par Jacques Halbronn
L’ astrologie » actuelle » semble bien avoir un probléme d’identité Est-elle un savoir traditionnel ou bien en charge des intérêts de l’astronomie ‘actuelle »?
Citons deux mails reçus ces derniers jours:
Michel Cornemuse | 27 août 02:40 |
L’astrologie actuelle doit s’aligner sur le ciel actuel . Ce qui n’est pas le cas chez de nombreux astrologues .
27 août 09:53 |
Vous dites n’importe quoi Jacques, l’astrologie obéit à des lois
universelles que vous modifiez à votre loisir sans aucune rigueur .
De deux choses l’une : ou bien l’on cherche à comprendre dans quel
esprit et pour quelle raison l’astrologie est née dans un contexte
remontant à plusieurs millénaires ou bien l’on se demande à quoi
ressemblerait l’astrologie si elle naissait de nos jours, ce qui est
évidemment de la fiction. Il est difficile de faire des statistiques
pour déterminer quelle proportion d’astrologues se situent dans l’une ou
l’autre de ces options.
L’auteur du mail, en tout cas, semble bien appartenir à la seconde
école. qui a ses lettres de noblesse, à la suite d’un Jean Pierre
Nicola, qui veut croire que la recherche astrologique se réduit à
s’aligner sur l’astronomie « actuelle »,. L’astrologie « moderne »
serait ainsi indissociable de cette astronomie « actuelle ».
Nous représentons l’autre école et il n’est pas question de
« coller » avec les acquis de l’astronomie « actuelle » ni d’ailleurs
de justifier les fondements de l’astrologie ancienne mais seulement de
les mettre en évidence.
Lors d’un Colloque organié en 1990 par Yves Lenoble, Catherine
Pellegrini avait qualifié de naif ma reconstitution de tel ou tel
savoir astrologique exposé dans nos Mathématiques Divinatoires (Ed
Trédaniel, 1983) Or, il s’agissait pour nous de restituer un certain
mode de raisonnement qui semble avoir prévalu à une certaine époque et
qu’il est quelque peu incongu de juger selon les critères ‘actuels ».
L’historien n’est pas responsable des données qu’il met en évidence!
On nous reproche donc de proposer un modéle qui n’aurait aucune
justification au regard de la dite astronomie comme si tel était le
véritable enjeu. Une telle approche est complétement décalée au prisme
du respect des traditions dont l’actualisation, selon nous, ne fait
guère sens. Est-ce que par exemple, il est prévu de réformer les langues
sur la base des connaissances acoustiques actuelles? Est ce que l’on
doit rebâtir un édifice en optant pour des matériaux ‘actuels » et
ainsi tout à l’avenant ? Est ce que l’on refusera d’admettre qu’un
toit ne saurait utiliser un seul matériau, comme les ardoises ou les
tuiles. Il faudrait impérativement n’en négliger aucun!
Il est donc étonnant qu’Un Tel nous reproche d’avoir opté pour tel
systéme astrologique alors que notre propos consiste à restituer les
choix qui ont été opérés dans un passé très reculé! C’est comme si l’on
reprochait à un archéologue d’avoir révélé telle architecture, au
prétexte que celle-ci n’est pas conforme aux normes de construction
actuellement en vigueur!
Selon notre approche, il est tout à fait vain de vouloir constituer
une astrologie de notre temps, pour notre temps car ce ne serait là
qu’une construction intellectuelle. En ce sens, le travail de Nicola
(dans les années soixante) nous semble assez surréaliste: à quoi
rimerait une astrologie émanant d’un XXe siècle, quelques décennies
après la « découverte » de Pluton (1930)? Pour tenter d’expliquer la
démarche du Niçois Jean-Pierre Nicola (né à la fin des années 20 comme
Michel Gauquelin)- il avait 40 ans quand nous avons fait sa
connaissance en 1967- au CIA- à Paris, il faut supposer que les astres
agissent à notre insu et qu’il importe donc peu que nous ayons pris
conscience de leur influence plus tôt ou plus tard. Mais cela revient
aussi à disqualifier, de brader des siècles de littérature astrologique.
