Cosmiques) de Lenoble, en 1977, on pourrait éventuellement se demander s’il ne s’agirait pas d’une scission par rapport au MAU. En effet, Lenoble, après avoir rompu avec le CEFA de Jean-Pierre Nicola, participa activement aux activités du MAU ; il organisera, d’ailleurs, avec son association, au cours du premier semestre 1978 deux congrès avec le MAU. Au cours des années 80, il participe activement à la Fédération de Daniéle Rousseau alors que Halbronn suscite celle de Denise Daprey Mais Lenoble ne s'impose comme leader au sein du milieu astrologique qu'à partir de 1990, réunissant d'ailleurs autour de lui des astrologues de la FFA. Il a atteint alors la quarantaine.
C’est en effet, avec une partie de l’équipe de la FFA que l’ARRC connaîtra un second souffle qui se manifestera notamment à partir de 1990 par l’organisation des congrès annuels d’Yves Lenoble. Peu importe ici qu’au lieu de fonder une nouvelle association, Lenoble ait jugé bon de relancer une ancienne association qu’il avait fondée en 1977, il n’en reste pas moins que l’ARRC bis ne se conçoit pas sans référence avec la FFA. Pas plus d’ailleurs que le CEDRA ne se conçoit sans référence au GERASH dont il récupéra notamment la revue Astralis, étant précisé que si le GERASH fut dissous, ce fut notamment en raison de la mise en place de la FEA, à partir de certains de ses éléments, la FEA étant selon nous dérivée du GERASH, comme l’illustre le fait que Jacques Halbronn, qui avait suscité la formation de la FEA, en 1985, dirigea le GERASH, lors du départ, en 1986, de Patrice Louaisel, qui était lui-même membre de la FEA. Il conviendrait donc selon nous d’indiquer comme date importante après 1974 et le renouveau des congrès astrologiques, celle de 1984 qui enclencha un processus fédératif lequel modifiera à terme profondément le paysage astrologique français. Le fait que Halbronn a joué un rôle ilmportant à la fin du GERASH dont il fut le dernier président, à la suite de la démission de Louaisel. C"est halbronn qui convoqua le conseil d'administration conduisant à l'assemblée générale extraordinaire laqiuelle déboucha sur la dévolution des biens du GERASH à la toute nouvelle association fondée quelques jours plus tôt par Maurice Charvet et sa compagne.
En ce qui concerne les structures de l’enseignement astrologique, le tableau d’Y. Lenoble - qui sera d’ailleurs probablement modifié d’ici parution dans les Actes - mentionne le CEFA et l’AGAPE (Association générale des astrologues psycho-professionnels européens), mais omet de signaler la FLAP. Or, il semble bien qu’il y ait là aussi un phénoméne de relais. Le CEFA fut constitué au sein du CIA, au tout début des années Soixante-dix puis évolua, dès 1974, pour devenir une structure vouée à la seule Astrologie Conditionnelle / Conditionnaliste de J. P. Nicola, changeant finalement son sigle en COMAC. A sa création, le CEFA rassemblait une équipe très diverse d’enseignants : Jacques Berthon (né en 1926), Paul Colombet, Régine Ruet, J. P. Nicola (né en 1929). Dans le genre, on ne verra plus avant le début des années 1990, avec la création du GAPP, devenu ensuite AGAPE, autour de Solange de Mailly Nesle (née en 1949), d’Yves Lenoble, de Joëlle de Gravelaine et de quelques autres, que celle de la FLAP, qui dura de 1975 à 1994.
La FLAP (Faculté Libre d’Astrologie de Paris) était une émanation du MAU tout comme le CEFA le fut du CIA. Mais la FLAP ne s’émancipa jamais du MAU, ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas en parler. En effet, son créneau était bien distinct des activités de congrès du MAU.2 Elle recourut, au fil des années, à un grand nombre d’enseignants en astrologie dont certains furent d’ailleurs récupérés par le GAPP, tels Catherine Aubier et Marielle Clavel. La FLAP fut donc un lieu de collégialité didactique assez unique en son genre pendant une quinzaine d’années.3 On voit donc que les structures d’organisation de congrès et de cours constituent, à juste titre, la base du tableau de Lenoble et on ne saurait au demeurant sous-estimer les interactions entre les unes et les autres et ce d’autant que l’AGAPE organise des colloques et que les congrès de l’ARRC / Sep Hermès ont souvent eu vocation pédagogique.