Nicola a des comptes à régler avec la tradition astrologique puisque,
par ailleurs, il n’entend pas se baser sur le nom mythologique des
planétes ni sur les pittoresques personnages du zodiaque..
Quant à l’autre camp, il nous parle d’archétypes très anciens et donc éminemment respectables.
D’où ces récents mails:
Les archétypes que contiennent les noms des planetes sont très
important, la symbolique est un langage qui semble vous échapper.
Pourtant voir, lire au-delà des apparences est le fondement de
l’astrologie
Cela vous est échappe
(sic) sûrement, je le comprends, alors comment, avec quelle (sic) sens
interprétez vous un thème astrologique ?
|
En fait, certains astrologues n’ont pas l’étoffe ni l’esprit des historiens. Cela ne les intéresse pas de reconstituer un savoir millénaire. Ils ont trouvé mieux: est-ce que le ciel actuel n’est pas, à peu de chose près, du même ordre que le ciel d’il y a 5000 ans? Dans ce cas, pas la peine de se casser la tête. On dira que le ciel est le livre ouvert de l’astrologie et qu’il n’y a donc qu’à le lire.
Pour notre part, nous pensons que l’astrologie n’est pas réductible à l’astronomie mais qu’elle est fonction du regard que nos aieux ont porté sur ce « livre » et ce regard, ce n’est pas les astronomes « actuels » qui nous diront ce qu’il a pu être, ce qui s’est passé dans la tête de nos lointains prédecesseurs.. Or, c’est précisément là notre objectif. Peu nous importe qu’ils se soient trompés quelque part ou qu’ils aient fait des choix arbitraires, ce qu compte, c’est la doctrine qui en a emergé et qui a reçu l’onction des sociétés d’antan et dont nous sommes les héritiers que nous le voulions ou non!.
Cela dit, si on ne réécrit pas l’histoire à la lumière de nos connaissances ‘actuellles » – sinon c »est de l’uchronie- on ne peut pas non plus entériner la tradition telle qu’elle nous est parvenue sans droit d’inventaire et là aussi on a affaire à des astrologues pas très doués pour l’investigation historique en ce qu’ils se satisfont d’une appellation d’archétype pour se sentir en paix.
Et puis, il y a un troisiéme camp (on pense à Laurence Larzul dont nous disposons de toute une collection de mails ) qui, lui, met la pratique au centre, comme « juge de paix » et cette pratique, elle n’y va pas par quatre chemins, est censé pouvoir valider ou invalider les thèses et les méthodes des uns et des autres. Est-ce que ça marche? Qu’est ce que ça donne? Comme s’il suffisait d’appuyer sur un bouton pour voire si cela tourne ou pas alors que cette pratique passe par le filtre de l’astrologue, de son client, qu’elle est une synthèse, une traduction de tout un ensemble de données que constitue le thème natal. Là encore, on se contente de dire que si le client « revient », c’est qu’on a fait du bon travail, donc que l’outil est valable globalement, sans trop rentrer dans les détails.Le probléme, c’est que l’on compte un peu trop sur le jugement du client. On va prendre un exemple: vous allez au concert avec un ami qui ne connait pas grand chose en musique classique et vous lui demandez s’il est certain que le morceau que l’on joue en ce moment est bien celui indiqué sur le programme. Or, le pauvre homme, il serait bien incapable de le dire mais il préfére croire que ce qui est marqué sur le programme correspond à ce que joue l’orchestre. Eh bien, le client de l’astrologue ressemble comme un frère à cet ami peu mélomane à qui l’on demande de se prononcer!
On nous objectera que les gens se connaissent au moins. Mais le discours qu’on leur tient peut fort bien leur passer par dessus la tête en ce sens qu’ils ne sont pas des experts pour autant du psychisme humain ni au fait des subtilités et ambiguités du langage:
En conclusion: comment nos lecteurs se répartissent-ills entre ces trois types d’astrologues, chaque posture pouvant être évidemment plus ou moins intelligemment défendue et représentée.
JHB
28 08 16
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