En conclusion de ce bref aperçu / rappel concernant la sociabilité des astrologues - nous renvoyons à notre bibliographie (infra) sur papier et sur le web - rappelons que l’idée de Lenoble était d’aider à mieux comprendre les clivages, les querelles persistantes, les anathèmes toujours en vigueur, qui parcourent actuellement le milieu astrologique en remontant le temps ; il y a à l’évidence une interdépendance entre aujourd’hui et hier. Derrière les sigles, il y a à l’évidence des hommes, au demeurant peu nombreux, qui auront façonné le milieu astrologique et qui se seront passé le relais. Par delà les tensions qui ont pu être générées, il serait malsain, comme d’aucuns semblent encore tentés de le faire, de ne pas respecter ses adversaires au point de nier ou de minimiser, en tout cas, leur influence, tant, d’ailleurs, en ce qui concerne ceux qui ont précédé que ceux qui ont suivi.. Ce qui vient parfois compliquer le jeu des filiations, c’est que parfois - si on examine les dates de naissance - les pionniers - on pense notamment à Patrice Louaisel et à Jacques Halbronn - sont plus jeunes ou du moins de la même génération que leurs successeurs - Maurice Charvet, Yves Lenoble, Danièle Rousseau et qu’ils n’ont pas nécessairement atteint un âge vénérable comme c’est le cas d’un André Barbault, octogénaire.
Il y a fort à parier que l'on risque fort de ne plus trouver personne d'ici 2020 pour organiser des réunions du troisiéme âge, sauf que cela rapporte.: on connait le pouvoir d'achat des retraité(e)s. Yves Lenoble semble avoir omis de signaler ce "détail" de l'âgeè pourtant bien révélateur d'une certaine déchéance- dans son étude du milieu astrologique. .
Jacques Halbronn
Paris, le 31 aout 2008 (première versiion 31 mars 2003)
Paris, le 31 aout 2008 (première versiion 31 mars 2003)
Bibliographie
- Y. Lenoble, “L’arbre généalogique du milieu astrologique”, Actes du Congrès Sep Hermès, Filiations et transmissions familiales en astrologie et en psychologie, Palais des Congrès, Paris, mars 2003 (à paraître début 2004).- J. Halbronn et al., La vie astrologique il y a cent ans, Paris, Trédaniel, 1992.
- J. Halbronn, La vie astrologique, années trente-cinquante, Paris, Trédaniel, 1995.
- J. Halbronn, Le guide de la vie astrologique, Préface R. Changeux, Paris, Trédaniel, 1984.
- J. Halbronn, Le guide de la vie astrologique, Préface Denise Daprey, Paris, Ed. Grande Conjonction, 1995.
- J. Halbronn, Le Guide astrologique, Paris, O. Laurens, 1997.
- J. Halbronn, dir. Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau, Paris, Albatros, 1979.
- J. Halbronn, “Le milieu astrologique, ses structures et ses membres”, Site du Cura.free.fr.
- J. Halbronn, “Les trois strates de la sociabilité en milieu astrologique”, revue en ligne Etoile & Planète, (par Site Pagesjaunes.fr, puis Mouvement astrologique, 75).
- J. Halbronn et al., Etudes in revue, Trigone, organe du CIA, années 1973 - 1974, Dépôt légal, Bibliothèque Nationale de France.
- J. Halbronn et al., Sur la piste du Zodiaque, articles parus dans la Revue Grande Conjonction, n°s 3 (“Méthodes de l’astrologie”), 4 (“Le milieu des astrologues”), 5 (“Arcanes du savoir astrologique”), 1977 - 1978, Dépôt légal, Bibliothèque Nationale de France.
- J. Halbronn, Montages d’archives (photos et films) sur les congrès astrologiques, sur cassette vidéo, 1996 et 2001, Bibliotheca Astrologica, Paris.
- J. Halbronn, P. Guinard, et al., Actes du Colloque MAU - CURA, décembre 2000, sur le Site Cura.free.fr.
- J. Halbronn et al., Bulletin de la Société Astrologique de France, n°s 1 à 9 (Années 1988 - 1994), Paris, Dépôt légal, Bibliothèque Nationale de France.
- J. Halbronn et al., “Astrologie, pathologie d’une épistémé”, Hommes & Faits, Site Faculte-anthropologie.fr.
- Anne Rose et Agnès Delagnolo-Fiquet, “Les femmes et l’astrologie : un récent mariage ? ”, Hommes et Faits, Site Faculte-anthropologie.fr.
- Herbais de Thun, Encyclopédie du Mouvement astrologique de Langue Française, Bruxelles, Ed. Revue Demain, 1944.
Notes
1 Cf. bibliographie in fine. Retour2 Cf. notre étude sur les trois niveaux de sociabilité en milieu astrologique, in bibliographie. Retour
3 Cf. notre préface à l’ouvrage de Fouzy Hamici, un des enseignants à la FLAP, Le premier horoscope du Troisième Millénaire, Paris, Ed. France V. 1999. Retour
JHB
31 08 16
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